Le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) est la souche de

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Le staphylocoque doré
Le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) est la souche de staphylocoque la plus
fréquemment rencontrée en pathologie humaine et vétérinaire. Elle partage avec la bactérie
Escherichia coli le triste privilège d’être au premier rang des germes responsables
d’infections nosocomiales (infections contractées à l’hôpital). S. Aureus est également au
deuxième rang des bactéries responsables en France d’intoxications alimentaires, après les
salmonelles.
Symptômes
S. aureus peut être à l’origine d’infections suppuratives (production de pus) ou d'infections
avec production de toxines, toutes d’autant plus difficiles à combattre que la majorité des
souches sont aujourd’hui multirésistantes aux antibiotiques.
Chez l'homme
Dans les cas des infections alimentaires, ce sont les substances toxiques appelées
entérotoxines qui, libérées par les souches se multipliant dans les aliments, déclenchent les
symptômes : vomissements violents et répétés, souvent accompagnés de diarrhées. Le malade
guérit généralement en un à deux jours sans séquelles.
Les infections cutanées provoquées par le staphylocoque doré peuvent prendre de multiples
formes : furoncles, folliculites, panaris, impétigo, abcès mammaires chez les femmes qui
allaitent. Les infections des muqueuses sont également fréquentes et peuvent atteindre les
yeux (conjonctivites), les oreilles (otites), la sphère génitale (endométrite, salpingite) ou les
voies respiratoires (pneumonies, pleurésies).
Toutes ces infections cutanéo-muqueuses sont susceptibles de se compliquer et d’aboutir à
des septicémies. L’évolution peut alors être fulminante, aiguë et associée à des localisations
secondaires multiples et variées (valves cardiaques, os, articulations, rein, cerveau).
Le choc toxique staphylococcique (rare mais souvent mortel), avec sa forme mineure, la
scarlatine staphylococcique, sont dus à des souches productrices de la toxine du choc toxique
staphylococcique (TSST-1) ou d’entérotoxines. Le syndrome d’exfoliation généralisée, et sa
forme mineure localisée, l’impétigo bulbeux, sont dus à des souches productrices
d’exfoliatines. Des anticorps sériques peuvent bloquer l’action de ces toxines hautement
immunogènes (superantigènes).
Chez l'animal
Staphylococcus aureus, ainsi que d’autres espèces apparentées telles que Staphylococcus
intermedius et Staphylococcus hyicus, sont des pathogènes majeurs du monde animal : à les
furonculoses du chien (S. intermedius) sont souvent récurrentes et parfois difficiles à traiter.
Les mammites des vaches, brebis et chèvres (S. aureus le plus souvent), la maladie des abcès
du mouton (S. aureus sous-espèce anaerobius) ou encore la dermite exsudative du porcelet (S.
hyicus) ont une incidence économique non négligeable.
Augmentation des infections
S. aureus est retrouvé, en dehors de toute pathologie, chez environ 30% des sujets sains : bien
que porteuses de la bactérie, ces personnes ne présentent pas de symptômes. A l’hôpital,
l’infection peut survenir quand les défenses immunitaires des patients diminuent, ou quand la
barrière cutanéo-muqueuse est rompue, ce qui favorise la pénétration dans l’organisme de
souches véhiculées par les patients ou par les membres de l’équipe soignante. L’élévation de
l’incidence des infections staphylococciques s’explique par le nombre croissant de personnes
immunodéprimées (au système immunitaire affaibli) mais aussi par la multiplication des
procédures invasives altérant la barrière cutanéo-muqueuse : interventions chirurgicales, pose
de cathéters ou de sondes, implantation de prothèses…
L'hygiène comme rempart
Seuls l’isolement des patients et le respect permanent des mesures d’hygiène peuvent limiter
la dissémination et la persistance des souches hospitalières.
Les staphylocoques de la flore cutanée et des muqueuses
Des bactéries potentiellement pathogènes
A la différence de Staphylococcus aureus, les staphylocoques « blancs » ou à « coagulase
négative », principalement Staphylococcus epidermidis (70%), font naturellement partie des
flores cutanéo-muqueuses de l’homme. Ces staphylocoques peuvent néanmoins devenir
pathogènes dans certaines circonstances, lorsque le sujet présente une immunodéficience
(sida, radiothérapie, chimiothérapie, néonatalité) ou à l’occasion de l’implantation dans
l’organisme de corps étrangers (prothèses osseuses ou cardiaques, sondes, cathéters,…). Le
matériel implanté peut alors être contaminé par des souches de la flore cutanéo-muqueuse du
patient ou du personnel soignant. Ces bactéries, qui ne deviennent pathogènes que dans
certaines conditions, sont dites « opportunistes ».
Symptomes
Ces souches opportunistes peuvent être à l’origine d’infections graves (septicémies,
endocardites, pyélonéphrites, méningites, ostéomyélites), dont la majorité sont des infections
nosocomiales. De la même façon que les souches de Staphylococcus aureus, les souches de
staphylocoques blancs isolées en milieu hospitalier sont fréquemment multirésistantes aux
antibiotiques (50 à 70% des souches).
Un peu à part dans ce tableau, l’espèce Staphylococcus saprophyticus est associée à des
cystites aigues survenant principalement chez de jeunes femmes ne présentant pas de troubles
immunitaires particuliers. Après Escherichia coli, le Staphylococcus saprophyticus est la
seconde bactérie responsable d’infections urinaires.
Traitement et prévention
En milieu hospitalier, des mesures draconiennes d'hygiène et d'isolement des patients sont
requises pour limiter la dissémination de ces bactéries. Aujourd’hui, l’antibiothérapie reste le
traitement de choix, surtout dans les phases précoces de l’infection. Cependant, l'émergence
récente de souches résistantes à la vancomycine laisse entrevoir une impasse thérapeutique,
mais des approches vaccinales sont actuellement à l’étude.
A l'Institut Pasteur
Au sein de l’unité de Biologie des bactéries pathogènes à Gram positif, dirigée par Patrick
Trieu-Cuot), l’équipe Signalisation et pathogénèse des staphylocoques menée par Tarek
Msadek développe plusieurs axes de recherche :
- l’étude des réponses bactériennes aux variations de l’environnement et leur rôle chez
Staphylocococcus aureus dans la pathogénèse et les interactions avec l’hôte ;
- l’étude de l’impact des variations de la nature de l’enveloppe bactérienne sur les interactions
hôte-pathogène, la formation de biofilms, et la réponse immunitaire innée ;
- la caractérisation des systèmes de résistance aux antibiotiques et aux peptides
antimicrobiens.
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