Mieux comprendre l’insomnie des personnes âgées
Publié le 10/05/2013
De nombreuses études ont mis en évidence chez les personnes âgées l’existence d’un sommeil
plus souvent fragmenté et d’une diminution du sommeil profond. Ces personnes ont aussi
tendance à passer plus de temps au lit et à faire des siestes dans la journée. Les difficultés
d’endormissement des sujets âgés sont habituellement attribuées aux modifications de
l’architecture du sommeil et du rythme circadien liés à l’âge. Pourtant, ces changements
n’entrainent pas nécessairement des troubles du sommeil et une insomnie. Il est ainsi essentiel
de différencier les modifications du sommeil en rapport avec l’âge, de l’insomnie. Le facteur
clé pour les distinguer est la présence ou non de conséquences sur le fonctionnement dans la
journée. Si les troubles du sommeil n’ont pas d’impact diurne, on ne peut pas parler
d’insomnie.
Une étude espagnole s’est fixé pour objectif de décrire les problèmes de sommeil des
personnes de plus de 65 ans et de déterminer la fréquence de l’insomnie primaire, des troubles
du sommeil en rapport avec des pathologies psychiques ou d’autres problèmes de santé.
Il s’agit d’une étude menée dans un échantillon de personnes âde plus de 65 ans résidant à
Albacete, dans le Sud de l’Espagne. Sur les 1 888 sujets initialement sélectionnés, 926 ont été
inclus dans l’étude. Les données ont été collectées par questionnaire lors de 2 interviews dans
8 centres de santé, d’octobre 2008 à juin 2009. Outres les données socio-démographiques, ont
été recueillies la présence ou l’absence, selon les critères diagnostiques du DSM IV, d’une
insomnie primaire, ou d’une insomnie secondaire liée à des troubles psychiatriques, ou
d’autres désordres (prise de médicaments par exemple , etc.). Etaient également rapportées
l’existence de problèmes de santé, l’utilisation de psychotropes, ainsi que les caractéristiques
du sommeil (durée, latence d’endormissement, réveils nocturnes ou réveil précoce,
répercussions de ces troubles, durée des problèmes de sommeil et habitudes d’hygiène de
sommeil).
Dans cette population d’âge moyen de 74,4 ans (dont 54,8 % de femmes), plus d’un tiers des
participants rapportaient des problèmes de sommeil (36,1 % ; n = 334), qui duraient depuis
plus d’un mois 9 fois sur dix. Globalement, la durée moyenne de sommeil était de 6,7 heures
et 52,4 % des participants avaient l’habitude de faire une sieste. En cas de troubles du
sommeil, les chiffres correspondants étaient respectivement de 5,2 heures et de 47,4 % (pour
la sieste).
Par ailleurs, 37 % des sujets prenaient régulièrement un psychotrope (32,7 % un hypnotique
ou un anxiolytique, 10 % un antidépresseur, 0,6 % un antipsychotique). Les hypnotiques et les
anxiolytiques étaient utilisés comme « médicaments du sommeil » dans 69,4 % des cas.
La prévalence de l’insomnie primaire était de 8,9 %, celle des troubles du sommeil associés à
une pathologie psychiatrique de 9,3 % ou à un autre problème de santé de 7,0 %. L’insomnie
primaire, qui touchait principalement les femmes (66,3 %), était caractérisée par des
difficultés d’endormissement (52,5 %), des réveils nocturnes (66,3 %) et des réveils précoces
(51,3 %). Cinquante pour cent des patients souffrant d’insomnie primaire utilisaient des
anxiolytiques ou des hypnotiques, et seulement 41,3 % avaient consulté un médecin pour leur
trouble du sommeil.
Les résultats de cette étude soulignent l’importance de différencier l’insomnie primaire des
troubles du sommeil secondaires afin d’identifier la véritable cause du mauvais de sommeil et
de ne pas trop souvent recourir aux anxiolytiques et aux somnifères qui, particulièrement chez
les personnes âgées, risquent d’entrainer une addiction et/ou être à l’origine de chute.
Concernant les traitements non médicamenteux, les auteurs rappellent l’intérêt des thérapies
comportementales et cognitives (conseils d’hygiène de sommeil, restriction du temps passé au
lit, pratique d’un exercice physique, techniques de relaxation), qui ont prouvées leur
efficacité, et devraient être utilisées en première intention dans cette population particulière.
Dr Pascale Ogrizek
Hidalgo et coll. : Understanding insomnia in older adults. Int J Geriatr Psychiatry 2012; 27:
1086-1093.
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