Chapitre 4 : L`interaction verbale

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Chapitre 4 : L’interaction verbale
A. Les actes de langage :
Un locuteur accomplit simultanément quatre actes en parlant :
1.
2.
3.
4.
la représentation
l’illocution
l’expression affective
la perlocution
Ex : Un chef de service dit : « Dans ce service, certains ne donnent pas le meilleur
d’eux-mêmes. » Cette personne a construit une phrase, en bougeant les lèvres et en
faisant vibrer ses cordes vocales, ou avec des gestes…  Acte locutoire. Tout
d’abord, le locuteur accomplit un acte locutoire dans la mesure où il prononce une
combinaison de mots puisés dans un vocabulaire, conformément aux règles d’une
grammaire.
1. La représentation
Par ces mots, le locuteur évoque un fait, il représente une réalité à ses
interlocuteurs. C’est-à-dire qu’il se réfère à certains objets, certains êtres et qu’il
dit quelque chose à propos de ces référents. Réalité absente à ce moment-là. La
plupart du temps, nos paroles servent à évoquer des choses absentes. Mais un acte
locutoire – une phrase prononcée – n’implique pas nécessairement une
représentation. De même, on peut très bien évoquer qqch sans parler, par le mime
par exemple mais il faut d’abord avoir appris à parler.
2. L’illocution
L’allocutaire, à son tour, va essayer de reconnaître l’usage conventionnel qui est fait
de cette expression, autrement dit il va essayer de reconnaître les règles
d’intonation, de posture appliqués par le locuteur dans les circonstances typiques de
l’énonciation. Car tout énoncé est un comportement. Et l’on ne se comporte pas de la
même manière selon qu’on veut affirmer ou regretter quelque chose, menacer
quelqu’un, s’excuser etc. Le ton est différent.
On appelle acte illocutoire, ou illocution, l’acte conventionnel qu’on accomplit en
disant quelque chose (promettre, annoncer, demander…) et qui consiste à rendre
manifeste pour l’autre comment les paroles doivent être comprises. Il faut agir
conventionnellement pour que les autres comprennent bien.
Ex : « T’inquiètes, je viendrai dem1 » -> promesse
« Je te dis que je l’ai déjà rendu à la bibliothèque » -> affirmation
« Maintenant, tu vas ranger ta chambre ! » -> Ordre
Si la représentation concerne ce qui est dit (le « contenu »), l’illocution, elle,
concerne ce qu’on veut dire, comment l’énoncé doit être compris. Il arrive que
l’illocution soit explicite ; la phrase contient la mention de l’acte réalisé. Dans ce
cas, donc, l’énoncé comporte en quelque sorte deux parties : la représentation
elle-même et l’usage qu’on fait de cette représentation. Le plus souvent, cependant,
cet usage est implicite et c’est le contexte qui permet à l’allocutaire de le
reconnaître. Explicite ou implicite, l’illocution est l’accomplissement d’un acte
conventionnel vis-à-vis d’autrui.
Par des actes illocutoires s’affirment et se reproduisent les règles de l’interaction
et, plus généralement, les rôles sociaux.
Parfois, soit la représentation, soit l’illocution peut ne pas être claire  confusion
et ambiguïté.
Ex :
- Tu sors encore ?
- Ben je peux bien quand même…
- Ho mais c’était une simple question !
=>> Illocution pas claire.
3. L’expression affective
Le locuteur réalise aussi un acte expressif, une expression affective, c’est-à-dire
qu’il manifeste intentionnellement un certain état affectif. Aux mots prononcés, au
rythme de la voix, à l’intonation et la mimique, les allocutaires comprennent que le
locuteur entend leur manifester son agencement, sa colère, sa rancœur etc.
En deçà de l’usage conventionnel d’un énoncé s’exprime nécessairement un état
affectif qui nous éclaire sur l’intention du locuteur. On parle ici des sentiments
exprimés intentionnellement et qui, en tant que tels, participent de la
communication. Bien sûr, nous devons distinguer le sentiment exprimé et le
sentiment éprouvé, celui-ci pouvant différer de celui-là. L’expression d’un sentiment
est généralement une réaction à un état affectif éprouvé.
Il y a donc deux niveaux de compréhension d’une expression affective :
a) la compréhension de l’acte expressif lui-même, c’est-à-dire du message que
l’on communique à propos du sentiment qu’on éprouve
b) la compréhension de l’état affectif qui a suscité cette intention de
communication
La 1re compréhension participe directement au processus de communication, pas la
2ème.
Une émotion est une certaine manière de se rapporter à un objet (une personne,
une situation etc.). Dans la communication cet objet peut être l’objet représenté ou
la personne à qui on s’adresse.
L’expression affective peut « imprégner » :
a) la représentation
b) l’illocution
a) Expressivité de la représentation : il n’existe pas de représentation
affectivement neutre. On ne peut décrire qqn, faire un portrait dénudé de
toute expressivité. Même l’indifférence est un état affectif.
b) Expressivité de l’illocution : toute acte de langage exprime une certaine
disposition affective envers l’interlocuteur. Pour une même illocution, on peut
avoir beaucoup expressions affectives.
Ex : on donne un ordre gentiment ou méchamment, différentes façons de dire
qu’on est désolé : l’illocution ne change pas mais l’expression affective est
différente.
Clairement, l’expression affective est à distinguer de l’illocution même si les deux
sont ordinairement liés.
4. La perlocution :
Parler, c’est agir sur autrui. On parle dans l’intention de provoquer certains effets
sur les pensées, les sentiments, les actes des auditeurs. Cette visée intentionnelle,
nous l’appelons l’acte perlocutoire ou perlocution. On ne parle pas tjs dans le but
d’obtenir qqch mais on s’attend à ce qu’on nous écoute. .
La différence entre l’acte illocutoire et l’acte perlocutoire doit être bien comprise.
L’acte illocutoire a un caractère conventionnel. En principe, un acte illocutoire peut
toujours être remplacé par un énoncé tel que son énonciation est l’accomplissement
de l’action qu’il évoque. (Je te promets, je te reproche que…c’est ce qu’on appelle un
performatif). Ceci est impossible pour l’acte perlocutoire. Il en résulte que la
réussite de l’acte perlocutoire n’est jamais assurée. Par exemple, on peut ne pas
nous écouter.
Si l’acte illocutoire dépend avant tout de la volonté de son auteur, l’acte
perlocutoire, quant à lui, dépend, pour réussir, de la réaction de l’allocutaire : de sa
compréhension, son obéissance, son bon vouloir, etc.
Répétons que l’acte perlocutoire est la visée intentionnelle d’un effet chez autrui,
non pas la réaction effective d’autrui qui peut être très éloignée de ce qu’attendait
le locuteur.
Dans l’acte perlocutoire il faut distinguer entre :
a) l’influence directe : l’action sur l’action d’autrui
b) l’influence indirecte : l’action sur les dispositions cognitives et affectives
d’autrui, c’est ce qu’on appelle les états intentionnels.
a) Dans le cas de l’influence directe, le locuteur tente explicitement d’obtenir
une réaction déterminée d’autrui. Quant à l’expression affective, elle va
conférer à l’illocution sa validité – sa « force » - en donnant à l’ordre son
urgence, à la prière sa gravité, à la promesse sa sincérité, etc. On le
comprend, la réussite de l’acte perlocutoire dépend ici du fait que
l’allocutaire reconnaisse clairement l’intention du locuteur, ce que celui-ci
cherche à obtenir. Et qu’il accepte la demande dont il est l’objet.
b) Dans le cas de l’influence indirecte, l’émetteur tente seulement d’agir sur les
dispositions cognitives et affectives de l’auditeur en sorte d’accroître les
chances que ce dernier se décide lui-même à agir conformément aux attentes
de l’émetteur.
Dans ce deuxième cas, la réussite de l’acte perlocutoire ne requiert pas
nécessairement que l’allocutaire reconnaisse l’intention effective du locuteur.
On parle de manipulation lorsque l’intention d’obtenir quelque chose d’une
personne se dissimule derrière une autre intention qu’on lui manifeste en sorte
d’amener cette personne à prendre elle-même la décision souhaitée tout en lui
donnant l’impression qu’elle a agi en toute liberté.
Reconnaître l’acte perlocutoire ne suppose pas seulement de comprendre ce que
l’autre exprime, mais de reconnaître le but que, ce disant, il poursuit à notre égard.
On peut comprendre le message sans comprendre la perlocution ou alors hésiter
entre 2 perlocutions.
Ex : - Est-ce pour me faire plaisir ou pour obtenir qqch qu’il me complimente ?
- Qqn nous dit « je déménage demain ». Veut-il que je l’aide ?
Une perlocution peut aussi en cacher une autre.
Ex : - Ton aspirateur fonctionne-t-il encore ?
- Oui pourquoi ?
- Juste pour savoir.
-> La personne veut par exemple savoir s’il pourrait lui en offrir un en cadeau.
Depuis notre plus jeune âge, nous utilisons l’expression affective.
Ensuite viennent tour à tour les gestes olfactifs, l’illaction (presque illocution :
l’enfant apprend la réciprocité. Quand il veut un biscuit, il tend la main), l’illocution
(au lieu de mimer, il parle) et enfin la représentation (l’enfant apprend à se
contenter d’un mot à la place d’un objet).
B. Message et communication :
Une communication verbale peut s’analyser comme la combinaison de quatre actes
simultanés qui constituent autant de formes de réduction de l’incertitude.
On doit établir une différence principielle entre les trois premiers actes et le
dernier. Celle-ci correspond en gros à la différence entre l’intention de signifier
quelque chose et l’intention d’agir sur autrui.
Reconnaître l’intention de signifier, c’est reconnaître la combinaison d’une
représentation, d’une illocution et d’une expression affective ; nous appelons
message ou discours une telle combinaison.
Le message = représentation + illocution + expression affective
Reconnaître l’intention d’agir sur autrui, c’est reconnaître sa « fonction », ce à quoi
sert ce message ou ce discours, l’usage auquel il est destiné. Nous appelons acte de
communication toute action sur autrui qui se réalise au moyen d’un discours.
La communication = le message + la perlocution
Rappel : la différence entre le fait de comprendre un message, donc comprendre la
signification d’un message et le fait de comprendre l’action réalisée au moyen de ce
message, donc de comprendre le sens d’une communication.
C. La genèse des expressions verbales :
Les messages les plus élémentaires sont les expressions affectives : attitudes,
postures, mimiques, gestes etc. Tout message contient une expression affective.
Une expression affective est la manifestation intentionnelle d’une certaine
affection, elle doit être distinguée de l’état affectif qu’une personne laisse
involontairement transparaître.
Le concept d’expression affective est donc circonscrit au champ de la
communication, non à celui plus étendu de la compréhension. De plus, l’expression
affective est la manifestation, non la représentation d’un état affectif. Il est
d’ailleurs possible de dire un sentiment et d’en exprimer simultanément un autre.
Le geste ostensif : il autorise des communications plus complexes. La distinction de
l’expression affective et du geste ostensif se justifie par le fait qu’un même geste
ostensif peut s’accompagner de différentes expressions affectives qui donneront
au message sa force et son urgence.
Un geste ostensif qui est ainsi devenu conventionnel, est appelé une illaction. On
appelle illaction l’acte social accompli au moyen d’un geste conventionnel : injonction,
sollicitation, demande, appel, etc. Les illactions s’enracinent dans les formes de vie.
Les illactions émergent spontanément dans les échanges ; en réduisant les
inférences mutuelles, elles facilitent l’intercompréhension et autorisent des
interactions plus complexes.
1. L’interaction verbale purement expressive
Dans un premier temps, l’interaction verbale demeure purement expressive, les
énonciations se limitent à des illocutions, c’est-à-dire à des actes sociaux effectués
en énonçant quelque chose : demande, menace, ordre, avertissement, appel etc. Ces
illocutions s’inscrivent dans des rôles et des rituels, elles caractérisent des formes
de vie structurées. L’illocution ne représente pas l’acte social qu’elle constitue, elle
le montre, le manifeste. Les illocutions ne sont pas des descriptions, des
affirmations ou des déclarations concernant des actes sociaux qu’on réalise par
ailleurs, ce sont ces actes mêmes. À ce stade, le langage est purement expressif,
c’est-à-dire qu’il se borne à manifester des intentions.
Ordinairement, l’illocution ne remplace pas complètement l’illaction, l’énonciation
conserve une gestualité ostensive.
Toute illocution s’accompagne d’une expression affective et l’on peut réaliser la
même illocution en variant l’expression affective.
2. L’interaction verbale fondée sur des représentations
Les représentations servent à insérer des objets absents dans les interactions
sociales.
Un message verbal s’analyse ainsi comme la combinaison de trois actes
simultanés :
1.
L’expression affective, répond à la question : quel état affectif
exprime le locuteur en parlant ?
2.
L’illocution, répond à la question : comment entend-il cela ?
3.
La représentation, répond à la question : qu’évoque-t-il ce disant ?
La réponse à ces trois questions permet d’identifier la signification du message,
donc de reconnaître l’intention expressive.
La réponse à une quatrième question : « pourquoi, dans les circonstances présentes,
me dit-il cela ? » permet quand à elle, de reconnaître le sens de l’action de
communication, c’est-à-dire l’intention interactive.
Reconnaître une intention expressive, c’est identifier la combinaison d’une
expression affective, d’une illocution et d’une représentation.
Reconnaître une intention interactive, c’est reconnaître la fonction de ce message,
l’usage auquel il est destiné.
On distingue donc la compréhension d’un message : sa signification, et la
reconnaissance de l’intention interactive sous-jacente au message : son sens.
Le sens est la reconnaissance par l’allocutaire de l’intention interactive, c’est la
perlocution, la réaction que le locuteur, en parlant, cherche à susciter chez son
partenaire.
D. La signification et le sens dépendent du contexte :
Si on entend une bribe de conversation hors contexte, on a tendance à s’imaginer
plusieurs significations possibles. C’est un processus automatique où on invente
nous-même un contexte, on interprète.
La signification du message dépend du contexte, c’est-à-dire de tout ce qui, en
dehors du message lui-même, permet de comprendre ce message et notamment : le
lieu et le moment de l’échange, l’identité et le statut des participants, le passé qui
leur est commun, la connaissance qu’ils ont l’un de l’autre, les intentions qu’ils se
prêtent, etc.
Dans ce cours, la notion de contexte est utilisée comme synonyme de la notion de
situation. Tout échange est contextualisé : « comprendre autrui » suppose
nécessairement d’inscrire ses paroles et ses actes dans une situation.
Le contexte est un tout organisé qui donne sens à l’acte perçu.
Il arrive cependant que l’on envoie des mess peu compréhensibles ou que l’autre
comprenne autrement ce qu’on a voulu dire  malentendu.
Les émotions et les sentiments sont des éléments de contexte.
Ex : Un mari jaloux peut croire que sa femme le trompe parce qu’elle rentre tard. Il
interprète selon ses sentiments et contextualise selon son obsession. Si sa femme
rentre triste, il peut penser qu’elle s’est disputée avec son amant.
Ou encore une adolescente qui s’énerve sans cesse. Ses parents peuvent croire
qu’elle leur en veut alors qu’elle a simplement des problèmes personnels.
Les situations n’incluent pas seulement des éléments présents dans le champ
perceptif, mais aussi des éléments évoqués (c’est-à-dire non directement perçus
dans la situation de l’échange).
Ainsi, le contexte – la situation – inclut des éléments perçus et des éléments
évoqués.
E. Cadrage et recadrage :
La notion de contexte renvoie aux processus cognitifs et émotionnels du sujet qui,
pour comprendre tel discours ou telle action d’autrui, cherche à reconnaître la
situation typique qui lui donne son sens. Or, les perceptions, images, conjectures,
souvenirs et sentiments spontanément évoqués par le sujet peuvent ne pas suffire à
cette reconnaissance. L’émetteur va donc transmettre des représentations du
contexte afin de guider le récepteur dans son travail d’interprétation.
Pour marquer cette différence entre cognition et communication, on introduit les
concepts de cadrage et recadrage en restreignant cependant leur portée au seul
champ de la communication.
On parlera donc de cadrage pour désigner toute communication visant à éclairer le
récepteur sur le contexte du message (ou de l’action) que celui-ci cherche à
comprendre.
On parlera de recadrage pour toute communication visant à transformer le
contexte antérieurement « appliqué » au message (à l’action) par le récepteur.
Par le cadrage, on envoie un message qui informe du contexte afin d’aider l’autre à
reconnaître la situation et donc à interpréter le message.
Ex : On me parle et je regarde simultanément les gens passer autour de moi et ma
montre. La personne à qui je parle peut prendre ça pour de l’impatience et de l’ennui
mais c’est juste que j’attends quelqu’un pour lui rendre des feuilles. Je m’explique à
mon interlocuteur afin qu’il ne prenne pas ma démarche contre lui, qu’il ne
contextualise pas mal = cadrage.
Par le recadrage, on l’incite à modifier cette situation et donc à réinterpréter le
message.
Le recadrage suppose de modifier intentionnellement le contexte cognitif et/ou
émotionnel de son interlocuteur, ce qui l’amène à réorganiser les faits, à concevoir
sa situation autrement et donc à en transformer le sens. Par ce recadrage, on fait
glisser notre interlocuteur d’un foyer d’attention à un autre. Et cette
réinterprétation est susceptible d’entraîner une conséquence majeure : elle
pourrait amener notre homme à évoquer de nouvelles possibilités d’action.
Dans tout échange, on peut ainsi distinguer le message focal – ce que veut signifier
le locuteur – et les messages subsidiaires – ceux qui permettent de reconnaître la
situation.
Les processus de cadrage jouent un rôle essentiel dans les phénomènes d’influence
et de pouvoir.
F. Interaction symétrique et complémentaire :
Une relation prolongée entre deux personnes est un processus émergent,
c’est-à-dire un processus co-produit par les deux personnes sans avoir
véritablement été voulue par aucune. Une relation humaine est le résultat complexe
des réactions d’une personne aux réactions de l’autre.
Il existe deux grands types d’interaction :
1. l’interaction symétrique
2. l’interaction complémentaire
Dans l’interaction symétrique, les partenaires ont tendance à adopter des
comportements « en miroir » et donc à construire leur relation sur le sentiment de
l’identité profonde de ce qu’ils éprouvent. Dans l’interaction symétrique, les
partenaires reproduisent leur ressemblance et confirment l’un à l’autre qu’ils sont
semblables. Chaque personne fait la même chose que l’autre.
Ex : Qqn me dit bonjour, je lui réponds bonjour.
Dans le cas de l’interaction complémentaire, le comportement de l’un des
partenaires complète le comportement de l’autre et réciproquement. Les
comportements sont différents mais adaptés l’un à l’autre, chacun des partenaires
se comportant d’une manière qui présuppose et appelle à la fois le comportement de
l’autre. Dans l’interaction complémentaire, ils reproduisent leur différence et
confirment l’un à l’autre qu’ils sont complémentaires.
Ex : Je donne un ordre, l’autre obéit. Je demande qqch, l’autre me le donne.
Ces deux types d’interaction peuvent être stables.
Cela entraîne des processus d’escalade :
1. l’escalade symétrique
2. l’escalade complémentaire
Dans le cas de l’escalade symétrique, chacun réagit à l’autre en faisant « plus fort »
en sorte de réaffirmer une différence à son avantage. De telles escalades
conduisent à des ruptures ou des affrontements qu’aucun des partenaires n’a
réellement souhaité mais auxquels chacun se retrouve finalement acculé et dont il
est souvent malaisé de sortir.
Ex :
- Tu viens avec moi en boîte ce soir ?
- Non je dois travailler !
- Ce te ferait du bien pourtant.
- Ce n’est à toi de savoir ce qui me ferait du bien !
Dans le cas de l’escalade complémentaire, l’enchaînement des réactions conduit à la
maximisation de la différence entre les partenaires. Ces escalades réciproques ont
par exemple pour effet de renforcer simultanément l’extraversion d’un partenaire
et l’introversion de l’autre, le dynamisme de l’un et la passivité de l’autre, la
vocation d’éternelle victime de l’un et d’éternel sauveur de l’autre.
Ex :
Il ne faut pas manger comme ça, tu vas grossir !
- Si je mange comme tu me dis, ça ne fonctionnera pas non plus,
j’aurai des carences alimentaires.
- Etc… (A sera fâché que B n’ait pas fait ce qu’il voulait).
C’est l’exemple des employés irresponsables et du chef surmené qui veut s’occuper
de tout, ce qui arrange bien les premiers.
F. La communication corporelle :
- Pour clarifier la question de la communication corporelle, il importe de
distinguer le corps comme message et le corps comme contexte. Cette distinction
renvoie à la distinction entre l’expressivité en soi et l’expressivité pour autrui.
Le corps comme message est le fait de communiquer ostensiblement quelque chose
au moyen de son corps. C’est donc la participation chronique du corps à la
construction des messages. (Expressivité pour autrui)
Le corps comme contexte est le fait que le corps révèle involontairement à
l’observateur quelque chose de l’état cognitif et affectif du sujet. C’est donc le
corps perçu par une autre personne qui peut faire usage de ses observations pour
mieux contextualiser les réactions de son vis-à-vis. Le corps est ici un élément du
contexte plutôt qu’un élément du message.
- Lorsque l’on parle de communication verbale, on a l’impression que l’expression
corporelle n’a pas d’importance. Erreur : elle intervient dans l’acte de
communication. Cependant, nous n’y pensons pas.
En fait, dès que l’on communique, le corps agit (même au téléphone alors que
personne ne nous voit).
Est-ce inné ? Instinctif ? Certaines expressions de base le sont : la joie, le peur, le
dégoût, la douleur, le sourire,… La preuve est qu’un aveugle de naissance sourit sans
avoir pu mimer qqn.
Quant aux autres expressions, elles proviennent de la culture. On les apprend par
mimétisme (imitation inconsciente = habitus). D’ailleurs, sans le savoir, nous
retrouvons chez nous-même des gestes de nos aïeux.
-
On peut distinguer deux grands types de décalages :
1. les décalages entre les messages verbaux et non verbaux.
2. les décalages entre les messages et le « corps-contexte ».
1. En règle générale, les décalages entre les éléments verbaux et non verbaux
du message ont pour effet de complexifier sa signification.
Ex :
dire « je suis désolé » tout en souriant.
Ces décalages sont intentionnels. Ce sont des décalages internes au message
entre les éléments verbaux et les éléments non verbaux. Nous parlons ici de
rapport entre l’expression interne et l’expression externe.
2. Au contraire, les décalages entre le message et le corps-contexte ne sont
pas intentionnels, ce sont des décalages entre le message – verbal et non
verbal – et le corps-contexte. Ces décalages affectent le sens de la
communication, les intentions sous-jacentes au message telles que le
récepteur les reconstruit. Derrière l’intention communiquée, nous en devinons
une autre qu’il nous cache et, peut-être, se cache à lui-même. C’est ici la
reconnaissance de l’acte perlocutoire qui est affectée.
-
-
La position/posture du corps montre si l’on veut communiquer ou pas.
L’expression EST l’émotion.
On peut répartir les postures sur un axe :
-
Instabilité
Courbure
Mollesse
Absence de geste (traduit
le malaise, l’agressivité,…)
-
-
+
Stabilité
Verticalité
Tonicité
Gestualité
Voix posée
Réactivité (mesure notre
Empressement à réagir
à l’autre)
++
Rigidité
Raidissement
Vibration -> malaise
En faire trop -> nervosité
Importance des distances corporelles : il existe 4 bulles :
Intime
Privée
Sociale
Publique
La tonalité de la voix correspond à la bulle à laquelle on se réfère.
Dans une communication, le corps n’est pas toujours ostensif.
Ex : Quelqu’un qui apprécie une personne qui est amoureuse de lui mais ce
premier ne partage pas ses sentiments. Pour ne pas provoquer, il adopte une
réaction agressive.
 Situation : amitié, compassion
 Réaction : agressivité
Autre exemple : Qqn surprend un autre par derrière. « Ha ! C’est malin… ».
 Situation : peur
 Réaction : fâché
G. La communication inférentielle :
La communication commence avec l’intention de faire comprendre quelque chose à
quelqu’un. Fondamentalement, il existe deux manières de signifier quelque chose à
autrui :
a) au moyen du langage
b) en amenant l’autre à inférer lui-même ce que nous voulons lui signifier.
Rappel : Une inférence est l’opération qui consiste à conclure un fait plus ou moins
probable d’un autre fait.
La communication langagière et la communication inférentielle doivent être
logiquement distinguées. Il est souvent plus efficace de suggérer quelque chose que
de l’affirmer explicitement ; cela permet d’atténuer l’élément de contrainte propre
à toute persuasion.
On notera qu’un message – verbal ou non verbal – peut présenter tous les degrés de
complexité inférentielle.
Nous fonctionnons selon le principe d’économie, c'est-à-dire que l’on compte sur
l’inférence de l’autre en s’appuyant sur des connaissances mutuelles.
Charge inférentielle = travail d’inférence que l’on donne à l’autre.
Ex : - Tu as déjà soupé ce soir ? Au lieu de demander « Veux-tu que l’on aille
manger un bout qque part ? »
Les problèmes qui surviennent ordinairement dans la communication inférentielle
peuvent avoir trois origines :
1. Soit le récepteur reste sans remarquer l’intention de communication.
2. Soit il se figure une intention de communication qui n’existe pas.
3. Soit il reconnaît justement une intention de communication mais il infère un
message erroné.
H. Les paradoxes dans la communication :
Quand on parle, il y a un mess et en même temps une relation. Mais parfois, on
envoie un mess qui sera contredit au niveau de la relation.
Ex : Un couple se dispute. La femme reproche à l’homme de sortir constamment
avec ses copains et de la délaisser. Elle affirme « Ca va, c’est bon, je ne suis pas
fâchée » mais on entend dans sa voix qu’elle ne le pense pas vraiment.
On a affaire ici à un message paradoxal (mess qui contient sa propre négation) et
non à une contradiction (qui repose sur la mauvaise fois).
Une communication paradoxale est une communication qui contient en elle-même sa
propre contradiction ; le récepteur comprend une chose en même temps que son
contraire.
On peut distinguer les paradoxes internes au message et ceux qui caractérisent
plus généralement la situation de communication.
Dans le cas des paradoxes internes au message, la contradiction peut trouver sa
source :
a) dans la représentation
Ex : voir plus haut « Ca va, c’est bon, je ne suis pas fâchée ».
b) dans le rapport entre la représentation et l’illocution (l’illocution contredit la
représentation)
Ex : « C’est bon, je vous pardonne », avec un ton de reproche ou « Ca va,
c’est bon, je m’excuse » en soupirant.
c) dans le rapport entre la représentation et/ou l’illocution et l’expression
affective
Ex : « Si, si, tout va bien ! » avec les yeux au bord des larmes ; Une mère à
son fils : « C’est bon vas-y à ta soirée… » mais le ton dit l’inverse.
Dans tous les cas, le message contient sa propre négation ; le récepteur reste
suspendu entre deux significations opposées.
Le paradoxe peut aussi caractériser la situation de communication ; cette fois, la
contradiction oppose le message et la réaction attendue à ce message (la
perlocution).
C’est ce qu’on appelle encore les injonctions paradoxales ou la double contrainte.
Dans l’injonction paradoxale, l’émetteur demande ou exige quelque chose que, par ce
fait même, il rend impossible, plaçant l’autre dans une situation intenable puisqu’il
est condamné à désobéir en obéissant, à décevoir l’autre en répondant à son désir.
Les injonctions paradoxales conduisent ordinairement à des réactions de stress et
de dépression.
Ex : On se fait offrir 2 pulls. Le lendemain, on en met un « Quoi, tu n’aimes pas
l’autre ? » ; « Ne m’écoutes pas quand je te dis qqch » ; « Ne penses pas une chose
pareille » ; « Arrête de penser » ;
I. Niveaux du contenu et de la relation :
Il faut distinguer dans tout acte de communication, deux niveaux : le contenu et la
relation. On adresse donc toujours deux messages au récepteur : Le premier est un
message de contenu, il représente explicitement un fait et le second est un
message de relation qui dépend de l’intonation, la mimique, l’attitude et le contexte.
On communique toujours simultanément aux deux niveaux : toute parole participe à
une relation et il nous est impossible de dire quoi que ce soit à quelqu’un sans
l’informer en même temps sur la nature de notre relation à cette personne.
La notion de contenu désigne donc tout ce qui est évoqué dans l’échange verbal, les
objets et les événements auxquels on fait référence dans le discours. C’est en fait
la représentation.
Un message de relation comprend nécessairement :
- une illocution : l’acte conventionnel posé à l’égard d’autrui
- une expression affective : le sentiment exprimé
- une perlocution : l’intention poursuivie
De plus ce message dépend directement du contexte de la relation, c’est-à-dire
des échanges antérieurs, du vécu des participants, du corps-contexte, de l’histoire
de la relation.
La représentation -------------------->
Contenu
L’illocution ---------------------------->
Relation
L’expression affective --------------->
|-- Perlocution (comprise dans le cadre d’une intervention).
J. La métacommunication :
Métacommuniquer, cela signifie prendre la relation pour contenu du message,
c’est-à-dire prendre la relation pour objet de la représentation. Métacommuniquer
consiste à changer de foyer d’attention. La métacommu n’est pas un acte inhérent à
toute commu, elle est un acte que les participants peuvent ou non décider de poser.
Face à un malentendu,
soit on décide de remettre au lendemain la conversation (en espérant être
calmés le lendemain),
- soit on prend les choses avec humour (difficile sans avoir pris de distance ;
l’humour peut vexer),
- soit on joue à l’autodérision,
- soit on métacommunique (en prenant la relation comme nouveau contenu).
Ex : Dispute d’un couple concernant la belle-mère. L’un en prend conscience et
propose de s’asseoir, de laisser de côté ce problème et de discuter sur les raisons
pour lesquelles ils se disputent à cause de cela.  On communique sur la
communication elle-même.
-
Souvent les gens ont peur de métacommuniquer. Ils disent que rien ne sert de
discuter afin de ne pas devoir parler (risque de la vérité).
Ex : Une personne vient souvent près de nous parce qu’elle pense qu’on l’apprécie.
Mais on n’ose pas dissoudre le malentendu et on laisse les choses languir en
attendant de craquer réellement.
L’émetteur et le récepteur peuvent métacommuniquer sur :
a) l’illocution (l’émetteur spécifie l’acte illocutoire qu’il pose en parlant)
b) l’expression affective (l’émetteur explicite le sentiment qu’il éprouve)
c) la perlocution (l’émetteur explicite l’intention qu’il poursuit)
d) le contexte de la relation (opérer un certain type de recadrage)
Il faut donc distinguer quatre types de métacommunication selon l’élément de
relation qui fait l’objet d’une représentation
K. Dire quelque chose sans le dire vraiment :
1. Les jeux sur la représentation :
Signifier par inférence
(Au lieu de dire quelque chose carrément, on se contente de faire comprendre
quelque chose indirectement)
-
-
-
Suggérer un malentendu relatif à l’usage des mots
(Redéfinir un mot)
modifier l’objet de la représentation : non la conduite de l’autre, mais son
propre ressenti.
-
formuler un énoncé ambigu, C’est-à-dire d’interprétation incertaine, les gens
eux-mêmes ne sont pas tjs clair dans leur esprit.
-
formuler un énoncé paradoxal (au niveau de la représentation).
2. Les jeux sur l’illocution :
-
Nier l’illocution en évoquant un malentendu
- Annuler l’intention illocutoire
(Le locuteur reconnaît qu’il a fait un reproche au récepteur mais il suggère qu’il
n’avait pas l’intention de parler comme il l’a fait)
- Modaliser l’illocution
(Modaliser, c’est communiquer au second degré, en manière de plaisanterie, de
fantaisie. C’est communiquer pour faire semblant.)
- Évoquer un locuteur absent (vers lequel détourner la rancœur)
(Dans ce cas, le reproche n’est pas formulé par le locuteur, mais par un autre
absent)
-
-
Dissimuler sa responsabilité, donc la force illocutoire du message, en suggérant
quelque forme de coercition
(Par exemple : En tant qu’ami c’est mon devoir de te le dire)
Dissimuler une illocution (le reproche) sous une autre illocution (le
remerciement) afin d’exprimer l’ironie.
3. Les jeux sur l’expression affective
Tous ces exemples se comprennent avec l’intonation et l’expression corporelle
idoines (convenables).
-
Atténuer la portée affective du message
-
Modaliser l’expression affective
-
Surjouer la gratitude pour suggérer la déception (quand on reçoit un cadeau qui
ne nous plaît pas par exemple).
4. Les jeux sur la perlocution
Dans ce cas, le locuteur reconnaît avoir adressé un message de reproche, mais il
tente de recadrer l’intention qu’il poursuivait ce disant.
-
Recadrer l’intention perlocutoire (la réaction que l’on attend de l’autre).
Ex : « C’est pas amitié que je te dis ça ».
-
Relativiser la portée de ce qui a été dit.
5. Les jeux sur le contexte de la relation
-
Ponctuer la « séquence des faits » de manière à apparaître comme la victime.
Ex : « Pour une fois que c’est moi qui te fait une remarque… »
-
Arguer d’une réciprocité (nous sommes quittes).
-
Exalter une valeur supérieure pour justifier le reproche.
Ex : « Il faut être franc en amitié ».
-
Recadrer pour appeler un mouvement d’empathie
Ex : « Mets-toi à ma place une seconde… »
-
Recadrer pour banaliser
Ex : « Dans toute amitié on se fait des reproches… »
6. La mise entre parenthèses du message afin de se soustraire aux reproches
Dans ce dernier cas, le locuteur annule le message après l’avoir formulé ou du moins
le soustrait à l’échange en réorientant la discussion sur autre chose.
-
Nier le message lui-même
-
Dire et retirer ce qu’on a dit
-
Remettre en cause la réaction au message afin d’éviter de remettre en cause le
message lui-même
L. Un cas particulier : l’ambiguïté dans la vie amoureuse :
L’ambiguïté n’a rien à voir avec le mensonge. Mais le message peut être compris de
plusieurs manières et on ne sait alors laquelle choisir. En général, on est ambigu
parce que l’on ne sait pas nous-mêmes, les idées ne sont pas claires dans notre
esprit.
Ex : - Est-ce que t’as bien aimé le film ?
- Heu… ouais.
- Non mais dis-le moi tout de suite si tu n’as pas aimé.
- Mais je ne sais dire moi !
Un message ambigu peut fort bien exprimer un sentiment lui-même indéterminé ou
la concurrence de sentiments contradictoires.
L’ambiguïté peut également faire l’objet d’un accord tacite entre des partenaires
dans la prévention d’affrontements possibles ou la poursuite de certains jeux
amoureux.
L’ambiguïté est une forme d’aveu, une façon d’éviter le mensonge.
On peut distinguer :
1. les ambiguïtés non intentionnelles
2. les ambiguïtés intentionnelles pratiquées par un locuteur soucieux de ne pas
clarifier son message.
3. les ambiguïtés partagées intentionnellement par des partenaires complices
1. Les ambiguïtés non intentionnelles :
Elles résultent d’un décalage entre le message délivré par le locuteur et son
expressivité naturelle (ce qu’involontairement son corps révèle au partenaire). Ce
décalage a pour effet d’éveiller un doute sur la véracité de ce qui est exprimé et
sur les intentions du locuteur. Le partenaire entend une chose et en perçoit une
autre, demeurant comme suspendu ; le message est contredit par le contexte du
message, brouillant la signification.
Ex : La façon dont on dit qqch. « Tu as une belle veste… » d’un ton non convaincu.
2. Les ambiguïtés intentionnelles pratiquées par un locuteur soucieux de ne pas
« dévoiler ses batteries » :
Le deuxième type d’ambiguïtés recouvre les messages formulés de telle manière
qu’au moins deux interprétations sont possibles. Ici, l’ambiguïté est interne au
message et volontairement produite par un locuteur désireux de se faire bien
comprendre.
Ex : « T’es vraiment une chouette fille »  la fille ne sait que penser.
L’ambiguïté peut aussi provenir de l’association entre un contenu apparemment
explicite et quelque expression décalée qui en altère la portée illocutoire (un
sourire ironique).
Ex : « Ho, merci, je suis ravie » d’un ton déçu.
Un autre cas de figure concerne des phrases anodines en apparence mais
accompagnées de l’expression d’un sentiment hors de proportion.
Il existe trois motivations typiques, étroitement liées pour ces ambiguïtés :
a) La peur ou le refus de s’engager dans la relation, et donc de prononcer les
paroles fatidiques (aveu, promesse, déclaration) qui auraient pour effet
d’insérer le locuteur dans le réseau contraignant des normes sociales et des
attentes du partenaire. Le locuteur s’efforce alors de préserver sa liberté sans
pour autant indisposer l’autre et menacer la relation.
Ex : - Tu vas m’écrire hein ?
- Je vais essayer…
b) Le travail de « figuration », pour éviter de perdre la face. La timidité pousse
fortement à l’ambiguïté. On évite aussi de dire des choses qui pourraient faire
perdre la face à l’autre, le ridiculiser, le frustrer (il faut du tact).
Ex : Quelqu’un qu’on n’aime pas nous invite en soirée. On répond qu’on aimerait
bien mais qu’on a déjà qqch de prévu ce jour là.
 Présentation de fausses excuses.
c) L’ambiguïté peut également servir une stratégie de pouvoir. En maintenant
l’incertitude sur ses propres intentions, le locuteur force l’autre à se dévoiler
en premier et lui impose, par suite, d’assumer seul le risque de perdre la face.
But de déstabiliser l’autre. Plus on provoque l’incertitude chez l’autre, plus on a
de pouvoir  ne jamais dire clairement les choses est une stratégie de pouvoir.
Ex : Lors d’une inspection, l’inspecteur ne bronche pas, ne dit mot, son visage
est impassible. On ne sait ce qu’il pense. Si on lui demande « Est-ce que c’est
bon ? », il répond « C’est à peu près bon ».
3. Les ambiguïtés partagées intentionnellement par des partenaires complices :
Le troisième type d’ambiguïtés, assurément le plus difficile à analyser, recouvre les
ambiguïtés tacitement partagée par des partenaires complices qui se gardent de
formuler explicitement ce qu’ils savent confusément mais qu’ils ne peuvent en
même temps passer complètement sous silence pour la simple raison que cela
détermine leurs actions mutuelles. Des partenaires qui, donc, évitant de se faire
trop bien comprendre, veillent ensemble, plus ou moins consciemment, à s’épargner
les conséquences dommageables d’une clarification de la situation.
Ex : La femme mariée au courant depuis des années que son mari la trompe mais qui
ne veut pas rompre, son mari sachant pertinemment bien qu’elle est au courant ; les
parents qui savent très bien que leur enfant se drogue mais ne veulent pas en parler
de peur de créer un conflit.
La motivation commune à ces divers exemples d’ambiguïtés partagées :
Toutes semblent provenir du souci des partenaires d’éviter les effets indésirables
d’un discours clair et univoque : vexation, humiliation, honte etc.
L’ambiguïté dans la communication apparaît dès lors comme un dispositif par lequel
des acteurs compétents gèrent leur propre relation.
Dans les relations amoureuses, on pratique souvent les ambiguïtés tacites.
Pour ne pas tomber dans la lassitude (ex : dire je t’aime tout le temps), on fait des
allusions pour ne pas vulgariser.
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