La télévision est encore le meilleur moyen pour atteindre les jeunes. CAMY indique que l’exposition des
jeunes à la publicité sur l’alcool à la télévision américaine a augmenté de 71 % de 2001 à 2009. En outre, les
publicités télévisées fournissent souvent des liens directs vers des sites Web et des plates-formes de médias
sociaux comme YouTube, Flickr, Twitter et Facebook.
Les industries de l’alcool et de la bière ont rapidement saisi l’efficacité d’Internet pour atteindre les jeunes.
Le Web offre aux spécialistes du marketing un support qui compte pour beaucoup dans la culture
adolescente. Sans compter qu’Internet n’est pas réglementé et fait l’objet de très peu de supervision
parentale. En 1999, le US Center for Media Education a révélé que 62 % des sites de bière et d’alcool
affichaient des contenus et des activités susceptibles de plaire aux adolescents et préadolescents. En 2011,
CAMY a publié un rapport sur le marketing numérique par l’industrie de l’alcool concluant notamment que :
dix des principales marques d’alcool comptent plus de 16,5 millions de « J’aime » sur leur page
Facebook;
dix marques d’alcool populaires auprès des jeunes avaient téléchargé 35 725 photos et 377 vidéos
sur leur page Facebook;
les adeptes des marques populaires auprès des jeunes avaient téléchargé 15 416 photos et 98
vidéos sur les pages Facebook des marques, rendant ainsi leurs messages viraux;
des photos suggestives ou illustrant une consommation excessive d’alcool étaient affichées sur les
sites de médias sociaux de l’industrie;
les technologies exigeant de dire son âge pour contrôler l’exposition des mineurs à ces sites Web
étaient dénuées de sens.
Enfance « prête à porter »
Alors même qu’ils passent de l’enfance à l’adolescence, les préados (8 à 12 ans) sont continuellement
bombardés de messages médiatiques leurs présentant de façon stéréotypée ce que c’est qu’être une fille
ou un garçon à notre époque. Cette enfance « prête à porter » leur est vendue, non seulement à travers la
publicité et les produits, mais aussi la télévision, la musique, les films, les magazines, les jeux vidéo et
Internet.
Selon les messages médiatiques destinés aux enfants, les préadolescentes sont mignonnes et sexy, et ne
vivent que pour les garçons, la mode, les pop stars, les copines et le magasinage. Les petites filles, tout
particulièrement, sont la cible des publicitaires, et le contenu de leurs messages – la beauté, la sexualité, les
relations et le consumérisme- inquiètent les parents. Selon Sharon Lamb et Lyn Mikel Brown, auteures de
Packaging Girlhood, cette représentation des filles comme étant « sexy, obsédées par le magasinage et les
garçons » peut être nuisible à leur développement. A un âge où les filles « pourraient développer des
habiletés, des talents et des intérêts qui leur serviront toute leur vie, on les attire vers un mirage de
célébrité fait de pop stars et de sexualisation ».
Les stéréotypes que les médias présentent des garçons ne sont pas moins nuisibles : ceux-ci sont
représentés comme essentiellement actifs et « durs à cuire » par les médias, avec, comme pour les filles,
une emphase sur l’apparence physique : la publicité et les films mettent en valeur le message « body
building » ; l’idéal masculin dans notre culture est représenté par un corps en V très musclé. De fait, en
l’espace de 20 ans, GI Joe a pris plus de muscle que le plus assidu des body-builders. Les vidéos Rap et Hip
Hop popularise encore cette image étroite de l’homme : particulièrement suivie par les jeunes, cette
culture musicale à l’origine riche et diversifiée, s’est progressivement stigmatisée en une image unique de la
masculinité et des rapports entre sexes.