ÉNUTRITION :
UNE PATHOLOGIE MÉCONNUE
EN SOCIÉTÉ D’ABONDANCE
D
PRÉFACE
Dénutrition, ce mot évoque les pays en voie de développement, les tragédies de
la faim auxquelles est confrontée une trop grande part de l’humanité, plutôt que
la France, cinquième puissance économique mondiale.
Faut-il aborder la question de la dénutrition quand le débat qui domine la nutrition
en santé publique a trait à l’obésité, à la surcharge pondérale et au développement
des pathologies liées aux excès : diabète de type 2, maladies cardio-vasculaires ?
Les données épidémiologiques disponibles en Europe et en France attestent que
la dénutrition touche une partie importante de la population, notamment les
personnes âgées dépendantes et celles souffrant de pathologies chroniques, y
compris les enfants. Il convient d’ajouter les adolescents et jeunes adultes souffrant
de troubles des conduites alimentaires.
Le programme national nutrition santé a, dès 2001, fait de la prévention et de
la prise en charge de la dénutrition l’un de ses axes majeurs. Les professionnels
de santé, médecins, paramédicaux, dont les diététiciens, sont en première ligne pour
identifier le risque, prendre très en amont les mesures de prévention et assurer un
suivi nutritionnel. Le maintien d’un bon état nutritionnel est un pré-requis essentiel
pour assurer un succès thérapeutique rapide, une minimisation des complications,
notamment infectieuses, et des coûts de santé pour la société. En ville, les états
de dénutrition ou de malnutrition doivent être identifiés notamment au sein des
populations en situation de précarité et au cours des pathologies chroniques.
Les professionnels de santé sont ici en première ligne.
En établissement médico-social ou de soins, la question nutritionnelle est au cœur
de la prise en charge des patients. La nutrition est un soin, reconnu comme tel, et le
dépistage de la dénutrition est considéré comme un indicateur de qualité opposable
aux établissements et pris en compte pour la certification.
Pourtant, cette prise de conscience est encore inégale et insuffisante. Les Comités
de liaison alimentation nutrition (CLAN) se développent et sont actifs : ils ont permis
une harmonisation des pratiques entre les équipes de soins et les équipes chargées
de l’alimentation en cuisine, et la prise en compte de ces objectifs par les équipes de
direction. Ils sont également à l’origine d’un effort considérable de formation dans
les établissements et les régions.
Conçu dans l’esprit de la collection des Synthèses du PNNS, ce nouvel ouvrage fournit
les éléments scientifiques et pratiques pour aider les soignants dans le dépistage, la
mise en œuvre des mesures adaptées et le suivi des personnes à risque ou en état
de dénutrition.
Un peu de votre temps pour améliorer la vie de vos patients. L’alimentation n’est
elle pas un plaisir de la vie ? Quand cette fonction devient difficile, bien des moyens
contribuent à la maintenir, dans le respect des goûts mais aussi des besoins des
organismes malades et de l’éthique.
Pr Didier Houssin
Directeur général de la santé