I – Les élections américaines
Si les critiques à l’égard de l ‘administration Bush sont virulentes,
les relents d’anti-américanisme provoquent la discussion.
(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier)
Marre de l’anti-américanisme primaire !
« Et on haïra, on méprisera l’empire américain », Manifeste, Indochine, Dancetaria.
Si l’heure est à la crainte, ce n’est pas la crainte du terrorisme, mais bien la crainte
que l’on tombe tous dans l’anti-américanisme primaire. Notre génération, qui vit la
mondialisation en plein développement, à la fâcheuse tendance de vouer aux États-
Unis une haine grandissante. Combien de fois avons-nous entendu même pour
rigoler : « De toute façon, les américains ce sont tous des cons ». Propos
xénophobes et racistes dans la bouche de jeunes qui se prétendent tolérants et
ouverts.
Si l’on peut remarquer que les américains ont parfois un sentiment de supériorité
nationale, nous ne devons pas nous y mettre. Avant de critiquer à tout va les
américains, essayons de les comprendre. Si parfois, ils ont des conceptions qui nous
choquent, c’est bien parce qu’ils sont différents et qu’ils vivent une autre culture.
Connaître l’histoire des États-Unis éclaire beaucoup la situation actuelle, et permet
de ne pas la juger en bloc. Notre incompréhension nous conduit donc souvent à être
anti-américains primaires, c’est-à-dire intolérants, méprisants, voulant imposer notre
idéal anti-américain contre leur idéal.
Le danger consiste à faire des généralités. Soit on est anti-américain, c’est-à-dire
contre la diffusion de la culture (de masse) américaine, contre la politique extérieure
du gouvernement Bush, contre le capitalisme (incarné par les USA), contre la guerre
sainte américaine, contre l’idéologie américaine « sauveur-du-monde », totalitaire et
nationaliste. Soit on est anti-américain primaire, c’est-à-dire qu’on ne réfléchit pas à
ce qu’on dit, qu’on en vient à reprocher aux Américains d’être nés américains, qu’on
les juge responsables individuellement de nos reproches à la société et au
gouvernement. C’est tout aussi aberrant que d’être contre les Iraniens car ils vivent
sous une dictature.
Le problème peut être de refuser tout ce qui vient des États-Unis. Tout d’abord, il est
risqué de faire des amalgames entre ce qui appartient à la culture de masse
américaine, comme le cinéma hollywoodien et ce qui relève de la culture artistique,
comme la littérature, l’art, le cinéma d’auteur, etc. Et ni l’ensemble de la culture
américaine, ni les artistes américains ne soutiennent les torts de leur pays. Prenons
Michael Moore (Bowling for Columbine), Woody Allen ou Moby, ils ont un regard
critique sur leur pays et cela ne les empêche pas de l’aimer. Il est très facile aussi de
critiquer la mondialisation, la culture américaine quand on jouit de ses avantages.
Savez-vous que Eastpak, Universal, Levis sont américains ?
Nous avons été horrifiés par la haine soudaine qu’une minorité (et non la majorité
comme on dit certains médias) d’Américains nous vouaient. Est-ce à nous de faire la
même chose ? Allez demander à la jeune étudiante américaine de notre lycée si elle
apprécie tellement que ça le regard des autres sur sa nationalité. Une amie