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COULURE & MILLERANDAGE
COULURE & MILLERANDAGE
Petit éclairage...
Petit éclairage...
Ces problèmes
physiologiques sont dus
à des phénomènes
complexes qui
mettent en jeu :
l’équilibre hormonal, la
disponibilité en réserve
glucidique et protéique,
l’alimentation
hydrique et minérale
(azote, bore,…), la
sensibilité de certains
cépages (merlot,
grenache, malbec,…)
et la climatologie.
Ainsi on distinguera
principalement la
coulure physiologique
et climatique.
A noter que sur certains
facteurs, le vigneron
peut avoir une in uence
a n de réduire ces
risques…
LA VIGNE DOIT ASSURER 3 FONCTIONS
1. Un cycle végétatif (prioritaire*) : développement des feuilles,
rameaux, racines
2. Un cycle reproducteur : production de eurs, fruits, pépins
3. La synthèse de substances diverses : protéines, glucides, lipides,
minéraux, hormones…
Bulletin
VITI
VITICULTURE - OENOLOGIE | AVRIL | 2016
*Prioritaire car vigne = lianes
donc la production de
raisins est «secondaire»pour
la plante. C’est l’homme,
par ses diverses opérations
d’amélioration végétales
(sélection, hybridation, croi-
sement) et par la pratique
de la taille annuelle qui a
amené le résultat que l’on
connaît aujourd’hui.
Superposition cycle végétatif /cycle reproducteur
Source : G Lebon Fev
Les 2 cycles se superposent au détriment du cycle reproducteur dans la phase sensible
de la pré- oraison (environ mi-mai) qui est une période de forte croissance végétative.
LA VIGNE PRÉSENTE 3 TYPES D’ORGANES
Evolution de la teneur en amidon dans les parties pérennes et de la pho-
tosynthèse au cours du développement de la vigne (Stoev 1952, Zapata
1998).
Les cercles vides représentent la teneur en ami-
don dans les parties pérennes et les cercles pleins la
photosynthèse.
NOTION D’HÉTÉROTROPHIE ET D’AUTOTROPHIE
Nov
Nov
Déc
Déc
janv
janv
Fev
Fev
Mars
Mars
Avril
Avril
Mai
Mai
Juin
Juin
Juillet
Juillet
Août
Août
Sept
Sept
oct
oct
Hétérotrophie : c’est les réserves stockées dans les
organes « sources » l’année précédente fournissent
l’énergie (glucide) et les éléments azotés (arginine)
nécessaire au démarrage de la végétation jusqu’à 2 à
3 semaines avant oraison.
Autotrophie : progressivement par la photosynthèse,
les feuilles produisent les ressources pour le développe-
ment de la végétation et la reconstitution des réserves
Réserve (A-1)
Réserve (A)
Le passage progressif entre les 2 phases a lieu au cours du mois de Mai en créant une courte période de dé cit en
ressource.
C’est aussi la période cruciale au niveau des boutons oraux de la formation du sac embryonnaire (siège de la
fécondation), qui est très sensible à une régularité d’alimentation en ressources : c’est à ce moment là que le risque
de coulure est atteint.
1. Organes « source » = feuilles « âgées »,
racines âgées, bois : mise en réserve, production et
transport de substrats : glucides, protéines (alimenta-
tion racinaire, photosynthèse)
2. Organes « puit » : consommateur de subs-
trats et d’énergie ; croissance : racines jeunes,
feuilles jeunes, méristèmes (tissus de croissance),
eurs, grappes
3. Organes « variable » : les feuilles en
fonction de l’âge* et les racines en fonction de la
période**
Le schéma ci-contre illustre bien au cours de
la campagne la rapide consommation des
réserves des racines (hydrolyse de l’amidon) au
débourrement pour atteindre son niveau le plus bas
environ début mai. Il y a une reprise progressive de la
mise en réserve qui devient signi cative à partir de la
véraison jusqu’en Octobre-Novembre.
Parallèlement, l’augmentation de l’activité photo-
synthétique proportionnelle à l’apparition des feuilles
permet de compenser le dé cit et la mise en réserve
en amidon racinaire.
*jusqu’à 50-60% de la surface adulte : fonction de «puit» par la consommation et fonction de « source » au-delà (photosynthèse)
**fonction de «puit» approximativement du débourrement à la nouaison et fonction de « source », progressivement au-delà.
Le ralentissement de la photosynthèse (approximative-
ment n août) est consécutif :
de la réduction de production de nouvelles feuilles
au début de la sénescence des feuilles âgées lié à
l’apparition d’hormones de type éthylène
au stress hydrique estival
au transfert de substrat vers les raisins et les sarments
(maturation et aoûtement).
QUELLES SONT LES TECHNIQUES À METTRE EN
ŒUVRE AFIN DE LIMITER LES RISQUES ?
1. Favoriser la mise en réserve maximale en glucide et en protéines
l’année N et N+1 : disponibilité dans le sol des éléments minéraux (azote).
La carence en substrat dans le bourgeon latent au moment de l’ébauche des pièces
orales peut avoir une incidence de 60% sur le rendement de l’année suivante !
Prévoir une disponibilité en azote sous forme nitrate (NO3-) au niveau racinaire à
partir mi-mai environ par la minéralisation de l’humus et/ou par une fertilisation
raisonnée préalable.
T° optimales : 20-22°c
si T° < 12°-14°c et
réserves insuf santes
(notamment en
sucre) : réduction du
nombre de baies N+1
Les dates d’apport
azoté seront fonction
du climat, des types
de sols (texture, taux
de matière orga-
nique, pH…) et des
types de fertilisants
utilisés.
La présence de la
forme nitrate (NO3)
jusqu’à stade 3
feuilles étalées est
inutile car l’absorp-
tion racinaire est très
faible donc perte par
lessivage.
La vitesse de migra-
tion dans le sol est
de 2,5 à 6,5 fois la
hauteur de pluie
(Champagnol), soit
3 à 8 mm pour 1 mm
de pluie en fonction
principalement de la
texture et de la porosi-
té en surface. Dans un
sol équilibré, il faudra
environ 50 à 80 mm
a n d’obtenir une
disponibilité racinaire
ef cace.
Température
du sol
Durée de
transformation
de l’urée en
ammonium (jours)
CO(NH2)2
NH4+
2
10
20
1
2
4
Température
du sol
Durée de
transformation
de l’ammonium en
Nitrate (jours)
NO3-
NH4+
2
10
20
1
2
4
Source : Vilsmeier
et Amberger
(1980-1984)
 Un apport à base d’urée à partir de mi-avril semble être adapté
 Intérêt d’intégrer la fertilisation par l’irrigation
Source : ADA
Directeur de publication : P. Vergnes
Chambre d’agriculture de l’Aude
Z. A. de Sautès à Trèbes 11878 CARCASSONNE Cedex 9
Tél : 04.68.11.79.79 - Fax : 04.68.71.48.31
Responsable de la rédaction : E. ROUCHAUD
Rédacteur : O. FERAUD
Mise en page : Sandrine GALY
Photos© CA11 - Photothèque des Chambres d‘agriculture
Edité par la Chambre d’agriculture de l’Aude - Avril 2016
La Chambre d’agriculture de l’Aude est agréée par le Ministère en charge de l’agriculture, pour son activité de conseil indépendant à l’utilisation de produits Phytopharmaceutiques sous le numéro IF01762,
dans le cadre de l’agrément multi-sites porté par l’APCA. S’il existe, le BSV est disponible sur le site internet de la Chambre d’agriculture ou sur demande.
Pour le respect des bonnes pratiques et des conditions réglementaires, veuillez vous référer au ‘Guide des Vignobles’.
La disponibilité en azote favorise la synthèse en polyamines (fonction hormonale) qui
optimise :
la germination du pollen (T° : minimale 13°c,optimale : 27°c, absence de pluies)
la multiplication et élongation cellulaires
►► Réduction de la coulure
 Si les conditions ne sont pas réunies, compenser au stade pré-floraison par des
pulvérisations foliaires qui stimulent la synthèse des polyamines et apportent de l’azote
et du bore.
 Les apports azotés peuvent être réalisés à partir d’une bouillie à 2,5% d’urée une
semaine environ après le stade BBCH 57 (boutons floraux séparés)
2. Optimiser la photosynthèse et l’absorption racinaire pour la
production de ressources glucidiques et protéiques par une bonne surface foliaire
exposée : avoir un palissage qui permet une bonne exposition de la végétation à la
lumière en évitant les entassements et qui favorise le transfert par le phloème de la
sève élaborée vers les boutons oraux plutôt que vers les parties végétatives.
 Épamprage et ébourgeonnage précoces favorisent l’azote dans les in orescences
 Écimage au stade 50 à 75% oraison : augmentation du ux carboné vers les
in orescences : réduction du risque
 Éviter le rognage à la nouaison : développement d’entre-cœurs, création de
nouvelles feuilles au détriment de la taille des baies et réduction de la photosynthèse :
risque de millerandage
3. Limiter le stress hydrique à partir de mi-mai car il y a production
d’hormones de type éthylène et ABA (Acide abscissique) antagonistes des
polyamines (anti-stress hydrique) qui favorisent la germination du pollen et
la division cellulaire. Si le stress est trop important la coulure et millerandage
seront prévisibles.
 Pratiquer un travail du sol super ciel (binage) à partir d’outils de
type vibroculteur a n de limiter l’évapotranspiration
 Ré échir au pilotage de l’irrigation
CONCLUSION
Plusieurs paramètres in uencent les risques d’accidents physiologiques en plus de la
sensibilité propre à chaque cépage :
• l’équilibre hormonal
• l’alimentation azotée
• la disponibilité en réserve glucidique et protéique
• la climatologie
Il est bien évidemment que l’on ne peut pas interférer sur la climatologie, mais il est
possible avec une meilleure connaissance de maîtriser sa technique pour limiter ces
accidents physiologiques.
Une fécondation
précoce donne des
baies plus grosses et
plus mûres.
1 / 4 100%

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