Chapitre 1 : L`Europe verrouillée (1815 – 1848)

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Chapitre 1 : L’Europe verrouillée (1815 – 1848)
Introduction : Le Congrès de Vienne
I / « Vae victis »
A. La France vaincue
Le Congrès de Vienne marque la victoire de l’Europe des rois contre la France révolutionnaire qui
avait bousculé l’Europe.
Le 1er octobre 1814, L’Empereur François Ier d’Autriche (ex-François II du St Empire) ouvre le
Congrès de Vienne. Les travaux se font avec peu de séances plénières mais surtout par
commissions. A l’exception de réunion entre chefs d’Etat avec Alexandre Ier, Tsar de toutes les
Russies (Russie de Moscou, Russie blanche de Minsk et la Petite Russie de Kiev berceau de la
Russie), le roi Georges III étant fou, c’est son Premier Ministre qui représente le Royaume-Uni,
s’invite également Talleyrand. A l’occasion de ce Congrès, on invente la valse, donne de
nombreux feux d’artifices, la musique autrichienne est mise en valeur (Schubert,…)
Politiquement, ce Congrès ne reconnaît pas les nationalités : c’et le principe de légitimité des
souverains qui l’emporte sur le droit des peuples à disposer d’eux-mes (retour en arrière). On veut
retrouver une notion d’équilibre des puissances apparue en Europe depuis les Traités de
Westphalie en 1648 où on renonce à l’existence d’un seul Empire européen hégémonique.
Vienne scelle la défaite napoléonienne. Sans marine (surtout sans équipages) après Trafalgar,
Napoléon s lance dans la conquête du continent où il devient l’accoucheur des peuples de
l’Europe moderne. Il suscite pour la première fois des guerres nationales (peuples contre peuples
en Espagne). En Prusse, la défaite en 1 jour (bataille d’Iéna et Auerstedt et l’humiliation des
monarques, relance le rêve romantique d’une nation allemande avec Fichte (Goethe : « Napoléon
souffla sur la Prusse et la Prusse cessa d’exister ») contre la mainmise française sur l’Allemagne
(Confédération du Rhin, Royaume de Bavière, Westphalie,…)
En Italie, les français laissent des souvenirs de libérateur (Milan 1796) comme de destructeurs
(liquidation de la République de Venise en 1806, Royaume de Naples) mais il supprima les Etats
pontificaux, annonçant l’unité italienne (même droit de Naples à Milan).
La catastrophe sera la campagne de Russie en 1812 puis la bataille de Leipzig de 1813 (bataille des
nations) verra la retraite définitive de la Grande Armée.
B. Les 2 traités de Paris
1.
La défaite de 1814 et les Cent Jours
Le premier Traité de Paris, du 30 mai 1814 redonne à la France, ses frontières de 1792. Surtout, le
principe de droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est adopté sous la pression de Talleyrand.
Ainsi, les républiques de Montbéliard et Mulhouse et le Comtat Venaissin sont rattachés
définitivement à la France à leur demande. La Savoie-Chambéry et le Comté de Nice qui s’étaient
données à la France lui sont retirées. Dans l’Océan Indien, la France garde l’Ile-Bourbon (Réunion)
mais perd l’Ile-de-France (Maurice).
Mais, l’exilé d’Elbe retrouve le pouvoir après le « Vol de l’Aigle » soutenu par un peuple
nostalgique de son empereur avant de définitivement être vaincu à Waterloo (Hugo : « C’est
l’expiation, l’Europe des Rois, triomphe de l’Europe des peuples »)
2. La fin définitive de 1815
Premier « diktat » avec des alliés qui occupent Paris et 58 départements français. Brune est
lynché, le maréchal Ney est fusillé (sans bandeau, « Visez le cœur !»). Le second traité de Paris du
20 novembre 1815 impose de lourdes indemnités de guerre avec retrait militaire progressif au fur
et à mesure que les indemnités seront versées.
Le but de Metternich est d’affaiblir la France en plaçant des Etat-gendarme à ses frontières pour
annuler le système défensif de Vauban (depuis 1690’s) d’où la frontière biscornue fixée en 1815 :
- Royaume des Pays-Bas qui reçoit les forteresses françaises de Bouillon, Philippeville,…
- Royaume de Prusse qui reçoit les forteresses Sarrebruck et Sarrelouis
- Royaume de Piémont-Sardaigne à qui on donne Nice et la Savoie.
L’article 120 du Traité de Paris ôte au français son statut de langue unique diplomatique d’où un
affaiblissement quasi-définitif de la langue française.
Le jour même de la signature du traité (20 novembre 1815), on signe la première alliance
européenne en temps de paix : la Quadruple Alliance (Roy.-Uni, Autriche, Prusse, Russie) contre
« la fille sanglante de la Révolution ». Dans la foulée, Russie et Autriche signe la Sainte-Alliance
pour la préservation catholique.
Même pour les royalistes, il y a, en France, un sentiment d’humiliation et de besoin de revanche
sur le Congrès de Vienne et le second traité de Paris. Ce besoin de rebâtir peu à peu la puissance
française marquera la diplomatie française jusqu’en 1856 et les victoires de Crimée scellant la
réintégration définitive de la France en Europe.
C. Talleyrand et le droit
Surnommé « le diable boiteux »
A Vienne, il arrive avec son cuisinier et sa maîtresse, donne de grandes fêtes pour convaincre que
c’est Napoléon qui a utilisé les moyens français donc que la responsabilité est celle d’un homme
on d’un peuple.
Dans son ouvrage Droit, ses principes en Europe, il théorise le droit des peuples à disposer d’euxmêmes avant Wilson. Accusés d’être versatile, il affirme n’avoir servi que la France.
Il se résume dans cette phrase : « Je mets le droit d’abord, les conventions ensuite »
II / les Empires triomphent
Apparaissent à l’époque les premiers nationalismes (sans idée péjorative), les nations luttant pour
l’existence, elles se définissent à l’époque comme des « …. »
Les notions de langue et de culture vont inciter les nationalités italiennes et allemandes. La
religion forge également certaines nations : Pologne, Serbie,…
A. « Britain rules the waves »
Les Britanniques sont des pragmatiques et des commerçants dont l’île est en Europe périphérique
mais ouverte sur l’Atlantique. En 1815, avec l’élimination de la France, la Grande-Bretagne n’a plus
aucun rival à échelle mondiale (Prusse, Autriche,… sont des puissances seulement continentales).
Le Congrès de Vienne réalise l’un des axiomes britanniques : « lutter contre toute puissance qui
tend à l’hégémonie en Europe », elle n’a pas d’ennemi héréditaire mais des ennemis de
situation (Frédéric II de Prusse : « Les anglais n’ont pas de systèmes, ils n’ont que des principes ») :
- France de Louis XIV (1690’s) jusqu’en 1815 car la flotte française les gêne dans leurs commerces.
- Russie dans 1850’s car peur d’un contrôle des détroits
-Allemagne dès 1900 (Entente Cordiale 1904 puis Triple-Entente 1907) car domine le continent.
En 1811, la GB est ruinée par le blocus continental et des débats à la Chambre des Communes
évoquent la reddition à la France impériale, elle sera sauvée par la folie de la Campagne de Russie.
A partir de 1815, l’Angleterre se relance dans le commerce et devient une « économie-monde ».
(De Gaulle : « l’Angleterre est une île entourée d’eau et elle le restera »)
1 . Les gains
Le Roi d’Angleterre est Roi de Hanovre ce qui lui permet d’hériter de l’ilot d’Helgoland place forte
qui tient l’embouchure de l’Elbe et le port d’Hambourg.
En 1798, avec la prise de Malte par la France et l’expédition d’Egypte, les Anglais ont peur d’être
coupés des Indes, la source première de leur commerce.
L’Empire Ottoman, « homme malade de l’Europe », doit s’en tenir aux exigences britanniques.
Les Anglais prennent également pied sur le Golfe Persique avec la colonie de Koweït qui permet
via le Tigre et l’Euphrate un lien avec les Indes contournant l’Egypte. En Méditerranée, ils se font
attribuer l’île de Malte et les Îles Ioniennes (Corfou) pour sécuriser leur route des Indes.
Dans les Antilles, la GB prend Sainte-Lucie et la Dominique riches en rhum, colorants,…
Pour pouvoir recharger leur navire en eau douce, ils installent des postes le long des côtes (Accra
en Gold Coast, Sierra Leone,…) et à Cape Town qu’ils volent littéralement à la Hollande (sur le
prétexte que Jérôme Bonaparte en avait été le Roi)
Dans l’Océan Indien, ils enlèvent aux Hollandais l’île de Ceylan et la forteresse de Singapour, à la
France l’Ile-de-France (futur Maurice) créant une « thalassocratie britannique »
2. Isoler la France
Il s’agit de créer des Etats-tampon (ou Etats-gendarmes) avec :
-le Royaume des Pays-Bas liquidant la République Batave pour installer Guillaume Ier, un roi quasiabsolu qui dominera aussi les anciens Pays-Bas autrichiens (Belgique) et à titre personnel
Guillaume Ier reçoit le Grand-duché de Luxembourg. Les ports de la Mer du Nord ainsi à une
moyenne puissance amie de l’Angleterre avec Anvers (« pistolet braqué sur le cœur de
l’Angleterre » tenant l’embouchure de la Meuse) et l’embouchure du Rhin.
-La Confédération Helvétique, imaginée par Napoléon, est confirmée par Vienne qui garantit le 9
juin 1815, la neutralité suisse (uniquement forces d’autodéfense) mais lui autorisant une flotte car
le Rhin devient international (barrages interdits,…).
-Le Royaume de Piémont-Sardaigne qui double de volume en recevant la Savoie-Chambéry, le
Comté de Nice et la République de Gênes qui disparaît.
Craignant une hégémonie russe, la GB crée une « ceinture germanique » renforçant l’Autriche et la
Prusse pour se protéger du Tsar.
Les Anglais commettent cependant une erreur n’invitant pas « l’homme malade de l’Europe »,
l’Empire Ottoman où les peuples des Balkans s’agitent (1804 : Insurrection de Belgrade) avec des
attentats, révoltes,…
La GB interdit également le commerce triangulaire se lançant dans une véritable chasse aux
trafiquants d’esclaves, aidée plus tard par la France et les Etats du Nord des USA. Les esclaves
libérés sont ainsi laissés dans des ports sur la côte africaine (Gold Coast pour GB, Freetown et le
Libéria pour USA, Libreville au Gabon pour France)
B. Le Tsar de toutes les Russies
La Russie, elle aussi, se paie en nature en annexant une grande partie de l’ancien Grand-duché de
Varsovie (l’autre revenant à la Prusse) et le Tsar se déclare Roi de Pologne (aberration).
L’empereur François Ier sera lui président d’une république fantoche de Cracovie.
La Russie s’empare également du Grand-duché de Finlande ancienne possession de la Suède
punie d’avoir pour roi Bernadotte, traître trop tardif qui perd également des terres en Poméranie
mais récupère la Norvège (ancienne possession danoise) en 1814, les Anglais souhaitant qu’une
puissance crédible contrôle le débouché de la Baltique (cf. romans d’Alexander Kent).
Le Frédéric VI du Danemark reçoit le Holstein et le Schleswig en possession personnelle pour ne
pas qu’il soit trop affaibli par la perte de la Norvège.
Le Tsar s’installe dans l’actuelle Moldavie en Bessarabie et on lui reconnaît un droit de protection
sur les orthodoxes ottomans, il commence à se projeter vers le Moyen-Orient et l’Asie Centrale.
Les Russes utiliseront dans le Caucase, le système utilisé par les Autrichiens dans les Balkans des
soldats-colons : après la conquête par la force, les soldats colonisent et les populations sont
russisées.
C. La Prusse, « gendarme de l’Europe »
La Prusse se venge de l’humiliation de 1806 en s’agrandissant au Nord en Poméranie aux dépends
de la Suède, à l’Est sur la Pologne notamment sur la ville de Dantzig, annexe la moitié du royaume
de Saxe. Mais surtout, les anglais acceptent que la Prusse s’installe sur la rive gauche du Rhin pour
surveiller la France, annexant le royaume de Westphalie, elle possède désormais les villes de Aixla-Chapelle, Cologne et l’ensemble de la Ruhr, futur cœur industriel de l’Allemagne.
Les prussiens se dotent de la première armée du monde avec un service militaire de 3 ans, une
école d’état-major et une modernisation qui en fera la première puissance militaire du XIXème.
D. Le système de Metternich
Le Prince de Metternich, ancien ambassadeur d’Autriche à Paris, parle brillamment le français
mais est un homme froid qui ne recule devant rien pour arriver à ses fins. Véritable homme d’Etat,
il tient à assurer la sécurité et à agrandir l’Empire mais est également un homme d’art.
Si le Congrès de Vienne a duré si longtemps c’est à cause de la question de la restauration du St
Empire Romain Germanique, qui apparaîtra finalement comme impossible. Cependant, on
conserve une Confédération Germanique (selon l’appellation voulue par Napoléon) de 39 états
aux liens lâches avec une Diète fédérale à Francfort. Metternich obtient que lors des réunions de
cette Diète, l’Empereur d’Autriche soit reconnu comme le « primus inter pares » pour être certain
que s’il y a une unité allemande, elle ne puisse se faire sans l’Autriche. Le nombre d’Etats déçoit
l’opinion publique, les nationalistes allemands pour qui le peuple allemand est encore trop divisé
politiquement.
L’Autriche protège aussi le Royaume de Bavière, catholique (comme l’Autriche), crée par
Napoléon mais qui le trahira, en lui donnant une partie du Palatinat pour opposer à la Prusse, un
Etat allemand puissant en Allemagne du Sud.
L’Autriche annexe purement et simplement les Provinces Illyriennes avec les villes de Trieste et
Raguse (Dubrovnik) et contrôle définitivement le Tyrol donc le col du Brenner qui contrôle le
passage de Venise à Innsbruck. On crée également un royaume Lombardo-Vénitien dont le roi est
François Ier, les autrichiens catholiques se déclarent protecteur du pape et reçoivent en
protectorat tous les duchés italiens (Duché de Toscane, Duché de Modène et le Duché de Parme
dont la duchesse est Marie-Louise, deuxième épouse de Bonaparte).
Le Royaume des Deux-Siciles (royaume de Naples) est gouverné par un roi absolu protégé par
l’Autriche.
Le système de Metternich consiste en réalité à une entente entre souverains, qui à travers la
Quadruple-Alliance, consistera à museler les peuples et les aspirations des nationalités grâce à un
mécanisme de droit d’ingérence pour secours mutuel réactionnaire (avec police internationale)
dont le maître mot est l’ordre.
Metternich invente les congrès internationaux :
- Congrès d’Aix-la-Chapelle en 1818 (Quadruple-Alliance + France qui a payé l’indemnité)
- Congrès de Vienne en 1820 où l’Autriche demande que l’on calme le mouvement nationaliste
allemand libéral des Burschenschaft
- Congrès de Laibach (Ljubljana) en 1821 où Metternich reçoit l’autorisation de traverser les Etats
pontificaux pour rétablir le roi absolu de Naples renversé par les sociétés secrètes libérales
carbonari qui une fois vaincue entre en clandestinité et se financent par des activités illicites
(devenant plus tard mafia et camorra)
- Congrès de Vérone en 1822 où on traite du renversement du roi Ferdinand VII d’Espagne par les
Cortes de Cadiz qui créent une monarchie libérale et constitutionnelle. Ayant peur d’une nouvelle
guérilla espagnole, les Autrichiens n’osent pas intervenir eux-mêmes, Chateaubriand fait alors le
choix d’intervenir avec une armée de 100 000 hommes (drapeau blanc et cantiques catholiques
en tête). Le succès de l’expédition d’Espagne autorise le retour progressif de la France au rang
des nations.
III/ La liberté mène les peuples
Dans la période 1830-1848, on assiste à un réveil des nationalités dans l’élan de la Révolution des
Trois Glorieuses.
A. « La Grande Armée de la Liberté »
On oublie le tyran qu’a été l’empereur ne retenant que l’exaltation du héros romantique
(Chateaubriand lui-même) et des officiers de la Grande Armée qui s’engageront par la suite sous
Simon Bolivar, en Grèce,…
En 1815, la France se dote d’une petite armée de métier mais les officiers sont sous-payés d’où des
phénomènes de mendicité (situation différente dans l’armée US ou GB). Les officiers de la Grande
Armée s’engageront contre toute forme de conservatisme avec la volonté de poursuivre la lutte
pour la liberté dans la nostalgie d’un passé glorieux.
En 1817, certains pensent même à libérer l’Empereur à Sainte-Hélène, une expédition se monte
mais échoue lors d’une escale au Brésil à Pernambouc.
B. La guerre de libération des Grecs (1821 – 1829)
La Grèce faisait partie depuis le XVème siècle de l’Empire Ottoman dont le prince-calife était à la
fois un sultan, souverain temporel et un chef spirituel, commandeur des croyants de tous les
sunnites (sauf marocain). Il régnait sur un Empire immense d’Alger aux confins de la Perse,
gouverné par des sultans libéraux (églises, synagogues,…) jusqu’au XVIIIème siècle mais dès le
XIXème l’Empire se referme sur lui-même.
Au début du XIXème, les Grecs rêvent de nouveaux de l’indépendance comme au temps des cités
antiques. Sur le modèle des carbonari, se forment des sociétés secrètes grecques qui se
transforment en pirate contre des navires ottomans. En mars 1821, se déclenche réellement la
guerre d’indépendance de la Grèce au nom de la langue, la religion et l’Histoire illustre de la Grèce.
Le 12 janvier 1821, dans l’Assemblée Nationale d’Epidaure (réunie dans le théâtre antique), des
députés proclament l’indépendance grecque. Metternich y voit un geste fou qui sera écrasé par
l’armée ottomane mais il oublie le poids d’un élément nouveau : l’opinion publique émergeant du
fait d’un début de liberté de presse. Les Européens s’intéressent donc aux évènements grecs avec
le mouvement philhellène : Lord Byron ira mourir en Grèce les armes à la main, Hugo, Delacroix
consacreront des œuvres à la Grèce. Des banquiers libéraux (Rothschild,…) soutiennent
financièrement les Grecs, des comités de soutien sont crées.
Les anciens officiers de la Grande Armée (Colonel Fabvier) s’engagent pour soutenir et organiser
l’armée grecque sur le modèle napoléonien. En 1823, ils libèrent le Péloponnèse. En 1828, Charles
X envoie un régiment en soutien.
On passe d’une insurrection à un phénomène international. Au nom du droit de protection des
chrétiens orthodoxes (reconnu à Vienne), le Tsar Nicolas Ier réagit, il souhaite, en réalité, étendre
son influence en Orient. Les Anglais et les autres puissances refusent qu’une seule puissance (la
Russie) ne règle à elle seule la question d’Orient.
En 1827, a lieu la première action humanitaire de l’histoire : les flottes anglaises, françaises et
russes se concentrent dans la rade de Navarin et écrase une flotte ottomane. Créant un corps de
débarquement qui accompagnera les Grecs jusqu’à Athènes. Les Russes qui au franchit le Danube
venant du Nord, ils atteignent la forteresse d’Andrinople qui tient la ville de Constantinople
obligeant les ottomans à céder : ils reconnaissent le droit de protection du Tsar sur les chrétiens
d’orthodoxe particulièrement en Moldavie et Valachie (future Roumanie) avec la création d’une
église orthodoxe protégée par les Russes, la Serbie jusqu’ici petite principauté devient quasiindépendante, les Turcs commencent à ouvrir les détroits au commerce.
En février 1830, la Grèce devient officiellement indépendante gouvernée par le roi Othon Ier
d’ascendance germanique. Mais, très vite, les Grecs revendiquent l’énosis (forme d’irrédentisme),
réunion de tous ceux qui pratiquent la langue grecque et la religion orthodoxe. Pendant tout le
XIXème, la Grèce ne cessera de s’agrandir (Thessalie, Crète,…)
C. L’insurrection belge et le jeu des puissances
La Belgique est un cas particulier aux noms diverses : Brabant puis Pays-Bas autrichiens et
espagnols,…Les Belges sont majoritairement catholiques même si certains flamands sont
protestants. En 1815, elle passe sous la domination du Roi des Pays-Bas Guillaume Ier dont ils ne
sont que des sujets, le gouvernement mis en place à Bruxelles est essentiellement composé de
flamands ou de néerlandais.
Le mouvement de fond des révolutions de 1830 (Trois Glorieuses,…), la succession de mauvaises
récoltes, les débuts de la Révolution Industrielle qui condamnent au chômage les petits ateliers à
façon dans les campagnes cristallisent les aspirations libérales contre les Royaume des Pays-Bas.
Le 20 août 1830 à Bruxelles, est donné un opéra La Muette de Portici , exaltant la patrie italienne,
le public belge reprend ce thème est déclenche immédiatement une insurrection dans la ville. Les
anciens de la Grande Armée (général Mellinet) organisent cette révolte d’étudiants et de citoyens
tenant Bruxelles contre 10 000 hollandais. Les mêmes scènes ont lieu à Liège, Gand, Bruges : on
se demande si on n’aura pas une contagion révolutionnaire européenne. Louis-Philippe de France
propose alors de mettre sur le trône son fils, le Prince de Nemours, casus belli pour les anglais. A
Londres, l’ambassadeur Talleyrand résout l’affaire belge dans la conférence de Londres de
novembre 1830 proposant d’installer comme roi des Belges Léopold Ier un Saxe-Cobourg affilié au
roi d’Angleterre sur le trône de Bruxelles, il devra épouser une fille de Louis-Philippe pour
satisfaire tout le monde. Talleyrand fait reconnaître la neutralité belge perpétuelle par toutes les
puissances européennes (dont la Prusse). Les Belges remportent la guerre et les derniers
hollandais quittent la Belgique en 1831. Talleyrand échouera cependant dans son projet de créer
une « entente cordiale » entre français et anglais.
D. Les espoirs déçus de 1830
Nicolas Ier dirige d’une main de fer la Russie mais également la religion orthodoxe, il est
théoriquement Roi de Pologne. La Pologne réagira après mouvement de Paris mais aussi du fait
d’une rumeur disant que les régiments polonais de l’armée russe seraient dirigés pour les services
du Roi de Hollande pour écraser les Belges puis pour se diriger vers Paris.
Le 21 novembre 1830 se déclenche l’insurrection de Varsovie, les cadets de l’école militaire se
placent à la tête de l’insurrection, nomment une garde nationale puis sont rejoints par tous les
régiments polonais qui rejettent leurs officiers russes et par les anciens de la Grande Armée.
Chlopicki lève 27 régiments et le 25 janvier 1831, la Diète polonaise proclame l’indépendance
polonaise. Les 80 000 polonais vont rapidement se retrouver face à près de 200 000 russes. Les
Polonais ont le soutien des opinions anglaises et françaises mais la Pologne est
géographiquement isolée, il est impossible d’aller l’aider.
Le 25 février 1831, près d’Eylau, a lieu une véritable bataille entre Russes et Polonais sur le modèle
napoléonien qui fait plus de 20 000 morts de chaque côté. Le 7 septembre les cosaques entrent à
Varsovie et mettent en œuvre une répression sanglante, les déportations se multiplient et de
nombreux polonais (dont Chopin) doivent fuir.
Le 4 février 1831, à Bologne, les Autrichiens sont chassés par des patriotes italiens souvent menés
par un ancien officier de la Grande Armée, les révoltes de ce type se multiplient projetant de
marcher sur Rome. Mais le royaume lombardo-vénitien aux mains des autrichiens envoient une
flotte et des troupes mater ces révoltés qui se rendent en mars 1831 à Ancône.
Le Risorgimiento commence à émerger avec une référence à la Ière République Française et Valmy.
Sur le modèle français, on adopte le drapeau tricolore.
En 1831, la Prusse lance le Zollverein, projet de suppression des barrières douanières en Allemagne
faisant émerger quelques temps un rêve d’unité.
E. 1848 : Le « Printemps des peuples »
La première phase de la Révolution Industrielle est désormais terminée causant une baisse des
salaires, une ruine des petits ateliers d’où l’apparition du paupérisme. Le phénomène devient
européen, les premiers mouvements socialistes encore marginaux se font jour (Manifeste du PC,
1848)
En février 1848, la IIème République est proclamée à Paris, l’Europe s’embrase. Mancini donne alors
une définition des nationalités : « sociétés fondées sur l’unité de territoire, d’origine, de mœurs et
de langue en conformité avec une communauté de conscience ».
Metternich est, lui-même, renversé par une émeute libérale et Franz Joseph Ier (mari de Sissi)
permet aux tchèques de jouir d’une certaine autonomie et reconnaît la langue tchèque. Les
croates catholiques obtiennent une autonomie assez lâche, une université et une langue
reconnue.
Si Franz Joseph est libéral avec des petites minorités, c’est qu’une importante minorité lui pose un
problème majeur, la langue hongroise exaltée par le poète Petôfi et le chef politique Kossuth qui
proclame le 1’ avril 1849, la République Hongroise. Dans le même temps, les Autrichiens doivent
mater des révoltes en Italie du Nord, débordé, Franz Joseph fait appel au nom de la Sainte-
Alliance à la sanglante armée russe. Petôfi meurt dans les combats contre les Russes, Kossuth
tentera lui de faire renaitre par la suite la République hongroise sans succès (il meurt de faim en
Italie après avoir été saltimbanque aux USA).
En 1867, sous l’influence de Sissi, Franz Joseph acceptera finalement le principe de la double
couronne coiffant la couronne des Rois de Hongrie.
Le Roi de Piémont, Charles-Albert décide de faire du Piémont le champion de l’unité italienne et
de se greffer sur le Risorgimiento qui est porté par le talent de Verdi et son opéra Nabucco en 1842
à la Scala de Milan. En 1848, au nom du slogan « l’Italie se fera d’elle-même » (« Italia fera da se »),
Charles-Albert attaque le royaume lombardo-vénitien et sort victorieux soulevant un immense
espoir dans toute l’Italie. La France à laquelle l’Italie fait appel, ne répond pas, car le Ministre des
Affaires Etrangères Lamartine craint une refonte de l’Europe basée uniquement sur la langue
(donc une Allemagne puissante) et le fait que la IIème République devient dès mai 1848 très
conservatrice (après fin des ateliers nationaux). Les Français ne protègeront que le pape et
Charles-Albert sera écrasé par le Maréchal Radetzky à la bataille de Custoza (1848).
En 1849, Charles-Albert est de nouveau vaincu à la bataille de Novare l’obligeant à abdiquer. On
sait, dès lors, que l’unité italienne ne pourra se faire sans soutien étranger.
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