LES TROUBLES DU COMPORTEMENT d'après Bruno Egron, Scolariser les élèves handicapés mentaux et psychiques, Sceren Sandrine Thomas, CP ash-pôle Adaptation-26 Evolution de la notion ● ● ● 1945 : on parle de « troubles du caractère », incapacité de l'enfant à s'adapter à la discipline de classe 1950 : apparition de TC ou de la conduite, conception plus dynamique et évolutive 1983 : Troubles graves du comportement caractérisent des enfants d'intelligence normale dont l'échec scolaire se confirme au cours des ans. La CIM amène la notion de psychopathie : dont l'expression perturbe gravement la socialisation et l'accès aux apprentissages. Description ● ● ● ● ● ● Cette population apparaît en développement quantitatif (précarité, pauvreté, ruptures, incertitudes...) L'âge du début n'a pas de valeur de sévérité Il n'y a pas non plus nécessairement de retard mental, certains élèves sont même brillants. Les garçons sont plus touchés que les filles. On ne saurait dire si la difficulté d’apprentissage est la conséquence ou la cause de ces troubles. En général, ces jeunes sont rejetés par l'école, la psychiatrie et la Santé. ● Depuis la loi de 2005, ce sont ces élèves qui causent le plus de problèmes aux enseignants. La perturbation dépend de l'enfant et du degré de tolérance de l'enseignant, selon que le trouble se manifeste de façon active ou passive. Les comportements marquants pour le pédagogue dans un objectif de compréhension du trouble : ● Une quête existentielle et une détresse affective : affective ils testent l'adulte dans sa capacité à les aimer, cette dépendance affective les déstabilise provoquant fuite, rupture ou destruction... ● Un contrôle difficile des émotions et une instabilité extrême : extrême des fonctionnements substitutifs d'un conflit interne qui ne peut être mis en mots ● Une faible estime de soi : soi le doute, la peur de l'échec sont prégnants dans leur relation aux apprentissages d’où fuite de toute mentalisation, représentation, élaboration et refus d'entrer dans l'activité en bravant, défiant, provoquant ou s'isolant. ● La peur d'apprendre (Serge Boimare) : Boimare) L'acte d'apprendre implique d'accepter des règles, de se confronter avec ses insuffisances, d'accepter d'abandonner ses certitudes, de passer par des tâtonnements, de se soumettre à celui qui sait... ● ● Un affrontement défensif … Ou un repli défensif Un rapport perturbé à la temporalité : tout effort effort de mémoire ou de projet semble activer l'angoisse existentielle ; ils vivent uniquement dans l'instant, ce qui les amène à adopter des comportements à risque ● .Un rapport à la loi difficile et fluctuant : comme parfois l'entourage ne fait pas la part entre désirs et besoins, les exigences sont parfois immodérées ou le laxisme important. ● La recherche de plaisirs immédiats : immédiats ils ont une grande difficulté à différer, à se projeter alors que l'apprentissage de la lecture implique pour l'élève de renvoyer dans un futur lointain le plaisir de savoir lire … ● Stratégies éducatives et pédagogiques La question de la prévention est majeure en organisant les apprentissages et la vie de classe pour ne pas favoriser les comportements indésirables. ● Travailler en équipe : La capacité des jeunes à manipuler les adultes étant forte, elle rend nécessaire la cohérence du groupe et un projet commun. ● Analyser ses ressentis et attitudes : le fonctionnement de l'individu enseignant est interrogé : ses valeurs et références éducatives, son apparence physique et vestimentaire, sa capacité de tolérance, son humour et aussi parfois sa sexualité … ● Observer l'enfant : cet effort d'objectivité permet de sortir d'une impression générale floue emplie d'affectivité et souvent négative. Il s'agit identifier des points positifs, des schémas comportementaux récurrents qui permettent de comprendre l'enfant et éventuellement d'anticiper le trouble ● Collaborer activement avec les parents et la famille : implication dès le début, rencontres régulières, instaurer des outils d'échanges et obtenir des échanges sur des thèmes liés à l'éducation ● Créer entre l'élève et l'enseignant un cadre relationnel bienveillant : croire en ses capacités à évoluer, empathie, écoute, échange et observation en sont les bases ● Planifier les transitions : travailler les raisons et objectifs de cette transition avec l'élève, préparer et accompagner le personnel d'accueil et ensuite l’enfant dans cette nouvelle structure ● Gérer et structurer l'environnement spatial et temporel : →par les rituels, débutant et terminant les activités de la classe →utilisation « spécialisée » des espaces avec des temps très circonscrits →les emplois du temps et horaires sont prévisibles et clairement formulés →indiquer la succession des tâches →moments et lieux SAS peuvent être introduits ● Structurer et gérer les relations affectives et sociales →Construire un cadre contenant et sécurisant, avec une loi : la pédagogie institutionnelle. →cette loi est évolutive →le respect du cadre est régulier →le fonctionnement de la classe est axé sur la coopération des élèves plutôt que sur la compétition →l'implicite est verbalisé ● Soutenir et renforcer les comportements attendus : beaucoup d 'élèves à TC ne perçoivent pas les attentes de leur entourage →identifier avec les élèves les comportements attendus et enseigner des habiletés sociales →récompenser les comportements adaptés(ainsi que les acquis cognitifs) plutôt que sanctionner les comportements inadaptés →avoir des attentes accessibles donc adaptées à la situation de l'élève (système de contrat) →le contrat est signé par les 2 parties, il définit les actions de chacun, la durée de sa validité et sa date de renégociation →les succès comportementaux sont annoncés et célébrés (en groupe pour les enfants, individuellement pour les ados) →les adultes jouent le rôle de modèle (respect et responsabilité) ● Prévenir et gérer les débordements : régler les problèmes mineurs d'une manière positive et immédiate avec humour si possible, sans jamais humilier l'enfant. - l'anticipation des comportements difficiles chroniques est assurée et des plans de gestion de crise établis en conséquence - rester maître de soi amenuise l'agressivité - les sanctions doivent être éducatives et réparatrices ● Donner du sens aux apprentissages : - pour avoir du sens, une activité doit sortir du cadre spatial et temporel de la classe et de la séance - aborder des contenus culturels riches - enseigner en se référant aux programmes de l'EN et ainsi éviter la dérive éducative inhérente à tout enseignant travaillant en institut... - prendre garde à ne pas sous-alimenter cognitivement les élèves : leurs difficultés d'apprentissage ou de comportement ne doit pas être un prétexte à une baisse des objectifs, réduction des contenus et exigences. ● Adapter les démarches et renforcer l'étayage : les approches classiques (manipulation), les travaux de groupe, les échanges qui utilisent le conflit sociocognitif ne sont pas toujours pertinentes même si elles restent un objectif à atteindre - séquençage des activités, identification des compétences intermédiaires - des outils d'aide nombreux, adaptés, connus et à la portée de l'élève - la présence, les sollicitations et encouragements réguliers de l'enseignant (le toucher est à éviter avec les ados mais à favoriser avec les plus jeunes) ● ● Soutenir la difficulté à apprendre : - amener l'élève à construire des activités à long terme, à se projeter (pédagogie de projet) - détacher l'évaluation de leur travail de l'évaluation de leur personne - pointer régulièrement leurs progrès et les capitaliser (système de points par ex ) Conclusion Les approches pédagogiques qui donnent du résultat auprès des élèves avec des trouble du comportement n'ont rien de « recettes pédagogiques» C'est un travail de longue haleine avec des acquis remis en cause à la moindre occasion. Mais ces efforts collectifs quotidiens, ce cadrage éducatif rigoureux, accompagnés par les soutiens thérapeutiques, éducatifs et sociaux peuvent conduire beaucoup d'entre-eux à une insertion professionnelle réussie.