DIÉTÉTIQUE
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Nutritions & facteurs de risque - Décembre2004 - Vol. 2
Elle peut dégrader les substances toxiques
exogènes ou produites in situ, et module
les effets des toxines émises par les micro-
organismes pathogènes.
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Facteurs de déséquilibre
Ils sont variés : les traitements médi-
camenteux (antibiotiques, laxatifs irri-
tants, antituberculeux, chimiothéra-
pie, pour certains les contraceptifs
oraux…), les germes pathogènes (sal-
monelles…), les modifications du tran-
sit (constipation, diarrhée…), le désé-
quilibre alimentaire et la dénutrition,
le vieillissement physiologique. La mau-
vaise hygiène de vie et les stress sont
fortement suspectés. Tous ces facteurs
peuvent concourir à une sensibilité
accrue aux infections, à des troubles diges-
tifs fréquents et à l’augmentation de la
fréquence des allergies alimentaires.
LES PROBIOTIQUES
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Définition
Probiotique provient du grec pro bios,
soit littéralement : « en faveur de la vie
». Les probiotiques sont des micro-orga-
nismes vivants non pathogènes, qui, lors-
qu’ils sont ingérés en quantité déterminée
et suffisante sous la forme de médica-
ments ou de produits alimentaires,
exercent une influence positive sur la
santé ou la physiologie de l’hôte. Ils
transitent sans se multiplier dans les
intestins (1). Leur rôle est d’améliorer
les fonctions de la flore intestinale.
Mis à part la levure probiotique employée
comme médicament (saccharomyces
boulardii), les probiotiques sont prin-
cipalement des bactéries lactiques. On
dispose actuellement de probiotiques
d’origine humaine qui ont une résistance
supérieure vis-à-vis de l’écosystème
digestif peu accueillant (pH acide de l’es-
tomac, sels biliaires dans l’intestin
grêle). Ils ont aussi, semble-t-il, une
capacité d’adhésion supérieure à la
muqueuse intestinale, adhésion essen-
tielle pour la stimulation du système
immunitaire.
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Des micro-organismes connus
depuis longtemps
C’est en 1907 qu'Elie Metchnikoff, Prix
Nobel de médecine et inventeur du yaourt
moderne, établit une relation entre la lon-
gévité des bulgares et leur consommation
de produits laitiers fermentés. En 1974,
le terme probiotique fut proposé pour
désigner, en alimentation animale, les
souches microbiennes utilisées pour limi-
ter l’effet des antibiotiques et renforcer
leur efficacité. Depuis, les études sur
l’homme se sont multipliées et les pro-
biotiques ont leur place en prévention et
en thérapeutique.
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Origine
Les probiotiques se trouvent dans les pro-
duits alimentaires fabriqués par l’homme,
contenant des souches bactériennes
d’origine humaine : bifidobactéries, lac-
tobacilles acidophiles, caséi… Ces souches
bactériennes sont contenues dans les pro-
duits laitiers fermentés, yaourts et laits
fermentés, certains fromages, mais aussi
les salaisons (charcuteries). Le lacto-
coccus lactis est présent dans le fro-
mage blanc, le yaourt contient du lac-
tobacillus vulgaris ou bulgaricus et du
streptococcus thermophilus, un lait fer-
menté contient du lactobacillus bulga-
ricus, du streptococcus thermophilus et
du lactobacillus casei.
De nouvelles bactéries ont été introduites
dans les yaourts et les laits fermentés du
fait de leurs effets reconnus bénéfiques
pour la santé. Ces bactéries, pour exercer
leur action, doivent être ingérées vivantes.
Il faut donc que ces produits soient conser-
vés au froid de leur fabrication jusqu’à leur
consommation.
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Bénéfices santé (2)
• Sur le système immunitaire
On note une production accrue d’immu-
noglobuline A (IgA) et de cytokines, une
augmentation du nombre des cellules
immunocompétentes, une stimulation
de la phagocytose. L’action se fait sur le
système immunitaire intestinal et géné-
ral de l’organisme.
• En gastro-entérologie
- Certains probiotiques sont capables de
moduler la réponse immunitaire du tissu
lymphoïde présent dans la muqueuse
intestinale.
- Ils exercent un rôle trophique sur la
muqueuse intestinale, les probiotiques
aident à la maintenir fonctionnelle.
- Dans la maladie de Crohn (inflammation
chronique de l’intestin), les probiotiques
permettent de restaurer l’effet barrière en
rapport avec l’action bénéfique de la flore
intestinale.
- Ils neutralisent un certain nombre de sub-
stances toxiques ou carcinogènes.
- Ils permettent une réduction des signes
de colopathie du fait de la dégradation faci-
lité des fibres par les bactéries apportées
par les probiotiques.
- Ils améliorent l’intolérance au lactose.
Affection relativement fréquente, elle est
due à une mauvaise digestion du lactose
et est exacerbée par la présence de colo-
pathie. Les probiotiques améliorent l’in-
tolérance au lactose par l’action diges-
tive de la β-galactosidase active apportée
par les bactéries du yaourt. Il semblerait
que la bactérie puisse répondre au signal
que représente le lactose, en synthéti-
sant de nouveau une β-galactosidase
active. C’est ainsi que le yaourt est mieux
digéré que le lait du fait de la présence de
ferments lactiques : lactobacillus bulga-
ricus et streptococcus thermophilus.
- Ils limitent les diarrhées consécutives
à un traitement antibiotique.
- Ils permettent une diminution de l’in-
cidence des diarrhées infectieuses chez
l’enfant. Certaines souches de lactoba-
cillus réduisent la durée de la diarrhée et
améliorent les symptômes. L’effet est sur-
tout net pour les diarrhées à rotavirus.
• Protection vis-à-vis des micro-orga-
nismes pathogènes
- Ils participent à renforcer l’effet bar-
rière de protection.
- Ils s’opposent à l’implantation des micro-
organismes pathogènes par compétition
sur les sites d’adhésion microvillositaires.
- Ils exercent une action antibactérienne
directe par la production de bactériocines
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