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LHISTOIRE.
Ce que lon veut connaître nest plus. Notre curiosité vise ce qui a été en tant quil nest plus. Lobjet de
lhistoire est une réalité qui a cessé d’être.
Cette réalité est humaine. Les gestes des combattants étaient significatifs et la bataille nest pas un fait
matériel, elle est un ensemble non entièrement incohérent, composé par les conduites des acteurs, conduites
suffisamment coordonnées par la discipline des armées et les intentions des chefs pour que leur unité soit
intelligible. La bataille est-elle réelle en tant quunité ? La réalité appartient-elle exclusivement aux éléments ou
les ensembles sont-ils également réels ?
Quil nous suffise de quelques remarques, volontairement simples et incontestables, sur ce thème
métaphysiquement équivoque. Dès lors quil sagit dune réalité humaine, il nest pas plus aisé de saisir latome
que le tout. Si seul latome est réel, quel est le geste, lacte, l’événement qui passera pour le plus petit fragment
de réalité historique ? Dira-t-on que la connaissance historique porte sur le devenir des sociétés, que les sociétés
sont composées dindividus et quenfin, seuls ces derniers sont réels ? Effectivement, la conscience est le
privilège des individus et les collectivités ne sont ni des êtres vivants ni des êtres pensants. Mais les individus,
en tant qu’êtres humains et sociaux, sont ce quils sont parce quils on été formés dans un groupe, quils y ont
puisé lacquis technique et culturel transmis par les siècles. Aucune conscience, en tant quhumaine, nest close
sur elle-même. Seules les consciences pensent, mais aucune conscience ne pense seule, enfermée dans la
solitude. Les batailles ne sont pas réelles au me sens et selon la même modalité que les individus physiques.
Les cultures ne sont pas réelles au même sens que les consciences individuelles, mais les conduites des
individus ne sont pas intelligibles isolément, pas plus que les consciences séparées du milieu historico-social.
La connaissance historique na pas pour objet une collection, arbitrairement composée, des faits seuls réels,
mais des ensembles articulés, intelligibles.
Raymond Aron, Dimensions de la conscience historique. éd. Plon, 1964, pp100-101
Questions :
1) Quel est lobjet de lhistoire, selon Aron ? Les individus ? Non, les sociétés et les États.
2) Quel exemple emprunte-t-il ? Que signifie cet exemple ?
Guerre. Est une abstraction. Bataille. =>Pour autant, sil y a intelligibilité, cest de lensemble. Il ny a eu de
réalité consciente ou de faits que dan les détails. Pas dans lensemble. Cependant, il y a une intelligibilité de
lensemble.
3) Quen déduire de linterrogation su lhistoire ?
=>Cette intelligibilité est-elle induite par les éléments ? Comment passer du particulier à un universel ? Y-a-t-il
légitimité de la démarche historique qui prétend généraliser et trouver une unité dans la somme des événements
particuliers des consciences ?
4) Question : Et dabord, quest-ce qui constitue le plus petit fragment de la réalité historique ?
Que veut dire ici Atome ? Ce qui ne peut être divisé, => ce qui va constituer le plus petit élément composant
une réalité historique. Les consciences ?
Comment Aron critique-t-il les consciences ? Qua-t-il à reprocher à ceux qui en feraient le moteur de lhistoire
?
- Ces consciences sont à jamais éteintes. A part les mémoires, on nen aura jamais de témoignages.
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- Si ont eu une réalité, pour autant, cette réalité nest jamais isolable.
=>Bref, question centrale est : Quest-ce qui constitue un événement historique ?
5) Quels ordre de réalité distingue-t-il ?
- réalité humaine
- réalité matérielle
- réalité intelligible : celle du sens.
=>Bref, existe un faisceau de causes et de raisons qui sentrecroisent. Comment en dégager lunité intelligible ?
A retenir donc : ce ne sont pas les individus qui sont les acteurs de lhistoire : mais les sociétés et les États.
LHISTOIRE COMME PROLEME PHILOSOPHIQUE
Le pb philosophique concernant lhistoire est double.
=> Distinguer deux sens du mot :
Question : quels sens ?
- le devenir historique. Réalité humaine en tant quinscrit dans réalité phénoménale et sociale. Les
événements des siècles passés. Lhistoire comme essentiellement histoire de lhumanité. Les animaux nont pas
dhistoire : seul lhomme la fait. Lensemble des faits du passé de lhumanité.
- lenquête et le récit de lhistorien. On dira lactivité de lhistorien qui rapporte ces faits. On appelle
historiographie. Discipline.
=>Immédiatement apparaît pb : Lequel ?
I - Peut-on faire confiance à historien et historiographie pour rapporter fidèlement lhistoire ?
En effet, on parle aussi dhistoire pour littérature, et roman. Or ici historiographie prétend à lobjectivité.
Mais comment prétendre à science ?
- observation pas directe mais archives et documents, voire parfois témoignages.
- hypothèse : soit mais comment vérifier ? Les faits sont révolus. Pas dexpérience de ce passé possible.
Différent de physique ou biologie : Formulent des hypothèse à partir de faits construits. Historiographie = pas
de faits seulement témoignages. ou archives.
Mais aussi pas dexpérience répétables. Faits historiques sont uniques par essence. L’événement a disparu.
=> Interprétation historique ne peut être objective au sens de sciences de la nature. Pas dutilisation de la même
méthode. => Impartialité est impossible.
Question : Que faudrait-il pour que lhistorien soit objectif ?
- énumérer les faits. =>devrait se limiter à des phrases telles Mitterrand = président république française
de 1981 à 1995. Mais ce fait brut même, ne lest pas !
Question : pourquoi ?
Parce que le choix de ce qui va constituer l’événement historique nest jamais objectif. Attribution subjective
ou idéologique de lhistoricité dun fait. Choisir ou privilégier les dates de lhistoire politique, cest par ex. ,
Présupposer que les événements sociaux ou culturels sont moins importants pour la formation des sociétés
passées. On instaure une hiérarchie.
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Ex. : Rousseau, Émile, IV, pp309-310 : donner à lire le texte. le bonheur ne fait pas histoire, et les peuples
paisibles tombent dans loubli. : Histoire exclusivement histoire violente. Et il nest pas possible de relater
objectivement un fait historique. En reprenant lex. De la bataille.
Reproche de l’école française des Annales, au XX. Années 30, avec Duby, Braudel => Veulent étudier
lhistoire sous tous ses aspects. Histoire, comme historiographie, va comprendre des études démographiques,
géographiques, économiques et sociales.
Ex. : Duby, Étude sur St Bernard, fondateur de lordre cistercien
- Étude de Fernand Braudel, La méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, sur
le bassin méditerranéen, qui va devenir comme acteur de lhistoire. Cest seulement dans la troisième partie de
louvrage que Braudel aborde le détail des événements, les conflits entre espagnols, turcs, et Français. Mais il a
dabord situé le cadre géographique puis analyles grands problèmes économiques, financiers, militaires de
lempire espagnol. cf. texte :
=> Cependant, métier dhistorien pose pb : Histoire nest pas une science expérimentale : ne pas la confondre
avec sciences de la nature. Triple objection à la prétention de lhistoire de se constituer comme science :
- pas dobservation directe du fait en histoire (puisque lhistoire se finit comme la connaissance du
passé)
- Même si une connaissance du passé est possible, elle demeurera subjective : lhistorien est lhomme
dune époque, dun pays et dune classe. Il ne donnera vie au passé quen se projetant, lui avec ses valeurs et
ses préoccupations contemporaines.
- expérimentation est impraticable en histoire, lhistorien ne peut aboutir à poser des lois. Il raconte,
mais nexplique pas.
-
Comment travaille historien ?
Connaît le passé par ses traces :
- lit les textes de l’époque étudiée;
- répertorie et analyse ce quil reste du passé;
- monuments, oeuvres dart, => Ne doit pas croire que cela donne une image fidèle du passé. Ne
serait-ce que la langue qui a changé.
Aussi, pas même statut
Sciences = cherchent lois universelles qui régissent les phénomènes. Kant dit que science avance par jugements
déterminants. Cad : on va ranger (subsumer) les phénomènes sous des lois universelles. EX. : chute de ce corps
= régit par loi dattraction universelle. On part des lois générales pour expliquer, déduire les cas particuliers.
=> Différent avec histoire. Lhistorien ne peut procéder par jugements déterminants. Tente avt tout de
faire comprendre chaque époque en interprétant vestiges. Reconstruit le passé.
Les documents sont dabord des témoignages, des récits que nous ont gués les générations précédentes. Mais
ces récits nont pas été tous écrits selon les exigences de lesprit scientifique...
=> On a dit que lhistorien se retrouverait dans la situation dun physicien qui ne connaîtrait les faits que par le
compte rendu dun garçon de laboratoire ignorant et peut-être menteur..;
=> se méfier de la crédulité naïve. Nécessité de soumettre les documents à une
critique externe (rétablir les témoignages dans leur authenticité primitive, faire la chasse aux interpolations.)
Ex.: considérons la grande histoire juive de Flavius Josèphe, qui date du 1er siècle... Cet auteur donne une foule
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de détails sur la Palestine de son temps. Dans les manuscrits copiés que nous possédons, il y a une 10aine de
lignes sur Jésus conformes à lorthodoxie chrétienne (dieu sest fait homme, a souffert pour la demption de
lhumanité, etc...) => ces lignes sont surprenantes pour un homme qui fut hostile aux premiers chrétiens... Tous
les historiens y voient aujourdhui linterpolation de qque moine copiste qui, scandalisé par le silence de
Flavius sur Jésus, complète le texte à sa manière...
=> par la contradiction des idées, les différences de style, ...
et critique interne. Dans les Mémoires du général Marbot (in Marc Bloch, Apologie pour lHistoire) ce
dernier raconte que du 7 au 8 mai 1809, il traversa les flots démontés du Danube en crue et enleva sur lautre
rive des prisonniers autrichiens. La critique, nous dit Marc Bloch, permet de prouver la fausseté du récit. ; on
va le confronter à dautres témoignages indépendants de celui-là et indépendants entre eux.
=>
- les carnets de marche autrichiens montrent que les troupes navaient pas les positions que Marbot leur
assigne
- la correspondance de Napoléon indique que la crue du Danube navait pas commencé le 8 mai
- Le 30 juin, Marbot a signé lui-même une demande de promotion où il ne faisait pas état de cet exploit !
=> vérité dans la non-contradiction des témoignages...
Reconstruire le passé ? Pourquoi donc ? Voir le texte de Aron !
Pourquoi ? Pour le rendre quoi ? Texte de Aron : le rendre intelligible. Doit donc rechercher une adéquation
entre les vestiges, les archives et ses hypothèses. Vérité historique tien donc à la cohérence et la force
explicative de linterprétation.
Ex. : lorsque lhistorien lit les mémoires de St Simon, descriptions précises de la cour de Louis XIV. Mais aussi
livre exprime les préjugés de son époque et les opinions dun courtisan.
=> Historien ne doit pas être naïf devant cet écrit. Ni de mauvaise foi et nier les archives et documents dont il
dispose, même si ces archives ne confortent pas ses analyses.
II - Par ailleurs, le problème de lhistoire ne se borne pas à la question de linterprétation des faits :
Kant dira que penser lhistoire se fait par jugement réfléchissant. CAd quon ne dispose pas de lois universelles,
mais quon doit, à partir d’événements particulier, essayer dexpliquer le cours de lhistoire, trouver un sens
possible à lhistoire.
=> Cest ce quil se propose de faire dans lIdée dune Histoire universelle dun point de vue cosmopolitique.
II - => deuxième pb sur lhistoire : ne va plus se porter sur la question de lobjectivité de lhistorien, mais
sur le sens éventuel de lhistoire de lhumanité.
=> De lhistoire particulière à une histoire universelle ? Peut-on penser un progrès de lhistoire ? Une histoire
de lhumanité qui indiquerait sa direction, qui ne serait pas une fatalité, comme lhistoire de la violence ?
=>En effet, histoire st remplie à chaque époque, de guerres effroyables, folies criminelles, passions
insensées. Cf. Texte de Hegel, tide La raison dans lhistoire. Devant ce chaos, une question surgit, celle-là
même que Hegel ou Kant se posent : lhistoire a-t-elle un sens ? Ou peut-on encore espérer quun sens se
dissimule dans la mêlée confuse des événements ?
Kant fait le même constat que Hegel : histoire apparemment dépourvue de sens. Mais il y a un espoir.
Lhumanité peut être pensée comme si elle était en progrès. Serait orientée vers un progrès continuel de
lhumanité. Les guerres seraient une partie de la marche vers ce progrès, en constituant des conditions de guerre
peu à peu insoutenables économiquement et politiquement.
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Histoire (grand H) = histoire humaine.
- homme est déterminé historiquement. Il est ce que lhistoire a fait de lui( histoire de sa société, de la
civilisation, etc.
- liberté et nature sociale => transformations de son monde. Travail sur la nature et civilisations.
Cependant, à 1er regard => On ne voit que misères, guerres, faisceaux d’événements partiels et
multiples =>Parait dans son inanité.
Si on pense processus global et continu =>Aboutit à une vision tragique de lhistoire. Souffrance et passions.
=> Pourtant, dire histoire = fatalité = nier histoire. Une telle proposition tombe sous le coup de ce quelle
dénonce : cest juste une hypothèse, idéologie. Nier quhomme = acteur de sa destinée ou de sa destination =
simple idéologie dinterprétation.
=>Essayer de comprendre que lhistoire nest pas la totalité humaine, me sil est essentiel de comprendre
quen tant que sommes déterminés, sommes déterminés dans lhistoire.
=> Et aussi, substituer à lidée dune histoire globale telle que Kant ou Hegel décrivent, une histoire
pragmatique, ne peut-il pas nous permettre d’être acteurs de notre histoire en en fournissant quelques clefs.
Offrira une action cohérente possible.
I - Comment histoire peut apparaître comme emprunte de fatalité :
A) en 1ère analyse : histoire apparaît plurielle et multiple à un observateur.
- H Comme réalité historique, succession d’événements => nous frappe par son morcellement.
- violence y est reine, impuissante à donner sens quelconque.
=>apparaissent une multitude éclatée dhistoires. La poussière des multiplicités des faisceaux historiques
particuliers, sans aucun ppe dintelligibilité.
=>Homme = inscrit dans histoire et semble y être un acteur INVOLONTAIRE des passions qui assujettissent :
guerres, luttes de pouvoirs, conflits reviennent avec une régularité, dont par ex. Le XXème est jonché.
=>2 guerres mondiales = paroxysme.
=>Homme apparaît jouet des événements. : ne peut les contrôler. =>Témoin impuissant.
Aussi, il est possible de penser une fatalité de lhistoire. Au sens abdéritiste du mot. vaine agitation
des hommes serai impuissante à les guérir des maux dont ils souffrent !
=>Histoire serait un tissu de folie, par analogie aux habitants dAbdère qui à lissu dune représentation de
lAndromède dEuripide, furent saisis de folie collective. Courant dans les rues en déclamant les vers
dEuripide.
Mais, lecture orientée du DOFI de Rousseau => révèlerait une tendance des hommes à faire progresser
leur propre malheur. Dès la sortie de l’état de nature, et entrée dans lordre civil. Fondation de lhumanité serait
origine de la misère grandissante de lhumanité. Développant les inégalités, les luttes pour le pouvoir, et
limpuissance à en maîtriser les éléments. Ni le cours.
=> H comme processus apparaît donc comme mise en marche inéluctable de la violence par des
institutionnalisations successives (propriété privée, etc..)
Du mythe du bon sauvage (préhistoire de lhumanité) à lhistoire des états et sociétés => Progrès de linégalité.
Moteur de lhistoire humaine.
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