Document 5559272

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Ô soulagement, je suis de ces rares bienheureuses qui ont un super
médecin de famille et, comme je ne manque pas de bol, le mien tient
en plus son cabinet... dans un lieu de diffusion d'art!
- Dr Bernard Dufour, ça fait longtemps que vous avez votre cabinet à
Saint-Jérôme ?
En novembre 2001 j'ai commencé à pratiquer à temps partiel à
Saint-Jérôme (j’exerçais alors à Laval) pour arriver de façon graduelle
à temps complet en janvier 2004.
- Comment vous est venue l'idée d'intégrer un musée dans votre
cabinet de médecine ?
C'est plutôt mon cabinet de médecine qui s'est retrouvé dans un
musée! Ça, c'est l’idée géniale de ma conjointe, Mariane Grenier, qui
est muséologue.
- Alors Mariane? Comment est née cette idée géniale?!
En 2000, au décès de ma grand-mère, j'ai voulu mettre en valeur
l'architecture unique de la résidence familiale où demeuraient toujours
mes parents. Il faut dire que cette demeure est imposante et fort
bien située. Or, j'ai signé un bail pour occuper les pièces devenues
vides et aller au bout de mon idée. Dans ce quartier de Saint-Jérôme,
appelé le «Domaine Parent», plusieurs médecins avaient élus domicile
dans les années 50 et 60. Alors, j'ai inséré dans mes visées de
conservation du patrimoine l'orientation « pratique médicale
traditionnelle », et le concept du Muséocabinet était créé. Il fallait
ensuite l'expérimenter et recruter un médecin, disons, assez ouvert
d'esprit ! C'est ainsi que Bernard (Dr Dufour) est venu œuvrer avec
moi en 2001, et petit à petit la « tendance s'est maintenue » !
En 2004, l'arrivée à temps plein du docteur dans le musée m’a
conduite à l'incorporation du Muséocabinet en tant qu'organisme à but
non lucratif, dont la mission peut se comparer à celle d'un centre
d'interprétation du patrimoine. Outre les activités de conservation,
nous diffusons aussi des expositions d'art actuel dont les artistes ont
un lien avec le quartier...
- Dr Dufour, quels avantages tirez-vous de cette drôle de pratique au
sein d'un musée?
Pratiquer au musée, j'y vois une occasion d'améliorer mes
connaissances générales. J'entends parler de «préservation du
patrimoine» de «collections»... Ça apporte une mixité culturelle qui
allège le strict exercice médical, tant pour moi-même que pour mes
patients. À celà j'ajoute que la médecine comprend aussi une forme
d'art. L'art étant pris ici comme communication, comme thérapie,
comme forme d'expression.
- L'art et la santé, c'est une combinaison qui se voit souvent ?
Certains musées présentent des expositions au sujet de grands
médecins (Norman Bethune), de chercheurs (Armand Frappier) ou
peut-être de certaines maladies ( voir les œuvres Casa de Locos ou El
Lazarillo de Tormes de Goya) mais je ne crois pas qu'il y ait d'autre
musée qui dispense des soins médicaux ...
- Mariane, quel genre de pièces exposez-vous ? Qui expose au
Muséocabinet ?
J'établis le programme selon des critères approuvés par les membres
d'un conseil d’administration composé de cinq personnes. Puis, en
collaboration avec notre fille Katia Grenier, qui est designer, on intègre
des objets du patrimoine familial à des expositions thématiques.
Parfois nos présentations touchent à l’histoire du quartier, souvent
elles proposent une sélection d'objets témoignant du mode de vie des
décennies 1950 à 1970 reliés à cette résidence, parfois il s'agit de
présenter des œuvres d’artistes ayant un lien avec le Domaine Parent
... Chaque année, nous sommes fiers d'être les hôtes de la première
exposition publique des finissants en arts plastiques du Cégep de
Saint-Jérôme. Ainsi, sitôt sortis de leur lieu d'enseignement, ils ont
déjà un événement à inscrire à leur Curriculum Vitae artistique.
Autre exemple, nous plaçons régulièrement en valeur des oeuvres de
la peintre-sculptrice Odile Dess, qui vit aujourd'hui à Saint-Colomban,
mais qui a grandi dans cette résidence, dans ce quartier et qui compte
des réalisations professionnelles de plus en plus primées et connues
des collectionneurs attentifs.
J'aime l'aspect éducatif en muséologie, l'aspect historique en art et
l'aspect esthétique en patrimoine.
Notre équipe compte aussi sur des contractuels comme la technicienne
en muséologie Sarah Laliberté, le photographe Jean-Miguel Zurita ou
la rédactrice Marjorie G. Massicotte pour tout ce qui touche la
production d’expositions aux normes requises pour d'éventuels
échanges avec d’autres institutions muséales.
- Faites-vous des vernissages ? Si oui, comment ça se passe avec les
patients ?
Les vernissages se déroulent sur invitation (question d'espace) selon
nos partenaires... Nos patients y sont conviés lorsqu’un lien existe
entre eux et l’exposition. Par exemple, un magnifique herbier,
collectionné par l'ingénieur André Asselin dans les années 1940, avait
pris place dans l’exposition Jardin d’hiver en 2006. Il s’agissait d’un
prêt d’une de nos patientes, veuve de monsieur Asselin, et nous étions
fort heureux de recevoir madame Denise Asselin au vernissage.
- À quels genres d'acheteurs vous adressez-vous ? Qui sont vos clients
?
Nous n’agissons pas du tout comme marchand d’art alors nous ne
tenons aucune liste d’acheteur. Notre mission n'a pas de but lucratif
et nous ne provisionnons pas de sommes qui pourraient être requises
pour procéder à l'invitation de grands noms de l'art contemporain. Par
contre, si l'un de nos patient désirait entrer en contact avec un artiste
exposant chez nous, ce serait possible de provoquer leur rencontre ...
Voyez, notre but consiste à diffuser des biens culturels, à les mettre en
valeur parce que nous croyons que la fréquentation des œuvres d’art,
ou des artéfacts, humanise l'univers médical. Des richesses, privées
ou publiques, se trouvent ainsi partagées avec une vaste clientèle qui,
il n’en tient qu’à elle, peut librement « s’approprier » l’expérience du
contact avec l’art.
Actuellement, notre clientèle se compose majoritairement des patients
du Dr Dufour, mais les membres du conseil d’administration
aimeraient pouvoir ouvrir nos portes à d’autres visiteurs. On examine
diverses avenues de développement.
- Est-ce que cette formule pourrait être appliquée à d'autres bureaux
professionnels selon vous?
Oui, sans doute. Je crois qu’il faut suivre la philosophie garante du
succès du Muséocabinet : c’est un organisme muséal à but non lucratif
qui a été créé pour faire converger art et science, médecine et
patrimoine. L’expertise des membres de notre équipe permet
d’établir des collaborations, par exemple avec la Maison de soins
palliatifs de la Rivière-du-Nord où un volet exposition reçoit la
collaboration de l'équipe du Muséocabinet. Puis, il y a Okyali, un
bureau jérômien d’optométrie, qui accepte l’accrochage par nos soins
d’œuvres contemporaines dans son magnifique espace professionnel.
- Quels en seraient les avantages et les bénéfices pour qui l'idée
intéresserait?
Des patients heureux, détendus, reconnaissants. Des patients plus en
santé globalement. Certains développent leur connaissance des arts,
d’autres se remémorent des souvenirs de jeunesse, un dialogue
s’établit, chacun se sait important. L’incorporation juridique et le
soutien de professionnels qualifiés en muséologie permettent aussi
l’obtention de crédits dédiés à des projets spécifiques. Par exemple,
une exposition virtuelle portant sur le mode de vie actif sera bientôt
mise en ligne grâce au programme Histoire de chez nous du ministère
du Patrimoine canadien. L’an dernier, c’est avec le programme
Nouveaux horizons pour les aînés que nous avons entrepris la
documentation des objets du patrimoine qui nous étaient confiés.
Plusieurs citoyens du quartier ont des anecdotes à raconter concernant
cette maison...
- Comment s'y prend-on pour exposer chez vous?
On contacte la directrice-conservatrice, Mariane Grenier, ou la
coordonnatrice, Katia Grenier, par courriel en écrivant à
[email protected] afin de soumettre une proposition.
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= = = = = = = == = = = = == = =
Muséocabinet
Art, science, médecine et patrimoine
571 rue du Palais Saint-Jérôme (Québec) Canada J7Z 1Y5
téléphone: 450.530.2838 télécopieur: 450.530.3296
[email protected]
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Ô soulagement, je suis de ces rares bienheureuses qui ont un
super médecin de famille et, comme je ne manque pas de bol, le
mien tient en plus son cabinet... dans un lieu de diffusion d'art!
- Dr Bernard Dufour, ça fait longtemps que vous avez votre
cabinet à Saint-Jérôme ?
En novembre 2001 j'ai commencé à pratiquer à temps partiel à
Saint-Jérôme (j’exerçais alors à Laval) pour arriver de façon
graduelle à temps complet en janvier 2004.
- Comment vous est venue l'idée d'intégrer un musée dans votre
cabinet de médecine ?
C'est plutôt mon cabinet de médecine qui s'est retrouvé dans un
musée! Ça, c'est l’idée géniale de ma conjointe, Mariane Grenier,
qui est muséologue.
- Alors Mariane? Comment est née cette idée géniale?!
En 2000, au décès de ma grand-mère, j'ai voulu mettre en valeur
l'architecture unique de la résidence familiale. Ici, tous les
résidents ont une histoire à raconter concernant cette maison...
Il faut dire qu'elle est imposante et fort bien située. Or comme elle
n'appartient désormais plus à ma famille, j'ai signé un bail pour
aller au bout de mon idée. Dans ce quartier de Saint-Jérôme,
appelé le «Domaine Parent», plusieurs médecins avaient élus
domicile dans les années 50 et 60. Alors pour créer
l'environnement du Muséocabinet, où Bernard (Dr Dufour) et moi
oeuvrions, j'ai inséré dans mes visées de conservation du
patrimoine l'orientation
« traditionnelle », de la pratique médicale.
En 2004, l'arrivée à temps plein du docteur dans le musée m’a
conduite à l'incorporation du Muséocabinet en tant qu'organisme
à but non lucratif, qu'on peut comparer à un centre d'interprétation
du patrimoine. On y accueille toutefois aussi des expositions de
jeunes artistes désireux d'être vus, voire reconnus...
Comme j'ai étudié aussi en enseignement, j'ai établi des ententes
avec des écoles qui cherchent activement des lieux de diffusion
d'art pour leurs élèves. Chaque année, nous sommes fiers d'être
les hôtes de la première exposition publique des finissants en arts
plastiques du Cégep de Saint-Jérôme. Ainsi, sitôt sortis de leur
lieu d'enseignement, ils ont déjà un événement à mettre sur leur
Curriculum Vitae artistique.
- Dr Dufour, quels avantages tirez-vous de cette drôle de pratique
au sein d'un musée?
Pratiquer au musée, j'y vois une occasion d'améliorer mes
connaissances générales. J'entends parler de «préservation du
patrimoine» de «collections»... Ça apporte une mixité culturelle
qui allège le strict exercice médical, tant pour moi-même que pour
mes patients. À celà j'ajoute que la médecine comprend aussi
une forme d'art. L'art étant pris ici comme communication,
comme thérapie, comme forme d'expression.
- L'art et la santé, c'est une combinaison qui se voit souvent ?
Certains musées présentent des expositions au sujet de grands
médecins (Norman Bethune), de chercheurs (Armand Frappier)
ou peut-être de certaines maladies ( voir les œuvres Casa de
Locos ou El Lazarillo de Tormes de Goya) mais je ne crois pas
qu'il y ait d'autre musée qui dispense des soins médicaux ...
- Mariane, quel genre de pièces exposez-vous ? Qui expose au
Muséocabinet ?
J'établis le programme selon des critères approuvés par les
membres d'un conseil d’administration composé de cinq
personnes. Puis, en collaboration avec notre fille, Katia Grenier
qui est designer, on intègre des objets du patrimoine familial à
des expositions thématiques. Parfois elles touchent
l’architecture ou l’histoire du quartier, parfois elles présentent des
œuvres d’artistes ayant un lien avec le Domaine Parent... Par
exemple, nous avons exposé des oeuvres de la peintre-sculptrice
Odile Dess, de Saint-Colomban, qui a grandi dans cette
résidence.
J'aime l'aspect éducationnel, historique et patrimonial de l'art.
Notre équipe compte aussi sur des contractuels comme la
technicienne en muséologie Sarah Laliberté, le photographe
Jean-Miguel Zurita ou la rédactrice Marjorie G. Massicotte pour
tout ce qui touche la production d’expositions requérant des
échanges avec d’autres institutions muséales.
- Faites-vous des vernissages ? Si oui, comment ça se passe
avec les patients ?
Les vernissages se déroulent sur invitation selon nos
partenaires... Nos patients y sont conviés lorsqu’un lien existe
entre eux et l’exposition. Par exemple, un magnifique herbier,
collectionné par André Asselin dans les années 1940, avait pris
place dans l’exposition Jardin d’hiver en 2006. Il s’agissait d’un
prêt d’une de nos patientes, veuve de monsieur Asselin, et nous
étions heureux de la recevoir au vernissage.
- À quels genres d'acheteurs vous adressez-vous ? Qui sont vos
clients ?
Nous n’agissons pas du tout comme marchand d’art alors nous
ne tenons aucune liste d’acheteur. Notre mission n'a pas de but
lucratif et nous n'aurions probablement pas le budget nécessaire
pour inviter de grands artistes contemporains. Par contre, si un
peintre ou un sculpteur de la région manifestait le désir d'exposer
chez nous pour se faire connaître et qu'un de nos patient désirait
entrer en contact avec l'artiste, ce sont des choses qui seraient
du domaine du possible... Voyez, notre but consiste à diffuser des
biens culturels, à les mettre en valeur parce que nous croyons
que la fréquentation des œuvres d’art, ou des artéfacts, humanise
l'univers médical. Des richesses, privées ou publiques, se
trouvent ainsi partagées avec une vaste clientèle qui, il n’en tient
qu’à elle, peut librement « s’approprier » l’expérience du contact
avec l’art.
Actuellement, notre clientèle se compose majoritairement de des
patients du Dr Dufour, mais les membres du conseil
d’administration aimeraient ouvrir nos portes à d’autres visiteurs.
On examine l’adhésion de nouveaux membres comme avenue de
développement.
- Est-ce que cette formule pourrait être appliquée à d'autres
bureaux professionnels selon vous?
Oui, sans doute. Je crois qu’il faut suivre la philosophie garante
du succès du Muséocabinet : c’est un organisme muséal à but
non lucratif qui a été créé pour faire converger art et science,
médecine et patrimoine. L’expertise des membres de notre
équipe permet d’établir des collaborations, par exemple avec la
Maison de soins palliatifs de la Rivière-du-Nord où un volet
exposition se trouve sous la responsabilité du Muséocabinet.
Puis, il y a Okyali, un bureau jérômien d’optométrie, qui accepte
l’accrochage par nos soins d’œuvres contemporaines dans son
magnifique espace.
- Quels en seraient les avantages et les bénéfices pour qui l'idée
intéresserait?
Des patients heureux, détendus, reconnaissants. Des patients
plus en santé globalement. Certains développent leur
connaissance des arts, d’autres se remémorent des souvenirs de
jeunesse, un dialogue s’établit, chacun se sait important.
L’incorporation juridique et le soutien de professionnels qualifiés
en muséologie permettent aussi l’obtention de crédits dédiés à
des projets spécifiques. Par exemple, une exposition virtuelle
portant sur le mode de vie actif sera bientôt mise en ligne grâce
au programme Histoire de chez nous du ministère du Patrimoine
canadien. L’an dernier, c’est avec le programme Nouveaux
horizons pour les aînés que nous avons entrepris la
documentation des objets du patrimoine qui nous étaient confiés.
- Comment s'y prend-on pour exposer chez vous?
On contacte la directrice-conservatrice, Mariane Grenier, ou la
coordonnatrice, Katia Grenier, par courriel en écrivant à
[email protected] afin de soumettre une proposition.
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