La crise boursière est très vite devenue une crise bancaire. La plupart des banques avaient
utilisé l'argent des épargnants pour spéculer ou pour prêter aux entreprises. Elles eurent du
mal à couvrir les retraits massifs de leurs clients et certaines furent acculées à la faillite. Les
chèques n'étaient plus honorés et les entreprises, ne disposant plus de crédit, cessèrent
d'investir. Elles durent réduire leur production, licencier du personnel, voire déposer le bilan.
Le nombre de chômeurs croissant engendra, avec la chute du crédit, une baisse de la
consommation; cette dernière entraîna une baisse de la production, et donc d'autres
licenciements illustrant parfaitement l'expression :
III. Une crise mondiale
En raison de la prédominance des États-Unis et de la dépendance économique entre les
nations, la crise gagne le reste du monde. Banquiers et hommes d'affaires américains, qui ont
besoin de liquidités pour assurer leurs paiements, cessent d'accorder des crédits à l'étranger où
rapatrient leurs capitaux. Ce retrait de capitaux accélère la crise, frappant en premier lieu les
pays qui bénéficient le plus des prêts américains.
En mai 1931, la faillite de la grande banque autrichienne, la de la famille Rothschild,
provoque une série de krachs bancaires qui se répercutent en Europe centrale, en Allemagne,
puis en Grande-Bretagne.
Le 21 septembre 1931, le gouvernement britannique dévalue la livre (abandon de l'étalon-or),
entraînant dans son sillage la chute d'une trentaine de monnaies. Les États-Unis et la France
dévaluent leur monnaie en 1934 et en 1936. Les paiements internationaux sont désorganisés,
ce qui aggrave les difficultés du commerce mondial et des transferts de capitaux déjà mis à
mal par les réactions protectionnistes. En 1932, la crise a atteint tous les pays, à l'exception de
l'URSS, qui n'a alors pas encore d'économie de marché.
La crise provoque une contraction rapide et violente de la production industrielle mondiale :
en juillet 1932, son niveau général est inférieur de 38% à celui de juin 1929. Ce fléchissement
est moins sensible en France, où le développement industriel avait été plus lent, et en Grande-
Bretagne, dont l'économie ne s'était pas assainie depuis la guerre.
La progression du chômage est considérable. Évalué à moins de 10 millions en 1929, le
nombre de chômeurs dans le monde dépasse 30 millions en 1932 (dont 15 millions aux États-
Unis, 6 en Allemagne et 3 en Grande-Bretagne).Et les statistiques ne prennent pas en compte
les Asiatiques et Sud-Américains victimes d'un sous-emploi impossible à recenser.
Pour beaucoup, l'ampleur de la crise constitue une condamnation de l'économie de libre-
échange. De nombreux hommes politiques se tournent vers l'État pour trouver une issue à ce
qui est perçu comme une catastrophe.
IV. La relance par les armes
Aux États-Unis, Franklin Roosevelt, élu à la présidence en 1932, influencé par l’économiste
Keynes qui a fait le premier une analyse précise des mécanismes de cette crise, entreprend de
ranimer l'économie par une politique de grands travaux financée par des dépenses publiques
pour augmenter l'emploi et donc la consommation, pour provoquer une relance de la
production.