FUNDAMENTA
MATHEMATICAE
153 (1997)
Pr´eimages d’espaces h´er´editairement de Baire
par
Ahmed B o u z i a d (Rouen)
Abstract. The main result is slightly more general than the following statement: Let
f:XYbe a quasi-perfect mapping, where Xis a regular space and Ya Hausdorff
totally non-meagre space; if Xor Yis χ-scattered, or if Yis a Lasnev space, then X
is totally non-meagre. In particular, the product of a compact space Xand a Hausdorff
regular totally non-meagre space Ywhich is χ-scattered or a Lasnev space, is totally
non-meagre.
1. Introduction. Un espace topologique s´epar´e est dit h´er´editairement
de Baire (ou totalement non maigre) si tous ses sous-espaces ferm´es sont des
espaces de Baire. Il est facile de voir, en se ramenant au cas d’une application
irr´eductible, que la propri´et´e pour un espace d’ˆetre h´er´editairement de Baire
est stable par l’image directe d’une application propre. Il est n´eanmoins non
connu si cette mˆeme propri´et´e est stable par les images inverses des applica-
tions propres. Le probl`eme suivant, pos´e en 1973 par Aarts et Lutzer dans
[AL], est semble-t-il encore ouvert : Soit Xun espace compact et Yun espace
h´er´editairement de Baire; l’espace produit X×Yest-t-il h´er´editairement
de Baire? Dans le cas particulier o`u Xet Ysont m´etrisables, il r´esulte
d’un th´eor`eme classique de Hurewicz [H] (i.e. un espace m´etrisable est
h´er´editairement de Baire s’il ne contient pas de copie ferm´ee des rationnels)
que la r´eponse `a ce probl`eme est positive; voir aussi [D, Corollaire 4.2]. Sig-
nalons ´egalement qu’il est donn´e dans [AL] un exemple d’espace m´etrisable
h´er´editairement de Baire Xtel que le produit X×Xne soit pas h´er´editaire-
ment de Baire.
Soit Ala classe des espaces Ytels que, pour tout compact X, l’espace
produit X×Yest h´er´editairement de Baire. On v´erifie ais´ement que Aest
une classe propre dans le cadre des espaces compl`etement r´eguliers. En effet,
soit Xet Ydeux espaces compl`etement r´eguliers et soit f:XYune ap-
1991 Mathematics Subject Classification: Primary 54O11.
Key words and phrases: Baire space; totally non-meagre space; Lasnev space; χ-
scattered space; quasi-perfect map.
[191]
192 A. Bouziad
plication propre surjective. Si Xest dans Aalors le fait que, pour tout com-
pact Z, l’application (x, z)X×Z(f(x), z)Y×Zest propre implique
que Yest dans A. Inversement, le fait que l’espace Xsoit hom´eomorphe (par
l’application x(x, f(x)), voir [E]) `a un sous-espace ferm´e de βX ×Y, o`u
βX esigne le compactifi´e de ˇ
Cech–Stone de X, implique que Xest dans
Ad`es que Yest dans A. L’objet de cette note est de donner une r´eponse
partielle au probl`eme de Aarts et Lutzer en montrant que Acontient tous
les espaces r´eguliers h´er´editairement de Baire qui sont χ-dispers´es ou es-
paces de Lasnev. Ce r´esultat est obtenu comme cons´equence du Th´eor`eme
2.1 qui porte sur la question, consid´er´ee au d´ebut de l’introduction, relative
`a l’invariance de la propri´et´e d’ˆetre h´er´editairement de Baire par les images
inverses des applications quasi-propres.
2. Les principaux r´esultats. Rappelons qu’une application continue
f:XYest dite propre (respectivement quasi-propre) si fest ferm´ee
et si pour tout yY, le sous-espace f1(y) de Xest compact (respec-
tivement d´enombrablement compact). Un point xXest dit de caract`ere
d´enombrable dans une partie Ade Xsi xAet si xadmet une base
d´enombrable de voisinages dans le sous-espace Ade X. L’espace Xest dit
χ-dispers´e si tout sous-espace ferm´e non vide Fde Xadmet au moins un
point de caract`ere d´enombrable dans F. Un espace est dit de Lasnev s’il
est l’image par une application continue ferm´ee d’un espace m´etrisable. Le
principal r´esultat de cette note est le suivant.
2.1. Th´
eor`
eme. Soit f:XYune application quasi-propre,o`u X
est un espace r´egulier et Yest un espace s´epar´e h´er´editairement de Baire.
Si l’un des espaces Xou Yest χ-dispers´e,ou encore si Yest un espace de
Lasnev ,alors l’espace Xest h´er´editairement de Baire.
La d´emonstration de ce th´eor`eme est pr´esent´ee dans la section 3. Le
r´esultat suivant est ´etabli dans [D, Corollaire 4.2] dans le cas particulier o`u
Xet Ysont m´etrisables.
2.2. Corollaire. Soit Xun espace ˇ
Cech-complet et Yun espace s´epar´e,
r´egulier et h´er´editairement de Baire qui est soit χ-dispers´e soit de Lasnev.
Alors l’espace produit X×Yest h´er´editairement de Baire.
D ´e m o n s t r a t i o n. L’espace X×Yest un Gδde l’espace produit βX ×
Yet ce dernier espace est h´er´editairemnet de Baire d’apr`es le Th´eor`eme 2.1.
D’autre part, il est connu que tout Gδd’un espace h´er´editairement de Baire
est h´er´editairement de Baire; voir [D, Proposition 1.2].
Il r´esulte du Corollaire 2.2 que la classe A(d´efinie dans l’introduction)
contient tous les espaces r´eguliers χ-dispers´es et tous les espaces de Lasnev.
Le fait que Asoit une classe propre dans le cadre des espaces compl`etement
Pr´eimages d’espaces h´er´editairement de Baire 193
r´eguliers permet d’´etendre l’´enonc´e du Corollaire 2.2 `a d’autres espaces Y;
par exemple `a tout p-espace paracompact h´er´editairement de Baire. En effet,
un tel espace Yest un l’image inverse par une application propre d’un espace
m´etrisable Z(voir [G]) que l’on peut supposer h´er´editairement de Baire.
Un espace Yest dit s´equentiel si pour tout AXtel que A\A6=, il
existe une suite convergente (xn)nNAtelle que lim xn6∈ A. Rappelons
que tout espace de Lasnev est Fechet donc s´equentiel.
2.3. Corollaire. Soit Xun espace egulier d´enombrablement compact
et Yun espace s´epar´e,egulier et h´er´editairement de Baire. Si Yest χ-
dispers´e s´equentiel ou espace de Lasnev,alors l’espace produit X×Yest
h´er´editairement de Baire.
D ´e m o n s t r a t i o n. L’espace Y´etant s´equentiel dans chacun des cas, il
r´esulte de [E, Theorem 3.10.7], puisque Xest d´enombrablement compact,
que la projection π:X×YYest ferm´ee; comme Xest d´enombrablement
compact, l’application πest quasi-propre. Le Th´eor`eme 2.1 permet donc de
conclure.
3. D´emonstration du Th´eor`eme 2.1. Dans le but de donner au
Th´eor`eme 2.1 une seule d´emonstration dans les trois cas X χ-dispers´e, Y
χ-dispers´e ou Yde Lasnev, nous allons montrer un r´esultat un peu plus
g´en´eral (Proposition 3.1), avec des hypoth`eses v´erifi´ees dans tous ces cas.
Dans la suite, un espace Xsera dit pseudo-compact si toute suite d´ecrois-
sante (Wn)nNd’ouverts non vides de Xest telle que TnNWn6=. Tout
espace r´egulier d´enombrablement compact est pseudo-compact, et tout es-
pace r´egulier pseudo-compact est de Baire. Si Xest compl`etement r´egulier,
alors Xest pseudo-compact si et seulement si Xest pseudo-compact au sens
usuel (voir [E, Theorem 3.10.23]). Le lemme ´el´ementaire suivant nous sera
utile dans la preuve de la Proposition 3.1.
Lemme. Soit Xun espace topologique et soit (Un)nNune suite d’ouverts
denses dans X. S’il existe un sous-espace Yde Xde Baire et Xun
ouvert non vide tels que U0Y,alors TnNUn6=.
D ´e m o n s t r a t i o n. Le sous-espace U0de Yest un ouvert de Y,
donc il est de Baire. La suite (Un)nNest une suite d’ouverts denses
dans U0, donc TnNUn6=.
Soit Xun espace topologique. On dit qu’une suite d´ecroissante (An)nN
de parties de Xconverge vers xXsi, pour tout voisinage Vde xdans
X, il existe nNtel que AnV. Une application f:XYsera dite
`a fibres pseudo-compactes si, pour tout yY, le sous-espace f1(y) de X
(´eventuellement vide) est pseudo-compact.
194 A. Bouziad
3.1. Proposition. Soit f:XYune application `a fibres pseudo-
compactes,o`u Xest un espace r´egulier et Yest un espace s´epar´e. Sup-
posons que pour tout ouvert non vide Ude Xil existe un triplet (x, V,
(Bn(f(x)))nN)), o`u Vest un ouvert de Xtel que VUet xV,erifiant
les conditions suivantes :
(i) f(V)est un ferm´e de Y,
(ii) (Bn(f(x)))nNest une suite d´ecroissante de parties non vides de
f(V)qui converge vers f(x)et telle que,pour tout nN,l’ensemble
f1(Bn(f(x))) Vest d’int´erieur non vide dans V.
Alors,si tout sous-espace ferm´e d´enombrable de Yest de Baire,l’espace
Xest aussi de Baire.
D ´e m o n s t r a t i o n. Supposons que Xne soit pas un espace de Baire.
Soit alors (Un)nNune suite d´ecroissante d’ouverts denses de Xet Oun
ouvert non vide de Xtels que TnNOUn=. Notons Σl’ensemble des
suites finies d’´el´ements de N. Nous allons construire une famille (xσ, Vσ,
(Bn(f(xσ)))nN)σΣ, o`u VσVσOest un ouvert de X, telle que
les conditions (i) et (ii) de la proposition soient v´erifi´ees par le triplet
(xσ, Vσ,(Bn(f(xσ)))nN); de plus, cette famille est telle que l’on ait pour
tout nNet pour tout σΣla propri´et´e () suivante :
()xσ·nVσ·nVσUnf1(Bn(f(xσ))) \f1(f(xσ)),
o`u σ·nd´esigne la concat´enation de σet de n.
Soit Vun ouvert tel que VO,xVet (Bn(f(x)))nNune suite
d´ecroissante de parties non vides de f(V), tels que les conditions (i) et (ii)
soient v´erifi´ees par le triplet (x, V,(Bn(f(x)))nN). Soit σΣet kN
et supposons que xσ,Vσet (Bn(f(xσ)))nNv´erifiant les conditions (i), (ii)
et () soient construits. D´esignons par l’int´erieur de Vσf1(Bk(f(xσ)))
dans X. Le sous-espace f1(f(xσ)) de l’espace r´egulier X´etant pseudo-
compact donc de Baire, il r´esulte du Lemme ci-dessus que l’ouvert non
vide Ukde Xn’est pas inclus dans l’espace de Baire f1(f(xσ)).
On peut donc, en utilisant les hypoth`eses de la proposition appliqu´ees `a
l’ouvert U=Uk\f1(f(xσ)), trouver Vσ·k,xσ·kVσ·kUet
Bn(f(xσ·k))nNtels que les conditions (i) et (ii) soient satisfaites par le
triplet (xσ·k, Vσ·k,(Bn(f(xσ·k)))nN); la condition () est alors v´erifi´ee par
σ·k.
Soit B={f(xσ) : σΣ}. Montrons que Best un ferm´e de Ysans
point isol´e, ce qui ach`evera la d´emonstration. Soit σΣet soit Uun
ouvert de Ycontenant f(xσ); comme la suite (Bn(f(xσ)))nNconverge vers
f(xσ), il existe nNtel que Bn(f(xσ)) f(Vσ)U, donc, d’apr`es (), on a
f(xσ·n)UB\{f(xσ)}. Par cons´equent, Best sans point isol´e. Soit yB
et supposons que y6∈ B. Soit Fun ultrafiltre non principal sur Σtel que
Pr´eimages d’espaces h´er´editairement de Baire 195
limFf(xσ) = y. Il existe p0Ntel que l’ensemble A0={σΣ:σ(0) = p0}
soit dans F. En effet, dans le cas contraire, comme Fest un ultrafiltre sur
Σon aurait Sp>n{σΣ:σ(0) = p} ∈ F pour tout nN; comme d’apr`es
() on a f(xσ)f(V)Bp(f(x)) pour tout σtel que σ(0) = p, ceci
impliquerait que y= limFf(xσ) = f(x)B. (Rappelons que Yest s´epar´e
et que (Bn(f(x)))nNconverge vers f(x).) De mˆeme, puisque y6=f(x(p0))
et puisque f(xσ)Bp(f(x(p0)))f(V(p0)) pour tout σA0tel que σ(1) = p,
il existe p1Ntel que l’ensemble A1={σA0:σn(1) = p1}soit dans
F. En poursuivant ce processus, on construit par r´ecurrence sur kNune
suite d´ecroissante (Ak)kN⊂ F et une suite (pk)kNNtelles que l’on ait
σ(k) = pkpour tout σAk.
Pour tout nNposons σn= (p0, . . . , pn). Pour tout nNon a
Vσnf1(y)6=; en effet, dans le cas contraire, comme f(Vσn) est un ferm´e
de Y, il existerait un ´el´ement σde Amavec m > n tel que f(xσ)6∈ f(Vσn), ce
qui est absurde car xσVσn. Il r´esulte alors de () et de la pseudo-compacit´e
de f1(y) que ∅ 6=TnNVσnTnNOUn, ce qui est impossible. Par
cons´equent, yB.
3.2. P r e u v e d u T h ´e o r `e m e 2.1. Pour voir que le Th´eor`eme 2.1
d´ecoule de la Proposition 3.1, consid´erons dans un premier temps une ap-
plication continue surjective f:XY(o`u Xet Ysont deux espaces quel-
conques) et soit xXtel que l’un des points xou f(x) soit limite d’une
suite d´ecroissante d’ouverts non vides. Soit z∈ {x, f(x)}et soit (Vn)nN
une suite d´ecroissante d’ouverts non vides de Xou de Y, suivant que z=x
ou z=f(x), qui converge vers z. Posons An=f(Vn) si z=xet An=Vn
sinon. Dans tous les cas la suite (An)nNconverge vers f(x) et, pour tout
nN, l’int´erieur de f1(An) dans Xest non vide.
Maintenant, soit f:XYune application comme dans le Th´eor`eme
2.1. Supposons que l’un des espaces Xou Ysoit χ-dispers´e. Soit FXun
ferm´e. Il d´ecoule de ce qui pr´ec`ede que la restriction de l’application f`a F
v´erifie toutes les hypoth`eses de la Proposition 3.1, d’o`u le r´esultat dans ce
cas.
Dans le cas o`u Yest un espace de Lasnev, le fait que les hypoth`eses de la
Proposition 3.1 soient satisfaites d´ecoule de l’observation ci-dessus, du fait
que tout sous-espace (ferm´e) d’un espace de Lasnev est un espace de Lasnev
et du lemme suivant.
3.3. Lemme. Dans un espace de Lasnev tout point est limite d’une suite
d´ecroissante d’ouverts non vides.
D´emonstration. Soit f:ZYune application surjective continue
et ferm´ee, o`u Zest un espace m´etrique. Supposons que fsoit faiblement ou-
verte, c’est-`a-dire, l’image par fde tout ouvert non vide de Zest d’inerieur
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