A nouveaux pouvoirs de la science, nouveaux devoirs de l’homme. Expliquez cette affirmation du professeur Jean
Bernard en indiquant les obligations morales qui découlent pour l’homme, des progrès scientifiques et techniques
actuels?
I.Certes, le pouvoir accru de la science donne à l’homme de nouveaux « pouvoirs » et lui confère en particulier une
part croissante de liberté.
1. Le progrès scientifique et technologique libère l’homme des maux traditionnels qui jusqu’alors modulaient sa vie et
organisaient les sociétés. Recul de la maladie, « disparition » de la mort, disparition des famines. Ainsi, aujourd’hui,
l’espérance de vie à la naissance est de prés de 80 ans dans les pays occidentaux, la mort recule même si elle reste
inéluctable. Ce sont à peine 3% de la population active, qui travaillent dans le secteur agricole….
2. Le progrès libère l’homme du travail, initialement conçu comme objet de torture, et outil d’exploitation du prolétariat
par le capital (Cf. Marx). De plus en plus de temps sont consacrés aux loisirs et à l « épanouissement personnel ». Cf.
instauration progressive des congés payés. Mise en place de la loi sur les 35 heures.
3. Le progrès favorise donc le développement de l’hédonisme. Tout est désormais accessible tout de suite, sans effort, et
à moindre coût que par le passé. Caractéristique des sociétés développés ou tout concourt au plaisir et à la satisfaction
personnelle. (Banalisation de la chirurgie esthétique)
II.Mais, le progrès scientifique et technique peut également constituer un réel danger pour l’humanité.
1. Il donne à l’homme la capacité de se détruire et de détruire son monde, volontairement ou involontairement. En ce sens,
il ne fait pas disparaître tous les maux traditionnels de l’humanité, mais en renforce au moins un : la guerre ; qui
désormais apparaît absolue. CF utilisation envisagée de la bombe atomique ou d’armes chimiques ou biologiques
dévastatrices.
2. Le progrès peut conduire à des excès remettant en cause les fondements même de l’humanité, au nom d’un scientisme
absolu et « fou ». Exemple des savants nazis et des expériences scientifiques dans les camps de concentration, causant la
mort de centaines de prisonniers pour sauver la vie de pilotes allemands tombés en mer. (Ethique de conviction poussée à
son extrême limite)
3. Le progrès confère enfin à l’homme un pouvoir démiurgique, qui peut le conduire à se prendre pour Dieu. Désormais,
l’homme a déchiffré le génome humain, il peut donc être tenté de sombrer dans l’angélisme en remettant en cause le rôle
de la nature. Exemple de la génétique, de la sélection des embryons médicaments, ou encore du clonage.
III.Surtout, ce progrès doit être accompagné d’une véritable réflexion morale , seule garante de la survie de
l’humanité , dans ses formes les plus diverses.
1. Le progrès scientifique doit tout d’abord être contrôlé par les scientifiques. Fin de la croyance absolue dans le progrès
suite aux abus du XXème siècle. Développement d’une véritable éthique scientifique fondée sur la responsabilité.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (Rabelais)
2. De plus, le progrès doit faire l’objet d’un contrôle par les instances politiques qui sont les garantes de l’ordre et de la
stabilité sociale. Cette éthique de responsabilité se traduit aujourd’hui par l’application du principe de précaution au
niveau national, mais aussi au niveau international par la prise en compte des problèmes qui concernent l’humanité toute
entière. Exemple du protocole de Kyoto sur l’émission des gaz à effet de serre.
3.Enfin prise en compte par l’ensemble des individus qui doivent se référer à une certaine morale transcendante pour
assurer la survie et la perpétuation de l’espèce dès lors que la nature n’exerce plus ce rôle de façon absolue.