
maladie (maladie = résultat du péché ou sanction venue de Dieu), c’est le comportement de
l’individu qui doit être soigné, c’est-à-dire son psychologique. Si à ces deux niveaux l’individu
n’est pas guéri, il recourt au registre traditionnel. Dans ce registre, la représentation de la
maladie prend en compte trois dimensions : biophysique, psychologique et socioculturel. Ici
l’individu est malade parce qu’il ya dans son corps quelque chose d’anormal, parce qu’il s’est
mal comporté ou parce qu’il est victime d’une infortune. Le guérisseur traditionnel
commence par effectuer un diagnostique qui porte à la fois sur l’observation physique, sur
les comportements et relations conjugales, professionnelles, sociales, familiales, etc.,
ensuite, il prescrit un traitement.
Qu’en est-il du mythe qui touche les congolais qui considèrent le sida comme étant
sacré ? Nous pensons d’une part, que cette question est liée au fait que les mythes
effectuent plusieurs fonctions rattachées, ils contiennent des niveaux de signification qui
accomplissent une cohérence, expérimentée de manière intuitive. D’autre part, les congolais
abordent simultanément ce qui est significatif sur les plans social et psychologique, par ce
que pour eux, le sida est non seulement une maladie, mais il est surtout une infortune due
au mauvais sort, selon certains de leurs discours.
En effet, en RDC, les individus pensent que les génies, les divinités, les esprits, les
morts, la sorcellerie, peuvent rendre malade. La sorcellerie peut provoquer la mort d’un
parent, la mort du bétail, la stérilité d’un couple, les échecs dans divers domaines de la vie.
Ainsi, seules les maladies fréquentes et sans gravité, liées à des agents pathogènes bien
connus (diarrhées banales des enfants, parasitoses intestinales, rougeole, paludisme) sont
considérées comme des affections naturelles relevant des simples traitements médicaux
dans les structures médicales ou chez l’infirmier. Mais des pathologies graves comme le sida,
le cancer et autres maladies rares et celles réfractaires aux traitements modernes, sont
considérées comme étant d’origine surnaturelle, et relevant d’une thérapie, capable de
traiter non seulement les symptômes mais aussi la cause profonde du mal.
Ainsi, l’interprétation des causes est placée au centre même du processus de
guérison : le mal ne frappe pas au hasard, il est déclenché selon un mode surnaturel. Cette
action ne peut s’exercer que selon les lois et la hiérarchie de l’ordre lignager. C’est la force
détenue par les ancêtres et transmise à leurs descendants : chefs de famille qui apporte
santé et prospérité au clan et à tous ses membres. La croyance à la sorcellerie est au centre