Macro-économie Appliquée 1
Cours de Claude Dupuy et Gilles Dostaler
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BIBLIOGRAPHIE INDISPENSABLE MINIMALE
Ce cours (chapitre 1 et 2) est inspiré en partie du livre de :
Michel Beaud et Gilles Dostaler « La pensée économique depuis Keynes »
Collection Points 1996
Pour insérer le cours dans un contexte plus appliqué vous devriez lire :
P. Chantepie, L. Gautier , O. Piot, D Plihon « La nouvelle politique économique : l’Etat
face à la mondialisation » PUF 1997
Pour sourire vous pouvez lire :
Robert L. Heilbroner « Les grands économiste » Seuil 1971
Sur internet
Site de François Régis Mahieu
Histoire de la pensée et liens
http://www.cybercable.tm.fr/~jarmah/public_html/HPE.htm
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Pour des recherches bibliographiques sur les auteurs de ce cours
http://cs.muohio.edu/~HisEcSoc/Resources/individ.shtml#keynes
Pour des recherches générales en histoire de la pensée économique
http://cs.muohio.edu/~HisEcSoc/other_resources.shtml
CHAPITRE 1 Keynes et la Théorie Générale
1. L’émergence des idées Keynésiennes
John Maynard Keynes est à Cambridge le 5 juin 1883 (année de la mort de
Marx).
Son père, John Neville est universitaire et enseignait la logique et l’économie
politique.
A l’age de quatre ans et demi , il s’interrogeait déjà sur la signification économique de
l’intérêt ; à l’age de six ans , il se demandait comment son cerveau fonctionnait . A sept ans ,
son père disait de lui qu’il était un compagnon agréable. Il alla à l’école préparatoire…Il avait
un « esclave » qui le suivait en lui obéissant et en portant ses livres en échange de son aide
pour les devoirs scolaires difficiles ; en outre , il avait signé un traité commercial avec un
autre garçon qu’il n’aimait pas : Keynes acceptait de lui sortir un livre par semaine à la
bibliothèque , si le groupe de ce garçon consentait à n’approcher jamais à moins de quinze
mètres de son groupe. (Heilbroner)
C’était un homme conservateur, adhérant comme son ami Alfred Marshall aux
idéaux de l’Angleterre victorienne (travail et épargne).
Des études à Eton (1897-1902) puis Cambridge (1902-1907)
Il réussit bien à Eton. Il devait triompher au Kings collège à Cambridge. Alfred Marshall
le supplia de devenir économiste ; le professeur Pigou futur héritier de Marshall l’invitait à
prendre le déjeuner une fois par semaine . Il fut élu secrétaire du syndicat , poste qui
conduisait automatiquement à la présidence d’une des plus célèbres « débating socities » non
gouvernementales du monde. Il fut remarqué par Léonard Woolf et Lytron Stratchey et le
noyau de ce qui devait devenir le groupe de Bloombury se forma…Il fit de l’alpinisme
(Statchey déplorait « les multitudes de montagnes imbéciles qui l’occupaient) (Heilbroner)
Les apôtres
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En février 1903, Keynes est admis, sous le patronage de Lytton Strachey et Leonard
Woolf, dans la «Société de conversation», connue aussi sous l’appellation «Les Apôtres»,
société secrète fondée en 1820 à Cambridge, destinée «à la poursuite de la vérité avec une
absolue dévotion et sans réserve, par un groupe d’amis intimes».Parmi les «Apôtres», on
compte le philosophe George Edward Moore, qui publie à l’automne 1903 les Principia
Ethica. Ce livre a exercé sur Keynes une influence profonde et durable. C’est à cette époque
que se sont précisées les conceptions éthiques et la philosophie politique qui demeureront
celles de Keynes jusqu’à la fin de sa vie. Keynes y écrit que la philosophie de Moore l’a aidé
à se libérer de l’utilitarisme benthamien, de la morale victorienne et de son sens du devoir,
tout en contribuant «à protéger l’ensemble d’entre nous de cette reductio ad absurdum finale
du benthamisme connue sous le nom de marxisme» (ibid., p. 446). Pour Keynes et ses amis,
qui se proclamaient non conformistes et même «immoralistes», la poursuite du beau et du
vrai, les relations d’amitié et d’amour, constituent les objectifs ultimes de l’humanité. Deux
ans après la publication de la Théorie générale, Keynes continue à se réclamer d’un
immoralisme dont Hayek, entre autres, fait la source de la perversité de sa vision économique:
«Maintenant, en ce qui me concerne, il est trop tard pour changer. Je demeure, et je
demeurerai toujours, un immoraliste» (JMK, X, p. 447).Beaud et Dostaler
Le groupe de Bloomsbury
Les convictions acquises à Eton et à Cambridge vont s’affermir au sein d’une communauté
plus informelle, à laquelle Keynes restera étroitement associé jusqu’à la fin de sa vie.
Cambridge lui plaisait .Il y réussit immédiatement et , en marque d’estime, on lui offrit
d’éditer l’Economic Journal , le périodique économique le plus influent de Grande Bretagne,
poste qu’il occupera pendant 33 ans.
Bloomsbury était encore plus agréable. C’était à la fois un quartier et un état d’esprit ; le
petit groupe d’intellectuels…Ce cercle enchanté ne connaît sans doute pas plus de 20 ou 30
personnes mais leur opinion donnait le ton à la vie artistique de l’Angleterre ; il comprenait
Léonard et Virginia Woolf , E.M. Forster , Clive Bell , Roger Fry , Lytton Stratchey. Si
Bloombury lui souriait, un poète devenait célèbre ; si Bloombury grimaçait , un peintre
devenait « un déclassé » .C’était un groupe à la fois idéaliste et cynique , courageux et
fragile ; avec un léger grain de folie comme en témoigne l’incident « dit du cuirassé » :
Virginia Woolf et quelques conspirateurs complices s’étaient déguisés en empereur
d’Abyssinie et avaient été escortés , avec, les honneurs , à bord des navires de la Navy.
Dans ce groupe , Keynes était le personnage central : conseilleur , arbitre. Il pouvait parler de
tous les sujets avec une complète assurance…(Heilbroner)
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Une réflexion intense sur les fondements de l’action humaine
Keynes s’est engagé dans une réflexion intense sur les fondements de l’action humaine et
en particulier de ses liens avec des connaissances imparfaites et incertaines :
Le frère de Lytton Strachey, James, a traduit et édité les œuvres de Freud, que Keynes
a lui-même lues attentivement
A partir de 1906, il la poursuit dans le cadre de la préparation d’une thèse sur les
fondements des probabilités
Entre 1906 et 1908 il est nommé fonctionnaire au bureau des affaires indiennes
En 1907, il entra à « l’India Office » , qu’il n’aima pas du tout. Il dépensait le meilleur de
son énergie chez lui sur le premier brouillon de son traité mathématique ; il trouva se poste de
fonctionnaire subalterne fort éloigné de la direction d’une Compagnie de chemin de fer .Après
deux ans, il en eut assez …Cette expérence ne lui fut pas inutile .Son expérience des affaires
indiennes lui permit d’écrire un livre en 1913 sur « La Monnaie et les Finances de l’Inde »
(Heilbroner)
En 1909, il est nommé membre du King’s College et de commencer sa carrière
universitaire
Keynes consacre tous ses loisirs, jusqu’en 1911, à remanier sa qu’il publie finalement en
1921 sous le titre A Treatise on Probability (JMK, VIII).
Il est sceptique face à l’utilitarisme
Les degrés de probabilité ne sont pas sujets aux lois de l’arithmétique.
Keynes, «le problème politique de l’humanité consiste à combiner trois choses: l’efficacité
économique, la justice sociale et la liberté politique» (JMK, IX, p. 311).
L’importance de la première guerre mondiale
Keynes avait trente ans lorsque éclata la Première Guerre mondiale.
Employé par le Trésor britannique, il devint un acteur important des négociations qui
ont marqué la fin de cette guerre.
Il s’oppose aux alliés sur la nature des réparations imposées à l’Allemagne dans le
cadre du traité de Versailles
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