De la même façon, nous avons pleinement approuvé le projet de loi relatif à la fraude fiscale
et nous porterons dans les prochains mois des propositions de lutte contre l’évasion fiscale
internationale.
C’est un enjeu majeur : la fraude et l’évasion fiscale représentent un manque à gagner de près
de 1 000 milliards d’euros en Europe et de 60 à 80 milliards d’euros en France.
Je rappelle que l’égalité devant l’impôt est un pilier de notre pacte républicain. À ce titre,
nous soutiendrons toutes les mesures en faveur d’une plus grande justice fiscale.
En revanche, nous ne pouvons souscrire à la prorogation des mesures d’austérité dans le
projet de loi de programmation des finances publiques au nom de la convergence des
politiques budgétaires européennes et de la réduction des déficits. Le cap qui a été fixé
conduit notre pays sur une voie dangereuse. Il repose selon nous sur une erreur de diagnostic
sur laquelle nous tentons d’alerter l’opinion depuis des mois en nous appuyant sur les
analyses de très nombreux économistes, sinon la majorité d’entre eux.
Pour le dire en une formule ramassée, la crise que nous connaissons est une crise non pas de
la dépense publique, mais du capitalisme dérégulé et de l’assèchement des ressources
publiques organisé depuis trente ans.
Comme le rappelait Cynthia Fleury dans une tribune il y a quelques mois : « En trente ans, ce
sont des sommes considérables qui sont parties vers les marchés financiers, au lieu d’aller aux
salariés, donc aussi à l’État via la TVA. L’Europe risque d’éclater […] précisément parce
qu’elle s’épuise à trouver quelques centaines de milliards d’euros pour sauver la Grèce, alors
que la fortune cumulée des 0,2 % les plus riches de la planète est estimée à 39 000 milliards
d’euros.»
«Être gouverné par l’argent organisé est aussi dangereux que par le crime organisé», affirmait
Roosevelt.
Comment à gauche, n’entendrions-nous pas ce message ?
M. le Président de la République a jugé à son arrivée à l’Élysée que la défense du crédit de la
France ne lui laissait pas d’autres choix que la rigueur. Soit ! Mais si notre pays finance
aujourd’hui sa dette à moindre coût, la relance européenne qui devait compenser l’effet
récessif de cette politique de rigueur n’est pas au rendez-vous et la politique monétaire menée
par la Banque centrale européenne n’a pas eu non plus de résultats tangibles sur le plan de
l’activité. Nous assistons, bien au contraire, au gonflement d’une nouvelle bulle financière
alimentée par une masse de liquidités qui ne trouve pas à s’investir dans l’économie réelle
faute de perspectives, faute aussi de volonté du secteur financier.
On peut, du reste, s’interroger sur le rôle de la Banque centrale européenne qui peut prêter
sans limites aux organismes publics de crédit et aux organisations internationales. Elle
pourrait aujourd’hui prêter à 0,01 % à la Banque européenne d’investissement, à la Caisse des
dépôts ou à telle ou telle banque publique nationale, qui, elles, peuvent prêter à 0,02 % aux
États, qui s’endettent pour rembourser leurs vieilles dettes. Des instruments existent pour ne
pas être aussi dépendants des marchés que nous le sommes aujourd’hui. La colère et la
protestation qui enflent dans tous les peuples de l’Union européenne contre l’austérité et ses
conséquences délétères sur l’emploi et le pouvoir d’achat, le rationnement du crédit pour les
PME, le sabordage programmé des services publics appellent des réponses fortes si nous ne
voulons pas lâcher la bride aux pires illusions.
Nous avons formulé et continuerons de formuler des propositions comme, entre autres, le
remplacement du fameux crédit d’impôt compétitivité, qui bénéficie à toutes les entreprises
sans distinction, par des mesures de modulation de l’impôt sur les sociétés plus favorables aux