1°
Avec à.
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Équivalents du gérondif : J’eus l’impression à écouter le moteur que nous étions parvenus à un sommet (Nourissier, Histoire française,
p. 136).R1
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Indication de la conséquenceR2 : J’avais de l’argent à ne savoir qu’en faire (Montherl., Jeunes filles, p. 176). — Jusqu’à joue un rôle
analogue : Il en fut affecté jusqu’à en être malade (Ac. 2000). — Au point de est l’équivalent explicite : Elle [= l’absence] relâche
certains liens très solides, elle les tend et les éprouve au point de les briser (Fromentin, Domin., II).
Parfois cette construction de à est une façon hyperbolique de marquer l’intensité, notamment dans des locutions de la langue commune :
bâiller à se décrocher la mâchoire, geler à pierre fendre, avoir … à revendre, s’ennuyer à mourir, à n’en plus finir. — Ex. littér. : Pour
éveiller sa femme et ses enfants, c’étaient […] des prrrt à percer les murailles (Duhamel, Notaire du Havre, VI).
L’agent de l’infinitif peut ne pas se trouver dans le contexte (cf. § 917) et équivaloir à on : Rien que des plantes exotiques, des gommiers,
[…], des figuiers de Barbarie, à se croire en pleine Afrique centrale (A. Daudet, Tart. de Tar., I, 1). — Des livres, des vases, des bibelots,
des éventails traînant sur des tables, à ne savoir qu’en faire… (Henriot, Aricie Brun, I, 4.) — Tour figé (alors que la construction se
méprendre à qq. ch. est vieillie) : Des torchères de zinc singeaient le bronze à s’y méprendre (Courteline, cit. Trésor) ; on dit couramment
aussi à s’y tromper. Avec à croire que, cela est si bien figé que l’expr. est souvent précédée d’un point, comme si on avait une réduction
de C’est à croire que : Monsieur Henri avait compris ma question et s’apprêtait à y répondre alors que je n’avais pas encore ouvert la
bouche. À croire que son oreille entendait mes pensées (Orsenna, La grammaire est une chanson douce, p. 119).
Dans à n’en pas (ou point) douter, le sentiment de la conséquence est tout à fait oblitéré ; la formule est un élément incident synonyme de
il n’en faut pas douter, à coup sûr, etc. : Il s’agit là, à n’en pas douter, d’un cas extrême (Halphen, Charlem. et l’empire carol., 1949,
p. 200). — C’en est une, à n’en point douter (Bosco, Mas Théotime, 1947, p. 70). — Le figement concerne aussi la place du pronom :
§ 684, a.
Qu’a-t-il (etc.) à … ? sert de périphrase équivalant à Pourquoi + verbe conjugué : Qu’avaient ces simples mots à faire ainsi battre son
cœur ? (Gide, Caves du Vat., II, 4.) De même, Qu’est-ce qu’il a à me regarder comme ça ? dans une langue plus familière.
Si le verbe est à l’infinitif simple, le plus souvent les éléments de la négation se placent tous deux avant l’infinitif (et les pronoms
conjoints compléments, s’il y en a) :
Il faut jouer ou ne pas jouer le jeu (Montherl., Treizième César, p. 118). — Mieux vaut ne pas te le dire. — Il dit cela pour ne point vous
inquiéter (Ac. 2003, s. v. ne). — De même quand l’infin. est suivi d’un autre infin. : Il prétend ne pas pouvoir venir (ib.).
Assez fréquemment, dans la langue littéraire, les deux éléments de la négation encadrent l’infin. (et les pronoms conjoints compléments),
mais cela donne à la phrase une teinte assez recherchéeH1 :
Elle jurait de ne se marier jamais (Zola, Bonheur des D., XIII). — Où l’on parle de n’exister plus que l’un pour l’autre (Proust, Rech., t. I,
p. 197). — Pour ne s’abuser point (Duhamel, Défense des lettres, p. 184). — Cette vieille femme se meurt de ne posséder plus son fils
(Mauriac, Genitrix, p. 99). — C’est à ne croire pas (Bernanos, Joie, p. 3) [à ne pas croire : Pl., p. 534]. — Elle semblait ne bouger plus
(Montherlant, Petite infante de Castille, p. 68). — L’empereur s’engage […] à n’y porter jamais la moindre atteinte (Halphen, Charlem. et
l’empire carol., p. 235). — Il me fallait gagner les sommets et n’en descendre plus (de Gaulle, Mém. de guerre, t. I, p. 90). — Mais quelle
manie vous avez de n’aller pas aux sources (Sartre, dans les Temps modernes, août 1952). — Je me figurais n’aimer point les Proêmes
[de Ponge] (Étiemble, Poètes ou faiseurs ? p. 186). — De même lorsque l’infin. est suivi d’un autre infin. : Pour ne paraître pas avoir peur
(Camus, Justes, V).R4
Cet ordre infin. + auxiliaire de négation attire moins l’attention avec être suivi d’un attribut (comp. § 1019, b, 2°) et avec avoir à
(+ infin.).
Pour n’être pas trop long (J. Hanse, dans Revue belge de philologie et d’hist., 1951, p. 1438). — Mais le Dieu de Rome […], pourrait-il
n’être pas le vrai Dieu ? (Larbaud, Fermina Márquez, XIV.) — Pour n’avoir pas à prononcer un nom aussi clinquant (Radiguet, Bal du
comte d’Orgel, p. 30). — De même, avec avoir formant une sorte de locution (avoir l’air, avoir + nom sans déterminant, etc.) : Pour
n’avoir pas l’air d’être une coureuse de maris (Zola, Bonheur des D., XIII). — Elle est convenue de n’en avoir pas envie (Fl. Delay,
Course d’amour pendant le deuil, p. 42).
Un autre tour littéraire consiste à placer les deux éléments devant l’infin., mais avec le pronom conjoint complément entre ces deux
éléments :
Pascal paraît vouloir dire qu’il y a également inconvénient à louer l’enfance, et à ne la pas louer (S.-Beuve, P.-Royal, IV, 1). — Ceux qui
l’entourent font silence pour ne le point troubler (Duhamel, Manuel du protestataire, p. 40). — Attentif à ne se point livrer (de Gaulle,
Mém. de guerre, t. II, p. 258). — Je tâcherai de n’y plus revenir (Arland, Terre natale, IX). — Sous des airs de n’en pas vouloir, ils [= les
écrivains] se sont persuadés […] qu’ils détenaient une autorité de droit quasiment divin (H. Nyssen, Lira bien qui lira le dernier, p. 27).
— On dit couramment à n’en plus finir, à n’en pas douter (§ 909, a, 1°), C’est à n’y rien comprendre. — C’est une application d’un
phénomène plus général ; cf. § 684, a.
- Souvent, dans les propositions dépendant d’un verbe ou d’un nom qui expriment la crainte et qui sont construits sans négation
- Facultativement, après éviter que, empêcher que
- Assez souvent, dans les propositions dépendant d’un verbe exprimant le doute ou la négation (douter, désespérer, nier, disconvenir,
contester, etc.) et construit négativement ou interrogativement ; de même après Il n’y a pas de doute que, Il n’est pas douteux que, Nul
doute que, etc.
Il n’y a aucun doute que la sexuisemblance [= le genre grammatical] […] ne joue un rôle important dans cette susbtantivation
(Damourette et Pichon, § 566). — Xavier ne doutait pas qu’il ne fît semblant de lire (Mauriac, Agneau, p. 13). — On ne pouvait douter
que […] la porte ne fût de bois véritable (Robbe-Grillet, Voyeur, p. 42). — Nierez-vous que Canova et Rossini ne soient de grands
artistes ? (Stendhal, Corresp., t. VI, p. 125.) — Je ne nie pas que ces interprétations ne soient ingénieuses (France, Livre de mon ami,