L’expérience combattante dans une guerre totale Exposition réalisée par les élèves de 1ère 2 Marine Tanneau Rahel Zehnder La grenade était une arme de choix. Elle offrait la possibilité de faire des dégâts matériels et humains au camp adverse sans se mettre en danger grâce à son système de retardement qui permettait de rester abrité. Le fusil était également utilisé. Il était robuste et fiable. Cependant son temps de rechargement était long, si bien qu’il était moins performant que la baïonnette qui n’avait pas forcement besoin de munition pour être utilisée grâce à son extrémité tranchante. L’équipement des soldats français dans les tranchées Soldats français dans une tranchée creusée dans la terre, au préalable réalisée afin de se protéger des attaques ennemies. Qui sont ces personnes qui ont combattu ? Représentation de l’équipement d’un poilu comportant les vêtements ainsi que les accessoires. L’équipement vestimentaire des Poilus Nombre de ces combattants se sont trouvés enterrés parfois pour des années dans des tranchées. Au total, 70 millions d’hommes se sont affrontés durant ce conflit entre 1914 et 1918. La France a mobilisé pas moins de 8 millions de soldats. La Première Guerre mondiale est le premier des grands conflits mondiaux au vingtième siècle. De 1914 à 1918, cette guerre a opposé les puissances centrales de l’Allemagne, de l’Autriche-Hongrie, de la Turquie et d’autres pays plus petits alliés aux plus grands face aux pays de l’Entente, notamment l’Empire britannique, la France, la Russie, l’Italie, le Japon, les Etats-Unis et leurs alliés. L’opposition du combat Les soldats dans les tranchées (1) Tranchée française bombardée par l’ennemi Des combats d’une violence encore inégalée pour l’époque Les tranchées ne sont pas une nouveauté ! Cependant, la guerre va pousser la technique à son extrême. Un dispositif de tranchées n'est pas une simple série de lignes creusées dans la terre, plusieurs critères et caractéristiques sont impératifs pour qu'elle soit efficace : - Elle doit être assez fortifiée et assez bien étudiée pour stopper une attaque ennemie - Elle doit pouvoir héberger un grand nombre d'hommes en vue d'une action offensive. Elle doit par conséquent être facilement et rapidement accessible à de gros effectifs ainsi qu'à l'approvisionnement. - Elle doit offrir une bonne protection aux hommes qui l'occupent. - Elle doit pouvoir être réalisée dans tous les types de terrains et reliefs… Une tranchée n’est pas forcement droite, en effet, il existe une multitude de formes. Chacune a sa fonction propre, comme la tranchée en traverse, en zigzag... L’anatomie des tranchées françaises Le niveau de violence atteint ne s'était jamais vu. Les armées ennemies essaient de perfectionner leurs armes pour prendre l'avantage sur l'autre, et de les faire de plus en plus nombreuses pour faire davantage de morts. Mais pendant toute cette guerre, l'arme la plus redoutable et crainte par les soldats est l'obus, qui peut anéantir toute une tranchée et donc causer des glissements de terrain qui engloutissent les soldats. Beaucoup de soldats sont morts à cause de l'explosion d'un obus : effet de souffle, ou soldat frappé par du shrapnel (obus à balles) ou un éclat de métal. Lorsqu’il s’agit de prendre d’assaut la tranchée ennemie, les soldats combattent parfois au corps à corps, notamment les « nettoyeurs de tranchées », chargés de neutraliser les survivants de l’attaque. La peur fait donc partie du quotidien du soldat, la peur du combat, la peur de la mort, la peur de la blessure, la peur des gaz… La brutalité des combats : une violence extrême Nous pouvons remarquer que ces tranchées allemandes sont nettement plus « confortables », disposent d’un plancher, alors que les Français vivent dans des conditions très insalubres. A gauche une tranchée française et à droite une tranchée allemande. Les différentes tranchées, françaises et allemandes Les soldats dans les tranchées (2) La vie des soldats quand ils ne sont pas au front Marine Tanneau Rahel Zehnder Pour tromper l’ennui, l’un des ennemis du soldat, certains combattants français passent leur temps libre en fabriquant des instruments. Sources : http://fr.wikimini.org/wiki/Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale www.offi.fr/expositions-musees/hotel-national-des-invalides-2485/orages-de-papier-la-grande-guerre-des-medias-38954.html www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/theme-tranchee.htm http://memoire1418.free.fr/histoires/histoiresarticle3.html http://fr.wikipedia.org/wiki/Artisanat_de_tranch%C3%A9e Manuel d’histoire 1ère L, ES et S, Collection Guillaume Le Quintrec, Nathan, 2011 Dans les tranchées, les poilus faisaient de l'artisanat. Très vite, le conflit se transforma en guerre de position. Il a donc fallu faire face malgré les équipements moindres. Beaucoup des combattants exerçaient un métier manuel et savaient travailler le bois, le métal ou le fer. De plus, durant la Première Guerre mondiale, il y avait une surabondance de matière première, notamment des douilles d'obus dont ils se servaient pour fabriquer des objets. Certains de ces objets servaient à la vie quotidienne comme des coupe-papier ou des lampes à huile avec pour réservoir une grenade vidée de son contenu ou encore des bagues. Il est parfois nécessaire de recycler des éléments L’artisanat au sein même des tranchées La nourriture n’était pas toujours de bonne qualité ni assez copieuse. La livraison des aliments qui se trouvaient en cuisine derrière la ligne de tir dans une autre tranchée n’était en effet pas toujours garantie. Les rations de pain, de viande et de vin ne suffisaient pas toujours pour nourrir un homme. Au quotidien, les conditions sont déplorables. Les conditions pour dormir n’étaient pas agréables. Les bruits des obus, les rats, la pollution et les cris d’autres soldats font du sommeil une étape houleuse. Ici, nous pouvons voir un barbier à l’œuvre. Il faut s’adapter, dans les tranchées, à une vie quotidienne qui est loin d’être facile. L’hygiène fait souvent défaut dans cet univers de boue où règnent le froid, l’humidité, la promiscuité, les poux, les rats et même la mort. A la guerre, il faut s’adapter à toutes les situations... Les soldats dans les tranchées (3) Les troupes coloniales : un rôle important dans le conflit (1) La France et ses soldats coloniaux Les troupes coloniales, apparues en 1900, étaient un ensemble d'unités militaires françaises positionnées dans les colonies et créées, à l'origine, pour assurer la défense des ports et des possessions outre-mer autres que l'Afrique du Nord, même si ces troupes sont utilisées majoritairement en France métropolitaine et au Maghreb au cours du XXe siècle. Extrait de Wikipedia Le passage de l’Armée d’Afrique à Amiens (Picardie) en 1914 ou en 1915 (carte postale datée du 10 mars 1915) Plus d’un demi-million de combattants français En 1914, à la veille de la Grande Guerre, les troupes coloniales comptent 102 bataillons et 39 batteries, dont 36 bataillons et 12 batteries en métropole et 21 bataillons en Afrique du Nord. Dans ce total de 102 bataillons, la « Force Noire » (les troupes issues de l'Afrique noire) représentait le quart. Entre 1914 et 1918, 270 000 hommes furent recrutés en Afrique du Nord, 189 000 en Afrique Occidentale Française et en Afrique Equatoriale Française, 49 000 en Indochine et 41 000 à Madagascar. A ces plus de 500 000 soldats, il convient d’ajouter les quelque 200 000 ouvriers qui furent embauchés dans les usines délaissées par la main-d’œuvre française mobilisée sur le front. L’Empire britannique, de son côté, offrit plus d’un million de soldats aux troupes combattantes. Les Allemands, quant à eux, se sont refusé à mobiliser des soldats venus de leurs colonies. La légende veut que les soldats coloniaux étaient envoyés en première ligne parce qu’ils auraient effrayé les Allemands. Mais cela vient plutôt de la propagande d’outre-Rhin qui les décrivait, non sans racisme, comme des barbares. Sources : herodote.net Wikipéida www.deshumanisation.com lunion.presse.fr Cairn.info Troupes coloniales Ensemble d'unités militaires La plupart de ces soldats ont combattu dans les tranchées sur le front occidental. Leur arrivée massive en métropole suscita à la fois inquiétude, intérêt et curiosité chez la population : pour beaucoup, c’était la première occasion de voir réellement des Africains. Les relations des troupes coloniales avec la population locale sont encadrées. En dehors de l'armée, le contact avec les Français se fait auprès de femmes, marraines de guerre ou infirmières, voire prostituées. Entre novembre et avril-mai, les troupes coloniales quittent chacune leur tour le front pour aller se mettre au repos dans le midi, le froid ne leur permettant pas de se battre. Les troupes coloniales : un rôle important dans le conflit (2) Les troupes coloniales victimes de la guerre Au total, on estime que la France a perdu 70 000 soldats des colonies durant la guerre, dont environ 36 000 Maghrébins et 30 000 tirailleurs Sénégalais. Les taux de pertes, calculés par rapport aux nombres de combattants réellement engagés soit 450 000, sont de 19 % pour les Maghrébins et 23 % pour les « Sénégalais » . Pendant longtemps, on a cru que les troupes coloniales avaient servi de chair à canon. Or, il apparaît que leur pourcentage de pertes est équivalent à celles des autres troupes françaises (soit 22 % des engagés). Tirailleurs algériens blessés installés dans les autobus d'ambulance Honorer la mémoire des troupes coloniales Ainsi, comme l’affirme l’historien Marc Michel, « il n'y a pas eu de volonté particulière de les mettre en avant, mais beaucoup de jeunes soldats africains sont arrivés au front avec une instruction militaire minime, sans accoutumance ni à la vie de tranchée ni même aux armes ». En outre, la plupart des unités étaient mixtes, si bien que les troupes coloniales n’étaient pas plus exposées que les autres combattants français. Quoi qu’il en soit, nombre d’entre eux sont sortis de la guerre blessés ou invalides à l’instar de leurs camarades de métropole. Stupa en l'honneur des soldats cambodgiens et laotiens morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Il fut érigé en 1927 dans le jardin d'agronomie tropicale à Nogent-sur-Marne . Un hommage ou une affiche raciste Affiche publicitaire datant de 1915, représentant un tirailleur. Pour la majorité, la population française ne cache pas sa sympathie envers les troupes coloniales. Celles-ci sont applaudies plusieurs fois durant certains défilés célébrant la victoire. Le célèbre Y'a bon Banania, rend une forme d'hommage aux troupes coloniales. En effet, cette marque de petits-déjeuners chocolatés change son ancienne affiche présente sur les paquets représentant une Antillaise, par un tirailleur joyeux. Les années passant, le tirailleur aux traits réalistes donnera naissance à un stéréotype niais et un peu raciste. Pour rendre populaire sa marque, Pierre Lardet, créateur de Banania, se sert de l'image humiliante de l'homme Noir en Occident. Romane Gouilloux Alexia Kernoa Les combats navals et sous-marins (1) Trois croiseurs britanniques coulés par un sous-marin allemand (22 septembre 1914) La mer, un théâtre de combat Dès le mois d’août 1914, les Anglais forment un blocus maritime autour de l’Allemagne pour la priver de toutes ressources extérieures. Ils établissent notamment un blocus autour des colonies allemandes, en Mer du Nord et en Mer Adriatique, comme le montre la carte ci-dessous. A ce moment-là, la flotte britannique est la plus puissante du monde. Pour contrer le blocus, les Allemands utilisent principalement des sous-marins car leurs navires sont inférieurs en nombre. Le submersible allemand U9 Sur cette carte postale allemande, on peut voir deux des croiseurs anglais (HMS Aboukir et HMS Hogue) coulés par le sous-marin allemand U-9. Au total, dans cette attaque, 1450 marins ont été tués. En haut à gauche, la photo d’Otto Weddigen, le commandant du sous-marin allemand. Carte navale de la Première Guerre Mondiale Pour la première fois de l’histoire, les sousmarins jouent un rôle essentiel dans un conflit, déplaçant le combat dans l’Atlantique. En effet, la stratégie des Allemands vise à détruire les navires marchands alliés, afin d’entraver leurs relations commerciales et d’empêcher le ravitaillement du Royaume-Uni. Pour cela, ils utilisent les U-Boote, qui se faufilent facilement et discrètement et qui sont bien moins coûteux que les cuirassés. Cela ne manque pas d’entraîner des drames puisque ce sont des navires civils qui sont désormais pris pour cibles. Ainsi, le paquebot Lusitania est-il coulé le 7 mai 1915 et près de 1 200 passagers, dont 124 Américains, périssent suite à ce torpillage. La relance de la guerre sous-marine à outrance par les Allemands en janvier 1917 finit par entraîner l’entrée en guerre des États-Unis. Les principales zones d’affrontement maritime : la mer du Nord, le détroit des Dardanelles. C’est aussi par la mer que parviennent, en 1917, les renforts américains qui débarquent en Europe par le port de Brest. Laurine Péron Tom Berrou Au total, 6 394 navires marchands représentant 12 800 733 tonneaux ont été coulés par les sousmarins allemands. Il faut y ajouter une centaine de navires de guerre. Les combats navals et sous-marins (2) « La flotte britannique est comme la reine sur l’échiquier. Elle demeure en arrière, mais contrôle toujours le jeu. Elle est l’arbitre décisif en mer ; vous la perdez, vous perdez la partie. » Lord Chatfield, amiral de la flotte La Bataille de Chanack Bataille navale de Chanack (18 mars 1915) Cette bataille oppose l’empire Ottoman (allié avec les Allemands) aux Français et Britanniques. Le détroit des Dardanelles est un lieu de passage indispensable pour ravitailler la Russie. L’AutricheHongrie, qui le contrôle, a décidé de le fermer et l’a miné. Pour résoudre le problème, les Britanniques proposent de payer l’empire Ottoman pour qu’il rouvre le détroit mais les Français refusent et les deux nations alliées coordonnent un assaut. Le but est de déminer le passage, de débarquer des troupes et de détruire les canons. Mais cette bataille est un échec pour les alliés qui subissent beaucoup de pertes. Naufrage du cuirassé Bouvet le 18 mars 1915 La bataille du Jutland : la plus grande bataille navale de la Guerre 14-18 Cuirassé français coulé lors de la bataille de Chanack. 648 marins trouvent la mort. La bataille du Jutland (mai-juin 1916) Elle a lieu en pleine Mer du Nord, au large du Danemark, entre la Kaiserliche Marine et la Royal Navy. Elle implique 250 navires et marque un tournant pour la marine allemande qui renonce, à partir de cette date, au combat en haute-mer et se cantonne à la guerre sousmarine. Pourtant la Royal Navy ne peut s’enorgueillir d’avoir remporté la victoire. Quatorze bâtiments britanniques et onze allemands sont détruits et coulés faisant des milliers de victimes humaines des deux côtés. Les combats aériens durant la guerre 14-18 (1) Au début de la Première Guerre mondiale, l’utilisation d’avions militaires commence à devenir nécessaire mais plus de dix ans après le premier vol des frères Wright (qui eut lieu en 1903), il y a encore beaucoup de choses à améliorer. Les appareils sont construits à base de bois avec des ailes en toile. Ce matériel rudimentaire et le manque d'expérience des ingénieurs aéronautiques accentuent le risque de les utiliser. Estimations du nombre d’avions durant la Guerre 14-18 Pays France Triple Entente Grande-Bretagne Triple Alliance Nieuport 17 : un avion de chasse français nombre d’avions Total (estimations) 130 156 Russie 145 Allemagne 232 Autriche-Hongrie 36 Italie (Neutre) 9 Empire Ottoman 10 431 287 L’Allemagne est le pays qui dispose du nombre d’avions le plus important. Mais la Triple Entente l’emporte, si l’on ajoute les forces aériennes de la France, de la GrandeBretagne et de la Russie. Affrontement aérien dans le ciel de Verdun (1917) L’avion Nieuport 17 avait un moteur puissant et de grandes ailes. Il a volé pour la première fois en 1916. Georges Guynemer et Charles Nungesser figurent parmi les as des as qui ont volé sur cet avion. Albatros D.V : un avion de chasse allemand L’Albatros D. V. effectue son premier vol en mai 1917 Il se caractérise par un fuselage plus profond, à section transversale elliptique afin de réduire la traînée et d’accroître les performances en matière de vitesse et d’agilité. Collision entre un "Bristol" (britannique) et un "Nieuport" (français) lors d'un affrontement contre les Forces aériennes allemandes au-dessus de Verdun en 1917. Sources : balades-historiques.com/periode/guerres-mondiales/les-dernieres-heures-du-baron-rouge/attachment/fokker_dr-1-1 http://fr.wikipedia.org/wiki/Manfred_von_Richthofen http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Nungesser http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/escadrille065.htm http://jn.passieux.free.fr/ http://fandavions.free.fr/ www.histoire-image.org Les combats aériens durant la guerre 14-18 (2) L’avion Voisin III de Frantz et Quenault Première bataille aérienne dans le ciel de Muizon Alors que les aviateurs, considérés comme des aventuriers intrépides et un peu farfelus, ne se voient confier, au début du conflit, que des missions de reconnaissance aérienne et d’observation, le sergent Joseph Frantz et son mécanicien-mitrailleur, le caporal Louis Quenault démontrent que le combat aérien peut jouer un rôle dans la guerre. L’avion voisin de Frantz et Quenault biplace avec une mitrailleuse à l’avant et des ailes en toile. Du repérage au combat aérien et au bombardement Au début du conflit, les avions sont très rudimentaires. Il s’agit de monoplans et de biplans dont la vitesse maximale approche les 120 km/h et qui plafonnent à 3000 m d’altitude, pour les plus performants. Aucun n’est armé puisque leur rôle se limite à la simple reconnaissance aérienne. En effet, le 5 octobre 1914, leur avion biplan patrouille à 1 800 m au-dessus de la vallée de la Vesle (Marne). Ils aperçoivent alors un Aviatik allemand et décident de l’intercepter. Un travail d’équipe s’engage : Frantz doit amener l’appareil dans l’axe de l’Aviatik et Quenault faire feu au coup par coup. C'est au milieu d'un bois marécageux qu’est retrouvé, à 3 km environ de Muizon, l'appareil allemand qui flambe. Complètement retourné, il écrase un des deux passagers. Tous deux sont morts et en partie carbonisés. L’un des aviateurs allemands a pris une balle dans le sternum. Frantz et Quenault ont donc réussi à abattre l’avion allemand, signant ainsi la première victoire aérienne française. Le caporal Frantz et son mécanicien Quenault Après la première bataille aérienne dans le ciel de Muizon, qui a lieu un peu par hasard, les Allemands décident d’employer les avions à d’autres fins que le repérage et l’observation. Dès lors, l’aviation se voit confier trois missions principales : - la reconnaissance tactique et l’observation de l’artillerie - le bombardement des lignes et de l’arrière. - la chasse afin de protéger les deux autres types de missions. Le 27 mai 1915, les Français, sous les ordres du commandant Louis de Goÿs (surnommé depuis le « père du bombardement »), réussissent le premier bombardement de jour sur des usines chimiques allemandes à Ludwigshafen. Mais, obligés de se poser en Alsace, les équipages sont faits prisonniers. Puis en 1916, on passe au bombardement de nuit qui nécessite un guidage radio. Frantz et Quenault à côté de leur avion après leur victoire contre l’Aviatik allemand à Muizon. Roland Garros, un aviateur français mort au combat D’abord cantonné, comme tous les pilotes, à des missions d’observation et de reconnaissance, il participe ensuite à des lâchages d’obus empennés en guise de bombes. Il invente, en avril 1915, le système de tir au travers des hélices de chasseur, à l’origine de plusieurs victoires aériennes alliées. Mais il est abattu et tombe entre les mains ennemies. Le secret de son avion est alors découvert par les Allemands, qui le perfectionnent grâce au constructeur Antony Fokker, un des autres grands noms de l’aviation. Il réussit toutefois à s’évader après 3 ans de captivité, reprend du service mais meurt au combat, abattu un peu plus d’un mois avant la fin de la guerre, le 5 octobre 1918, au-dessus des Ardennes. Charles Nungesser , « as des as » Charles Nungesser est un aviateur français né à Paris le 15 mars 1892 et mort quelque part dans l'Atlantique Nord ou en Amérique du Nord le 8 mai 1927, lors d'une tentative de traversée Paris-New York sans escale à bord de L'Oiseau blanc As de l'aviation française à bord d’un Nieuport 17, il est surnommé le « Hussard de la Mort » parce qu’il a abattu 4 officiers allemands et intercepté des papiers de la plus haute importance à peine 10 jours après le début des combats. Manfred von Richthofen « le Baron rouge » (1892-1918) Le Fokker Dr.I du « Baron Rouge » Le triplan rouge du baron de Richthofen, dont la couleur permettait d’attirer les avions ennemis pendant que le reste de l’escadrille attendait plus haut. L’aviation a donc connu une grande évolution pendant la guerre et de nombreux progrès. Il n’y a en 1914 que quelques petits avions servant au loisir. Alors qu’en 1918 ce sont des centaines d’avions militaires bien plus grands et bien plus puissants qui jouent un rôle non négligeable dans le conflit. Manfred Albrecht, baron von Richthofen est un aviateur allemand, légende de l'aviation de la Première Guerre mondiale sous le nom de Baron rouge. Avec quatre-vingt victoires confirmées, il est l'as des as officiel de la Grande Guerre. Mais il est mort au combat contre un jeune lieutenant canadien dans le ciel de la Somme. Abattu probablement par un canon anti-aérien australien, il a pu poser son avion avant de rendre l’âme. D’après le travail de : Jules LE HOUEDEC et Elouan CRENN Les mutineries durant la Première Guerre mondiale (1) Au cours de la Première Guerre mondiale, des mutineries éclatent au front, notamment à cause de l’offensive de Nivelle sur le Chemin des Dames en avril 1917. Les conditions de vie déplorables touchent physiquement et psychologiquement les soldats. Même si ceux-ci gardent l’espoir de gagner cette bataille, la fortification allemande fait tomber à l’eau les plans de l’offensive qui est mise en échec. Les soldats désespérés par cette nouvelle se mutinent pour manifester leur mécontentement : ils en ont assez de ces offensives aussi vaines que terriblement meurtrières. Lettre de Gaston Lavy, un soldat à bout. Les causes de la mutinerie Sur la lettre ci-dessus, le soldat Gaston Lavy nous explique les raisons de la mutinerie des soldats : il parle des conditions subies au cours de la guerre et dit également que des mots s’échangent à voix basse, des groupes se forment, la révolte est tapie dans l’ombre, la lassitude gagne les soldats. La mutinerie désigne le fait de se rebeller, de se révolter contre l’autorité. En 1917, les soldats français ne veulent plus de boucherie, ils veulent la liberté. Le 16 avril 1917, six soldats du 151ème régiment d’infanterie abandonnent leur poste face à l’ennemi, ce qui marque le début des mutineries, elles commencent dès le premier jour de l’offensive du Chemin des Dames. Elles sont notamment provoquées par : - la lassitude - les conditions déplorables de la guerre - l’influence d’autres unités qui se révoltent - les visions d’horreur pendant la guerre Sentence exécutée à l’encontre des soldats Une sévère répression contre les mutineries Il existait différentes formes de mutineries, les plus fréquentes étaient surtout l’automutilation et la désertion. Les coupables de ce genre de mutinerie étaient soit exécutés ou envoyés dans le no man’s land, pour montrer l’exemple aux autres soldats susceptibles de provoquer une mutinerie. En 1917, 554 mises à mort auraient dû être exécutées, mais seulement 50 ont eu lieu. En tout, il y a eu 3 500 condamnations dont 1380 aux travaux forcés ou à de longues peines de prison. Pour éviter d’autres mutineries, le Maréchal Pétain s’est engagé à améliorer les conditions de vie des soldats (il va à la rencontre des soldats, il rétablit les permissions afin de regagner la confiance des soldats et leur redonner espoir.). Sources : Wikipédia, Manuel scolaire et livres sur la première guerre mondiale,bdic.fr Sources : wikipedia, beaugency.over-blog.com Sur cette photo, nous pouvons voir un soldat, condamné à mort pour avoir déserté ou s’être mutilé pour échapper à la guerre. Il est fusillé en guise d’exemple, pour dissuader les autres soldats de provoquer une mutinerie. Anthony Page Maxime Toullec Les mutineries durant la Première Guerre mondiale (2) Les soldats envoyés dans le no man’s land Différentes manières de se mutiner Les soldats se mutinaient pour ne pas aller au combat. La mutinerie comprend la mutilation : certains soldats se tiraient une balle dans une jambe, un pied ou le bras pour être considérés comme inaptes à combattre. Même les soldats qui se blessaient accidentellement étaient parfois punis. 7 soldats envoyés dans le no man’s land pour avoir tenté d’échapper à la guerre en se mutilant ou en se rebellant. On peut voir la dureté des punitions, étant donné que ces hommes étaient châtiés par des hommes de la même nationalité. En 1917, la guerre faisait des milliers de morts, c’était un massacre, les soldats étaient découragés et se rebellaient. L’influence des Russes dans ces mutineries « La Révolution russe de 1917 et la montée de l'Internationale ont joué un rôle dans cette grande crise, notamment à travers des tracts et certains journaux révolutionnaires. Soldats russes et français dans une tranchée Peut-être les soldats français ont-ils été influencés par l'exemple des soldats russes qui combattaient à leurs côtés. En effet, les survivants des 20 000 soldats de deux brigades russes, venues sur le front français en mars 1916, refusent de continuer le combat après l'offensive Nivelle et de nombreuses pertes. Mais c'est avant tout l'annonce tardive de la Révolution de Février en Russie qui va motiver ces troupes pour réclamer leur rapatriement., les mutins russes décident de renvoyer leurs officiers et de s'autogérer. Ceux-ci vont mener pendant trois mois les négociations avec les autorités russes du gouvernement provisoire qui refusent leur retour vers leur pays. Finalement, l'assaut est donné le 16 septembre par des troupes françaises et le concours d'artilleurs russes. Les combats font près de 200 morts chez les insurgés. Les brigades seront dissoutes et leurs dirigeants arrêtés. Après la Révolution d’Octobre , il est encore moins question de les rapatrier. On leur ordonne d'intégrer des compagnies de travail. Ceux qui refusent seront envoyés dans des camps disciplinaires en Algérie. Les premiers soldats ne rentrent en Russie que fin 1919. » Extrait de Wikipedia Des soldats russes et français regroupés dans les tranchées pour se battre contre les Allemands. Les prisonniers de guerre allemands : le camp de l’Ile-Longue Le camp de prisonniers de l’Ile Longue Un camp d’internement : 5 300 prisonniers au total L’Ile Longue, située dans la Rade de Brest et appartenant à la commune de Crozon, accueille pendant la Première Guerre mondiale le premier camp français d’internés civils. En effet, il reçoit des passagers allemands, autrichiens, hongrois qui voyageaient à bord du paquebot Nieuw Amsterdam arraisonné par la marine française alors qu’il effectuait la traversée entre New York et Amsterdam. Confrontées à la présence de prisonniers civils, les autorités françaises décident de les interner dans un camp à l’Ile Longue. Die Lagerstrasse (la rue du camp) avec les baraquements Géographiquement éloigné de la zone de combat et du territoire allemand, ce petit territoire à la pointe du Finistère constitue un site idéal d’autant qu’il est aisé à surveiller. Le camp est construit par le Génie à partir de novembre 1914, puis par les détenus eux-mêmes, rejoints rapidement par des soldats prisonniers de guerre. Plus de 5000 hommes y sont passés (Allemands, Autrichiens, Hongrois, Ottomans, Alsaciens-Lorrains…) mais jamais plus de 2000 à la fois. Certains y sont restés quelques semaines, d’autres cinq ans. Un lieu de souffrance Il existe au sein du camp une hiérarchie sociale : les riches engagent, à leur service, les plus pauvres. Ceux-ci ne sont pas assez nourris par le camp et ne reçoivent pas de colis de leur famille. Ils n’hésitent donc pas à explorer les cuisines et leurs... déchets. Le camp reste en service jusqu’à la fin décembre 1919, date à laquelle les derniers prisonniers le quittent. Un camp de travail Les internés n’ont parfois aucune langue commune avec leurs voisins (25 langues différentes parlées au camp), ce qui rend la communication difficile et accentue l’isolement ressenti par certains, en particulier ceux qui ne sont pas de culture germanique. Trente prisonniers sont décédés dans le camp, en particulier au moment de l’épidémie de grippe espagnole. Des prisonniers du camp. Celui-ci, qui a la réputation d’être calme, n’en est pas moins un camp de travail. Sources : www.ilelongue14-18.eu/ www.archives-finistere.fr www.defense.gouv.fr/marine/dossiers/l-ile-longue/l-ile-longue-quelle-histoire-! Les prisonniers de guerre allemands : le camp de l’Ile-Longue (2) Les particularités matérielles C’est un camp créé sur environ sept hectares qui compte une centaine de baraques en bois. Les prisonniers y cultivent leurs propres potagers. Les internés bénéficient d’espaces, de locaux spécifiques pour les cuisines, la cantine, les douches, l’infirmerie, le lavage et le séchage du linge, les latrines, la bibliothèque, le théâtre, les concerts de musique, les ateliers d’artisanat, les cours. Ils disposent aussi d’un terrain de football, d’un jeu de quilles et de deux courts de tennis. Au premier plan le potager cultivé par les prisonniers euxmêmes. A l’arrière-plan, le terrain de sport. En cherchant à rester actifs et en ne négligeant pas leur condition physique, les détenus préservent leur dignité d’hommes. Livret de présentation d’une opérette jouée à l’Ile Longue L'Opérette ''Im Weissen Rössl'' (l'auberge du Cheval Blanc) est jouée au camp en novembre et décembre 1917. Elle est tirée de la comédie de Blumenthal et Kadelburg Photographie de groupe de prisonniers allemands, 1918 Le journal « Die Insel Woche » Une exception culturelle La présence de nombreux artistes et intellectuels rend unique le camp de l’Ile Longue. Y ont été retenus prisonniers : - Georg Wilhelm Pabst (futur cinéaste de renom). Grâce à lui et à ses nombreuses mises en scène, le théâtre du camp devient une réussite durable et reconnue. On donne une représentation théâtrale par semaine. - Fritz Sauckel qui devient par la suite l’un des principaux dignitaires du régime nazi en organisant le Service de travail obligatoire. - des hommes d’affaires, des ingénieurs, des musiciens, des chefs d’orchestre, des peintres, des écrivains… La « Semaine de l’Ile » est un journal écrit pas les prisonniers allemands lors de la guerre 14-18 pour se détendre. Malgré la censure, ils parviennent tout de même à faire paraître quelques articles subversifs. Les prisonniers lancent aussi une souscription pour acheter un piano, et y parviennent. Un concert est donné chaque dimanche. Ils réalisent également, à partir de mai 1915, un journal hebdomadaire « Die Insel Woche » qui informe sur la vie du camp. Ludivine Diquelou Mélia Brehonnet Un Etat en guerre (1) Des économies de guerre Une mobilisation économique : le rôle déterminant de l’État Par sa durée et son intensité la Première Guerre mondiale prouve que la puissance économique détermine la puissance militaire. Il faut reconvertir l’économie, construire de nouvelles usines d’armement, produire et transporter des canons, des obus, mais aussi des avions et des chars en quantité industrielle. Fabrications et échanges sont donc réglementées dans un but d’efficacité et de coordination entre puissances alliées. Les États sont conduits à organiser l’économie pour orienter les productions, répartir les matières premières, fixer les prix et mobiliser la main d’œuvre. Une mobilisation de toute la main-d’œuvre disponible Trouver de la main-d’œuvre n’est pas aisé alors que l’armée réclame toujours plus de soldats. Ainsi, dès 1915, bon nombre d’ouvriers qualifiés (métallurgie, chimie, mécanique…) sont rappelés à l’arrière. Réalisé par l'artiste Abel Faivre, le dessin est composé d’une pièce de monnaie et d’un soldat allemand, l’arme à la main. Il est terrassé par la pièce d’or de laquelle se détache un coq lancé à l’attaque, son bec visant les yeux exorbités de terreur du soldat. Il s’agit donc d’inciter les civils à prêter de l’argent à l’État, l’argent étant présenté comme le nerf de la guerre. Le recours à une nouvelle main-d'œuvre Mais on fait aussi appel aux étrangers et aux ressortissants des colonies. On peut compter 250 000 européens (Espagnols, Portugais, Italiens, Grecs…), 132 000 Maghrébins, 49 000 Indochinois, 55 000 Malgaches et 40 000 Chinois... Concernant les femmes, la guerre ne signifie pas l’entrée à l’usine car elles y étaient déjà nombreuses en 1914. Elles accèdent en revanche à des secteurs nouveaux (métallurgie et industrie mécanique). Le nombre de femmes employées dans l’industrie en France représente environ un quart de la main d’œuvre industrielle. C’est le temps des munitionnettes. Sources : Manuel d’histoire, 1ère L, ES, S, Collection Sébastien Cote, NATHAN, 2011 http://tpe-liberty-censure-propagande.e-monsite.com/pages/pendant-la-1ereguerre-mondiale/la-censure-durant-la-premiere-guerre-mondiale-1914-a-1918.html http://archives.allier.fr/2168-la-censure-pendant-la-1ere-guerre-mondiale.htm Ouvriers étrangers et femmes travaillant dans une usine de munitions française. Un Etat en guerre (2) Un État qui fait de la propagande La mobilisation des esprits Entretenir le moral de l’arrière : Engagé dans une guerre d’usure, l’arrière doit tenir. Pour ne pas affaiblir, le moral des populations, l’information est contrôlée, les articles de presse souvent censurés, les lettres des soldats sont soigneusement lues pour que de mauvaises nouvelles ne parviennent pas aux familles. La propagande devient une activité centrale de la guerre. Image de propagande. On peut y voir une poupée alsacienne montrant l’attachement à cette région perdue en 1870, une maman peut être en deuil enlaçant sa petite fille probablement orpheline et le cadre au dessus de la tête du lit montrant la portait du père de famille. Renforcer l’unité nationale : La propagande tente de construire et de consolider le consensus national. Les causes du combat sont quotidiennement rappelées aux civils, l’ennemi est stigmatisé, diabolisé même, puisque de fausses légendes circulent sur son compte. Les Allemands couperaient ainsi les mains des petites filles. Le « bourrage de crâne » implique également les enfants qui participent à la mobilisation par le biais de l’école. L’état de guerre se répercute sur toutes les populations qui s’installent alors dans une véritable « culture de guerre », permettant aux hommes de tenir, au front comme à l’arrière. Censure de la presse Un État pratiquant la censure Le 2 août 1914, le décret sur l’état de siège suspend la liberté de la presse. Désormais, l’autorité militaire peut interdire toute publication jugée dangereuse. Un bureau de la presse du ministère de la guerre, chargé d’organiser la censure, est aussi créé. Il n’est donc plus question ni de liberté d'expression ni de liberté d'information. Si l'on peut difficilement empêcher les soldats et la population de penser et de parler, en revanche, on peut confisquer l'écrit pour tenter d'orienter encore davantage les pensées. La censure passe tout d’abord par des informations venant du front peu nombreuses et contrôlées par l'État. On trouve aussi des censures sur les morts. Effectivement, de nombreuses personnes ont été fusillées sans que l’on retrouve de trace d’eux. Le Parlement décide d’interdire, dès le 4 août 1914, la publication de nouvelles pouvant affecter le moral des troupes et de l'arrière. L'État français pratique également la censure afin de dissimuler les informations susceptibles d’être utilisées par l’ennemi. Solenna LE BIHAN Laurine LE GOFF Exemplaire du Canard enchaîné publié en septembre 1916. Certains articles n’ont pas passé la censure, ce qui laisse en blanc plusieurs parties de la une. Les femmes dans la guerre : le front de l’arrière (1) Labourage des champs par les femmes. Pendant la guerre, les femmes ont pris la place des hommes... et des animaux de bât. Les femmes aux champs C’est le 7 août 1914 que les femmes sont mobilisées sur les champs par « l’appel de René Viviani », le Président du Conseil et inventeur de l’impôt sur le revenu : « Debout, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie. Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille [...] Debout ! À l'action ! À l'œuvre ! » Les femmes remplacent donc les hommes aux champs, en prenant en charge les travaux et les tâches quotidiennes. Elles labourent les champs, manœuvrent la charrue, récoltent les pommes de terre, le blé, elles réparent le hangar et soignent leurs mains usées par l'ouvrage tout en s’occupant des enfants. Elles sont 3 200 000 ouvrières agricoles. D’après un témoignage, travailler aux champs n’était pas de tout repos : « Nous avions une charrue toute simple, un araire avec un manche fait pour un homme. Pour moi, il était bien trop haut. Quand je faisais les sillons avec cet engin, chaque fois que j’accrochais une pierre, je recevais le manche dans la poitrine ou dans le visage. Pour moi labourer était un vrai calvaire. » Les femmes dans l’industrie Les femmes des villes, elles, travaillent dans les nombreuses entreprises. Le travail d’usine : les ouvrières des industries d’armement En 4 ans, elles ont fabriqué 300 millions d’obus et plus de 6 milliards de cartouches. Ces femmes sont appelées « les munitionnettes » car elles travaillent dans les usines d’armement parfois plus de 10 heures par jour à produire des munitions. La France connaît alors un essor du taux de femmes salariées : il passe de 4 % à 31,6 %. Avant la guerre, les femmes avaient déjà un emploi rémunéré mais elles se redistribuent pendant la guerre pour remplacer les hommes et pour occuper les emplois dans l’armement. A l’Ouest de la France, près de 40 % de la main d’œuvre est féminine. Après la guerre, les femmes quittent peu à peu le secteur industriel mais elles restent dans le secteur tertiaire. Ramos Léa Nazé Manon Les munitionnettes : 300 millions d’obus produits dans les usines d’armement françaises, le plus souvent par des femmes. Les femmes dans la guerre : le front de l’arrière (2) La femme au foyer Avant la guerre : une situation d’infériorité Avant la Première Guerre mondiale, le monde du travail est ségrégé en fonction du sexe. En effet, les femmes avant la guerre sont considérées comme faibles, inférieures, incapables de réflexion. Le Code Civil, créé entre 1800 et 1804 à la demande de Napoléon Bonaparte, fait de la femme une éternelle mineure. Le mari lui doit la protection, mais elle lui doit l’obéissance. D’après un témoignage: « Dans mon milieu, on trouvait alors incongru qu'une jeune fille fît des études poussées ; prendre un métier, c'était déchoir. Il va de soi que mon père était vigoureusement anti-féministe [...] ; il estimait que la place de la femme est au foyer et dans les salons. [...] ». Une femme au foyer s’occupant de son enfant et du repas de la famille. Les femmes souffrent de leur situation et ne se sentent pas à leur place avant la guerre de 1914. Pendant la guerre : l’émancipation des femmes La Première Guerre mondiale a joué un rôle important dans l’émancipation des femmes. L’émancipation de la femme dans le domaine du travail. Les hommes étant partis combattre au front, elles représentent la seule main-d’œuvre disponible à l’arrière. Pour elles, ce fût une émancipation économique grâce à l’accès à des postes de responsabilités. Suite à la guerre, les femmes peuvent s’autofinancer grâce à l’accès à un compte bancaire. C’est également une émancipation sociale car les femmes remplacent leurs cheveux longs par des coupes à la garçonne, leurs longues jupes par des pantalons, elles fument la cigarette et conduisent des voitures. De plus, les femmes sont autorisées à occuper quelques postes tertiaires. Puis elles connaissent une émancipation politique avec le droit de vote (accordé dans quelques pays, tels que le Royaume-Uni ou l’Allemagne. En France, il faut attendre 1944...). Les femmes se sentent plus à leur place et tentent de prendre les choses en main en faisant des grèves, du nouveau pour elles. Ainsi, les femmes commencent une nouvelle vie avec de nouveaux droits. Dessin publié dans La Baïonnette le 15 novembre 1917. « Prends garde au môme hein! » Sources : http://femmes1914-1918.blogspot.fr/ www.assistancescolaire.com/enseignant/elementaire/ressources/base-documentaire-en-histoire/la-guerre-de-14-18-et-lemancipation-des-femmes-h_th49t06 Claude Quétel, Les femmes dans la guerre (1939-1945), Larousse, 2006 Evelyne Morin-Rotureau, Combats de femmes (1914-1918), Les femmes, pilier de l'effort de guerre, Autrement, 2004 La médecine de guerre : des progrès considérables (1) « Tous les hôpitaux de campagne se ressemblent : des ambulances qui arrivent, des hommes crasseux, mourants... » Ellen La Motte, infirmière américaine, The backwash of war,1934. La nécessité de soigner de nombreuses blessures Le service de santé aux Armées, rédigé sous la direction d’Alain Larcan. Un tel ouvrage montre l’importance de la médecine durant la Première Guerre mondiale : chirurgie, chirurgie plastique, mais aussi nombreuses amputations... Les tranchées surpeuplées de soldats statiques constituaient un environnement favorable au développement et à la propagation de maladies, dont de nombreuses épidémies qui provoquaient des milliers de décès. Notamment le « pied de tranchées », provoqué par l’humidité et les engelures destinait à l’amputation. Les gaz, l’artillerie lourde, le combat au corps à corps infligeaient aussi de très graves blessures. La « grippe espagnole », inexpliquée et incurable, a également fait de nombreux morts parmi les soldats. 500 000 est le nombre d’amputations estimé lors de la première Guerre Mondiale. 19 millions est le nombre total d’hommes blessés lors de la Première Guerre Mondiale. La chirurgie et les soins Les amputations en temps de guerre : les médecins français ont dû procéder à l’amputation de 56 000 soldats durant le conflit. Sources : 1914-1918 L’ENCYCLOPEDIE DE LA GRANDE GUERRE, éd. Flammarion, 2013 Marie Castel Margot Deletre La médecine de guerre : des progrès considérables (2) Des postes de secours avancés Les postes de secours appelés également point santé, pouvaient gérer plus d’un millier de cas par jour. Il y avait les cas désespérés qui étaient laissés pour mort. Les blessés légers qui étaient renvoyés dans leurs unités. Les cas graves qui étaient acheminés en ambulance, opérés et soignés d’urgence sous une toile de tente. Les chirurgiens militaires pouvaient travailler jusqu’à 16h/jour. Un « point santé » lors de la Première Guerre Mondiale. Une ambulance, en route vers Verdun Le rôle essentiel des femmes : les infirmières sur le front Certains aspects, pourtant importants, ont été longtemps délaissés. Comme, par exemple, le rôle tenu par les femmes. La guerre n’est pas qu’une affaire d’hommes. En effet, les femmes ont un rôle très important pendant la Première Guerre mondiale. Lors de la Guerre 14-18, un poste de secours avancé à proximité du front et qui apportait en urgence les premiers soins était appelé une ambulance. Par extension, le véhicule chargé de transporter les blessés ensuite vers l’arrière prit aussi le nom d’ambulance. Lors de la Première Guerre mondiale, près de 68 000 infirmières se mobilisent et se répartissent dans près de 1 500 hôpitaux auxiliaires. Elles vont au secours des soldats malades et blessés mais interviennent également auprès des populations des régions envahies. Mis à part le fait d’avoir un minimum de connaissances, pour coopérer utilement aux services hospitaliers, il faut, pour être infirmière militaire sur le front, être de nationalité française, être âgée d’au moins 21 ans, avoir une bonne santé et une moralité irréprochable. Etre robuste psychologiquement est aussi un critère indispensable. Les infirmières deviennent ainsi une sorte d’incarnation du dévouement. Les infirmières, héroïnes de guerre. La médecine de guerre : des progrès considérables (3) Des gueules cassées « réparées » par la chirurgie Les progrès manifestes de la médecine de guerre De nombreux progrès médicaux font leur apparition durant la Grande Guerre. La pression et les défis imposés par la guerre ont en effet été à l’origine de la création de nouvelles techniques médicales. Par exemple, la transfusion sanguine aide à remplacer rapidement du sang perdu, ce qui contribue à empêcher les blessés d’entrer en état de choc et de mourir. Les gueules cassées avec ou sans greffes et les conséquences psychologiques. Ces hommes jeunes, souvent défigurés par des explosifs ou des éclats d’obus, ont bénéficié des expérimentations des médecins de l’époque qui ont donné naissance à la chirurgie réparatrice . Il y a aussi de nouvelles méthodes pour traiter les fractures, comme l’extraction du métal de parties du corps sensibles à l’aide d’aimants, le nettoyage des plaies pour éviter l’infection et le traitement des terribles effets de gaz toxiques, qui font alors progresser la médecine de combat. Grâce à ça, près de 90% des soldats blessés, bénéficiant des traitements médicaux survivent. Soigner les dégâts psychologiques La Première Guerre Mondiale fit de nombreux dégâts faciaux, des milliers d’hommes furent défigurés, ce qui demanda un recours à la chirurgie plastique. D’autres sortirent du conflit amputés d’un ou plusieurs membres ou traumatisés par l’expérience qu’ils avaient vécue. Suite à ça, les problèmes psychologiques sont apparus, notamment le syndrome de l’Obus (ou obusite c’est-à-dire un stress post-traumatique), provoqué par les bombardements incessants et la vue de corps déchiquetés). Cela pouvait se traduire par une paralysie, un mutisme ou des tremblements incontrôlés. Pour faire face à ce type de maladie, la médecine militaire eut recours à un nombre croissant de psychiatres. En 1918, les psychiatres sont de plus en plus reconnus et leur nombre se monte à 263 dans l’armée française. Les problèmes psychologiques, dont les troubles du comportement liés au stress du combat, étaient également considérés comme un problème médical. Mais certains voyaient dans le « syndrome de l’obus » une faiblesse et non un problème. Les prothèses : de multiples progrès Prothèses pour les gueules cassées Alors que certains soldats ont quasiment perdu figure humaine, ces prothèses leur rendent une partie de leur visage Les traitements des psychiatres allaient de l’analyse aux électrochocs. En 1917, William Rivers découvre un traitement pour le « syndrome de l’obus ». Marie Castel Margot Deletre Les blessés de guerre : Invalides et Gueules Cassées « A force de chercher sa langue, de s’écouter proférer des borborygmes, Édouard a voulu savoir ; il se voit maintenant dans la vitre. L’éclat d’obus lui a emporté toute la mâchoire inférieure ; en-dessous du nez, tout est vide, on voit la gorge, la voûte, le palais et seulement les dents du haut, et en-dessous, un magma de chairs écarlates avec au fond quelque chose, ça doit être la glotte, plus de langue, la trachée fait un trou rouge humide… Édouard Péricourt a vingt-quatre ans. Il s’évanouit. » (Pierre Lemaître, Au-revoir là-haut, Albin Michel, 2013) Photo de « Gueules cassées » 5 prisonniers de guerre, « des gueules cassées » : expression inventée par le colonel Picot pour évoquer les soldats dont le visage a été déformé à cause des attaques ennemies (éclats d’obus notamment) Quelle vie ont-ils après leur survie? Ces blessés de guerre ne sont pas morts, certes, mais leur vie après la guerre devient un véritable calvaire. Les regards que les autres portent sur eux sont difficiles à supporter, le peu de loisirs que les soldats peuvent encore se permettre ne leur servira pas car ils refusent de sortir par peur d’être jugés. De plus, à la sortie des tranchées, rien n’a été organisé pour les aider à se réinsérer dans la vie active, seuls leurs soins sont prévus. Pourquoi l'histoire des " Gueules Cassées " ne commence-t-elle réellement qu'en 1914-1918 ? Il y a deux raisons pour cela : la première est le nombre de blessés par rapport aux guerres précédentes, celui-ci a augmenté fortement. Au lendemain de la guerre, en Europe, on compte près de 6,5 millions d’invalides, dont environ 300 000 mutilés à 100%, ceux-ci sont soit des amputés de tout membre, des aveugles ou encore des blessés de la face. La deuxième raison est la nature des attaques : la gravité des blessures est souvent impressionnante, celle-ci est justifiée par les tirs d’artillerie massifs, les obus, les bombes, les grenades, les gaz chimiques (le fameux gaz moutarde) et toutes autres explosions. Quelques chiffres pour nous prouver à quel point la guerre a été dévastatrice en France : - 1 400 000 soldats français morts dans les tranchées - 3 595 000 blessés - 1 100 000 invalides permanents - 56 000 amputés Le Soldat Aveugle à l’Aumônier, 1914 De la chirurgie à la réminiscence, un lourd parcours attend les soldats. Pour se faire, 4 centres hospitaliers commencent à voir le jour dès la fin de 1914 à Paris, Lyon et Bordeaux. Des chirurgies ont été mises en place après extirpations et réductions des cicatrices de combats : l’autoplastie, qui consiste à greffer des parties manquantes grâce à des parties du sujet lui-même et les greffes cutanées. Mais qu’il est difficile de retrouver une place dans la société, d’obtenir un travail, de retrouver ou de fonder une vie de famille ! Sources : http://www.gueules-cassees.asso.fr/ http://fr.wikipedia.org/wiki/Gueules_cass%C3%A9es http://www.archives-finistere.fr/ http://buclermont.hypotheses.org/1311 Marine Bourdon Emilie Tavernier Les Arméniens victimes du premier génocide du XXe siècle (1) Les Arméniens avant le génocide La majorité des Arméniens se trouvaient dans l’Empire ottoman, essentiellement dans les sept provinces orientales de l’empire et en Cilicie (Petite Arménie), comme le montre la carte ciaprès. Avant le début du processus d’extermination (1894), il y avait sur le territoire de la Turquie actuelle trois millions d’Arméniens et autant de Turcs ; l’autre moitié de la population était composée d’une véritable mosaïque de peuples (Kurdes, Grecs, Assyro-Chaldéens, Lazes, Tcherkesses, etc.). Une famille arménienne avant le génocide Des Arméniens dénigrés et discriminés dans l’Empire Ottoman Ils étaient considérés comme des citoyens de seconde catégorie qui devaient payer plus d’impôts que les autres. Ils n’avaient pas le droit de porter d’armes (contrairement aux musulmans), et ne pouvaient pas témoigner devant les tribunaux. Dans leur grande majorité, les Arméniens étaient des paysans pauvres qui devaient en plus subir les violences des nomades kurdes armés venant régulièrement les rançonner. Les Arméniens victimes du premier génocide du XXe siècle (2) Les prémices du génocide arménien Le 31 août 1876, le Sultan Mourad V se retire du pouvoir et son frère Abdul Hamid monte sur le trône. Il attise les haines religieuses envers les Arméniens pour consolider son pouvoir. Alors que les Arméniens réclament des réformes, le sultan fait massacrer 200 000 à 300 000 Arméniens. Les violences sont de plus en plus présentes et se répandent. Ils sont dépouillés et convertis de force. Les Eglises sont brûlées et/ou transformées en Mosquées. Déplacement et concentration des Arméniens Les Jeunes Turcs - qui ont formé un parti politique à la fin du XIXe siècle - souhaitent une nation turque racialement homogène. Pour y parvenir, ils optent pour des massacres de masse ainsi que des déportations dans le Sud et l’Ouest de l’empire Ottoman où sont créés des camps de concentration. Certains Arméniens sont aussi déportés dans le désert où ils meurent de soif. D’autres parviennent tout de même à s’enfuir. Entamés à la fin du XIXe siècle, les principaux massacres se déroulent durant la Première Guerre mondiale lors de l’année 1915 (de mai à juillet). L’Empire Ottoman, allié avec l’Empire austro-hongrois et le Reich allemand contre la Russie tsariste, se méfie de sa minorité arménienne, surtout après la défaite de Sarikamich (janvier 1915). Mais les Ottomans refusent de reconnaître leurs actes : le Sultan paie même la presse Américaine pour faire silence à propos de ces massacres. Les Arméniens victimes du premier génocide du XXe siècle (3) Les conséquences du génocide Le peuple arménien est victime d’une véritable saignée démographique : entre les 2/3 et les 3/4 de sa population totale disparaît alors (environ 1,2 million de victimes, certains chiffres se montant même à 1,5 million). De plus, les Arméniens perdent le berceau de leur nation datant de 3.000 ans. Cela entraîne aussi un éclatement de la nation arménienne, soit la création d'une diaspora aux quatre coins du monde. Corps des victimes du génocide Le génocide arménien : un massacre encore tabou Malgré les faits, la loi du silence reste imposée aux Arméniens. En effet, malgré le temps écoulé, le génocide arménien n'a toujours pas été reconnu, et demeure impuni. La Turquie fait même pression, encore aujourd'hui, sur les différents gouvernements pour la nonreconnaissance du génocide arménien. Par exemple, le Royaume-Uni décrète qu’il n’aurait aucun avantage à tirer de la dénonciation du Génocide Arménien, comme le montre ce mémo secret du Foreign and Commonwealth Office (datant de 2009) dans lequel il est précisé que le gouvernement britannique « est exposé à la critique d’un point de vue éthique. Mais étant donnée l’importance de nos relations (politiques, stratégiques et commerciales) avec la Turquie, et dans la mesure où reconnaître le Génocide ne rapporterait au Royaume-Uni, ou aux quelques survivants des massacres encore en vie aujourd’hui, aucun avantage concret, ni n’aiderait au rapprochement entre l’Arménie et la Turquie, la ligne actuellement suivie est la seule option possible.» A l’inverse, d’autres pays, tels la France en 2001, ont reconnu officiellement le génocide arménien s’attirant les foudres d’Ankara comme le montre la caricature ci-dessous. Le Génocide qui fâche ! Dessin de Oli, 24 janvier 2012 Barbara le Moullec Quentin Hascoët Lucy Celton Cossec 9 millions de morts : des sociétés endeuillées La jeunesse européenne fauchée : des générations sacrifiées Une véritable saignée humaine Morts et disparus La Première Guerre mondiale a laissé derrière elle un champ de ruines et une véritable hécatombe. 2 500 000 2 000 000 1 500 000 Elle a fait environ 9 millions de morts, tués pour la plupart au combat. On estime aussi que 500 000 soldats sont décédés après la guerre des suites de blessures lors du conflit ou de maladies contractées pendant la guerre. 1 000 000 500 000 0 Si en valeur absolue, l’Allemagne est le pays le plus touché par cette boucherie, avec près de 2 millions de morts, en pourcentage la France ou l’Autriche-Hongrie la devancent quelque peu avec plus de 16 % des mobilisés tués dans le conflit. La Grande Guerre aura ainsi coûté la vie à près d’1,4 million de jeunes Français. Des familles plongées dans la douleur La très grande majorité de ces victimes sont des hommes de 19 à 40 ans, soit les forces vives des pays européens, les effectifs les plus nombreux de la population active et les générations les plus fécondes. Cela provoque de nombreuses conséquences majeures : vieillissement de la population, notamment parmi les actifs, déséquilibre des sexes au profit des femmes ou encore important déficit des naissances. « Papa sait-il qu’on est vainqueur ? » Dès les premiers mois du conflit, la mort des combattants est massive. Chaque famille de France est appelée à pleurer au moins l’un des siens dans les quatre années qui suivent. A l’issue de la Guerre 14-18, on dénombre pas moins de 3 millions de veuves et six millions d’orphelins dans l’ensemble de l’Europe. La France compte, à elle seule, 1,1 million d’orphelins. Le deuil devient dès lors une réalité omniprésente bien que, le plus souvent, l’absence de corps empêche de l’accomplir pleinement. « Ce qui manqua d’abord Abel Faivre, dessin paru dans l’Écho de Paris, 2 novembre 1918. aux endeuillés de la Grande Guerre, ce fut le corps de ceux qui étaient morts » (S. Audoin-Rouzeau). En effet, enterrés à proximité des champs de bataille, la plupart des corps sont restés, en 1918, dans les cimetières militaires créés près des zones de combat. Toutefois, 240 000 familles ont pu rapatrier, dans leur caveau, la dépouille de leur cher disparu. Cimetière militaire de Vrigny (Marne) Sources : Stéphane Audoin-Rouzeau, La Grande Guerre - le deuil interminable, Le Débat, n° 104, mars-avril 1999 ACOMAR, Histoire du Soldat inconnu (a.c.o.m.a.r.free.fr) CNDP (www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/lieux/autres/1GM/memoire_grandeguerre.htm) www.premiere-guerre-mondiale-1914-1918.com Un devoir de mémoire : plus jamais ça ! La nécropole nationale et l’ossuaire de Douaumont L’ossuaire et la nécropole de Douaumont regroupent les dépouilles de 16 136 Français morts dans la Guerre 14-18, notamment lors de la tristement célèbre bataille de Verdun. Créé en 1923, il présente une forme originale, commune à celle d'un phallus « en action » et à celle d'une épée plantée au sol. Le pommeau de l’épée symboliserait la paix tandis que la forme phallique représenterait le désir, la virilité, la force, l’avenir. C’est donc le désir d'un avenir de paix que l’on doit lire dans ce monument. Une curiosité locale : le monument aux morts de Plozévet Monument aux morts de Penmarc’h Monument sculpté par Pierre Lenoir en 1922. Il ne s’agit pas ici de glorifier le poilu héroïque, mais de rappeler la douleur de ceux qui survivent à ce drame : une femme debout, tête basse, illustre le deuil vécu par de nombreuses familles. Cette veuve, ou cette mère éplorée, incarne ainsi toutes celles qui pleurent leur époux, ou leur fils, disparu dans le conflit. Des lieux de mémoire Au lendemain du conflit, chaque commune se pare d’un monument aux morts : 8654 lieux de mémoire voient ainsi le jour en France et 79 en Belgique . Implantés au cœur des villages, le plus souvent près de l’Église et de la Mairie, ils doivent fixer la mémoire, de façon laïque et républicaine, et deviennent ainsi une cicatrice indélébile au cœur de toutes les villes Sont inscrits sur ces monuments, le nom de tous les enfants de la commune « morts pour la France », qui retrouvent ainsi leur identité, alors qu’ils ont été enterrés loin des leurs. Le 11 novembre 1920, deux après la signature de l’armistice, un soldat inconnu est inhumé, de manière solennelle, sous l’Arc de Triomphe. Il représente et symbolise ainsi tous les soldats français morts au combat et qui n’ont pas été identifiés. Sculpté par René Quillivic en 1922. Contrairement aux habituels monuments aux morts glorifiant les jeunes de la commune tombés au champ d’honneur, voire les mères ou les veuves pleurant qui leur fils, qui leur époux, René Quillivic a choisi d’insister sur la douleur d’un père, Sébastien Le Gouil, le père le plus endeuillé de la commune puisqu’il a perdu trois de ses fils et un gendre. Pauline Berder Tristan Le Guirriec Extrait de « La petite auto » Le poète et écrivain français d’origine polonaise né en 1880, s’est battu durant la Grande guerre, il est blessé à la tempe par un éclat d’obus en 1916. Affaibli par sa blessure, il meurt en 1918 de la grippe espagnole. Ces poèmes ont été écrits par Guillaume Apollinaire et publiés en 1918 dans le recueil « Calligrammes, de la paix et de la guerre ». Guillaume Apollinaire, un poète dans les tranchées De nombreux artistes ont vu la Grande Guerre ou participé à celle-ci. Ils ont réalisé des œuvres décrivant ce qu’ils ont vécu, et exprimant ce qu’ils ont ressenti. On remarque un contraste entre la colombe, symbole de la paix, et le fait qu’elle soit poignardée. « La colombe poignardée et le jet d’eau » Les Artistes dans la Guerre Le roman est paru en 1929, il connait alors un énorme succès et devient un bestseller. Il met en scène et décrit le point de vue d’un jeune soldat allemand sur le front de l’Ouest durant la Première Guerre mondiale. Ce roman symbolise le pacifisme et critique la société allemande qui a conduit au massacre de sa jeunesse. Le héros et ses camarades reviennent tout au long de l'ouvrage sur leurs illusions perdues dès le premier obus, leur jeunesse gâchée, gaspillée, la déshumanisation. On y découvre leur quotidien fait d'adaptation, d'interrogations, l'importance de la camaraderie, mais aussi la carapace qu'ils se sont forgés, la perte des camarades, les réactions humaines dans les moments paroxystiques, les difficultés du quotidien (rats, ravitaillement, inconfort) et tout ce qui les rend supportables. A l’Ouest Rien de Nouveau Erich Maria Remarque est un romancier d’origine allemande naturalisé Américain, né en 1898 et mort en 1970. En 1917, il est envoyé sur le front de l’Ouest où il est blessé. Par la suite plusieurs de ses œuvres ont été adaptées au cinéma. Erich Maria Remarque, un auteur pacifiste Ce tableau représente la rue commerçante de Dresde, dans laquelle l’artiste a longtemps vécu. Il représente dans cette œuvre les conséquences et la vie après la guerre. Huile et collage sur toile, 1920, (101 x 81), musée de Stuttgart. Pragerstrasse, La Rue de Prague Gravure à l’aquatinte, 1924, (35,3 x 47,5), musée historique allemand à Berlin. Dans cette œuvre l’artiste critique les actes de son propre camp en montrant la sauvagerie des soldats allemands lors des assauts. L’assaut sous les gaz Otto Dix est un artiste allemand, né en 1891 et mort en 1969. Il a combattu dans l’armée allemande, et cette expérience l’a marqué. Il a réalisé de nombreuses œuvres sur le thème de la guerre et de l’après-guerre. Otto Dix, un peintre hanté par la Guerre Les Artistes dans la Guerre Les artistes dans la guerre Otto dix « La guerre » par Otto Dix Document iconographique Un tryptique réalisé entre 1929 et 1932 Le polyptyque montre, tour à tour, la montée au front, le champ de bataille (et la mort), le retour du front. Félix Vallotton Peintre allemand associé aux mouvements de l'expressionnisme, il est un des fondateurs de la Nouvelle Objectivité, courant artistique (1918-1930) apparu en Allemagne dans les années 1920 et qui succède à l'expressionnisme, dont il découle par bien des aspects. La Nouvelle Objectivité embrasse toutes les disciplines. Issu d'un milieu ouvrier (son père, Franz Dix, travaillait dans une mine de fer), il reçoit une éducation artistique par sa mère, Pauline Louise Dix. Quand la guerre éclate, il s'engage comme volontaire dans l'artillerie de campagne allemande. L'année suivante, il reçoit une formation de mitrailleur et participe à de nombreuses campagnes en Champagne, dans la Somme ou en Russie dont il sortira vivant. Il a alors en tête des images d'horreur qu'il essaie d'oublier en peignant. « Le fait est que, étant jeune, on ne se rend absolument pas compte que l'on est, malgré tout, profondément marqué. Car pendant des années, pendant 10 ans au moins, j'ai rêvé que je devais ramper à travers des maisons en ruines (sérieusement), à travers des couloirs, où je pouvais à peine passer. Les ruines étaient toujours présentes dans mes rêves ... » Extrait de Wikipédia Peintre français d’origine suisse, Félix Valloton est un artiste peintre, graveur, illustrateur, critique d’art, sculpteur et romancier, né à Lausanne d'une famille bourgeoise protestante. En 1882, il entre à l'Académie Julian à Paris. En moins de dix ans, le jeune Suisse parvient à se faire un nom auprès de l'avant-garde parisienne Dès 1891, il renouvelle l'art de la xylographie. La dernière décennie du siècle est également marquée par son travail d'illustrateur, notamment pour La Revue blanche . À partir de 1900, il délaisse progressivement la gravure et l'illustration pour se consacrer à la peinture. Sa première exposition personnelle a lieu à Zurich en 1909. Il expose régulièrement à Paris. Vallotton est un travailleur acharné, sans cesse à la recherche de nouvelles formes d'expression. Touché par l'horreur de la Première Guerre mondiale, il trouve dans le conflit une source d'inspiration. Il renoue avec le succès vers la fin de la guerre, avant de mourir en 1925. Extrait de Wikipedia Verdun par Félix Vallotton 1917 Trop âgé pour participer aux combats, Félix Vallotton s’est néanmoins approché de la ligne de front en juin 1917 dans le cadre d’une mission de peintres aux armées pour laquelle il était volontaire. Il représente l’effroyable « no man’s land ». Le paysage n’est que désolation avec ses arbres brûlés et ses terres devenues vierges. La cause en est essentiellement les pluies de balles (représentées dans le premier quart de gauche), les incendies rougeoyants et les envois d’obus fumants. Tanguy Le Meur Etsa Julou