
bureaucratique, l'État avec les germes de fascisme qu'il
comporte, l'État et sa violence intrinsèque sous son
paternalisme providentiel ... Dans toute cette théma-
tique de la critique de l'État, je crois qu'il y a deux
éléments qui sont importants et qu’on retrouve d'une
manière assez constante.
Premièrement, cette idée que l'État possède en
lui-même, et par son dynamisme propre, une sorte de
puissance d'expansion, une tendance intrinsèque à
croître, un impérialisme endogène qui le pousse sans
cesse à gagner en surface, en étendue, en profondeur, en
finesse, tant et si bien qu'il arriverait à prendre
totalement en charge ce qui constituerait pour lui à la
fois son autre, son extérieur, sa cible et son objet, à
savoir : la société civile. Le premier élément qui me
semble en effet parcourir toute cette thématique générale
de la phobie d'État, c'est donc cette puissance
intrinsèque de l'État par rapport à son objet-cible que
serait la société civile.
Deuxièmement, deuxième élément que l'on retrouve, me
semble-t-il, constamment dans ces thèmes généraux de la
phobie d'État, c'est qu'il y a une parenté, une zone de
continuité génétique, d'implication évolutive entre
différentes formes d'État, l'État administratif,
l'État-providence, l'État bureaucratique, l'État
fasciste, l'État totalitaire, tout ceci étant selon les
analyses, peu importe, les rameaux successifs d'un seul
et même arbre qui pousserait dans sa continuité et dans
son unité et qui serait le grand arbre étatique. Ces deux
idées voisines l'une de l'autre et qui se soutiennent
l’une l'autre, - à savoir, [premièrement], que l’État a
une force d'expansion indéfinie par rapport à
l'objet-cible société civile, deuxièmement, que les
formes d'État s'engendrent les unes les autres à partir
d'un dynamisme spécifique à l'État -, ces deux idées me
semblent constituer une espèce de lieu commun critique
que l'on retrouve très fréquemment à l’heure actuelle.
Or, il me semble que ces thèmes mettent en circulation
une certaine valeur critique, une certaine monnaie
critique que l'on pourrait dire inflationniste.
Inflationniste, pourquoi ?
Premièrement, d’abord, parce que je crois que cette
thématique fait croître, et avec une vitesse sans cesse
accélérée, l’interchangeabilité des analyses. Dès lors,