N. Rigal – 46ème JAND 2
Quels sont les critères qui guident les préférences alimentaires à la
naissance ?
Aussitôt après leur naissance, tous les bébés du monde montrent, à travers des mimiques
de plaisir et la fréquence de leur succion, leur goût inné pour le sucré, et pour le gras. Ils
manifestent au contraire leur dégoût en présence de saveurs amère ou acide. On ne sait pas
exactement s’il s’agit d’une programmation génétique, ou d’un acquis de la vie intra-utérine.
Quoi qu’il en soit, ce comportement a une valeur adaptative parce qu’il oriente le bébé vers
ce dont il a besoin, à savoir ce qui est nourrissant (sucré et gras) et non toxique, comme l'est
le lait de sa mère.
A la naissance, la situation est donc idyllique : le bébé manifeste son plaisir pour l’aliment
dont il a besoin et la mère, percevant ce plaisir, en conçoit à son tour une satisfaction. C’est
la base d’échanges socio-émotionnels qui régulent les repas de l’enfant.
Les critères des choix alimentaires évoluent-ils au cours du développement ?
Généralement, à partir de l’âge de 18 – 24 mois, le rapport parents-enfant dans le domaine
alimentaire se dégrade : l’enfant continue d’éprouver du plaisir pour le gras et le sucré ; en
revanche, les parents adhèrent à une croyance selon laquelle les aliments pourvoyeurs de
plaisir, parce que denses sur le plan énergétique, mettent en jeu la santé ou la silhouette de
leur enfant. Cette croyance est fausse en soi. Les aliments denses, s’ils sont consommés en
quantité raisonnable, ni ne nuisent à la santé, ni ne conduisent à une surcharge pondérale.
Ne pas développer les sentiments de culpabilité face à la consommation des produits
denses est une tâche importante que les parents doivent se fixer afin de prémunir
l’apparition de troubles du comportement alimentaire chez leur enfant.
La croyance que la consommation des aliments denses a des effets délétères est liée à
l’apparition chez l’enfant d’une période de grande sélectivité : certains aliments auparavant
acceptés, les fruits et les légumes notamment, ne sont plus consommés, ou seulement avec
beaucoup de réticences. Plusieurs interprétations ont été proposées pour expliquer le rejet
des légumes : i/ L’interprétation « sensorielle » renvoie à la saveur amère de certains
légumes. ii/ L’hypothèse « de satiété » repose quant à elle sur le caractère peu rassasiant
des végétaux : ceux-ci seraient rejetés en raison de leur incapacité à soulager durablement
les sensations de faim. iii / L’interprétation « phylogénétique » renvoie au caractère
potentiellement toxique des végétaux : le rejet des légumes traduirait une peur ancestrale
d’empoisonnement. iiii / Enfin, selon l’hypothèse « mercantile », les légumes, proposés bruts,