Ô soulagement, je suis de ces rares bienheureuses qui ont un super médecin de famille et, comme je ne manque pas de bol, le mien tient en plus son cabinet... dans un lieu de diffusion d'art! - Dr Bernard Dufour, ça fait longtemps que vous avez votre cabinet à Saint-Jérôme ? En novembre 2001 j'ai commencé à pratiquer à temps partiel à Saint-Jérôme (j’exerçais alors à Laval) pour arriver de façon graduelle à temps complet en janvier 2004. - Comment vous est venue l'idée d'intégrer un musée dans votre cabinet de médecine ? C'est plutôt mon cabinet de médecine qui s'est retrouvé dans un musée! Ça, c'est l’idée géniale de ma conjointe, Mariane Grenier, qui est muséologue. - Alors Mariane? Comment est née cette idée géniale?! En 2000, au décès de ma grand-mère, j'ai voulu mettre en valeur l'architecture unique de la résidence familiale où demeuraient toujours mes parents. Il faut dire que cette demeure est imposante et fort bien située. Or, j'ai signé un bail pour occuper les pièces devenues vides et aller au bout de mon idée. Dans ce quartier de Saint-Jérôme, appelé le «Domaine Parent», plusieurs médecins avaient élus domicile dans les années 50 et 60. Alors, j'ai inséré dans mes visées de conservation du patrimoine l'orientation « pratique médicale traditionnelle », et le concept du Muséocabinet était créé. Il fallait ensuite l'expérimenter et recruter un médecin, disons, assez ouvert d'esprit ! C'est ainsi que Bernard (Dr Dufour) est venu œuvrer avec moi en 2001, et petit à petit la « tendance s'est maintenue » ! En 2004, l'arrivée à temps plein du docteur dans le musée m’a conduite à l'incorporation du Muséocabinet en tant qu'organisme à but non lucratif, dont la mission peut se comparer à celle d'un centre d'interprétation du patrimoine. Outre les activités de conservation, nous diffusons aussi des expositions d'art actuel dont les artistes ont un lien avec le quartier... - Dr Dufour, quels avantages tirez-vous de cette drôle de pratique au sein d'un musée? Pratiquer au musée, j'y vois une occasion d'améliorer mes connaissances générales. J'entends parler de «préservation du patrimoine» de «collections»... Ça apporte une mixité culturelle qui allège le strict exercice médical, tant pour moi-même que pour mes patients. À celà j'ajoute que la médecine comprend aussi une forme d'art. L'art étant pris ici comme communication, comme thérapie, comme forme d'expression. - L'art et la santé, c'est une combinaison qui se voit souvent ? Certains musées présentent des expositions au sujet de grands médecins (Norman Bethune), de chercheurs (Armand Frappier) ou peut-être de certaines maladies ( voir les œuvres Casa de Locos ou El Lazarillo de Tormes de Goya) mais je ne crois pas qu'il y ait d'autre musée qui dispense des soins médicaux ... - Mariane, quel genre de pièces exposez-vous ? Qui expose au Muséocabinet ? J'établis le programme selon des critères approuvés par les membres d'un conseil d’administration composé de cinq personnes. Puis, en collaboration avec notre fille Katia Grenier, qui est designer, on intègre des objets du patrimoine familial à des expositions thématiques. Parfois nos présentations touchent à l’histoire du quartier, souvent elles proposent une sélection d'objets témoignant du mode de vie des décennies 1950 à 1970 reliés à cette résidence, parfois il s'agit de présenter des œuvres d’artistes ayant un lien avec le Domaine Parent ... Chaque année, nous sommes fiers d'être les hôtes de la première exposition publique des finissants en arts plastiques du Cégep de Saint-Jérôme. Ainsi, sitôt sortis de leur lieu d'enseignement, ils ont déjà un événement à inscrire à leur Curriculum Vitae artistique. Autre exemple, nous plaçons régulièrement en valeur des oeuvres de la peintre-sculptrice Odile Dess, qui vit aujourd'hui à Saint-Colomban, mais qui a grandi dans cette résidence, dans ce quartier et qui compte des réalisations professionnelles de plus en plus primées et connues des collectionneurs attentifs. J'aime l'aspect éducatif en muséologie, l'aspect historique en art et l'aspect esthétique en patrimoine. Notre équipe compte aussi sur des contractuels comme la technicienne en muséologie Sarah Laliberté, le photographe Jean-Miguel Zurita ou la rédactrice Marjorie G. Massicotte pour tout ce qui touche la production d’expositions aux normes requises pour d'éventuels échanges avec d’autres institutions muséales. - Faites-vous des vernissages ? Si oui, comment ça se passe avec les patients ? Les vernissages se déroulent sur invitation (question d'espace) selon nos partenaires... Nos patients y sont conviés lorsqu’un lien existe entre eux et l’exposition. Par exemple, un magnifique herbier, collectionné par l'ingénieur André Asselin dans les années 1940, avait pris place dans l’exposition Jardin d’hiver en 2006. Il s’agissait d’un prêt d’une de nos patientes, veuve de monsieur Asselin, et nous étions fort heureux de recevoir madame Denise Asselin au vernissage. - À quels genres d'acheteurs vous adressez-vous ? Qui sont vos clients ? Nous n’agissons pas du tout comme marchand d’art alors nous ne tenons aucune liste d’acheteur. Notre mission n'a pas de but lucratif et nous ne provisionnons pas de sommes qui pourraient être requises pour procéder à l'invitation de grands noms de l'art contemporain. Par contre, si l'un de nos patient désirait entrer en contact avec un artiste exposant chez nous, ce serait possible de provoquer leur rencontre ... Voyez, notre but consiste à diffuser des biens culturels, à les mettre en valeur parce que nous croyons que la fréquentation des œuvres d’art, ou des artéfacts, humanise l'univers médical. Des richesses, privées ou publiques, se trouvent ainsi partagées avec une vaste clientèle qui, il n’en tient qu’à elle, peut librement « s’approprier » l’expérience du contact avec l’art. Actuellement, notre clientèle se compose majoritairement des patients du Dr Dufour, mais les membres du conseil d’administration aimeraient pouvoir ouvrir nos portes à d’autres visiteurs. On examine diverses avenues de développement. - Est-ce que cette formule pourrait être appliquée à d'autres bureaux professionnels selon vous? Oui, sans doute. Je crois qu’il faut suivre la philosophie garante du succès du Muséocabinet : c’est un organisme muséal à but non lucratif qui a été créé pour faire converger art et science, médecine et patrimoine. L’expertise des membres de notre équipe permet d’établir des collaborations, par exemple avec la Maison de soins palliatifs de la Rivière-du-Nord où un volet exposition reçoit la collaboration de l'équipe du Muséocabinet. Puis, il y a Okyali, un bureau jérômien d’optométrie, qui accepte l’accrochage par nos soins d’œuvres contemporaines dans son magnifique espace professionnel. - Quels en seraient les avantages et les bénéfices pour qui l'idée intéresserait? Des patients heureux, détendus, reconnaissants. Des patients plus en santé globalement. Certains développent leur connaissance des arts, d’autres se remémorent des souvenirs de jeunesse, un dialogue s’établit, chacun se sait important. L’incorporation juridique et le soutien de professionnels qualifiés en muséologie permettent aussi l’obtention de crédits dédiés à des projets spécifiques. Par exemple, une exposition virtuelle portant sur le mode de vie actif sera bientôt mise en ligne grâce au programme Histoire de chez nous du ministère du Patrimoine canadien. L’an dernier, c’est avec le programme Nouveaux horizons pour les aînés que nous avons entrepris la documentation des objets du patrimoine qui nous étaient confiés. Plusieurs citoyens du quartier ont des anecdotes à raconter concernant cette maison... - Comment s'y prend-on pour exposer chez vous? On contacte la directrice-conservatrice, Mariane Grenier, ou la coordonnatrice, Katia Grenier, par courriel en écrivant à [email protected] afin de soumettre une proposition. > = = = = = = = == = = = = == = = Muséocabinet Art, science, médecine et patrimoine 571 rue du Palais Saint-Jérôme (Québec) Canada J7Z 1Y5 téléphone: 450.530.2838 télécopieur: 450.530.3296 [email protected] ____________________________________________________ ____________________ Ô soulagement, je suis de ces rares bienheureuses qui ont un super médecin de famille et, comme je ne manque pas de bol, le mien tient en plus son cabinet... dans un lieu de diffusion d'art! - Dr Bernard Dufour, ça fait longtemps que vous avez votre cabinet à Saint-Jérôme ? En novembre 2001 j'ai commencé à pratiquer à temps partiel à Saint-Jérôme (j’exerçais alors à Laval) pour arriver de façon graduelle à temps complet en janvier 2004. - Comment vous est venue l'idée d'intégrer un musée dans votre cabinet de médecine ? C'est plutôt mon cabinet de médecine qui s'est retrouvé dans un musée! Ça, c'est l’idée géniale de ma conjointe, Mariane Grenier, qui est muséologue. - Alors Mariane? Comment est née cette idée géniale?! En 2000, au décès de ma grand-mère, j'ai voulu mettre en valeur l'architecture unique de la résidence familiale. Ici, tous les résidents ont une histoire à raconter concernant cette maison... Il faut dire qu'elle est imposante et fort bien située. Or comme elle n'appartient désormais plus à ma famille, j'ai signé un bail pour aller au bout de mon idée. Dans ce quartier de Saint-Jérôme, appelé le «Domaine Parent», plusieurs médecins avaient élus domicile dans les années 50 et 60. Alors pour créer l'environnement du Muséocabinet, où Bernard (Dr Dufour) et moi oeuvrions, j'ai inséré dans mes visées de conservation du patrimoine l'orientation « traditionnelle », de la pratique médicale. En 2004, l'arrivée à temps plein du docteur dans le musée m’a conduite à l'incorporation du Muséocabinet en tant qu'organisme à but non lucratif, qu'on peut comparer à un centre d'interprétation du patrimoine. On y accueille toutefois aussi des expositions de jeunes artistes désireux d'être vus, voire reconnus... Comme j'ai étudié aussi en enseignement, j'ai établi des ententes avec des écoles qui cherchent activement des lieux de diffusion d'art pour leurs élèves. Chaque année, nous sommes fiers d'être les hôtes de la première exposition publique des finissants en arts plastiques du Cégep de Saint-Jérôme. Ainsi, sitôt sortis de leur lieu d'enseignement, ils ont déjà un événement à mettre sur leur Curriculum Vitae artistique. - Dr Dufour, quels avantages tirez-vous de cette drôle de pratique au sein d'un musée? Pratiquer au musée, j'y vois une occasion d'améliorer mes connaissances générales. J'entends parler de «préservation du patrimoine» de «collections»... Ça apporte une mixité culturelle qui allège le strict exercice médical, tant pour moi-même que pour mes patients. À celà j'ajoute que la médecine comprend aussi une forme d'art. L'art étant pris ici comme communication, comme thérapie, comme forme d'expression. - L'art et la santé, c'est une combinaison qui se voit souvent ? Certains musées présentent des expositions au sujet de grands médecins (Norman Bethune), de chercheurs (Armand Frappier) ou peut-être de certaines maladies ( voir les œuvres Casa de Locos ou El Lazarillo de Tormes de Goya) mais je ne crois pas qu'il y ait d'autre musée qui dispense des soins médicaux ... - Mariane, quel genre de pièces exposez-vous ? Qui expose au Muséocabinet ? J'établis le programme selon des critères approuvés par les membres d'un conseil d’administration composé de cinq personnes. Puis, en collaboration avec notre fille, Katia Grenier qui est designer, on intègre des objets du patrimoine familial à des expositions thématiques. Parfois elles touchent l’architecture ou l’histoire du quartier, parfois elles présentent des œuvres d’artistes ayant un lien avec le Domaine Parent... Par exemple, nous avons exposé des oeuvres de la peintre-sculptrice Odile Dess, de Saint-Colomban, qui a grandi dans cette résidence. J'aime l'aspect éducationnel, historique et patrimonial de l'art. Notre équipe compte aussi sur des contractuels comme la technicienne en muséologie Sarah Laliberté, le photographe Jean-Miguel Zurita ou la rédactrice Marjorie G. Massicotte pour tout ce qui touche la production d’expositions requérant des échanges avec d’autres institutions muséales. - Faites-vous des vernissages ? Si oui, comment ça se passe avec les patients ? Les vernissages se déroulent sur invitation selon nos partenaires... Nos patients y sont conviés lorsqu’un lien existe entre eux et l’exposition. Par exemple, un magnifique herbier, collectionné par André Asselin dans les années 1940, avait pris place dans l’exposition Jardin d’hiver en 2006. Il s’agissait d’un prêt d’une de nos patientes, veuve de monsieur Asselin, et nous étions heureux de la recevoir au vernissage. - À quels genres d'acheteurs vous adressez-vous ? Qui sont vos clients ? Nous n’agissons pas du tout comme marchand d’art alors nous ne tenons aucune liste d’acheteur. Notre mission n'a pas de but lucratif et nous n'aurions probablement pas le budget nécessaire pour inviter de grands artistes contemporains. Par contre, si un peintre ou un sculpteur de la région manifestait le désir d'exposer chez nous pour se faire connaître et qu'un de nos patient désirait entrer en contact avec l'artiste, ce sont des choses qui seraient du domaine du possible... Voyez, notre but consiste à diffuser des biens culturels, à les mettre en valeur parce que nous croyons que la fréquentation des œuvres d’art, ou des artéfacts, humanise l'univers médical. Des richesses, privées ou publiques, se trouvent ainsi partagées avec une vaste clientèle qui, il n’en tient qu’à elle, peut librement « s’approprier » l’expérience du contact avec l’art. Actuellement, notre clientèle se compose majoritairement de des patients du Dr Dufour, mais les membres du conseil d’administration aimeraient ouvrir nos portes à d’autres visiteurs. On examine l’adhésion de nouveaux membres comme avenue de développement. - Est-ce que cette formule pourrait être appliquée à d'autres bureaux professionnels selon vous? Oui, sans doute. Je crois qu’il faut suivre la philosophie garante du succès du Muséocabinet : c’est un organisme muséal à but non lucratif qui a été créé pour faire converger art et science, médecine et patrimoine. L’expertise des membres de notre équipe permet d’établir des collaborations, par exemple avec la Maison de soins palliatifs de la Rivière-du-Nord où un volet exposition se trouve sous la responsabilité du Muséocabinet. Puis, il y a Okyali, un bureau jérômien d’optométrie, qui accepte l’accrochage par nos soins d’œuvres contemporaines dans son magnifique espace. - Quels en seraient les avantages et les bénéfices pour qui l'idée intéresserait? Des patients heureux, détendus, reconnaissants. Des patients plus en santé globalement. Certains développent leur connaissance des arts, d’autres se remémorent des souvenirs de jeunesse, un dialogue s’établit, chacun se sait important. L’incorporation juridique et le soutien de professionnels qualifiés en muséologie permettent aussi l’obtention de crédits dédiés à des projets spécifiques. Par exemple, une exposition virtuelle portant sur le mode de vie actif sera bientôt mise en ligne grâce au programme Histoire de chez nous du ministère du Patrimoine canadien. L’an dernier, c’est avec le programme Nouveaux horizons pour les aînés que nous avons entrepris la documentation des objets du patrimoine qui nous étaient confiés. - Comment s'y prend-on pour exposer chez vous? On contacte la directrice-conservatrice, Mariane Grenier, ou la coordonnatrice, Katia Grenier, par courriel en écrivant à [email protected] afin de soumettre une proposition. >