Récital de chansons françaises

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Récital de chansons françaises
Avec : Mathieu Chardet (chant), Ayser Vançin (piano), Miron Peku (violon)
En spectacle d’ouverture le 21 juin 2005 à 21h
Et en clôture de saison le 4 septembre 2005 à 19h
VERS A CHANTER, VERS ENCHANTES
La Poésie est musique, dit Paul Valéry. Il n’est pas le seul à l’affirmer et tous les poètes sont
des musiciens dans l’âme. C’est de cette pensée et de ce sentiment que je me suis nourrie
toute ma vie, à commencer par mon enfance et mon adolescence dans mon milieu familial à
Istanbul.
La musique des mots, leurs rythmes, leur cadence, liés aux images et aux sentiments qu’ils
transmettent, ont attisé chez moi cette étincelle toujours vive de l’inspiration musicale et
m'ont menée sur le chemin de la composition. Ma sensibilité de musicienne nourrie aux
parfums de l’orient a toujours reflété l'état d'effervescence de mon cœur et de mon âme
chargés d'émotion, de rêverie, de mélancolie, de félicité, de souffrance. Horace disait que :
"c'est un suave délire de savourer les moments d’inspiration où l'âme est connectée à l'esprit".
Emerveillée par la beauté des mots et des images des poètes, je les relie par des mélodies aux
couleurs et aux timbres variés. Le déclencheur de mes compositions de chansons est toujours
la musicalité d’un poème, sa richesse rythmique, le propos humain, la force de ses
métaphores. C’est ce que j’ai trouvé chez les poètes comme Aragon, Hikmet, Supervielle,
Carco, Maeterlinck, Carème et le virtuose de la musicalité en poésie: Verlaine.
C'est grâce à une collaboration intense avec Mathieu Chardet, que ces "Vers à chanter, vers
enchantés" ont vu le jour.
Ayser Vançin
Il s’agit à proprement parler d’un concert de chansons françaises. Chansons originales
composées sur des poèmes de Louis Aragon, Nazim Hikmet, Jules Supervielle, Maurice
Carème, Maurice Maeterlinck, Paul Verlaine, Francis Carco et Mathieu Chardet.
L’idée de ce concert est née d’une collaboration entre Ayser Vançin et moi-même dans les
spectacles : « Nuage amoureux » (conte de Nâzim Hikmet sur des compositions d’Ayser
Vancin, présenté à l’Orangerie en 2002) et «D’exil en exil », (récital poétique du même
Nâzim Hikmet sur de nouvelles compositions originales de la même Ayser Vançin). Les 4
chansons qui s’inséraient dans l’ensemble du récital nous ont inspirés pour nous diriger vers
un récital composé exclusivement de chansons.
Il y a des années que je chante dans des comédies musicales ou des spectacles de cabaret et
que j’ambitionnais de faire de la chanson française dans la plus pure tradition des troubadours
tels que Brassens, Brel, Ferré, et tous les autres. Un vrai tour de chant hors de tout spectacle
théâtral.
La rencontre avec Ayser Vançin a été déterminante. La compositrice m’a présenté des
compositions sur des textes de poètes et j’ai tout de suite été enthousiasmé par la beauté des
mélodies et leur lien profond avec le contenu des textes.
Le travail a donc commencé immédiatement et débouche aujourd’hui sur ce tour de chant
original. Et c’est une première, puisque seules 4 de ces chansons ont déjà été présentées en
public, les autres sortent à peine de leur matrice.
Nous avons aussitôt pensé que le son lumineux du violon, tantôt en contre-chant, tantôt
accompagnant le chanteur ou en complément du piano, ne pouvait qu’enrichir l’ensemble.
Nous avons alors fait appel au violoniste Miron Peku dont la sensibilité musicale, alliée au
sens de l’improvisation, nous ont charmé.
Les ambiances des chansons sont nostalgiques et chaudes, parfois chargées de douleurs ou de
solitude, parfois pleines de joie et d’espoir. Elles chantent l’être humain dans toute sa
profondeur.
Evidemment nous avons tout de suite pensé à enregistrer un CD, que nous proposerons au
public à la suite des 2 soirées de concert
Mathieu Chardet
Ayser Vançin
Musicienne-concertiste, Ayser Vançin est imprégnée dès l'enfance de plusieurs cultures à
Istanbul, sa ville natale.
Pendant sa formation musicale au Conservatoire National d'Istanbul, elle étudie le hautbois, le
piano, le violon, l'harmonie, la composition et reçoit le "Diplôme complet" avec la mention
très bien. Elle poursuit ses études à Paris à la prestigieuse Ecole Nationale supérieure de
Musique d'Alfred Cortot où elle obtient le "Diplôme d'Exécution" et la "Licence de concert"
avec les félicitations du jury en hautbois et musique de chambre. Elle reçoit ensuite un 1er prix
de virtuosité au Conservatoire de Genève.
Sa carrière de hautbois-solo commencée au sein des Orchestres de Radio et d'Etat de l'Opéra
d'Istanbul sous la baguette de Gustav Kuhn, continue au Mozarteum de Salzbourg, à
l'Orchestre de Nice-Côte d'Azur, puis au Collegium Academicum de Genève dirigé par
Robert Dunant.
Comme pédagogue, elle enseigne le hautbois et la musique de chambre aux Conservatoires de
Neuchâtel, Lugano et Genève, donne des cours d'interprétation en France et en Suisse.
Ayser Vançin se produit en soliste avec de nombreux Orchestres et différents ensembles
instrumentaux dans plusieurs pays d'Europe tels que la Suisse, l'Italie, l'Espagne, la France,
l'Allemagne, les Pays-Bas et la Turquie, ainsi que pour des émissions radiophoniques et
télévisées. Elle participe à Paris, aux Concerts de l'Unesco, de la Sorbonne et de Radio
France, au Festival d'Evian sous la direction de Mstislav Rostropovitch, ainsi qu'aux tournées
en Suisse avec Maurice André, en Italie, Espagne et Turquie.
Parallèlement à ses activités d’interprète et d’enseignante, elle peint, fait des recherches
musicales, littéraires, et compose, jetant ainsi un pont entre diverses branches artistiques.
Actuellement, elle collabore avec des musiciens, écrivains, poètes, comédiens et en tant que
compositeur-interprète, participe aux activités culturelles de l'Université de Genève. Elle a
enregistré quatre CD, notamment "Rêve d'Orient" avec Turgay Atamer , "Nuage amoureux"
avec Mathieu Chardet et le "Trio Vançin".
Ayser Vançin est lauréate des Concours Internationaux de Stresa, du Lyceum et du prix de la
fondation "Pierre Gianadda" du Concours International de Musique de Chambre de Martigny.
Mathieu CHARDET, Comédien, chanteur,
A débuté au théâtre à Paris en 1968 sous la direction de Tania Balachova dans "La Matinée
d'un homme de lettres", de Tchékhov au Théâtre Mouffetard. Puis les hasards de la vie l’ont
conduit à Genève, en Suisse, ou il a exercé son métier de comédien tout en travaillant le
chant. Le métier de comédien l’a finalement emporté mais il a toujours gardé au fond de lui le
goût de la chanson et de la musique. C’est ainsi qu’il a chanté dans plusieurs opérettes, et
petits opéras à Genève dont « Ciboulette » de Reynaldo Hahn, « La vie parisienne »
d’Offenbach, « Le petit Ramoneur » de Britten, « Kiss me Kate » de Cole Porter, ainsi que
dans des spectacles de cabaret dont un sur les chansons d’Aristide Bruant et un autre intitulé
« Le Baiser ».
Aujourd’hui, ce premier récital entièrement consacré à la chanson française concrétise un rêve
qui l’a accompagné toute sa vie : faire un vrai tour de chant sur des compositions entièrement
originales.
MIRON PEKU
Né en 1977, Miron Peku est un jeune violoniste issu d’une famille de musiciens albanais.
Élève dès l’âge de 5 ans à l’école de musique Kongresi i Permétit de Tirana, il suivi ensuite la
formation professionnelle de l’École Jordan Misja, toujours à Tirana, puis a passé plusieurs
concours internationaux, notamment le concours international Tibor Varga à Sion, le concours
de l’Orchestre national de Porto (Portugal), qui lui a valu d’être membre de cet orchestre en
2001. Il a également obtenu le prix de perfectionnement musical au Conservatoire de musique
de Genève.
Il a été membre de l’Orchestre de chambre de l’Académie de musique de Tirana, et membre
de l’Orchestre Méditerranée de Jordanie, puis membre de l’Orchestre de chambre de Genève,
ainsi que du Nouvel Orchestre de Genève.
Théâtre
« Un mot pour un autre »
de Jean Tardieu, suivi de
« Les Chinois »
de Murray Schisgal, adaptation de Pascale de Boysson
Mise en scène : Daniel Vouillamoz
Avec : Pierre Miserez, Elsbeth Philipp, Mariama Sylla, Thomas Laubacher
du 14 au 30 juillet 2005
LA PIECE
« Vers l’année 1900 – époque étrange entre toutes – une curieuse épidémie s’abattit sur la
population des villes, principalement sur les classes fortunées. Les misérables atteints par
ce mal prenaient soudain les mots les uns pour les autres, comme s’ils eussent puisé au
hasard les paroles dans un sac.
Le plus curieux est que les malades ne s’apercevaient pas de leur infirmité, qu’ils restaient
d’ailleurs sains d’esprit, tout en tenant des propos en apparence incohérents, que, même au
plus fort du fléau, les conversations mondaines allaient bon train, bref, que le seul organe
atteint était : le vocabulaire. »
Jean Tardieu, extrait du préambule à UN
MOT POUR UN AUTRE
Vaudeville classique : Madame reçoit la visite surprise de Madame de Perleminouze, puis la
visite surprise de Monsieur de Perleminouze, son amant. Les deux dames font alliance pour se
gargariser de la conduite de tombeur invétéré de Monsieur de Perleminouze.
Créée en 1951, elle a été énormément jouée depuis, mais rarement par des professionnels
(comme certaines des meilleures pièces de Ionesco) :
« Quelques-unes de mes pièces brèves, souvent cocasses ou franchement burlesques, ont été
les plus remarquées. Elles m’ont valu l’honneur d’être rattaché, bon gré mal gré, à cette
catégorie de nouveau théâtre, baptisée « théâtre de l’absurde » par une étude mémorable du
critique anglais Martin Esslin.
A partir de cette époque-là - que l’on peut situer autour des années 1950-1960 -, mes pièces
ont été représentées un nombre incalculable de fois, surtout par des troupes d’amateurs, de
semi-professionnels, d’apprentis comédiens, ou même de collégiens ou d’élèves des écoles, et
cela dans des villes, villages, localités et établissements culturels dont la liste complète
coïnciderait, en partie tout au moins, avec l’annuaire des communes de France et de quelques
pays limitrophes, francophones ou non !
C’est dire que la bizarre destinée de ce théâtre a été longtemps d’être, à la fois très répandu
et… quasi clandestin ! »
L’AUTEUR
Tardieu, Jean (1903-1995), écrivain et homme de radio français, qui renouvela la
dramaturgie contemporaine avec des pièces «éclairs», données en un acte, souvent sous la
forme de poèmes.
Originaire d'une famille d'artistes, Tardieu commença par publier des poèmes (Accents, 1939;
le Témoin invisible, 1943), mais son œuvre ne parvint à s'imposer qu'après-guerre. En 1946, il
prit en main le désormais prestigieux Club d'essai de la Radiodiffusion française, alors que ses
recueils de poésie renforçaient sa réputation d'auteur tantôt secret et profond (Jours pétrifiés,
1948; Une voix sans personne, 1954), tantôt burlesque et virtuose (Monsieur, Monsieur,
1951). Son théâtre, qui est avant tout une réflexion sur le langage (Un mot pour un autre,
1951; les Amants du métro, 1952; Théâtre de chambre, 1955; Poèmes à jouer, 1960;
Conversation-sinfonietta, 1962), lui valut d'être reconnu comme un des maîtres de la
dramaturgie contemporaine.
Animé par des dialogues savoureux et énigmatiques, son théâtre préfigurait le genre du caféthéâtre. L'attention toute musicale qu'il porta aux mots fut celle d'un mélomane (l'Espace et la
Flûte, 1958), tandis que son appréhension de la scène s'apparentait à celle d'un critique d'art
(De la peinture abstraite, 1960; Hans Hartung, 1962; Hollande, Jean Bazaine, 1963).
En 1972 parurent les proses poétiques de la Part de l'ombre, et il regroupa en 1976 sous le
titre Formeries ses principaux travaux de recherche formelle sur la poésie. Il donna à son
autobiographie un titre de comédie, On vient chercher Monsieur Jean (1990), écrivit des
livres pour enfants (Je m'amuse à rimer, 1991), qui viennent ponctuer une œuvre théâtrale
particulièrement riche (le Professeur Froeppel, 1978; l'Archipel sans nom, 1991).
« Cette fin me fait penser à un ver de terre qu’une main cruelle aurait sectionné, et en se
tordant de douleur les deux parties de ce même ver de terre, ainsi divisé, hurleraient d’une
même voix : Qui suis-je ?!!! »
Laurent Terzieff
LA PIECE
Chester Lee, 25 ans, est américain, blanc, et a l'avenir devant lui. Il doit présenter sa fiancée
Gladys à ses parents, blanchisseurs à Brooklyn. Jusque là tout va bien. Seulement voilà,
Chester a un physique vraiment européen, et ses parents, vraiment chinois ! Comment vivre
avec cette énigme "biologique" surtout quand on la cache à tout le monde...
Une pièce qui parle avec humour de la difficulté d’intégration d’un jeune chinois, Chester
Lee, 25 ans, dans un milieu new-yorkais à dominante juive. Ses parents tiennent une
blanchisserie à Brooklyn. Ils sont chinois, mais bizarrement, lui n’a pas du tout le type
asiatique : « cheveux bruns et teint mat ». Alors, très naturellement, pour s’intégrer dans son
école, il se fait passer pour juif. Mais son étrange différence physique avec ses parents
l’intrigue, bien que sa mère lui donne toujours la même explication : il y a eu des mariages
inter-ethniques chez ses ancêtres. Chester est sûr qu’il y a autre chose et il n’aura de cesse de
le découvrir. Gladys, la jeune fille juive avec qui il sort, ignore tout de ses origines chinoises.
Les parents de Chester veulent, quant à eux, le marier à une jeune fille chinoise qui vient de
débarquer à New York.
Après de nombreux quiproquos, et des discussions parfois violentes, ses parents renonceront à
leur idée de mariage. Mais Gladys, découvrant qu’il n’est pas juif, le quittera, furieuse d’avoir
été trompée.
Il décide alors de quitter le nid familial et de prendre son indépendance. Et c’est précisément
cette décision que ses parents attendaient pour lui révéler leur terrible secret. Il s’attend à une
révélation bouleversante et apprend simplement qu’à leur grande honte, le jour de sa
naissance, ils n’étaient pas encore mariés. C’est tout. Pour eux c’était une honte
insurmontable, et pour lui ce n’est rien. Chester s’en va, dans un grand rire, avec valise et
chapeau. Et ses parents se remettent au travail.
Cette situation apparemment banale révèle le fossé profond séparant la morale traditionnelle
chinoise, même dans une famille immigrée, de la morale américaine dont tout l’occident est
l’héritier. Mais à travers cette pirouette, on voit bien que l’auteur veut en finir avec les
problèmes d’identité raciale qui empoisonnent les relations humaines et freinent l’intégration
sociale. Avant d’être homme, femme, juif ou chinois, on est d’abord un être humain.
L’AUTEUR
Officier dans la Marine Américaine, musicien, juriste, enseignant, et enfin écrivain, Murray
Schisgal commence sa carrière en 1960 lorsque LE TIGRE (The Tiger) et LA DACTYLO
(The Typist) furent créées à Londres - avant New York et une carrière internationale. En
1963, LUV est produit à Londres puis à Broadway. La pièce est publiée dans le recueil des
meilleures pièces 1964/65. Elle est nominée comme meilleure pièce par le Critics Cirele et les
Tony Awards. Un film, puis une comédie musicale ont été tirés de la pièce plus tard.
En 1967, Murray Schisgal commence à écrire pour la télévision et pour le cinéma. Dans le
même temps, il écrit des pièces en un acte, jouées depuis sur tout le territoire des Etats-Unis.
Puis c'est le cycle des pièces montées avec succès à New York : JIMMY SHINE, LES
CHINOIS, AN AMERICAN MILLIONAIRE, ALL OVER TOWN.
Pendant près de 10 ans, Murray Schisgal écrit pièces, scénarios de télévision, jusqu'à ce
qu'éclate le succès de TOOTSIE dont il fut le co-auteur et qui remporte de nombreux prix.
Les pièces de Murray Schisgal connaissent un retentissement international. En France, on
connaît LES CHINOIS, LE TIGRE, LES DACTYLOS, FRAGMENTS (dont une version
chorégraphique a été créée en 1998 par Marie-Laure Spéri), et bien sûr LUV (LOVE) dont
Laurent Terzieff fait la première production à Paris.
Depuis 15 ans, Murray Schisgal travaille dans une compagnie cinématographique PUNCH
PRODUCTIONS en association avec Dustin Hoffman.
POURQUOI CES DEUX PIECES ?
A priori, il y a une parenté évidente entre les deux pièces : celle du langage. Passer d’un
monde où le français souffre d’une maladie hilarante du sens de ses mots, à un monde où l’on
s’exprime dans une pseudo-langue pseudo-asiatique, sera certainement savoureux pour le
spectateur. Mais au-delà du comique étonnant et puissant de ces deux pirouettes de langage,
apparaissent en filigrane d’autres thèmes communs aux deux pièces et qui sont plus
troublants : notamment l’incompréhension inévitable et immémoriale entre les hommes, la
lourdeur des codes de comportements, et son corollaire : le poids des sous-entendus. Encore
faut-il que ses deux pièces « parentes » trouvent un sens à « s’allier » dans un même
spectacle :
- par son ton de pochade burlesque, la pièce de Tardieu constitue une véritable « mise en
bouche » de la pièce de Schisgal.
- le « collage » des époques dans lesquelles sont situées les deux actions est riche de sens : le
domestique chinois de UN MOT POUR UN AUTRE, apparaissant dans un milieu parisien
aisé du début du XXe siècle, sera implicitement présenté comme l’arrière-arrière-gand-père
du jeune Américain des CHINOIS, qui cherche sa place dans l’Amérique du XXIe siècle. Par
ce mariage inopiné dans le temps, l’espace, la langue et le style, la pièce de Schisgal acquerra
un sens surprenant et une dimension encore plus universelle, tandis que celle de Tardieu se
verra rétrospectivement enrichie d’un développement inattendu qui aurait certainement
enchanté son auteur.
- En outre, dans un sens plus conceptuel, la problématique de la « parenté » est centrale dans
la pièce de l’Américain, et c’est une parenté tout à fait concrète entre les deux pièces qui sera
ainsi suggérée.
- Et puis, Tardieu n’a-t-il pas conclu la préface de la Comédie du Langage par ces mots :
« … le poète a le droit de passer d’un genre à un autre, d’un poème en vers à un poème en
prose, d’un texte court à un long récit, d’une farce à une tragédie.
En ce qui me concerne, c’est dans cette liberté que j’ai puisé mes contraintes.
Mais c’était toujours à condition de rester fidèle à cette quête fondamentale qui est celle de
tous les hommes et de tous les temps, celle-là même qui est résumée et symbolisée par les
interrogations que Gauguin a choisies pour titre d’une toile célèbre, auprès de ces beaux
personnages rêveurs, ses amis les Maoris : « D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où
allons-nous ? »
… qui est aussi, bien sûr, la question lancinante que se pose Chester, mais d’une
manière tout particulièrement concrète, et donc exemplaire, dans LES CHINOIS!
ACCOINTANCE (laïus du metteur en scène)
Mais bon sang, qu’est-ce qui fait qu’un livre, une chanson, une odeur, un auteur, etc, nous suit
et nous poursuit dans le courant de notre vie, comme si notre destin lui était attaché, ou
comme si les éléments disparates de l’existence se trouvaient enfin correctement organisés
comme les mots dans un poème, les couleurs dans un tableau, ou les nouilles dans un plat du
jour. Je veux dire - arrêtez-moi si je m’embrouille - je veux dire que, par exemple, Murray
Schisgal, auteur new-yorkais comme il y en a des milliers, traduit en français comme il y en a
des centaines, et dont moi, quidam genevois standard connu bien au-delà du Bois-de-la-Bâtie,
j’apprécie particulièrement l’humour, comme j’aime celui de Romain Gary ou de mon copain
Yves, qu’est-ce qu’il me veut ce Murray-là ?
Bon. En 82, au conservatoire, je travaille une scène de LOVE de ce Schisgal en question
pendant plus d’une année sans me lasser, dans des versions congrues et incongrues avec des
partenaires tout à fait recommandables (Pascal Bongard, David Bauhofer ou encore JeanPhilippe Ecoffey, rigolo tout ça quand j’y repense), en 98 (c’est-à-dire 16 ans plus tard,
numérologiquement parlant : 1+6=7, 7 ! le chiffre sacré-cosmique-om-mani-padmé-oumien!)
on me propose de jouer LOVE en Valais, et aujourd’hui en 2005 (de nouveau 7
numérologiquement parlant !) on me propose de mettre en scène les CHINOIS toujours de ce
Murray-ci. Il y a donc clairement un complot cosmique qui se trame autour de votre serviteur,
un complot qui traverse le temps et l’Atlantique, et qui passe par le théâtre de la Grenade où
j’ai réalisé ma première mise en scène en 98 (Le Bénéfice du Doute), et où certains ont pu
percevoir une accointance probable entre mon travail et l’univers de l’auteur américain qui
poursuit cosmiquement des tas de gens comme vous et moi. D’ailleurs, avec ses premiers
droits d’auteur, Murray s’est, paraît-il, acheté une nouvelle paire de jeans, m’a raconté un
metteur en scène vaudois qui l’a côtoyé à New York, voilà ce que c’était Murray : un type qui
a besoin de changer de jeans. Pour comploter, c’est évident.
Dans la même période je lisais avec délice un recueil de pièces courtes de Tardieu, et il
m’apparut aussitôt évident qu’UN MOT POUR UN AUTRE et les CHINOIS étaient faits
pour se mettre mutuellement en valeur.
Et c’est ainsi qu’est né ce projet.
Daniel Vouillamoz
Théâtre
Premier amour
de Samuel Beckett
Mise en scène : Jean-Michel Meyer
Avec : Jean-Quentin Châtelain
du 4 au 8 août 2005
Production Théâtre de Vidy-Lausanne E.T.E., avec le soutien de Pro Helvetia –
Fondation suisse pour la culture
L’ŒUVRE
"C’est
une histoire de Je. A la mort de son père, Je est chassé de la maison de son père.
On lui a donné l’argent de son héritage et Je l’a mis dans sa poche. Je a échangé ses affaires
de nuit contre ses affaires de voyage. Je quitte la maison, et laisse la porte ouverte, ou plutôt
Je laisse la porte se fermer derrière lui. Voilà Je parti, comme son maître Dante, pour le
voyage initiatique du roman. Je aime les cimetières, les grands cimetières, celui de son père
est trop petit. Je s’y promène pour lire les mots des Morts, les épitaphes, oui, les Morts ne sont
pas comme les vivants, toujours grimaçants. Je est assis sur un banc, au bord du canal. C’est à
cet endroit précis, bien entouré d’un amas de détritus, que Je se fait surprendre par Elle. Je
pour la première fois de sa vie, est aux prises avec cet abominable nom d’Amour. Je avait des
sentiments mais seulement pour les choses.”
Les premiers mots du monologue de Beckett ont beau manifester d'emblée une sincérité
désarmante, ils dissimulent déjà l'essentiel avant même d'annoncer quoi que ce soit. Il faut
attendre la fin du monologue pour entendre le héros revenir sur l'idée de "mariage" évoquée
dès le début. "J'ai parlé de mariage, ce fut quand même une sorte d'union". De fait, le premier
amour dont il s'agit ici n'a rien, n'aura jamais rien eu d'un mariage.
BREVE BIOGRAPHIE DE SAMUEL BECKETT
(Né à Foxrock (près de Dublin) le 13 avril 1906 - Décédé à Paris le 22 décembre 1989)
Fils d'une famille protestante aisée, Samuel Beckett passe sa jeunesse à Dublin. Mais c'est à
Paris, où il rencontre James Joyce et des artistes d'avant-garde, qu'il vit surtout. Après la mort
de son père, il écrit son premier texte, 'Murphy'. Pendant la guerre, il s'engage dans la
Résistance et rejoint le Vaucluse où il écrit son deuxième roman, 'Watt', et invente la figure du
"clochard" que l'on retrouve constamment. Il retourne ensuite à Paris où il écrit des romans,
'Premier Amour', 'Molloy'... et des pièces de théâtre, 'Eleuthéria'... C'est en 1953, lors d'une
représentation de sa pièce 'En attendant Godot', qu'il acquiert sa renommé mondiale,
consacrée par le Prix Nobel en 1969. Samuel Beckett consacre la suite de sa carrière à des
textes courts, à la traduction de ses textes et à la mise en scène de ses pièces. S'il écrit en
français, c'est pour limiter l'usage de la langue. Son oeuvre, austère comme un monologue
intérieur, exprime l'impossibilité de vivre en sachant la finitude de l'existence.
Premier amour fut écrit en 1946, dans la foulée de Mercier et Camier, premier récit en français
de Samuel Beckett, et la même année que trois autres nouvelles La fin, L'expulsé et Le
Calmant. L'auteur ne publia pourtant le texte qu'en 1970, à la demande de son éditeur Jérôme
Lindon.
Il précède notamment l'écriture de Molloy et les premières pièces de théâtre. Nouvelle écrite à la
première personne, l'œuvre tient à la fois du soliloque et de l'adresse à un destinataire improbable.
Le narrateur y évoque, entre autres souvenirs, son goût des cimetières, la mort de son père,
l'expulsion du domicile familial et l'errance qui suivit. Puis, "pour passer à un sujet plus gai", son
"union" avec une femme, prostituée de son état, qui l'entretint et l'hébergea. "Mais l'amour,
conclut-il au terme du récit, cela ne se commande pas". Un humour acerbe et rancunier, une
poésie déchirante et un rapport jubilatoire avec les mots caractérisent Premier amour. Comme si
Beckett. choisissant le français pour écrire, trouvait la bonne distance avec la langue et avec sa
propre biographie. Des souvenirs personnels nourrissent certainement le texte, mais modifiés,
malmenés et, partant, universalisés car. comme l'écrit le narrateur : "J'ai toujours parlé, je parlerai
toujours de choses qui n'ont jamais existé ou qui ont existé, si vous voulez, et qui existeront
probablement toujours, mais pas de l'existence que je leur prête".
Jean-Michel Meyer
Avec Premier amour, nous ne sommes pas dans le registre du chef-d’œuvre estampillé. C’est
une nouvelle, du temps où Beckett, changeant de langue, s’exerçait à écrire directement en
français. Si l’humour n’existait pas, Beckett l’aurait inventé. L’acteur Jean-Quentin Châtelain,
sous la direction de Jean-Michel Meyer, distille avec une science consommée ce texte
d’excessive déréliction, qui traite du malheur d’être né et de l’effroi panique devant la femme,
cet autre par excellence. Châtelain est prodigieux, sa voix semble sortir d’un grand vide
d’être. Le comble de l’art.
Jean-Michel Meyer
Après des études de lettres à l'Université de Genève et de théâtre à l'Ecole Supérieure d'Art
Dramatique de Genève, il a été comédien et, pendant quelques années critique de théâtre au
Journal de Genève, avant de travailler, dès 1985, à la Radio Suisse Romande, en tant que
journaliste et producteur, travail qu’il a abandonné il y a une dizaine d'année pour devenir
metteur en onde et réaliser des fictions radiophoniques. Des rencontres avec certains
comédiens sont nés quelques spectacles de théâtre: Abel et Bela et Nuit, de Robert Pinget,
avec Roger Jendly et Serge Merlin. Il a travaillé avec Gérard Guillaumat aux Contes paysans,
de Maupassant, puis Premier Amour, de Beckett, avec Jean-Quentin Châtelain, qui est sa
première mise en scène de théâtre. Avec ce spectacle Jean-Quentin Châtelain a obtenu le Prix
du Syndicat de la critique parisienne et joué dans de nombreux pays d'Europe (Russie,
Allemagne, Hongrie, Géorgie, France).
Danse
Afro Tap Junction
Avec : Sebastien Kurth et Lukas Weiss
Percussionnistes : Magatte Ndiaye, Luzius Schilling, Julien Walliser
du 11 au 13 août 2005
Claquettes meets Africa!
La redécouverte de l'Afrique à claquettes. Une plongée en apnée vers les racines de la danse
percussive moderne. Innovatrice, fraîche et vivante. Vivez la répercussion mythique de la
culture africaine dans une rencontre pleine de force et d'énergie de deux danseurs à claquettes
incomparables, avec les rythmes archaïques du continent africain.
Le spectacle
« Afro tap junction », la nouvelle production de l'artiste suisse Lukas Weiss a eu sa première
tournée en juin 2004. La mise en scène pleine d'humour de la rencontre de deux danseurs de
claquettes sans précédent avec trois percussionnistes embrase un feu d'artifice rythmique
grandiose. Le jeune chorégraphe et producteur réussit avec bravoure la redécouverte de
l'Afrique à claquettes. Tambour battant, tourbillonnant, parfois aussi recueilli, mais toujours
entraînant.
Ce qui commence tranquillement et de façon recueillie par le solo de Magatte Ndiaye se
densifie en une percussion entraînante. Le public se croit dans la steppe africaine, au milieu
d'un tonnerre de sabots d'animaux sauvages passant par là.
Avec sa nouvelle production « Afro tap junction », l'artiste et chorégraphe suisse Lukas Weiss
entame un voyage fantastique vers les origines de la danse percussive moderne. Avec le jeune
danseur de claquettes Sebastian Kurth, qui a déjà rencontré de francs succès, il atterrit au
centre de l'Afrique, le continent des tambours.
D'abord hésitants, puis avec de plus en plus d'entrain, les joueurs de tambours et les danseurs
se rencontrent. Les percussionnistes d'expérience internationale Magatte Ndiaye, Luzius
Schilling et Julien Walliser tiennent tête rythmiquement aux danseurs de claquettes, et les
provoquent carrément en duel percussif.
Le jeu changeant des mains tambourinantes et des pieds piétinants convainc aussi par la
richesse des trouvailles. « Afro tap junction »est un accomplissement mutuel plein de clins
d'œil, d'une optique tranquille à effrénée et à suivre de justesse, mais de toute façon une
combinaison réussie et justifiée.
La danse à claquettes moderne puise ses racines en Afrique et la culture noire. Les pieds
remplacent les tambours que les esclaves africains devaient laisser dans leur patrie. Ce n'est
donc guère étonnant que les djembés et les chaussures ferrées trouvent un langage commun.
De la provocation réciproque et du tâtonnement rythmique de l'étranger, ressort dépouillé ce
qui est en commun. Il se crée un dialogue rythmique qui emmène les musiciens tout comme
les danseurs à se surpasser. Un spectacle à couper le souffle et une rencontre impressionnante,
osée, spontanée et pleine de légèreté virtuose.
LES ARTISTES
Magatte Ndiaye - Sénégal (1974)
Djembé / chant
Magatte Ndiaye vient d'une famille de griots (griots = famille d'artistes traditionnels en
Afrique occidentale) et est donc profondément enraciné dans la culture musicale et de danse
africaine depuis son enfance. Il est soliste du groupe international 'Cercle de la Jeunesse de
Louga' (chant traditionnel, danse et musique) et travaille en Suisse et au Sénégal. Avec Luzius
Schilling, il a également joué dans la musique du film 'Nulle part en Afrique' (Oscar 2002
pour le meilleur film de langue étrangère).
Luzius Schilling - Suisse (1970)
Djembé / Calimba
Par sa mère Christina Schilling, Luzius a été très tôt en contact avec la culture de danse et
musique africaine.Il a commencé sa carrière artistique comme danseur, mais se sentait
toujours plus attiré par la musique (percussion). A 18 ans, il devient musicien professionnel,
ayant sa propre école de percussions au Centre Rythme Danse à Bienne depuis 1990. Avec
Magatte Ndiaye, il fonde en 1995 le World Music Band ACAO.A ce jour, il a participé à plus
de 15 productions de CD et films.
Julien Walliser - Suisse (1975)
Doundoun
Julien Walliser est passé de la batterie à la percussion. Ancien élève de Luzius Schilling, il
travaille aujourd'hui comme percussionniste au Centre Rythme Danse et est musicien avec
Magatte Ndiaye et Luzius Schilling dans la compagnie de danse juniors à succès international
KiJuBallett de Christina Schilling.
Sebastian Kurth - Suisse (1984)
claquettes
Depuis que Sebastian Kurth a découvert la danse à 6 ans, il a suivi des cours hebdomadaires
de ballet et puis de claquettes. A 19 ans, il était déjà triple champion suisse de claquettes, et
participait à des championnats mondiaux. Les fréquents workshops chez des danseurs
internationaux (comme Cuno, Cornell, Duffy, Read) ont contribué à ces succès.Pour « Afro
tap junction » il a développé un numéro de claquettes spécial sur sable.
Lukas Weiss - Suisse (1965)
claquettes
Lukas Weiss a pris les premiers cours de danse à 12 ans. Dès 1982, il a participé comme
chanteur et danseur à plusieurs productions de comédies musicales du Théâtre de la Ville de
Bienne, et en 1988 il a créé avec Romano Carrara le 'Livingart Tandem' (danse, comédie et
jonglage), qui est devenu en 1992 le 'Livingart Magic Theatre' avec la venue du magicien
Christoph Borer. En 1999 il a lancé son show en soliste, et deux années plus tard, il a créé
avec le pianiste de boogie woogie Nico Brina le programme gala Tap and Boogie, qui
rencontre un très grand succès. Il est responsable du concept, tout comme de la production du
spectacle « Afro tap junction ».
Théâtre (création en français)
La nuit des chandelles
de Zsolt Pozsgai d’après le roman de Sándor Márai
Traduction et adaptation française : Eva Kiraly et Théo Darchet
Mise en scène : Zsolt Pozsgai
Avec : Jean Bruno, Mathieu Chardet, Juliana Samarine, Claude Goy
du 18 août au 3 septembre 2005
L’ŒUVRE
La nuit des chandelles est la dramaturgie adaptée du roman de Sándor Márai paru en français
sous le titre Les Braises (Albin Michel, 1995. Titre originale : A gyertyák csonkig égnek).
En 1949, le général Comte von Piningen vit dans l’isolement doré de son château, coupé du
monde extérieur emporté par la tourmente de l’après-guerre. Un soir, Conrad, son ami
d’enfance, son camarade de l’Académie militaire de Vienne, s’invite à dîner. Le comte
l’attendait depuis 40 ans. Pour régler des comptes, pour apprendre enfin la vérité, pour
confronter celle qu’il a eu tout le loisir d’imaginer pendant ces longues années à ce que va lui
raconter Conrad. Il y a deux questions à élucider.
Un jour de juillet 1910, le général, jeune marié, organise une chasse. Conrad est derrière lui
lorsque surgit un cerf. Il lève son arme, vise le cerf, se déplace, met en joue son ami qui lui
tourne le dos mais qui n’ignore rien de ce qui est en train de se dérouler, reste ainsi 30
secondes, puis abaisse le canon de son fusil et quitte précipitamment la chasse. Le lendemain,
il quitte le pays sans prévenir quiconque et refait sa vie "sous les tropiques". Voulait-il le tuer
vraiment et pourquoi ?
Selon toute vraisemblance, Conrad était l’amant de Christine, l’épouse du comte, et il
prévoyait de fuir avec elle après s’être débarrasser de son rival. Après son départ, le comte
s’enferme dans son pavillon de chasse et évite soigneusement Christine, jusqu’à la mort de
celle-ci, huit ans plus tard. Il ne lui a posé aucune des questions qui le minent : était-elle au
courant des intentions de Conrad ? Avait-elle même poussé son amant à cette extrémité ?
Christine tenait un journal, son carnet jaune, que le Comte a retrouvé mais qu’il n’a jamais
osé ouvrir. Ce soir-là, avec Conrad, il espère bien apprendre ce qu’il ignore encore...
Qu’est-ce que l’amitié ? Que peut-on exiger d’un ami ? Aime-t-on pour soi ou pour l’autre ?
Et toutes ces autres questions que l’on se pose sur l’amitié perdue sans en comprendre la
raison, sur ces amours impossibles, sur la nostalgie du vieillissement, sur l'agonie d'une
société aussi. Voici les grands thèmes de ce roman. On ne peut s’empêcher de supposer que
Márai s’est inspiré de sa propre expérience avec Dönyi, son meilleur ami d’enfance, dont il
parle dans Les Confessions d’un bourgeois, même si la fiction est habilement mêlée à la
réalité.
Un huis clos extraordinaire de sensibilité et de vérité ! Un art de la narration qui prend aux
tripes et qui ne vous lâche pas jusqu’à la dernière page. Un style superbe, aux chatoiements
multiples, une ironie imperceptible, une plume magnifique au service d’une pensée très
humaine.
L’ADAPTATION THEATRALE
L’adaptation théâtrale propose un personnage « ressuscité », celui de Christine, qui n’existe
pas dans le roman original. En effet, sachant que Conrad ignore encore la mort de Christine,
dix ans auparavant, et dans le seul but de provoquer chez lui un choc émotionnel, Henri a
engagé une actrice qui doit jouer le rôle de celle-ci. Ce choc aura un effet révélateur, comme
le penthotal, mettant Conrad dans un état dramatique et fragile qui lui fera avouer son amour
pour elle. Cette découverte du vieux secret enfoui révèle au spectateur à la fois la puissance
d’une amitié exceptionnellement forte, d’un amour profond et d’une trahison douloureuse.
Conrad et le Général ne peuvent se libérer ni de leur amitié, ni de cet amour. Toute leur vie est
enchaînée à ces deux sentiments qui les ont à la fois éloignés et maintenus liés. La figure de
Christine vit continuellement entre eux, et c’est ce lien de douleur, fait à la fois d’amitié et de
haine qui les ramène l’un vers l’autre pour cette ultime rencontre au déclin de leur vie.
L’adaptation met en scène également deux autres personnages qui ne figurent que très
secondairement dans le roman. Il s’agit d’abord de Nini, l’ancienne nourrice du Général, âgée
de près de 90 ans, qui est restée à son service toute sa vie, et a gardé sur lui une grande
autorité. Tous deux sont restés attachés par ces liens invisibles du « sein maternel ». Elle
connaît toute la vie du Général, ses attentes, ses joies, ses tourments, elle connaît toute
l’histoire de Conrad et de Christine et c’est pour aider le Général à résoudre cette douloureuse
affaire qu’elle est restée auprès de lui, fidèle compagne, jusqu’à cette ultime rencontre avec
Conrad. Car après cela, rien de la retient plus dans cette vie si tourmentée et elle peut mourir,
le cœur et l’âme en paix.
L’autre personnage de la pièce est l’ancien Maître de chasse du Général, figure charismatique
et pittoresque, à la fois naïve et bon-enfant, qui apporte une touche d’humour et de bonhomie
à cette histoire tissée dans des tonalités nobles et graves.
Le Théâtre de l’Orangerie est le lieu idéal pour cette histoire. Le bâtiment vétuste, un peu
délabré par le temps, exhalant une légère odeur de moisissure noble, ressemble aux
personnages de la pièce et constitue à lui tout seul le décor. Il donnera un surplus
d’authenticité.
L’AUTEUR
Sándor Márai, né en 1900 en Hongrie (à Kassa, actuellement Kosice en Slovaquie), est issu de
la grande bourgeoisie d’origine allemande. Écrivain cosmopolite, personnage brillant, il
connaît dès ses premiers romans un immense succès.
Très marqué par le traité de Trianon, il s’établit en Allemagne dès l’âge de dix-neuf ans.
Demeurant opposé à toute forme de domination politique de la pensée, il luttera contre le
fascisme déclaré dans une Hongrie alliée à l’Allemagne nazie. Il sera mis au ban par le
gouvernement communiste de l’après-guerre. Journaliste réputé, il commence une vie
d'errance. En 1948, il s’exile aux Etats-Unis, affirmant sa liberté. En 1956, les troupes
soviétiques écrasent le soulèvement des insurgés hongrois. À partir de ce moment-là, il décide
de ne pas autoriser la publication de ses oeuvres en Hongrie tant que les troupes soviétiques y
demeurent.
Il se suicidera en 1989, ne supportant plus l’attente dans l’exil. Hélas, sa mort correspond aux
prémices du naufrage communiste (tout juste quelques mois avant que les troupes soviétiques
n’aient été retirées) et au moment précis où la jeunesse hongroise exhume son œuvre pour la
porter au pinacle. Sur une soixantaine d’ouvrages, quelques-uns sont aujourd’hui disponibles
en français. On le compare souvent à Zweig, Musil ou encore à Schnitzler. Comme eux, il
reste le mémorialiste pénétrant d’une aristocratie de l’intelligence balayée avec les dernières
cendres de l’Empire austro-hongrois.
Œuvres de Sándor Márai traduites en français :
• Les Braises. Éd. originale Buchet-Chastel, 1958 / Albin Michel, 1995.
• La Conversation de Bolzano. Éd. Albin Michel, 1992.
• Les Révoltés. Éd. Albin Michel, 1992.
• Les Confessions d'un bourgeois. Éd. Albin Michel, 1993.
• Paix à Ithaque. Éd. In Fine, 1995.
• L'Héritage d'Esther. Éd. Albin Michel, 2001.
• Divorce à Buda. Éd. Albin Michel, 2002.
LE DRAMATURGE
Dramaturge, écrivain, homme de théâtre et metteur en scène, Zsolt Pozsgai a adapté au théâtre
l’oeuvre de Márai. C’est la pièce qui a été traduite du hongrois et adaptée en français par Eva
Kiraly et Théo Darchet sous le titre de : La nuit des chandelles.
Zsolt Pozsgai est né le 20 septembre 1960 à Pécs, en Hongrie. Il obtient un diplôme de
philologie hongroise de la Faculté des lettres à l’université de sa ville. L’écriture est sa
passion. Pendant ses années d’études il écrit déjà des pièces de théâtre, il crée une compagnie
de théâtre amateur et pour gagner sa vie, il est chanteur dans un piano-bar ou fait des petits
rôles dans le théâtre de sa ville.
En tant qu’écrivain, il gagne de nombreux prix notamment dans les concours de dramaturgie
dans son pays et obtient le Prix Européen au concours de Berlin, ainsi que d’autres prix
prestigieux pour la Meilleure dramaturgie de l’Année dans des festivals en Hongrie. Il reçoit
des commandes de scénarii pour le cinéma et la télévision.
Auteur à succès, il écrit de nombreuses pièces de théâtre qui sont jouées depuis quinze ans
dans les théâtres à Budapest et en province. Actuellement trois de ces dramaturgies sont à
l’affiches en Hongrie. Il fait des mises en scènes des ses œuvres et d’autres écrivains en
Autriche, Bulgarie et Allemagne. Trois recueils de ses pièces sont déjà publiés en hongrois,
certaines de ses oeuvres sont traduites en allemand, en anglais, en italien, en bulgare et en
français.
Actuellement, il est le directeur d’un tout nouveau théâtre au centre-ville de Budapest, le
Aranytíz Teatrum et il est le programmateur du théâtre d’été de Pécsvárad.
Spectacles pour les enfants
Matinées de dimanche
3 juillet 2005 à 11h00
« La malle à malices »
17 juillet 2005 à 11h00
« Marche pas sur mes rêves »
7 août 2005 à 11h00
« Tombées du ciel »
21 août 2005 à 11h00
« Bricomic»
28 août 2005 à 11h00
« Contes du Pincemincedoumougratte »
3 juillet 2005 à 11h00
« La malle à malices »
par le Guignol à roulettes (Fribourg)
Avec : Marie-Dominique San Jose-Benz, Pierre-Alain Rolle, Georges Voillat
Ce spectacle est un joyeux délire de marionnettes qui sortent de leur malle, puis dialoguent
avec les spectateurs, parfois même elles s’y mêlent. En tout cas, elles sont toutes proches, on
peut les toucher, et même les manipuler en même temps qu’elles racontent des histoires.
Le "Guignol à roulettes" est une compagnie théâtrale professionnelle, itinérante et
indépendante, spécialisée dans l’art de la marionnette. Depuis sa naissance en 1981, cette
compagnie francophone basée à Fribourg, a créé dix spectacles qui ont été joués aussi bien en
Suisse qu’à l’étranger.
17 juillet 2005 à 11h00
« Marche pas sur mes rêves »
par le Collectif du PIF (Genève)
Mise en scène : Barbara Firla
Avec : Rebecca Bonvin, Susan Espejo, Johane Féret-Buchet
Une lettre va bouleverser l’existence de Zargh, Zipette et Zoé. Vivant chacune aux trois coins
de la planète, elles vont enfin revoir leur mère… et découvrir l’existence de leur parenté ! Une
histoire pleine de suspense, de rebondissements, avec une belle pointe de poésie et une bonne
touche de sensualité.
Un spectacle de clown plein de tendresse, d’humanité et beaucoup de rire.
Johane Féret-Buchet – chanteuse, clown
Partagée entre son activité d’assistante de la petite enfance et super maman, Johane s’est tournée naturellement
vers l’expression clownesque. Elle a suivi la formation complète sur l’art du clown auprès de la Cie Oxymoron
de Martine Bührer. Actuellement, elle sème ses graines artistiques dans le cadre de l’École de cirque "Une fois,
un cirque…" de Confignon. Elle compense la légèreté de son cursus théâtral par une joyeuse détermination et un
travail acharné, qui fait d’elle une artiste clown bulldozer.
Rebecca Bonvin – comédienne, metteure en scène, clown
Passionnée depuis toujours par le théâtre, elle l’a d’abord pratiqué comme un loisir, dès l’adolescence, puis
comme une passion qui s’est transformée aujourd’hui en nécessité. Son parcours atypique lui a permis de croiser
des personnalités qui lui ont fait confiance et lui ont transmis leur savoir.
Depuis 1998, elle a pu collaborer dans diverses créations professionnelles dont celles de Jacques de Torrenté et
Catherine Sümi, la Cie Voeffray-Vouilloz, Cie des Etangs de Brumes par Buisse Alexandre, Martine Bührer... Sa
recherche de liberté théâtrale ne s'arrête pas au jeu. Grâce à la mise en scène, elle a pu réaliser différents univers
scéniques: le conte intimiste avec "Les Aventures de Plumette et de son premier amant", les auteurs valaisans
avec "Mots et Merveilles", "Le cabaret rock" avec le Devil Magic Mirror Show et le théâtre du réel avec "BalTrap". Elle a percuté l'univers du clown en participant à la formation sur l'art du clown dirigé par Martine
Bührer, croisé le chemin de Michel Dallaire, Ami Hattab...
Susan Espejo – mime, comédienne, chanteuse, clown
L‘amour de la scène était déjà présent lors de ses études en sociologie à l‘Université de Genève. Susan a étudié
la danse classique et contemporaine, l‘art dramatique et le mime, commençant par un stage sous la direction de
Carlos Martínez et aboutissant en juin 2001 au diplôme de l‘École Internationale de Mimodrame de Paris Marcel
Marceau. Elle a aussi étudié l'art du clown avec Martine Bührer. Ses représentations les plus récentes
comprennent "Silent Night" ou Noël en mime, "La Damnation de Faust", ainsi que "Les Fêtes de Nuit" au
château de Versailles.
7 août 2005 à 11h00
« Tombées du ciel »
Texte : Joane Reymond et Valentine Sergo
Mise en scène : Joane Reymond et Valentine Sergo
Direction d’acteurs : Jean-Philippe Meyer
Jeu : Joane Reymond et Valentine Sergo
Accessoires : Claire Firmann
Costumes : Maddalena Sergo
Bande Son : Andres Garcia
Et avec le regard complice de Dominique Gay
Assises sur un nuage, les deux anges Clarine et Tambourine répètent une chanson, mais à
force de souffler dans la clarinette et de taper sur le tambourin, un trou s’est formé dans le
nuage sans qu’elles s’en aperçoivent et voilà que du plus haut du ciel, elles se précipitent
directement sur…. la scène du théâtre de l’Orangerie ! Ou la-la, mais c’est plein d’enfants….
Et si on chantait notre chanson devant les enfants, ils pourraient nous dire ce qu’ils en
pensent, mais chut !…, il ne faut rien dire, ça reste entre nous !
En mélangeant humour, poésie et surréalisme, Joane Reymond et Valentine Sergo nous
invitent à vivre un moment joyeux et chaleureux, qui fera rire les petits et sourire les plus
grands.
La Cie Mine De Rien est une jeune compagnie de théâtre (1998) qui a déjà plusieurs
spectacles à son actif : la création d’une pièce de théâtre de Coline Serreau : « Le théâtre de
verdure » jouée en été 2003 à Genève au théâtre de l’Orangerie, des contes pour enfants
« Légendes rouges d’Amérique du Nord » (tournée en Suisse et dans les écoles), une clown de
rue « Georgina-nettoyeuse de rue » (tournée en Suisse, France et Belgique) et un one woman
show « Georgina la grande illusion ».
21 août 2005 à 11h00
« Bricomic»
Spectacle musical par le Duo Cellier-Duperrex (Lausanne)
Avec : Alexandre Cellier et Jean Duperrex
Une invitation au voyage et à la créativité musicale à travers la découverte d’instruments
insolites comme la fuyara de Slovaquie et des instruments fabriqués sur place : carottes,
balais, guidons, pompes à vélo…Tout y passe avec ces deux musiciens aussi drôles que
doués, passionnés de voyages dont ils rapportent des émotions très fortes qu’ils font partager.
Parfois, ils font participer le public à des improvisations collectives spontanées !
Homme Orchestre Siamois pour tout publique planétaireAlexandre Cellier et Jean Duperrex,
de leurs 4 mains et 20 Doigts, vous feront vibrer la corde musicale sensible nouant, dénouant,
renouant inlassablement ensemble toutes les notes du bout des mondes, s'attardant au Balkans
(et Pan) puis d'un arpège gracile débarquant au Brésil et soudain sur une double croche et sans
anicroche retrouvant la piste magique qui nous mène à l'Afrique enfin esclaves du fruit de la
passion musicale enchaînés de blues à l'âme mourrant à vos pieds dans un dernier soupir sur
les plages de la Louisiane. Ils auront usé pour invoquer les Esprits pour vous et parce que nul
instrument n'est trop barbare même pas des guidons de vélo, carottes, balais et autres
bricolages.
28 août 2005 à 11h00
« Contes du Pincemincedoumougratte »
par la Cie Deux temps, Trois mouvements (Genève)
Histoires, chansons et autres puces à l'oreille par Nathalie Athlan, Sylvie Zahnd
Un Pincemincedoumougratte
(pour ceux qui s’tâtent),
C’est d’l’amour en plaque,
Du bonheur en vrac,
Ça titille, frétille, émoustille,
Un Pincemincedoumougratte
D’un coup d’gratte, te r’met sur patte…
Nathalie Athlan a commencé par naître à Paris en 1967. Comme cela ne suffisait pas, elle a grandi, mais pas
trop. Il faut savoir rester petite pour travailler avec plus grand que soi : les enfants. Maîtresse d'école, en
pédagogie maîtrisée (universitairement parlant ! ), elle préfère désormais dire des choses plus intéressantes : des
bobards à tenir debout, pour les bouts d'humains qui, des pieds et des mains, font leur chemin !
C'est ainsi que depuis 1993, plusieurs de ses rejetons ont vu le jour et se sont propagés dans les centres de loisirs,
les écoles, les théâtres et autres festivals d’ici ou d’ailleurs : Petit jazz pour les petits enfants (1994), les contes
du Pincemincedoumougratte (1995), la comédie musicale Arachides Blues (1999), Dis-moi mon mur (2000), ...
En collaboration avec le collectif du Théâtre du Loup et Philippe Campiche, elle a travaillé à la mise en scène du
spectacle joué par des enfants J’peux faire la princesse ? (2001-2002). Ne prétendant aucunement détenir le
monopole du bobard, elle se fait fort d'inciter ses congénères enseignants, éducatrices, étudiants, élèves à mettre
en oeuvre cette pratique salvatrice, en leur proposant des stages (CEFOC, Théâtre du Loup…), et des cours
(Institut pédagogique de Lausanne, Formation continue des enseignants...). Car quand on aime, on conte, et
quand on conte, on sème !
Sylvie Zahnd, quant à elle, est née déjà grande à Genève en 1961, et a préféré le rester, car c’est pratique,
surtout pour porter toutes ses casquettes ! On la croise sur scène comme comédienne, entre autres pour la
compagnie 2Temps 3Mouvements et pour Labiscou compagnie (Le chat et la mouette, création Am Stram Gram
2004, tournée en Suisse romande et en France). On peut aussi l’entendre comme chanteuse au sein du quintet a
cappella Quai n°5 depuis 1997. Elle s’est également illustrée dans le trio Les Cropettes, cabaret clownesque de
1997 à 2004. Enfin, elle œuvre comme cheffe de chœurs, notamment pour la Chorale des Bains dont la
réputation au niveau du déhanché n’est plus à faire, et pour laquelle elle a conçu et mis en scène Arachide Blues.
Mais comment fait-elle ? Si vous voulez le savoir, allez à l’essentiel : son jardin. Vous la trouverez occupée à
cultiver ses tomates en se disant que la vie est belle !
La petite parlotte et la grande gigotte se sont rencontrées en 1995, très vite et très bien, ce qui a donné naissance
à la COMPAGNIE 2 TEMPS 3 MOUVEMENTS la bien nommée. Ensemble, elles ont créé Les contes du
Pincemincedoumougratte, puis Dis-moi mon mur, et mis sur pied diverses autres réjouissances mariant contes,
musique et théâtre. Elles célèbreront dignement cette année les 10 ans de leur compagnie. Qui l’eût cru ? Le
temps passe, le mouvement demeure.
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