Au regard du budget irlandais et de la taille de ce pays, l'effort engagé par le peuple irlandais
est considérable et les conséquences sont dévastatrices : augmentation du chômage,
aggravation de la pauvreté et de la précarité, casse des droits sociaux et des services publics.
La vraie contrepartie au plan de sauvetage serait, en fait, une restructuration de la dette
bancaire, seul moyen de faire supporter une partie des pertes à ceux qui ont prêté de l'argent
aux banques et qui sont donc aussi responsables de l'emballement bancaire irlandais. Mais,
pour l'heure, il n'est pas question d'exiger une restructuration de la dette bancaire –
remboursement partiel des créances, étalement des échéances, etc.
Au final, avec le cas irlandais nous assistons une fois de plus à la capitulation du politique
face à la pression des marchés.
Ne pas faire payer les banques et leurs actionnaires en restructurant la dette bancaire
irlandaise est inadmissible, et ce quel que soit le risque systémique. En outre, la logique
actuelle de financements négociés au coup par coup, aux conditions du marché, enfonce
l'économie européenne dans la crise. Avec le cas irlandais, preuve est faite que cette logique
ne fonctionne pas. On l’a vu, les marchés n'ont pas été rassurés par le plan de sauvetage.
Ainsi, la dictature des marchés continue : passés les premiers instants de répit, de nouveaux
signes de tension sont réapparus sur les marchés. Une question revient sans cesse, et vous
l’avez dit : quel État sera la prochaine cible des attaques spéculatives ?
«Le plan de sauvetage irlandais peut peut-être calmer les craintes à court terme mais ne résout
rien sur le long terme», constate Sylvain Broyer, chef économiste de Natixis à Francfort.
Que propose l'Union européenne ?
On va passer d'un pays à un autre, accroître le financement de l'Europe au fil des plans d'aide,
créer de la récession, ce qui entraînera des problèmes de déficit public encore plus grands, et
accumuler de la dette de manière totalement désorganisée, sans perspective claire. C'est
incompréhensible : comment sortir de la spirale de la dette, si l'on en crée toujours plus ?
La politique suivie par l'Europe a atteint ses limites. Il est impossible de rassurer, de manière
pérenne, les marchés financiers, et vous le savez. Il faut donc changer de politique.
Alors que, partout, les indignations, donc les résistances à l'austérité s'expriment avec de plus
en plus de force, il est urgent de dégager l'Europe de la tutelle des marchés financiers. Cela
suppose notamment de faire jouer un autre rôle à la Banque centrale européenne qui ne peut
financer directement les États à bas taux d'intérêt, de revoir la philosophie d'un pacte de
stabilité qui rationne les dépenses publiques, de favoriser les investissements utiles à l'emploi,
à la formation et au développement des territoires grâce à un crédit sélectif et, évidemment, de
taxer les mouvements de capitaux pour bloquer la spéculation.
Nous, députés communistes, républicains, citoyens et du parti de gauche, avons soumis une
proposition de loi en faveur d'une fiscalité juste et efficace que vous avez balayée d'un revers
de mains. Ce texte prévoyait la justice fiscale pour nos concitoyens et une autre répartition des
richesses favorisant l'investissement dans l'économie réelle, c'est-à-dire l'emploi, la formation,
les salaires et la protection sociale.
Vous avez aussi rejeté notre proposition de loi constitutionnelle garantissant la souveraineté
du peuple en matière budgétaire, laquelle s'oppose au processus qui se met progressivement
en place au niveau européen et qui conduit à soumettre a priori les procédures budgétaires
nationales à une surveillance communautaire injustifiable. Même si vous vous en défendez,
monsieur le président de la commission, monsieur le ministre, ce que vous appelez le
gouvernement économique européen est en fait la soumission des budgets nationaux et la
perte de la souveraineté nationale de notre pays et de nos concitoyens. (« Bien sûr ! » sur les