RECHERCHE Polyamines et cancer : bases scientifiques et potentialités thérapeutiques Polyamines and cancer: scientific basis and therapeutic potentialities Jacques-Philippe MOULINOUX, Bernard CIPOLLA, Guy SIMONNET RÉSUMÉ ________________________________________ SUMMARY ______________________________________ Les polyamines sont des constituants moléculaires universels et obligatoires de toute cellule vivante. Considérées comme ubiquitaires tant au niveau cellulaire qu’à celui de l’organisme, elles participent à la pérennité des processus vitaux et de croissance. Leur large spectre d’activité tient à la multiplicité de leurs cibles potentielles ainsi qu’à leur habilité à en modifier les propriétés physiques et/ou biologiques. Leurs rôles dans les processus prolifératifs font que leur métabolisme est une cible privilégiée dans les thérapies anti-cancéreuses. Cependant, dans cette optique, il ne suffit pas de bloquer ou de perturber leur métabolisme, car les cellules en prolifération ont accès à une source exogène importante de polyamines provenant en grande partie de l’alimentation et dans une moindre mesure, de la production bactérienne intestinale. Des études pré-cliniques ont démontré in vivo l’intérêt d’une tri-thérapie associant inhibiteurs de synthèse des polyamines, alimentation dépourvue en polyamines et décontamination intestinale, avec inhibition très significative de la croissance tumorale et de la dissémination métastatique. Cette tri-thérapie permet aussi une potentialisation de chimiothérapies à faible dose. Polyamines are universal and mandatory molecular components for any living cell. They are ubiquitous in the cell and in the organism and are essential for vital functions and growth. Their numerous potential targets as well as their aptitude to modify these targets’ physical and/or biological properties explain their wide spectrum of activity. Polyamine metabolism as such is an attractive target for anticancer therapeutic intervention. But, blocking or deregulating their metabolism is insufficient as hyper-proliferative cells have access to important exogenous polyamines pools mainly provided by food and to a lesser extent, gut bacteria. The potential of polyamine metabolism inhibitors associated with polyamine-deficient food and gut decontamination has been assessed in pre-clinical studies demonstrating in vivo very significant inhibition of tumor growth and metastatic spread. Furthermore, polyamine depletion enhances lowdose chemotherapy. Preliminary studies on patients with hormone-refractory metastatic prostate cancer showed that low polyamine-containing diet is applicable in these patients, well-tolerated with a good compliance, and allows improvement of quality of Faculté de Médecine – Université de Rennes, (JPM), 35 Rennes ; Urologue, Centre Hospitalier Privé de Saint Grégoire, (BC), 35 Saint Grégoire ; CNRS UMR 5227 “Motricité-Adaptation-Cognition” Université Victor Ségalen Bordeaux 2, (GS), 33 Bordeaux France. Auteur correspondant : Docteur Bernard Cipolla (MD, MSci), Urologue, Centre Hospitalier Privé de Saint Grégoire – 6 bd de la Boutière, 35760 Saint Grégoire ; France. E-mail : [email protected] Article reçu le 14.09.2009 et accepté le 04.05.2010. © La Revue de Gériatrie, Tome 35, N°6 JUIN 2010 375 Polyamines et cancer : bases scientifiques et potentialités thérapeutiques Des études préliminaires chez des patients atteints d’un cancer de prostate métastatique en échappement hormonal ont montré les faisabilité, tolérance, observance et amélioration de la qualité de vie d’une alimentation pauvre en polyamines. Non toxique, pouvant facilement être mise en œuvre chez le sujet âgé, cette nouvelle approche nutritionnelle est actuellement à l’étude dans plusieurs essais thérapeutiques de phase II. life. Easily prescribed in elderly patients, this novel, non toxic nutritional approach is actually investigated in phase II clinical trials. Mots clés : Polyamines - Nutrition - Cancer Douleur - Neurodégénératif. Key words: Polyamines - Nutrition - Cancer - Pain Neurodegenerative. GÉNÉRALITÉS __________________________________ processus cellulaires fondamentaux, comme la biosynthèse des acides nucléiques et des protéines. Les polyamines sont ainsi absolument nécessaires à la croissance cellulaire et leur synthèse est finement ajustée selon les différentes phases du cycle cellulaire. Les polyamines peuvent affecter l’initiation de la synthèse d’ADN, exercer un effet stabilisant sur l’ADN et interagir avec l’ARN, stimuler la synthèse protéique (1). Chaque polyamine possède une activité propre, en relation avec son nombre de charges. Ce dernier étant plus et moins important respectivement pour la spermine et la putrescine. L’énergie de liaison l’est également, et plusieurs études ont montré que la spermine est la polyamine la plus efficace pour influencer divers processus biologiques (2-3). Il est enfin intéressant de noter que les taux de polyamines cellulaires sont également plus élevés dans les cellules en prolifération que dans les cellules quiescentes (1). La Revue de Gériatrie 2010 ; 35:375-383. Les polyamines : structures et rôles Les polyamines sont des molécules de faible poids moléculaire constituées d’une chaîne carbonée (aliphatique) possédant au moins deux groupements aminés qui sont chargés positivement à pH physiologique. Ubiquitaires, les polyamines sont retrouvées dans tous les organismes vivants. Ces molécules sont phylogénétiquement conservées. Les trois polyamines principalement retrouvées chez les eucaryotes animaux sont la putrescine, la spermidine et la spermine (Figure 1). + H2N NH2 + Putrescine + H2N Spermidine + H2N + NH Spermine NH + NH + NH2 + Sources et métabolisme des polyamines Les polyamines intracellulaires ne proviennent pas “simplement” d’échanges transmembranaires passifs et aspécifiques avec les liquides biologiques de l’organisme (4), mais résultent au contraire d’un métabolisme finement régulé (Figure 2) en relation avec le cycle cellulaire, dont la traversée s’accompagne d’un accroissement bi-phasique de l’activité Ornithine Décarboxylase (ODC) et des concentrations intracellulaires de putrescine (Pt), de spermidine (Sd) et de spermine (Sm) en G1 tardif-S précoce et en G2-M précoce (5). L’homéostasie intracellulaire des polyamines est maintenue par l’intermédiaire de mécanismes complexes impliquant une biosynthèse endogène à partir d’acides aminés précurseurs, une rétroconversion oxydative, un catabolisme terminal, ainsi qu’un système de transport permettant soit l’utilisation de sources extracellulaires soit l’excrétion des polyamines intracellulaires (6-7). Ce maintien intracellulaire des polyamines à un taux optimal est finement régulé par des mécanismes de NH2 + Figure 1 : Structures et charges électriques des trois principales polyamines. Figure 1: Structures and electric charges of the three main polyamines. D’un point de vue médical, l’intérêt des polyamines réside principalement dans le fait qu’elles sont intimement liées aux mécanismes impliqués dans les processus de viabilité cellulaire. Les fonctions des polyamines dépendent en grande partie de leurs interactions électrostatiques avec des macromolécules chargées négativement, tels les acides nucléiques (ARN et ADN), les nucléotides (ATP), les protéines et les constituants membranaires, tels les phospholipides. À travers ces interactions, les polyamines sont impliquées dans plusieurs © La Revue de Gériatrie, Tome 35, N°6 JUIN 2010 376 Polyamines et cancer : bases scientifiques et potentialités thérapeutiques Arginine 1 Ornithine ß-alanine 2 Putrescine 3-acétamidopropanal N1-acétylspermidine 7 7 AcétylCoA SAMdécarboxylée 6 MTA Spermine Figure 2 : Schéma du métabolisme des polyamines Figure 2: Diagram of polyamines metabolism (9). (9) 3 SAM Met Méthylthioribose-1-phosphate Légende = 1 : Arginase , 2 : Ornithine décarboxylase : ODC, 3 : S-Adénosylméthionine décarboxylase : AdoMetDC, 4 : Spermidine synthétase, 5 : Spermine synthétase. . Les polyamines sont synthétisées par la plupart des cellules, mais peuvent aussi être importées et sécrétées via le STP. Celui-ci permet l’incorporation dans la cellule des polyamines circulantes, principalement véhiculées dans le sang par les érythrocytes. Ces polyamines proviennent de la prolifération cellulaire physiologique, des cellules mortes de l’organisme, mais aussi et surtout des sources exogènes. A ce titre, les cellules intestinales constituent une interface doublement importante, puisqu’elles sont en contact avec les polyamines d’origine alimentaires et avec celles relarguées par la flore intestinale (11). rétrocontrôle. Une fraction des polyamines intracellulaires est présente sous forme liée (8) et semble être indisponible pour la synthèse des polyamines. a) Source endogène Exception faite des hématies, toute cellule de l’organisme possède un équipement enzymatique permettant la synthèse des polyamines. 1. Synthèse et rétroconversion des polyamines La synthèse implique quatre enzymes (figure 2) : - L’ornithine décarboxylase (ODC), qui catalyse la formation de putrescine à partir de l’ornithine, qui provient soit de l’alimentation soit du cycle de l’urée ; 4. Régulation du transport des polyamines L’augmentation de la synthèse des polyamines et l’activation du STP sont des évènements associés, favorisées par les mêmes stimuli. En cas de concentration excessive en polyamines dans la cellule, l’import est réprimé et le relarguage favorisé. A l’inverse, une diminution des taux intracellulaires de polyamines provoque une augmentation de la pénétration de polyamines extracellulaires dans la cellule (12). - La S-adénosylméthionine décarboxylase (SAM-DC), qui fournit les radicaux aminopropyle nécessaires à la synthèse de spermine et spermidine à partir de S-adénosylméthionine ; - La spermidine et la spermine-synthétase, deux enzymes qui permettent respectivement la synthèse de spermidine et spermine ; - La voie de rétroconversion des polyamines permet par ailleurs de régénérer de la putrescine et de la spermidine, respectivement à partir de spermidine et de spermine (via deux enzymes). b) Sources exogènes des polyamines 1. Microflore bactérienne Quelle que soit l’espèce animale, les micro-organismes (bactéries et levures) constituant la flore intestinale, peuplent principalement la partie distale de l’intestin grêle (iléon), le caecum, et le côlon (13). Les aliments ingérés influencent la composition de la microflore intestinale (13) et permettent la prolifération de ces micro-organismes. Inversement, les micro-organismes sécrètent diverses substances et libèrent à leur mort leurs composants intracellulaires. Par l’intermédiaire de ces substances, la microflore intestinale joue de multiples rôles tant au niveau de la digestion que du renouvellement ou du maintien structural de la muqueuse intestinale (14). L’action de la microflore se fait de façon directe, par 2. Catabolisme des polyamines Le catabolisme des polyamines s’effectue via différentes amine-oxydases, qui transforment les polyamines en aldéhydes ultérieurement oxydés en acides par des aldéhyde-déshydrogénases. Cette voie de dégradation oxydative des polyamines n’existe que dans certains tissus (10). 3. Régulation des niveaux intracellulaires des polyamines Outre la régulation enzymatique, l’homéostasie des polyamines dépend également de leur système de transport (STP). © La Revue de Gériatrie, Tome 35, N°6 JUIN 2010 Met Adénine 5 N8-acétylspermidine N1-acétylspermidine SAM Méthylthioribose-1-phosphate MTA Spermidine 3 Adénine 4 Acétylputrescine 6 AcétylCoA 3-acétamidopropanal SAMdécarboxylée 377 Polyamines et cancer : bases scientifiques et potentialités thérapeutiques l’intermédiaire des composés membranaires tels les polysaccharides, ou indirecte, par l’intermédiaire de ses produits de sécrétion tels les polyamines ou les acides gras à chaîne courte (15). Chez l’adulte, on dénombre environ 1014 bactéries au niveau de l’intestin. Elles constituent une source quantitative et qualitative importante de polyamines puisqu’elles sont en mesure de les produire en quantité considérable in vivo et dans des proportions différentes en fonction du type de bactérie (16-17). La putrescine, la spermidine et la cadavérine sont les trois amines principalement produites par la microflore bactérienne, la spermidine étant majoritaire. 2. Polyamines d’origine alimentaire Tous les aliments contiennent des polyamines (18-20), mais en quantité différente selon leur degré de fermentation (21), leur mode de préparation ou de cuisson (22). Les polyamines constituent un apport important de polyamines, qu’il est possible de quantifier en tenant compte des aliments consommés. L’analyse détaillée de plus de 40 aliments par Bardocz et al. (19-20) a permis d’estimer qu’une alimentation humaine typique anglaise contribue à l’apport journalier de 300 à 500 µmol de polyamines. En France, elle est estimée à environ 600 µmol/jour (résultats non publiés). Dans des conditions physiologiques normales, les polyamines naturelles sont en mesure de couvrir nos besoins journaliers, et permettent le renouvellement ainsi que la croissance cellulaire, puisqu’elles sont rapidement captées au niveau de l’épithélium intestinal (19,23) et qu’une grande partie est distribuée à l’ensemble de l’organisme via la circulation sanguine (18, 24-25), épargnant à l’organisme le coût d’une synthèse de novo. Les polyamines alimentaires ne sont pas uniquement utilisées sous leur forme originelle, dans la mesure où elles sont métabolisées au niveau de la sphère intestinale, en polyamines (25), en certains acides acétylés ou encore catabolisés (acides aminés ou succinate) (24, 26). Les aliments ingérés sont la principale source luminale de polyamines chez les mammifères, dans des conditions physiologiques normales. B C D A : Acini prostatiques normaux (noyau marqué) ; B : Hypertrophie prostatique bénigne (noyau marqué); C : Adénocarcinome prostatique à cytoplasme faiblement marqué (noyau non marqué) ; D : Adénocarcinome prostatique à cytoplasme fortement marqué (noyau non marqué). Delcros JG, Moulinoux JP. Molecular requirements for polyamines binding to the Anti-Spermine monoclonal Antibody Spm8-2. Hybridoma 1996 ; 15 : 177-183. Figure 3 : Immunoréactivité de coupes de biopsies de prostate humaine incubées en présence de l’Ac Spm 8-2. Figure 3: Immunoreactivity of sections obtained from human prostate biopsies incubated with Ac Spm 8-2. Les polyamines sont intimement liées aux mécanismes impliqués dans les processus de transformation (27-28), de prolifération cellulaire normale et néoplasique, ainsi que dans la différenciation cellulaire (1, 29-30). Dans les cultures de cellules cancéreuses, l'inhibition spécifique et irréversible de l’ODC provoquée par adjonction de difluorométhyl-ornithine (DFMO) inhibe totalement leur prolifération, et inversement l'adjonction de putrescine - et à un moindre degré celle de spermidine, la restaure (Figure 4). In vitro la prolifération cellulaire cancéreuse est donc polyamine-dépendante. Ceci démontre qu’intervenir sur ce métabolisme présente un indéniable potentiel thérapeutique en cancérologie. Les cellules tumorales (31), ainsi que les cellules transformées par des carcinogènes chimiques ou des virus oncologiques (28), contiennent des taux intracellulaires de polyamines plus importants que les cellules normales. L’étroite association entre l’induction de l’ODC, l’accumulation intracellulaire des polyamines et la croissance cellulaire a été suggérée par de nombreuses études concernant divers cancers (31). En effet, elles sont étroitement liées aux différentes étapes permettant la transformation en cellule néoplasique : POLYAMINES ET CANCER _____________________ Implication des polyamines dans le processus de prolifération maligne a) Rôle des polyamines dans la prolifération tumorale : L'importance des polyamines en cancérologie découle de leurs rôles décisifs au cours de la prolifération cellulaire maligne et de leur forte production intratumorale (Figure 3). © La Revue de Gériatrie, Tome 35, N°6 JUIN 2010 A 378 Polyamines et cancer : bases scientifiques et potentialités thérapeutiques de la matrice extracellulaire (35), connues pour leur implication dans les processus métastatiques. Témoins Nombre de cellules /flasque + DFMO.... + Polyamines + DFMO b Rôle des polyamines dans la mort cellulaire programmée L’apoptose est une mort cellulaire programmée nécessaire au maintien du nombre de cellules au sein d’un organisme pluricellulaire, résultante de plusieurs évènements biochimiques, telles la dégradation de l’ADN, la condensation nucléaire et cytoplasmique et la formation de corps apoptotiques. Conformément aux rôles des polyamines dans l’activation de la prolifération cellulaire, de nombreuses études ont montré leur capacité à protéger les cellules de l’apoptose. D’autres études ont montré qu’une déplétion intracellulaire en polyamines est l’évènement critique induisant l’apoptose (36). Les déductions semblant dépendre du type de cellules étudié et des stimuli employés, aucune règle générale ne semble pouvoir être fournie en ce qui concerne les modifications du métabolisme des polyamines et de l’apoptose (37). Néanmoins, les polyamines jouent un rôle important, que ce soit protecteur ou promoteur vis-à-vis de l’apoptose (38). Polyamines + DFMO (traitées) 0 1 2 3 4 Nombre de jours de culture Figure 4 : In vitro, l’inhibition de la synthèse de polyamines provoque une inhibition de la prolifération cellulaire cancéreuse. L’adjonction de polyamines au milieu de culture restaure la prolifération tumorale. La prolifération des cellules cancéreuses est “polyamine-dépendante”. Figure 4: In vitro, the inhibition of polyamines synthesis induces an inhibition of the cancer cell proliferation. The addition of polyamines to the culture media restores tumor proliferation. The proliferation of cancer cells is “polyamine-dependant”. - la promotion tumorale : les stimuli mitogéniques, les carcinogènes et les promoteurs tumoraux provoquent une augmentation transitoire de l’activité ODC (31). Cette caractéristique a conduit le gène de l’ODC à être défini comme un proto-oncogène. En effet, l’inhibition de l’ODC réduit la croissance ainsi que la transformation cellulaire (8), et sa surexpression induit la transformation cellulaire de fibroblastes de souris in vitro (27). De ce fait, les polyamines interviennent dans la transformation maligne (32) ; Implications médicales D’un point de vue médical, le métabolisme des polyamines possède, comme nous l’avons vu, un nombre de caractéristiques qui en font l’une des cibles privilégiées de drogues antiprolifératives (8,39), en même temps que la source de nouveaux signaux circulants susceptibles de révéler, en tant que “marqueurs”, l’existence d’un processus tumoral au sein d’un organisme. - la conversion et la prolifération : les cellules cancéreuses nécessitent en effet un fort taux de polyamines, plus important que les cellules saines de même origine, afin de supporter leur prolifération anormale. Celle-ci est obtenue par une augmentation de leur synthèse de novo (8) et leur absorption à partir de l’environnement extracellulaire (7). Ainsi, la comparaison des taux de polyamines et de l’activité de l’ODC de deux types de tumeurs gastriques a montré que celui ayant le plus fort taux de prolifération possédait le taux de polyamines et une activité ODC supérieurs (33) ; Parmi les modèles étudiés, le cancer de la prostate est particulièrement intéressant, car l’anabolisme des polyamines (PA) est important dans cette glande. Des travaux antérieurs ont révélé l’existence d’une augmentation significative des taux urinaires de Spd dans les urines de patients atteints de cancer de la prostate (40-41). Le métabolisme des PA est cependant ubiquitaire et intéresse toutes les pathologies néoplasiques (42). La littérature a notamment mis en évidence des relations entre cancers digestifs et métabolisme des polyamines (43-45). Il en est de même entre cancers du sein et polyamines (46-47). - la progression : les polyamines sont également impliquées dans ce processus dans la mesure où la surexpression de l’ODC dans des fibroblastes de souris permet aux cellules d’acquérir des capacités angiogéniques et qu’inversement l’inhibition de l’activité ODC réduit l’angiogénèse tumorale (34). De plus, la surexpression de l’ODC induit une augmentation des activités MAP kinases et une sécrétion plus importante des protéinases Aspects diagnostiques Du fait que la majeure partie des polyamines sanguines circulantes est transportée sous forme libre dans les hématies (48-49) et que le taux érythrocytaire de PA correspond à un index circulant de l’hyperplasie tissulaire (4, 50-52), l’utilité diagnostique d’un dosage des PA érythrocytaires chez des patients atteints d’adénocarcinome de la prostate a été étudiée. © La Revue de Gériatrie, Tome 35, N°6 JUIN 2010 379 Polyamines et cancer : bases scientifiques et potentialités thérapeutiques Valeur diagnostique Chez 340 sujets [229 patients atteints d’adénocarcinome de la prostate histologiquement confirmé, 66 patients atteints d’hyperplasie prostatique bénigne (HPB) et 45 sujets cliniquement indemnes de cancer] il a été montré que (53-54) : ! Alimentation faible teneur en polyamines Prolifération tumorale DFMO - le taux érythrocytaire de Sd se présentait comme un marqueur du niveau prolifératif cancéreux ; - le taux de Sm se comportait comme un marqueur de la prolifération métastatique et d’échappement à la thérapeutique hormonale ; Polyamines érythrocytaires Microflore intestinale Néomycine Renouvellement cellulaire physiologique - ni les taux plasmatiques de Prostate Specific Antigen ni le score de Gleason n’étaient significativement corrélés aux taux érythrocytaires de Sd ou de Sm. Cachexie Figure 5 : Principales sources de polyamines et comment les réduire. Figure 5: Main sources of polyamines and mechanisms of their reduction. Valeur pronostique Chez des patients porteurs d’un adénocarcinome de prostate métastatique (55-56), il a été montré que : - le taux pré-thérapeutique d’hémoglobine (Hb) et les taux érythrocytaires de polyamines (tout particulièrement ceux de Sm) étaient corrélés à la progression tumorale ; - que l’Hb et la spermine érythrocytaire étaient des facteurs indépendants et que les valeurs prédictives de la spermine étaient supérieures à celles de l’Hb. Lorsque le taux de spermine érythrocytaire pré-thérapeutique était ≥ 9, la médiane d’échappement au traitement hormonal était de 200 jours et la médiane de survie spécifique de 486 jours. Par contre, lorsque le taux de spermine érythrocytaire pré-thérapeutique était < 9, la médiane d’échappement au traitement hormonal était de 936 jours et la médiane de survie spécifique de 1077 jours (soit 2,5 fois plus longue). Tumeur Tumeur A : Immuno-scintigraphie 72 hrs après injection de l’Ac[I31I]. B : Immuno-scintigraphie 120 hrs après injection de l’Ac [I31I]. Initialement présentes dans la circulation générale (bloc “cœur-poumon”) les polyamines se retrouvent dans la tumeur (“greffe tumorale”). Aspects thérapeutiques a) Chez l’animal Qu’elles proviennent de la prolifération cellulaire ellemême, des aliments absorbés, ou encore de la microflore bactérienne intestinale (57) (Figure 5), les polyamines extracellulaires circulantes représentent l’un des paramètres essentiels au maintien de l’état prolifératif tumoral (Figure 6). Figure 6 : Immuno-scintigraphie d’une souris porteuse d’un carcinome pulmonaire (3LL) après administration i.v. d’Ac Spm 8-2 marqué à l’I31I. Figure 6: Immunoscintigraphy of a mouse carrying lung carcinoma (3LL) after IV administration of I131-labeled Ac Spm 8-2. Cette notion permet certainement d’expliquer, du moins en partie, l’action antitumorale très modeste constatée lors de l’administration isolée d’Eflornithine™ (inhibiteur de l’ornithine décarboxylase : enzyme de synthèse des polyamines) chez l’animal comme chez l’homme porteurs d’un processus prolifératif cancéreux. Par contre, une forte inhibition de la progression tumorale peut être induite in vivo chez l’animal porteur de carcinome pulmonaire de Lewis (57), de glioblastome humain U-251 (58) ou d’adenocarcinome de la prostate Dunning Mat Ly-Lu (59) par l’administration conjointe : Comparativement à son homologue histologique normal, un tissu tumoral capte en effet plus intensément les polyamines présentes dans le milieu extracellulaire. Les cellules cancéreuses étant capables de reconstituer rapidement leur pool intracellulaire de polyamines en captant ces molécules dans leur environnement immédiat, l’inhibition de la synthèse intracellulaire de polyamines ne peut donc à elle seule inhiber la progression tumorale maligne. © La Revue de Gériatrie, Tome 35, N°6 JUIN 2010 380 Polyamines et cancer : bases scientifiques et potentialités thérapeutiques - d’un inhibiteur de l’ODC (difluorométhylornithine, MDL 71782, Eflornithine™) ; été proposé à 13 patients volontaires, présentant un adénocarcinome de prostate métastatique en échappement hormonal. Ce régime permet de diviser par 20 l’apport alimentaire quotidien en polyamines. - de Néomycine™ et de Flagyl™ (décontamination bactérienne du tractus digestif) ; Il a été observé - d’une alimentation synthétique dépourvue de polyamines. - une bonne observance et une bonne tolérance ; - une amélioration ou un maintien de l’état général ; La carence en polyamines favorise également, de manière très significative l’effet antiprolifératif des drogues anticancéreuses conventionnelles telles que le cyclophosphamide (Endoxan™) à faible dose, et ceci tout en réduisant leur toxicité au niveau de l’organisme (60). - un effet antidouleur significatif avec baisse de la consommation d’antalgiques ; - une intolérance digestive rapide au métronidazole, faisant éliminer ce médicament du protocole ; Cette association a permis de : - une absence de toxicité hépatique, rénale ou sanguine, une absence de variation du ionogramme sanguin et de la protidémie ; - doubler le temps de survie des animaux ; - de réduire de manière très significative la dissémination métastatique pulmonaire : une quasi absence de métastases pulmonaires a été constatée chez les animaux traités. - une baisse significative du taux érythrocytaire de spermidine et de spermine au 3ème mois ; - une altération de l’état général avec apparition de douleurs après arrêt du régime. De même, il a été montré que l'association d'un régime pauvre en polyamines à une décontamination intestinale, sans inhibiteur de biosynthèse des polyamines, entraînait une inhibition, in vivo, de plus de 50% de la croissance tumorale de l’adénocarcinome de la prostate Dunning MAT-LyLu. (60). L’observance et l’absence de toxicité ont depuis été confirmées chez 33 patients dont 30 atteints d’un cancer de prostate en échappement hormonal. Chez ces derniers, l’état général (score OMS) a été maintenu et une diminution significative de la consommation d’antalgiques (score EORTC) a été observée (65). Enfin, trois études sur l’animal ont montré une stimulation des lymphocytes NK (61), une diminution de l’immunosuppression induite par la tumeur (62) et une activation des macrophages (63). Des essais cliniques de phase II sont actuellement en cours étudiant la qualité de vie des patients ainsi que la tolérance d’une alimentation à très faible teneur en polyamines associée à une chimiothérapie conventionnelle en cas de cancers de prostate, gynécologiques ou digestifs. Au total, la carence optimale de l’organisme en polyamines fait donc appel à une tri-thérapie visant à inhiber l’activité de l’ODC par la DFMO, réduire la prolifération bactérienne intestinale (néomycine), et surtout privilégier la consommation d’aliments à faible teneur en polyamines. CONCLUSIONS _________________________________ Les effets bénéfiques provoqués par la réduction des apports nutritionnels de polyamines, constatés tant au niveau de la progression tumorale que de la qualité de vie ne doivent pas être négligés. Facile à mettre en œuvre et non invasive pour les patients, en particulier en gériatrie, cette intervention nutritionnelle devrait constituer un moyen supplémentaire utile à la prise en charge de patients traités pour cancer. ■ b) Chez l’homme Obtenus chez l’animal, ces résultats ont amené à tester la tolérance et les effets anticancéreux d’une carence partielle en polyamines chez l’homme souffrant d’adénocarcinome de la prostate. Un régime alimentaire (élaboré avec une diététicienne) (proposé 5 jours sur 7, sur une période de six mois) à teneur réduite en polyamines et une décontamination intestinale intermittente par néomycine + métronidazole (une semaine sur deux), a © La Revue de Gériatrie, Tome 35, N°6 JUIN 2010 : (64) Conflits d’intérêt : Les auteurs sont co-fondateurs de la société Nutrialys Medical Nutrition, S.A. Parc Edonia, Rue de la Terre Victoria, 35760 Saint Grégoire. 381 Polyamines et cancer : bases scientifiques et potentialités thérapeutiques RÉFÉRENCES ___________________________________________________________________________________________ 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. Tabor CW, Tabor H. Polyamines. Ann Rev Biochem. 1984 ; 53:135-146. Bueb J-L, Da Silva A, Mousli M, Landry Y. Natural polyamines stimulate G-Proteins. Biochem J. 1992 ; 282:545-550. Yuan Q, RAY RM, Viar MJ, Johnson LR. Polyamine regulation of ornithine decarboxylase and its antizyme in intestinal epithelial cells. Am J Physiol Gastrointest Liver Physiol. 2001 ; 280:G130-G138. Moulinoux JP, Quemener V, Khan NA. Biological significance of circulating polyamines in oncology. Cell Mol Biol. 1991; 37:773-783. Heby O. Polyamines in Biomed Res. John Wiley & Sons. NY, 1980, pp 27. Seiler N, Bolkenius FN, Rennert OM. 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Alors qu’il n’y avait pas de relation entre la présence de symptômes dépressifs et la longueur des télomères, un faible score de bien-être psychologique était associé à la présence de télomères plus courts. Les chercheurs se demandent ainsi s’il n’y aurait pas un lien entre stress psychologique chronique et accélération du vieillissement biologique. De nombreux travaux ont montré que les situations de stress chronique avaient des effets négatifs sur notre santé. Le stress peut en effet favoriser la survenue de troubles du sommeil ou d’affections cardiovasculaires et affaiblir les défenses immunitaires facilitant ainsi la progression de certaines pathologies. Par ailleurs, les télomères, ou extrémités des chromosomes, se raccourcissent progressivement avec l’âge. Or ces télomères jouent un rôle important dans la protection des chromosomes, dans la préservation du patrimoine génétique et de sa stabilité. Leur longueur est considérée par beaucoup de chercheurs comme un reflet du vieillissement biologique. Une relation éventuelle entre stress et longueur des télomères des globules blancs a été recherchée chez 890 patients, âgés de 64 à 79 ans, qui souffraient d’insuffisance cardiaque à des degrés divers. La © La Revue de Gériatrie, Tome 35, N°6 JUIN 2010 Huzen J et al. Age Ageing. 2010;39:223-227. 383