1
Les muscles rotateurs externes du genou,
moins nombreux que les rotateurs internes et
moins puissants de par leur anatomie, mais
avantagés par la longueur de leur bras de levier,
sont aussi puissants que les muscles rotateurs
internes. L'équilibre des muscles rotateurs exter-
nes et rotateurs internes mis en évidence dans
leur rôle de moteur de la rotation externe et de
la rotation interne doit se retrouver dans leur
rôle freinateur respectivement de la rotation
interne et de la rotation externe.
Dans notre étude, la position de flexion du
genou n'a pas influencé la puissance des muscles
rotateurs du genou. La position de flexion du
genou à 90° qui permet une attaque des tendons
perpendiculaire aux leviers osseux du squelette
jambier n'a pas entraîné d'augmentation de
puissance de ces muscles rotateurs par rapport
à la position de flexion du genou de 60°. Les
fonctions de moteurs, mais aussi de ligaments
actifs des muscles ischio-jambiers et de la patte
d'oie sont donc aussi efficacesà 90° qu'à 60° de
flexion du genou, position d'instabilité maxi-
male. Cette étude devrait être complétée par les
mêmes tests, genou fléchi à 30°, attitude
fréquemment retrouvée dans les gestes sportifs.
La constance de la force des muscles rotateurs
du genou malgré la variation de la vitesse
d'exécution des mouvements n'est pas en accord
avec les résultats trouvés par d'autres auteurs,
Moffroid pour le quadriceps, Neiger pour les
rotateurs de hanche. D'autres facteurs ont
peut-être une influence comme le type de fibres
musculaires, l'ordre de recrutement des unités
motrices ou la situation expérimentale.
L'augmentation de vitesse que nous avons
imposée n'entraîne pas de diminution de puis-
sance de ces muscles. Le genou est donc aussi
bien protégé de mouvements excessifs de rota-
tion à vitesse rapide qu'à vitesse lente. Ceci est
d'autant plus important que de nombreuses
lésions de l'appareil capsulo-ligamentaire du
genou se produisent à vitesse élevée quand le
pied est fixe au sol.
Il serait intéressant de poursuivre cette étude
à des vitesses autres que celles que nous avons
testées pour savoir si cette adaptation persiste.
La course moyenne du mOuvement de rota-
tion axiale du genou autour de la position zéro
Ann. Kinésith ér., 1983, t. 10, n° 10 365
anatomique est la plus favorable au travail des
muscles rotateurs du genou. Cet équilibre met
en évidence l'ajustement permanent des muscles
rotateurs externes et rotateurs internes pour
permettre ou maintenir une flexion dans le plan
sagittal. Par contre, leur efficacité moindre dans
les amplitudes extrêmes de rotation axiale
montre qu'à partir d'une certaine amplitude, ils
deviennent insuffisants pour éviter une lésion de
l'appareil capsulo-ligamentaire du genou.
Les amplitudes articulaires actives plus im-
portantes sur le genou fléchi à 60° qu'à 90°
confirment l'instabilité plus grande de la position
de flexion du genou à 60°. L'augmentation de
vitesse entraînant une augmentation de l'ampli-
tude articulaire active et donc un contrôle
moindre des muscles rotateurs' peut expliquer
le risque accru des mouvements à grande vitesse.
Dans ces tests, nous n'avons pas tenu compte
de la position de la hanche, celle-ci variant avec
la flexion du genou. Mais physiologiquement,
quand le pied est au sol, la hanche n'est jamais
fixe pour permettre une adaptation permanente
de la longueur des différents muscles poly-
articulaires qui entourent le genou.
Incidences en rééducation
Nous ne revenons pas sur l'intérêt du renfor-
cement des muscles ischio-jambiers et de la patte
d'oie comme fléchisseurs du genou, mais aussi
comme puissants ligaments actifs contrôlant les
instabilités rotatoires du genou (Viel).
L'équilibre existant entre les groupes mus-
culaires rotateur externe et rotateur interne doit
être restauré après toute lésion du genou. Nos
techniques ne doivent pas entraîner la prédomi-
nance d'un groupe musculaire sur son antago-
niste. Nous chercherons que les deux groupes
rotateurs externes et rotateurs internes soient
aussi puissants à 60° de flexion du genou qu'à
90°.
La vitesse doit intervenir dans les différents
paramètres de notre rééducation. En chaîne
ouverte ou en chaîne fermée, quand le pied est
fixe au sol, nous sollicitons les muscles à
différentes vitesses pour obtenir une réponse
musculaire aussi efficace à vitesse rapide qu'à
vitesse lente.