Chapter 1
DU LINEAIRE AU CONVEXE
1.1 Notations préliminaires
Espace vectoriel IRn: On travaillera avec des vecteurs à ncomposantes réelles notés:
xIRnsoit x=
x1
.
.
.
xn
avec xiIR, i = 1,...,n
Deux types d’opérations sont effectuées dans un espace vectoriel:
Addition : x, y IRn, z =x+yzi=xi+yi, i = 1,...,n
Multiplication par un scalaire : xIRn, a IR, z =ax zi=axi, i = 1,...,n
Toute combinaison linéaire d’éléments de l’espace vectoriel est donc un élément de l’espace,
0 est l’élément neutre et xest l’élément inverse de x(tel que x+ (x) = 0). Par ailleurs,
un vecteur de IRnsera dit linéairement dépendant d’un ensemble de vecteurs SIRn
s’il peut s’écrire comme une combinaison linéaire des vecteurs de S. En conséquence, un
ensemble de vecteurs {s1,...,sk}sera dit linéairement indépendant s’il n’existe pas de
coefficients (a1,...,ak)non tous nuls tels que Pk
i=1 aisi= 0.
On introduit un produit scalaire noté ,·i, application bilinéaire de IRn×IRndans IR :
hx, yi=
n
X
i=1
xiyi
Deux vecteurs xet yde IRnsont orthogonaux si hx, yi= 0.
La norme associée est la norme euclidienne notée :
kxk=hx, xi1/2
On notera B={xIRn|kxk ≤ 1}la boule unité pour la norme euclidienne.
La fermeture d’un ensemble Cest définie par :
cl(C) = \{C+ǫB|ǫ > 0}
1
2CHAPTER 1. DU LINEAIRE AU CONVEXE
et l’intérieur par :
int(C) = {xC|∃ǫ > 0, x +ǫB C}
L’intérieur étant souvent vide, on lui préfère souvent l’intérieur relatif au sous-espace affine
engendré par C(voir ci-dessous), noté rint(C). On a alors rint(C)Ccl(C).
Matrices :Mm,n(IR)est l’ensemble des matrices de mlignes et ncolonnes à coefficients
réels (pour les matrices carrées, on notera simplement Mn(IR)). Un élément de Mm,n(IR)
représente donc une transformation linéaire de l’espace IRndans l’espace IRm.
Soit AMm,n(IR),aij est l’élément de la i-ème ligne et j-ème colonne et soit xIRn:
y=Ax yIRmet yi=
n
X
j=1
aijxj, i = 1,...,m
A la composition d’une transformation linéaire de IRndans IRmavec une transformation
de IRmdans IRp, on associera le produit matriciel A=CB Best une matrice (m×n),
Cest une matrice (p×m); donc le produit est une matrice Ade taille (p×n)dont chaque
élément est le produit scalaire d’une ligne de Cavec une colonne de B.
On notera ATla matrice transposée de A, c.a.d. telle que :
xIRn, y IRm,hy, Axi=hATy, xi
On observe que la même notation est utilisée pour le produit scalaire dans IRmet dans
IRn.
On a : (AT)ij =aji et (AT)T=A
Rang d’une matrice : le rang d’une matrice est égal au nombre maximum de vecteurs
colonnes linéairement indépendants. C’est aussi le nombre maximum de vecteurs lignes
linéairement indépendants. Donc rang(A)min{m, n}.
Matrices carrées : ce sont les matrices telles que m=n. Une matrice carrée telle que
rang(A) = mest dite non singulière . Elle possède une inverse , notée A1, qui satisfait :
AA1=A1A=I, où Iest la matrice identité , telle que aii = 1 et aij = 0 ,si i6=j. On
a : (A1)1=A.
Une matrice (carrée) symétrique est telle que A=AT.Sn(IR)représente le sous-
ensemble des matrices carrées symétriques de dimension n.
Les matrices telles que HHT=HTH=Isont dites orthogonales (leurs lignes et leurs
colonnes sont orthonormées). Elles satisfont kHxk=kxk,x
Si SSn(IR), toutes les valeurs propres λide Ssont réelles et il existe une matrice or-
thogonale Utelle que UTSU =diag{λ1,...n}. Les colonnes de Usont donc les vecteurs
(propres) orthonormés qui permettent la décomposition spectrale S=Pn
i=1 λiuiuT
i.
Les matrices symétriques définies positives sont celles dont toutes les valeurs propres
sont strictement positives (on dira matrice semi-définie positive s’il existe des valeurs pro-
pres nulles). Si ASn(IR)est définie positive, on a xIRn, x 6= 0,hx, Axi>0.
1.2 Sous-espaces vectoriels et affines
Dans la continuité de l’introduction, un sous-espace vectoriel est un sous-ensemble de IRn
fermé pour les opérations d’addition et de multiplication par un scalaire. Il contient donc
l’origine et on a les propriétés immédiates :
Propriétés des sous-espaces : Soient Let Mdeux sous-espaces vectoriels; alors :
1.2. SOUS-ESPACES VECTORIELS ET AFFINES 3
i) LMest un sous-espace
ii) L+Mest un sous-espace
Définition 1.1 On appelle sous-espace engendré par un ensemble SIRn, l’ensemble,
noté lin{S}, des xqui s’écrivent comme une combinaison linéaire des vecteurs de S:
lin{S}={xIRn|x=α1a1+···+αnak, aiS, λiIR, i = 1,...,k}
Exercice : Montrer que L+M=lin{LM}
De même que l’espace IRnpeut être engendré par les nvecteurs l.i. de la base canonique,
un sous-espace peut toujours être représenté à l’aide d’un ensemble générateur fini. Soit
Sun ensemble fini de vecteurs l.i. tel que L=lin{S}; on dira que Sest une base de L.
Le résultat fondamental sur les sous-espaces est que chaque base qui engendre le même
sous-espace a la même cardinalité.
Théorème 1.1 Tout système de vecteurs liairement indépendants qui engendre un sous-
espace vectoriel a la même cardinalité.
Démonstration Considérons deux bases {a1,...,ak}et {b1,...,bl}du sous-espace Let
supposons l > k. On écrit alors b1sur la première base, soit b1=α1a1+··· +αkaket
supposons que α16= 0 (car tous les αine peuvent être tous nuls). On remplace alors a1
dans la base par 1
α1(b1α2a2 · · · αkak). Par induction,
2
La cardinalité d’une base est appelée la dimension du sous-espace. La dimension permet
de classer les différents objets linéaires de IRn. En particulier, la dimension de IRnest
n. Donc, tout sous-espace Lde IRna une dimension dimLsatisfaisant : dimLIN et
0dimLn.
Supposons une base de vecteurs {a1,...,ak}qui engendrent lin{S}, sous-espace de
dimension k. Si Aest la matrice (n×k)dont les colonnes sont les vecteurs a1, ..., aket α
est le vecteur de IRkdont les composantes sont les αi, on peut représenter le sous-espace
engendré par Spar :
lin{S}={xIRn|x=Aα, αIRk}
(on dit aussi que lin{S}est le sous-espace image de A, noté Im(A)ou A(IRn))
Sous-espace orthogonal à un ensemble S: c’est l’ensemble des vecteurs orthogonaux
à tous les vecteurs de S, noté :
S={xIRn| hx, yi= 0,yS}
Il est facile de montrer que Sest un sous-espace. Si Best la matrice (l×n)dont les
lignes sont les générateurs de lin{S}, alors on peut représenter Spar :
S={xIRn|Bx = 0}
(on dit aussi le noyau de B, noté Ker(B))
Propriétés :
4CHAPTER 1. DU LINEAIRE AU CONVEXE
1. (S)=lin{S}
2. ST=ST
3. (ST)=ST
4. {0}=IRn
5. L’image de Aest orthogonale au noyau de AT
6. lin{S} ⊕ S=IRn
La somme directe signifie que, pour tout zde IRn, la décomposition z=x+yavec
xlin{S}et ySest unique.
Représentation des sous-espaces
Tout sous-espace de IRnpeut être représenté de deux manières différentes:
comme ensemble des combinaisons linéaires d’un nombre fini de générateurs (c’est
alors le sous-espace Image de la matrice dont les colonnes sont ses générateurs);
comme ensemble des solutions d’un système d’équations linéaires homogènes (c’est
alors le sous-espace Noyau de la matrice associée aux lignes du système d’équations).
Exemple :
Dans IR3, soit le sous-espace Lengendré par a1=
1
1
0
et a2=
0
1
1
Donc L=Im(A)avec A=
1 0
1 1
01
et dimL=rang(A) = 2
On peut représenter Lpar L={xIR3|x1+x2+x3= 0}, soit L=Ker(B)avec
B=h1 1 1 iet dimL=nrang(B) = 2
Variétés linéaires :
Soit Lun sous-espace de dimension met x0IRn. L’ensemble des vecteurs xde IRn
tels que x=x0+z, z Lest une variété linéaire (ou sous-espace affine). Toute variété
linéaire qui passe par l’origine est un sous-espace vectoriel. La deuxième représentation
d’une variété linéaire est l’ensemble des solutions d’un système d’équations linéaires :
Soit L={xIRn|Bx = 0}, et soit x0tel que Bx0=b, alors l’ensemble V=
{x0}+L={xIRn|Bx =b}est une variété linéaire parallèle au sous-espace L. Comme
la dimension de ce sous-espace est égale à nrang(B) = m, on dira que la variété a
pour dimension m(par analogie sur le nombre de degrés de liberté de sa représentation
paramétrique).
Définition 1.2 : On appelle sous-espace affine engendré par S, l’ensemble aff{S}des
combinaisons linéaires, de somme égale à 1, d’éléments de S.
aff{S}={xIRn|x=α1a1+... +αkak,X
i
αi= 1; aiS, i = 1, ...k}
1.3. CÔNES POLYÈDRIQUES 5
On vérifie immédiatement que aff{S}est une variété linéaire en écrivant aff{S}=
{a1}+{xIRn|x=α2a2+...+αkak;ai=aia1}.
Obs. : D’une manière générale, on dira que la dimension d’un ensemble Sest dsi
dim(aff{S}) = d.
Une variété linéaire de dimension n1est un hyperplan. Donc, un hyperplan peut
être représenté au moyen d’une seule équation linéaire :
H={xIRn| ha, xi=b}
1.3 Cônes polyèdriques
Définition 1.3 Un ensemble Cde IRnest un cône ssi :
xCet λ0, λx C
Cette définition implique donc qu’un cône contient l’origine. Elle inclut également des
cônes non convexes mais on ne s’intéressera ici qu’aux cônes convexes (voir définition de
la convexité à la section suivante).
Définition 1.4 Le cône convexe engendré par l’ensemble S, noté cone{S}, est l’ensemble
de toutes les combinaisons linéaires non négatives d’éléments de S.
cone{S}={xIRn|x=α1a1+...+αkak, αi0; aiS, i = 1,...,k}
On vérifie aisément que cone{S}est un cône convexe. C’est le plus petit cône convexe qui
contient S.
Observations :
1. Contrairement aux sous-espaces, les cônes convexes n’ont pas toujours une représen-
tation finie. Ceux qui en possèdent une sont appelés cônes polyédriques.
2. En toute généralité, un cône convexe peut contenir un sous-espace (non trivial).
Le plus grand sous-espace contenu dans un cône Cest clairement défini par L=
CT(C). On appelle cône pointé un cône qui ne contient que le sous-espace trivial
{0}. En d’autres termes, un cône pointé est un cône Ctel que CT(C) = {0}.
Comme précédemment, on peut se poser la question d’une représentation minimale
(ou essentielle) d’un cône polyèdrique. La réponse est moins simple que dans le cas du
sous-espace. On doit introduire la notion de rayon extrème du cône :
Définition 1.5 Soit Cun cône convexe de IRn;rCest un rayon extrème de Cssi on
ne peut trouver rCet r′′ Ctels que r, r′′ /cone{r}et r=r+r′′.
On associera souvent un rayon extrème ravec la demi-droite cone{r}engendrée par r,
appelée direction extrème.
Ainsi, on peut considérer le problème de la génération d’un cône par ses rayons ex-
trèmes :
Proposition 1.1 : Soit Cun cône polyèdrique pointé et soit Sl’ensemble de ses rayons
extrèmes. Alors il existe un sous-ensemble fini ¯
Sde Stel que C=cone{¯
S}. De plus, cette
représentation est de cardinalité minimale.
1 / 13 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !