marxiste, strictement interdite pendant le franquisme. Théorie qu'ils n'ont pas
manqué de privilégier par-dessus toutes autres, dès qu'ils sont devenus
officiellement enseignants. Ce qui explique que, dans l'Université espagnole des
années 1980 — celle du triomphe d'un gouvernement socialiste —,
l'enseignement des diverses disciplines de lettres fut fondé sur une application
militante du Matérialisme historique dont les principes ne se sont laissé
impressionner ni par le cri d'alarme du mouvement polonais Solidarité, ni par la
chute du mur de Berlin.
Or, cette prédominance de la gauche dans le gouvernement, comme
dans les hautes instances et les salles de cours universitaires, n'a pas soutenu
spécialement les études et activités réalisées dans les nombreux Séminaires
d'Études sur LA femme (au singulier), nés à l'abri des universités, mais ne faisant
pas vraiment partie de celles-ci. Études qualifiées le plus souvent de
protagonistes par cette gauche hétérodoxe, malgré l'effort réalisé par la plupart
des historiennes féministes, majoritairement marxistes à l'époque
, pour donner
une explication matérielle
au devenir des femmes au long de l'histoire
.
Toutefois, les difficultés n'ont pas empêché que les études des
femmes se soient frayées un chemin qui a abouti, au début des années 1990
,
dans ce qu'on pourrait considérer comme étant leur institutionnalisation
première, sous forme de publications et de regroupements parallèles à
l'institution universitaire. Je pense, par exemple aux associations AUDEM et
AEIHM (1991)
, avec la publication systématique de leurs Colloques. Mais aussi
aux revues spécialisées comme Arenal (1994)
ou à la remarquable
Bien que, dans les années 1980, commencent à paraître des perspectives plus
ouvertes. Ainsi, pour l'Antiquité, le collectif édité par Carlos Miralles, La dona en
l'antiguitat, Sabadell, 1987. Pour une perspective d'ensemble de cette période : M.
Nash, « Dos décadas de Historia de las mujeres en España. Una reconsideración »,
Historia Social, 9, 1991, pp. 137-161.
Ainsi, toujours en ce qui concerne l'Antiquité, pour une conception du féminin en tant
que genre particulièrement déterminé par son sexe, E. Garrido González, La mujer en el
mundo antiguo, Madrid, 1986. Dans cette perspective pourrait s'inscrire aussi un
premier travail historiographique de C. Martínez López, « Reflexiones sobre la Historia
de la mujer en el mundo antiguo », I Congreso Peninsular de Historia Antigua, Santiago
de Compostela, 1988, pp. 205, et ss.
Pour les dilemmes des féministes marxistes en tant qu'historiennes, « Genre : Une
catégorie utile d'analyse historique », Les Cahiers du Grif, « Le genre de l'histoire »,
1988, 37/38, pp. 132-133. I. Morant, « Historia de las mujeres e historia: innovaciones y
confrontaciones », in C. Barros, éd, Historia a debate, Santiago de Compostela, 2000,
pp. 394-395.
T. Ortiz, « Universidad y feminismo en España », Situación de los estudios de mujeres
en los años 90, Ed. Univ. de Granada, 1999.
R. Cid, « L'AEIHM et l'histoire des femmes en Espagne », Mnémosyne, 2, pp. 31-44.
M. Nash et I. Morant, « Arenal : une expérience historiographique nationale »,
Clio.HFS., 16, pp. 61-64.