susceptible d’être fort différente d’une production marchande à l’autre – celle de
l’extraction de charbon et celle de paniers en osier ou de chaussures, par exemple.
4. En réalité et en situation de concurrence, les prix de l’eau au robinet ou en
bouteille dépendent avant tout de coûts de production et de profits.
Ces coûts dépendent beaucoup eux-mêmes des quantités de travail, nouveau et passé.
Les profits sont à une hauteur normale, variable dans le temps et l’espace, aux conditions
exposées plus avant dans le présent traité. Ricardo affirme très clairement, dès les
premiers paragraphes du chapitre 1 de ses Principes, qu’il n’existe pas de déterminant
commun à toutes les marchandises de leurs valeurs d’échange. Une fois encore, c’est à
cause de celles de ces marchandises qui sont rares — par distinction avec d’autres qui, en
plus grand nombre, sont « reproductibles à volonté par l’industrie humaine ».
5. Rien, hors de l’habitude qui en a été prise, ne permet de préjuger l’existence
d’un déterminant universel des chertés.
Ce n’est qu’au terme de l’observation de la formation des prix dans chaque catégorie
principale de marchandise qu’il devient de bonne méthode de se prononcer sur cette
existence. Donc ex post et non ex ante, faute de quoi est commise une pétition de principe
par affirmation d’une existence dont il convient justement de démontrer que la pratique
des échanges marchands l’établit. Aucune pétition de principe n’est scientifiquement
acceptable. C’est l’une des raisons pour lesquelles la solution marginaliste au prétendu
paradoxe de l’eau et du diamant est ascientifique. Comme il n’est pas possible de prouver
que cette solution fait partie du réel instauré par la pratique des échanges marchands,
c’est à l’inutilité de l’utilité marginale pour fonder une théorie générale des échanges
économiques que la raison oblige à s’en tenir, jusqu’à l’éventuelle preuve ex post que les
fonctions universelles attribuées à l’utilité marginale et à la rareté existent vraiment.
6. De cette dernière considération découle la raison pour laquelle la division de
l’ensemble des services et des biens commerçables en sous-ensembles
homogènes est un préalable irremplaçable.
Une théorie de la cherté économique qui ne prend pas appui sur ce préalable se
condamne à être au moins en partie imaginaire. Or, bien évidemment, plus la théorie qui
guide le choix d’une politique économique est irréaliste et moins cette politique se révèle
adéquate une fois mise en œuvre.
7. En économie politique objective, l’expression « valeur d’échange » et le mot
« prix » désignent très exactement le même rapport.
Ce rapport est celui de quantités échangées à titre marchand, l’usage de loin le plus
commode et le plus répandu étant d’exprimer ce rapport par une quantité d’argent (de
monnaie). Répétons-le, car le négliger tire en arrière : ce n’est pas juste après avoir posé la
distinction entre deux sortes de valeur qu’il est possible d’instruire en assez bonne
connaissance de cause la question de savoir si toutes les valeurs d’échange marchand ont
ou n’ont pas davantage en commun que d’être des prix.