TEMPO MÉDICAL – AVRIL 2016 – WWW.MEDIPRESS.BEI11
MÉDECINE DE DEMAIN
Les techniques de greffe de cellules-
souches se développent lentement
Des recherches et techniques se déve-
loppent, principalement depuis une quin-
zaine d’années, reposant sur la greffe
de cellules-souches programmées pour
reconstituer des tissus ou des organes
spécifiques, et des os, des tendons ou
du cartilage. Ces techniques en cours de
développement pourraient à l’avenir per-
mettre de réparer bon nombre de lésions,
en reposant sur la faculté de pouvoir iso-
ler ces cellules-souches et de savoir les
implanter. Une chirurgie prothétique et
régénérative des os et du cartilage se déve-
loppe au départ de différentes techniques
de greffe de cellules-souches, exercées soit
par arthrotomie, soit sous une arthroscopie
nettement moins invasive lorsque l’inter-
vention chirurgicale le permet. Ces tech-
niques de greffe consistent à greffer des
cellules-souches sur les zones osseuses,
cartilagineuses, tendineuses ou ligamen-
taires lésées ou endommagées. Selon la
technique utilisée, le prélèvement, la sélec-
tion des cellules et leur greffe peuvent se
dérouler dans un processus en une seule
phase continue, ou en plusieurs phases.
Recours aux cellules-souches
mésenchymateuses
Les cellules-souches sont des cellules
indifférenciées, capables d’auto-renou-
vellement et d’auto-différenciation en cel-
lules matures pour assurer la tenue et le
renouvellement des organes tissulaires.
Les cellules souches mésenchymateuses
(CSM) sont des cellules souches tissulaires
multipotentes, donnant un nombre limité
de types cellulaires différents. Ce sont des
cellules-souches d’origines mésodermiques
présentes dans divers tissus de l'organisme
adulte tels que la moelle osseuse ou le tissu
adipeux, dans lesquels elles sont isolées, et
qui donnent naissance notamment aux os
et cartilages. Il est possible de les prélever
de la moelle osseuse autologue aspirée au
niveau de la crête iliaque postérieure, ou
du tissu graisseux obtenu par lipoaspiration
de graisse au-dessus de la crête iliaque
externe. Les CSM du tissu graisseux sont
environ cent fois plus nombreuses que
celles de la moelle osseuse.
Elles peuvent être isolées de la couche
mononucléaire de la moelle osseuse ou du
tissu adipeux après séparation par centri-
fugation, pour enlever les cellules rouges
et hématopoïétiques. Cette centrifugation
prend une quinzaine de minutes. Les CSM
sont présentes en très faibles quantités
chez l'adulte. Le réservoir de CSM dans la
moelle osseuse est de 0,01 à 0,001 % des
cellules mononuclées. Les techniques de
leur utilisation en chirurgie orthopédique
évoluent constamment. Malheureusement,
le capital en cellules-souches du patient
peut être réduit en raison des traitements
dont il bénéficie, rendant cette source de
nouvelles thérapeutiques moins efficientes
(c’est le cas par exemple dans l’ostéoné-
crose cortisonique où l’on observe une di-
minution significative des cellules-souches,
ce qui expliquerait les résultats mitigés des
traitements par cellules souches dans cette
indication).
Perspectives de régénération des os
et des cartilages
Le caractère multipotent des CSM favorise
leur utilisation en thérapie cellulaire répara-
trice dans le cas de pathologies osseuses et
articulaires. Sous l’action d’inducteurs spé-
cifiques ou facteurs de croissance, les CSM
sont capables de se différencier en ostéo-
blaste (os) ou en chondrocytes (cartilage).
Les facteurs de croissance sont des pro-
téines produites par les cellules présentes
dans le tissu osseux, qui se libèrent loca-
lement en cas d'ostéolyse ou de fracture.
La greffe de CSM directement sur la lésion
arthrosique permet ainsi la réparation ou
la reconstitution de tissus non vascularisés
et non innervés tels que le cartilage, qui ne
peut se réparer naturellement. Après une
première période d’apprentissage durant
laquelle le traitement se limitait principale-
ment à la greffe de CSM sous arthroscopie
dans les cas de genoux à bonne mécanique,
la thérapie cellulaire a été étendue expéri-
mentalement à des cas de désaxation avec
ostéotomie associée, et depuis peu, à des
cas complexes d'ostéotomie avec recons-
truction du ligament croisé ou du ménisque.
Une première technique de thérapie cellu-
laire consiste à implanter des CSM en une
seule étape, sans culture. Dans la même
salle de bloc opératoire, on procède suc-
cessivement à une anesthésie locale ou gé-
nérale, au prélèvement de moelle osseuse
ou de tissu graisseux et à leur centrifuga-
tion, à la préparation des CSM avec des
facteurs protéiques stimulant leur crois-
sance et avec du PRP pouvant favoriser
la cicatrisation, et à la mise en place des
CSM sur une matrice biologique permettant
leur transport et l’implantation directe sur
la lésion arthrosique pour la repousse de
cartilage, après préparation arthroscopique
des lésions arthrosiques. La génération de
cartilage et d’os s’effectue ensuite par les
CSM autologues. Ces CSM sont des cel-
lules multipotentes, quiescentes et inac-
tives, et leur croissance doit être stimulée
pour une utilisation en une seule étape.
Elles doivent être incitées à se multiplier
pour coloniser le défect ostéochondral ou
la lésion arthrosique avec perte d’os et de
cartilage, et se transformer pour les recons-
tituer. Elles sont fortement stimulées dans
leur multiplication lorsqu’elles sont mixées
avec des protéines osseuses particulières,
et activées par une matrice osseuse pro-
téique déminéralisée avant leur transplan-
tation ou injection, pour ensuite régénérer
les défects ostéo-cartilagineux.
Le capital en cellules-souches du patient
peut être réduit en raison des traitements
dont il bénéficie