CULTIVONS NOTRE TÉLÉ Rappel des faits Le 7 juin 2002, le ministre de la Culture, Jean-Jacques AILLAGON, commandite un rapport à Catherine CLEMENT afin "d'évaluer et d'analyser l'offre culturelle existante sur la télévision publique, sa qualité, son volume, sa position dans les grilles ainsi que de faire des recommandations et des propositions permettant d'intéresser le plus large public à la diversité culturelle". "La nuit et l'été", titre du rapport rédigé par la philosophe et écrivain Catherine CLEMENT et cinq autres personnes (Amina OKADA, conservatrice du musée Guimet ; Elisabeth COUTURIER, critique d'art et ancienne responsable des documentaires sur France 3 ; René CLEITMAN, producteur de cinéma ; Emmanuel PIERRAT, avocat et éditeur, et Alain SIMON, inspecteur général du commerce et de l'industrie) fait le point sur cette question. Le contenu du rapport La télévision, relais obligatoire de l'éducation La télévision a acquis avec le temps une vraie fonction éducative et a une telle importance qu'elle peut être comparée à l'école. Catherine CLEMENT conseille donc d'inscrire le service public de l'audiovisuel dans la Constitution, au même rang, à la même dignité que l'Education nationale. Encourager la création et l'innovation Pour cette raison, le rapport recommande la création d'une nouvelle fonction à France Télévisions : un directeur des arts et de la culture en charge du dialogue avec ce secteur, au même niveau que le directeur de la stratégie et des programmes, ainsi que l'installation d'une structure légère pour favoriser la recherche, l'invention et l'innovation. Les horaires de la culture Les propositions du rapport portent principalement sur la question des horaires. En première partie de soirée, on doit prévoir de grands événements artistiques, longuement préparés. En deuxième partie de soirée, les programmes culturels doivent commencer entre 22 h 30 et 23 heures. Sur France 3, par exemple, cela pourra se faire grâce à un "Soir 3" réduit à huit minutes. En échange, la rédaction de France 3 aurait la responsabilité d'un magazine culturel à part entière. Catherine CLEMENT étaye ses propos en citant "Campus" sur France 2, l'émission de Guillaume DURAND, qui, avancée d'une demi-heure en raison d'une grève, grimpa à 17,3 % d'écoute au lieu des 10 % habituels. En troisième partie de soirée, les programmes culturels commenceraient au plus tard à 0 h 30. Réintégrer la culture dans les programmes quotidiens Dans chaque journal télévisé, et quelle que soit l'actualité, une page d'information sur la culture ainsi qu'une exploration systématique du patrimoine français après le "13 heures" sur France 2. Toujours sur France 2, créer un magazine d'informations internationales sur la création en France, en Europe et dans le monde. La culture contre l'audience Catherine CLEMENT reste persuadée que les dirigeants de France Télévisions anticipent systématiquement une baisse d'audience sur des programmes culturels à tort. C'est ce qu'elle appelle le désamour. La demande de culture reste très présente dans nos sociétés. Il n'y a jamais eu autant d'expositions, de concerts, de festivals... Il devrait en être de même sur le petit écran. La culture et l'argent Pour tenir son rang et, de fait, répondre à ces recommandations, encore faut-il de l'argent. Catherine CLEMENT reconnaît que le budget de France Télévisions est insuffisant mais n'y apporte pas de réponses claires. La question d'une augmentation de la redevance n'est pas abordée, celle de la publicité n'est qu'effleurée. Mais soulignant que France Télévisions dispose d'un budget 50 % inférieur à la BBC et aux chaînes allemandes, elle exhorte le président de la République à tenir sa promesse de "sanctuariser" le budget de la culture. Aujourd'hui, France télévisions s'autofinance à hauteur de 40 % et dépend donc du marché publicitaire.