
fuite en France.
Il a un bon niveau scolaire, malgré son échec au bac, et s’il s’est senti moins
anxieux pendant la période où il a travaillé en Algérie, son angoisse a repris en France. Il
parle de lui de manière intelligente, mais péjorant, exprime sa peur de devenir clochard,
supporte mal et son isolement et la vie en foyer.
Ses projets sont un peu flous, il voudrait rester en France et l’on ne sait quelle est
la raison qui le fait fuir l’Algérie, et veut retrouver du travail, nécessairement alors
clandestin.
Le psychiatre diagnostique : état anxio-dépressif subaigu réactionnel chez une
personnalité immature, fragilisée par un dysfonctionnement parental ancien et un deuil
catastrophe récent, ayant déclenché un acting out. Menace de marginalisation complète. Il
propose un suivi de soutien à la consultation de Médecins du Monde et remet des
médications symptomatiques (Stablon et Lysanxia).
Christian G a été adressé le 08 février 1994 à la consultation de MEDECINS DU
MONDE par le foyer Emmaüs où il est hébergé depuis quelques jours pour renouvellement
et remise des médicaments qu’il prend depuis sa sortie, il y a quinze jours de l’hôpital de
Soisy. C’est un français, célibataire de trente et un ans, sans domicile fixe depuis un an. Il
dit être en instance d’obtenir le RMI et la carte Paris santé. Il est sans ressource au
moment de la consultation. Il a de bons souvenir de son enfance, bien qu’il dise avoir été
tiraillé entre ses parents en conflit, qui se sont séparés alors qu’il avait seize ans.
Son père, pour lequel il manifeste une grande admiration, aurait gravi peu à peu
les échelons d’employé à cadre à l’hôtel Meurice, se serait laissé dépérir rapidement après
son divorce et est mort d’un cancer à l’œsophage un an après.
Sa mère, qui avait obtenu le droit de garde, de lui et de son frère un peu plus jeune ne
s’est pas bien entendu avec lui. Elle s’est remariée rapidement après le divorce avec un
cambodgien, ex missionnaire laïque puis professeur de français. Mère et beau-père ont mal
supporté la dépression qui a saisi le fils à la mort du père et encore moins le fait qu’il se
soit drogué pendant deux : ils auraient porté plainte contre lui et il a été condamné à six
mois de prison pour usage et trafic de drogue.
Il ne rencontre sa mère plus que rarement et “ elle ne lui dit même pas bonjour ”.
Il a obtenu son CAP de mécanicien, a fait des petits boulots de manutentionnaire
en intérim, à la Rochelle, puis s’est retrouvé au chômage. Il supportait mal l’isolement.
Il “ a fait des histoires pas possibles ”, une première tentative de suicide, puis a