aux ménages. 20 ans après les premières lois de décentralisation, le cadre réglementaire de
l’action économique des collectivités territoriales est réputé inadapté par rapport à la
réglementation européenne, aux besoins des entreprises comme des territoires et appelé à être
refondu. Le législateur semble hésiter sur les orientations qu’il conviendrait d’adopter. En
effet, très peu de travaux empiriques ou théoriques ont abordé cette question et le bilan des
initiatives régionales et locales de développement reste à faire. En dépit de nombreux rapports
(Cour des comptes 1996, Rapport Laffineur
, rapport Mauroy sur la poursuite de la
décentralisation, projet de loi Zuccarelli de 1998 sur la réforme des interventions des
collectivités en faveur des entreprises abandonné depuis), et de nombreux travaux issus de
plusieurs spécialités (Droit, Sciences politiques, Économie)
, aucun cadre conceptuel adapté
ne vient confirmer ou infirmer le bien-fondé de ces initiatives, ni même indiquer les
orientations les plus judicieuses.
Parmi les chercheurs en sciences sociales, les avis sont également très partagés. Les
initiatives des collectivités territoriales en matière économique ont-elles un sens pour
l’économiste (académique)? Sont-elles nécessaires au développement des régions ?
Favorisent-elles la compétitivité des entreprises ? Doivent-elles être prioritairement tournées
vers la valorisation des ressources locales, l’effort d’innovation ou le renforcement de
l’attractivité des territoires ?
L’analyse économique théorique ou normative a produit peu de réflexions sur le sujet. En
dépit du théorème de Oates
, les domaines de l’action économique publique dans lesquels les
collectivités voient leurs compétences clairement reconnus par la théorie sont minimes. En
effet, la distinction usuelle allocation de ressources, redistribution, stabilisation n’autorise
guère qu’une seule forme d’allocation, la production de biens publics locaux, les autres
fonctions n’ayant pas vocation à être décentralisées :
- La fonction redistributive localisée pose, en effet des problèmes d’équité et génère des
déséquilibres pouvant se traduire par une mobilité des agents économiques (le vote par les
pieds en faveur des territoires caractérisés par une fiscalité moins lourdes ou des services de
meilleur qualité), de sorte que la fonction redistributive ne peut être confiée à des pouvoirs
décentralisés que de manière subsidiaire.
- La fonction de stabilisation (politique monétaire, budgétaire et fiscale), nécessaire à la
réalisation des équilibres macroéconomiques, relève des compétences exclusives du pouvoir
central) et non des collectivités locales
De fait, la théorie de l’économie publique cantonne les fonctions économiques des
collectivités dans un rôle marginal. « Aux collectivités locales revient la production des biens
collectifs mixtes plus ou moins divisibles, exerçant des effets externes circonscrits à des zones
géographiques de plus en plus restreintes » (Marchand, 1999, p. 24). Il n’en reste pas moins
que ces initiatives régionales ou locales de développement, fondées ou non, sont bien réelles.
Elles empruntent des formes extrêmement diverses qui font certes l’objet d’études empiriques
et de quelques travaux théoriques (Greffe, 1984 et 1989 ; Bouinot, 1985 ; Derycke & Gilbert,
Les interventions économiques des collectivités locales dans l’union européenne, rapport au premier Ministre
par M. Marc Laffineur, parlementaire en mission auprès de la fonction publique de la réforme de l’Etat et de la
décentralisation, septembre 1996-fevrier 1997
Falzon (1996), Morvan et Marchand (1994), ) Lachmann (1997), Douence (1988).
Selon Oates (théorème de la décentralisation optimale), le bien public produit de façon optimale par le
gouvernement central peut être produit dans le cadre de sous-ensembles géographiques dans de meilleures
conditions (il est fait l’hypothèse qu’il s’agit du même bien).