Chapitre 1 : L’Europe verrouillée (1815 – 1848)
Introduction : Le Congrès de Vienne
I / « Vae victis »
A. La France vaincue
Le Congrès de Vienne marque la victoire de l’Europe des rois contre la France révolutionnaire qui
avait bousculé l’Europe.
Le 1er octobre 1814, L’Empereur François Ier d’Autriche (ex-François II du St Empire) ouvre le
Congrès de Vienne. Les travaux se font avec peu de séances plénières mais surtout par
commissions. A l’exception de réunion entre chefs d’Etat avec Alexandre Ier, Tsar de toutes les
Russies (Russie de Moscou, Russie blanche de Minsk et la Petite Russie de Kiev berceau de la
Russie), le roi Georges III étant fou, c’est son Premier Ministre qui représente le Royaume-Uni,
s’invite également Talleyrand. A l’occasion de ce Congrès, on invente la valse, donne de
nombreux feux d’artifices, la musique autrichienne est mise en valeur (Schubert,…)
Politiquement, ce Congrès ne reconnaît pas les nationalités : c’et le principe de légitimité des
souverains qui l’emporte sur le droit des peuples à disposer d’eux-mes (retour en arrière). On veut
retrouver une notion d’équilibre des puissances apparue en Europe depuis les Traités de
Westphalie en 1648 où on renonce à l’existence d’un seul Empire européen hégémonique.
Vienne scelle la défaite napoléonienne. Sans marine (surtout sans équipages) après Trafalgar,
Napoléon s lance dans la conquête du continent où il devient l’accoucheur des peuples de
l’Europe moderne. Il suscite pour la première fois des guerres nationales (peuples contre peuples
en Espagne). En Prusse, la défaite en 1 jour (bataille d’Iéna et Auerstedt et l’humiliation des
monarques, relance le rêve romantique d’une nation allemande avec Fichte (Goethe : « Napoléon
souffla sur la Prusse et la Prusse cessa d’exister ») contre la mainmise française sur l’Allemagne
(Confédération du Rhin, Royaume de Bavière, Westphalie,…)
En Italie, les français laissent des souvenirs de libérateur (Milan 1796) comme de destructeurs
(liquidation de la République de Venise en 1806, Royaume de Naples) mais il supprima les Etats
pontificaux, annonçant l’unité italienne (même droit de Naples à Milan).
La catastrophe sera la campagne de Russie en 1812 puis la bataille de Leipzig de 1813 (bataille des
nations) verra la retraite définitive de la Grande Armée.
B. Les 2 traités de Paris
1. La défaite de 1814 et les Cent Jours
Le premier Traité de Paris, du 30 mai 1814 redonne à la France, ses frontières de 1792. Surtout, le
principe de droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est adopté sous la pression de Talleyrand.
Ainsi, les républiques de Montbéliard et Mulhouse et le Comtat Venaissin sont rattachés
définitivement à la France à leur demande. La Savoie-Chambéry et le Comté de Nice qui s’étaient
données à la France lui sont retirées. Dans l’Océan Indien, la France garde l’Ile-Bourbon (Réunion)
mais perd l’Ile-de-France (Maurice).
Mais, l’exilé d’Elbe retrouve le pouvoir après le « Vol de l’Aigle » soutenu par un peuple
nostalgique de son empereur avant de définitivement être vaincu à Waterloo (Hugo : « C’est
l’expiation, l’Europe des Rois, triomphe de l’Europe des peuples »)
2. La fin définitive de 1815
Premier « diktat » avec des alliés qui occupent Paris et 58 départements français. Brune est
lynché, le maréchal Ney est fusillé (sans bandeau, « Visez le cœur !»). Le second traité de Paris du
20 novembre 1815 impose de lourdes indemnités de guerre avec retrait militaire progressif au fur
et à mesure que les indemnités seront versées.
Le but de Metternich est d’affaiblir la France en plaçant des Etat-gendarme à ses frontières pour
annuler le système défensif de Vauban (depuis 1690’s) d’où la frontière biscornue fixée en 1815 :
- Royaume des Pays-Bas qui reçoit les forteresses françaises de Bouillon, Philippeville,…
- Royaume de Prusse qui reçoit les forteresses Sarrebruck et Sarrelouis
- Royaume de Piémont-Sardaigne à qui on donne Nice et la Savoie.
L’article 120 du Traité de Paris ôte au français son statut de langue unique diplomatique d’où un
affaiblissement quasi-définitif de la langue française.
Le jour même de la signature du traité (20 novembre 1815), on signe la première alliance
européenne en temps de paix : la Quadruple Alliance (Roy.-Uni, Autriche, Prusse, Russie) contre
« la fille sanglante de la Révolution ». Dans la foulée, Russie et Autriche signe la Sainte-Alliance
pour la préservation catholique.
Même pour les royalistes, il y a, en France, un sentiment d’humiliation et de besoin de revanche
sur le Congrès de Vienne et le second traité de Paris. Ce besoin de rebâtir peu à peu la puissance
française marquera la diplomatie française jusqu’en 1856 et les victoires de Crimée scellant la
réintégration définitive de la France en Europe.
C. Talleyrand et le droit
Surnommé « le diable boiteux »
A Vienne, il arrive avec son cuisinier et sa maîtresse, donne de grandes fêtes pour convaincre que
c’est Napoléon qui a utilisé les moyens français donc que la responsabilité est celle d’un homme
on d’un peuple.
Dans son ouvrage Droit, ses principes en Europe, il théorise le droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes avant Wilson. Accusés d’être versatile, il affirme n’avoir servi que la France.
Il se résume dans cette phrase : « Je mets le droit d’abord, les conventions ensuite »
II / les Empires triomphent
Apparaissent à l’époque les premiers nationalismes (sans idée péjorative), les nations luttant pour
l’existence, elles se définissent à l’époque comme des « …. »
Les notions de langue et de culture vont inciter les nationalités italiennes et allemandes. La
religion forge également certaines nations : Pologne, Serbie,
A. « Britain rules the waves »
Les Britanniques sont des pragmatiques et des commerçants dont l’île est en Europe périphérique
mais ouverte sur l’Atlantique. En 1815, avec l’élimination de la France, la Grande-Bretagne n’a plus
aucun rival à échelle mondiale (Prusse, Autriche,… sont des puissances seulement continentales).
Le Congrès de Vienne réalise l’un des axiomes britanniques : « lutter contre toute puissance qui
tend à l’hégémonie en Europe », elle n’a pas d’ennemi héréditaire mais des ennemis de
situation (Frédéric II de Prusse : « Les anglais n’ont pas de systèmes, ils n’ont que des principes ») :
- France de Louis XIV (1690’s) jusqu’en 1815 car la flotte française les gêne dans leurs commerces.
- Russie dans 1850’s car peur d’un contrôle des détroits
-Allemagne dès 1900 (Entente Cordiale 1904 puis Triple-Entente 1907) car domine le continent.
En 1811, la GB est ruinée par le blocus continental et des débats à la Chambre des Communes
évoquent la reddition à la France impériale, elle sera sauvée par la folie de la Campagne de Russie.
A partir de 1815, l’Angleterre se relance dans le commerce et devient une « économie-monde ».
(De Gaulle : « l’Angleterre est une île entourée d’eau et elle le restera »)
1 . Les gains
Le Roi d’Angleterre est Roi de Hanovre ce qui lui permet d’hériter de l’ilot d’Helgoland place forte
qui tient l’embouchure de l’Elbe et le port d’Hambourg.
En 1798, avec la prise de Malte par la France et l’expédition d’Egypte, les Anglais ont peur d’être
coupés des Indes, la source première de leur commerce.
L’Empire Ottoman, « homme malade de l’Europe », doit s’en tenir aux exigences britanniques.
Les Anglais prennent également pied sur le Golfe Persique avec la colonie de Koweït qui permet
via le Tigre et l’Euphrate un lien avec les Indes contournant l’Egypte. En Méditerranée, ils se font
attribuer l’île de Malte et les Îles Ioniennes (Corfou) pour sécuriser leur route des Indes.
Dans les Antilles, la GB prend Sainte-Lucie et la Dominique riches en rhum, colorants,…
Pour pouvoir recharger leur navire en eau douce, ils installent des postes le long des côtes (Accra
en Gold Coast, Sierra Leone,…) et à Cape Town qu’ils volent littéralement à la Hollande (sur le
prétexte que Jérôme Bonaparte en avait été le Roi)
Dans l’Océan Indien, ils enlèvent aux Hollandais l’île de Ceylan et la forteresse de Singapour, à la
France l’Ile-de-France (futur Maurice) créant une « thalassocratie britannique »
2. Isoler la France
Il s’agit de créer des Etats-tampon (ou Etats-gendarmes) avec :
-le Royaume des Pays-Bas liquidant la République Batave pour installer Guillaume Ier, un roi quasi-
absolu qui dominera aussi les anciens Pays-Bas autrichiens (Belgique) et à titre personnel
Guillaume Ier reçoit le Grand-duché de Luxembourg. Les ports de la Mer du Nord ainsi à une
moyenne puissance amie de l’Angleterre avec Anvers pistolet braqué sur le cœur de
l’Angleterre » tenant l’embouchure de la Meuse) et l’embouchure du Rhin.
-La Confédération Helvétique, imaginée par Napoléon, est confirmée par Vienne qui garantit le 9
juin 1815, la neutralité suisse (uniquement forces d’autodéfense) mais lui autorisant une flotte car
le Rhin devient international (barrages interdits,…).
-Le Royaume de Piémont-Sardaigne qui double de volume en recevant la Savoie-Chambéry, le
Comté de Nice et la République de Gênes qui disparaît.
Craignant une hégémonie russe, la GB crée une « ceinture germanique » renforçant l’Autriche et la
Prusse pour se protéger du Tsar.
Les Anglais commettent cependant une erreur n’invitant pas « l’homme malade de l’Europe »,
l’Empire Ottoman où les peuples des Balkans s’agitent (1804 : Insurrection de Belgrade) avec des
attentats, révoltes,…
La GB interdit également le commerce triangulaire se lançant dans une véritable chasse aux
trafiquants d’esclaves, aidée plus tard par la France et les Etats du Nord des USA. Les esclaves
libérés sont ainsi laissés dans des ports sur la côte africaine (Gold Coast pour GB, Freetown et le
Libéria pour USA, Libreville au Gabon pour France)
B. Le Tsar de toutes les Russies
La Russie, elle aussi, se paie en nature en annexant une grande partie de l’ancien Grand-duché de
Varsovie (l’autre revenant à la Prusse) et le Tsar se déclare Roi de Pologne (aberration).
L’empereur François Ier sera lui président d’une république fantoche de Cracovie.
La Russie s’empare également du Grand-duché de Finlande ancienne possession de la Suède
punie d’avoir pour roi Bernadotte, traître trop tardif qui perd également des terres en Poméranie
mais récupère la Norvège (ancienne possession danoise) en 1814, les Anglais souhaitant qu’une
puissance crédible contrôle le débouché de la Baltique (cf. romans d’Alexander Kent).
Le Frédéric VI du Danemark reçoit le Holstein et le Schleswig en possession personnelle pour ne
pas qu’il soit trop affaibli par la perte de la Norvège.
Le Tsar s’installe dans l’actuelle Moldavie en Bessarabie et on lui reconnaît un droit de protection
sur les orthodoxes ottomans, il commence à se projeter vers le Moyen-Orient et l’Asie Centrale.
Les Russes utiliseront dans le Caucase, le système utilisé par les Autrichiens dans les Balkans des
soldats-colons : après la conquête par la force, les soldats colonisent et les populations sont
russisées.
C. La Prusse, « gendarme de l’Europe »
La Prusse se venge de l’humiliation de 1806 en s’agrandissant au Nord en Poméranie aux dépends
de la Suède, à l’Est sur la Pologne notamment sur la ville de Dantzig, annexe la moitié du royaume
de Saxe. Mais surtout, les anglais acceptent que la Prusse s’installe sur la rive gauche du Rhin pour
surveiller la France, annexant le royaume de Westphalie, elle possède désormais les villes de Aix-
la-Chapelle, Cologne et l’ensemble de la Ruhr, futur cœur industriel de l’Allemagne.
Les prussiens se dotent de la première armée du monde avec un service militaire de 3 ans, une
école d’état-major et une modernisation qui en fera la première puissance militaire du XIXème.
D. Le système de Metternich
Le Prince de Metternich, ancien ambassadeur d’Autriche à Paris, parle brillamment le français
mais est un homme froid qui ne recule devant rien pour arriver à ses fins. Véritable homme d’Etat,
il tient à assurer la sécurité et à agrandir l’Empire mais est également un homme d’art.
Si le Congrès de Vienne a duré si longtemps c’est à cause de la question de la restauration du St
Empire Romain Germanique, qui apparaîtra finalement comme impossible. Cependant, on
conserve une Confédération Germanique (selon l’appellation voulue par Napoléon) de 39 états
aux liens lâches avec une Diète fédérale à Francfort. Metternich obtient que lors des réunions de
cette Diète, l’Empereur d’Autriche soit reconnu comme le « primus inter pares » pour être certain
que s’il y a une unité allemande, elle ne puisse se faire sans l’Autriche. Le nombre d’Etats déçoit
l’opinion publique, les nationalistes allemands pour qui le peuple allemand est encore trop divisé
politiquement.
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !