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06/05/2015 |
Crise économique mondiale
Le terme de crise économique mondiale désigne la grande dépression qui suivit le krach boursier de New York
des 24 et 29 octobre 1929. Après une chute vertigineuse de l'activité économique, qui dura de 1929 à 1932,
la croissance reprit dans la plupart des pays, parfois sensiblement. En Suisse, l'effondrement fut moins
spectaculaire qu'en Allemagne ou aux Etats-Unis, mais la reprise fut plus lente, si bien que le bilan global des
années 1929 à 1938 est comparativement parmi les plus négatifs.
La crise ne se déroula pas en Suisse au même rythme que dans les autres pays. Les industries d'exportation
furent touchées rapidement, mais sur le marché intérieur, la conjoncture, restée favorable notamment dans le
secteur de la construction de logements, ne s'effondra qu'en 1931. Le creux de la vague, atteint en 1932, fut
suivi jusqu'en 1936 d'une période de stagnation, durant laquelle le chômage continua de croître. La brève
amélioration qui survint alors s'explique par la course internationale aux armements. La crise provoqua de
fortes tensions politiques, qui bloquèrent les processus de décision; entre 1930 et 1938, le Conseil fédéral et
le Parlement eurent recours à la clause d'urgence pour soustraire nonante et un lois et arrêtés fédéraux au
référendum (Mouvement des lignes directrices); en contrepartie, on consulta davantage les partis et
associations.
Les régions rurales et celles travaillant pour le marché intérieur furent moins touchées par la crise que celles
qui dépendaient de l'industrie d'exportation. Cette dernière connut un recul massif, à cause de l'effondrement
du pouvoir d'achat à l'étranger et parce que de nombreux pays eurent recours à des mesures
protectionnistes (droits de douane, limitation des importations). Plusieurs Etats (Autriche, Allemagne, Italie
notamment) instituèrent en outre le clearing dès 1931, ce qui aggrava encore la situation. Le secteur le plus
touché fut l'industrie textile, qui ne s'en releva jamais vraiment, mais l'industrie horlogère, la métallurgie et la
construction de machines souffrirent aussi. En revanche, l'industrie chimique bâloise résista au choc; il en alla
de même pour beaucoup d'entreprises axées sur le marché intérieur (habillement, transports, petit
commerce, arts graphiques). Dans la construction, la conjoncture se montra d'abord favorable et ne tomba en
dessous du niveau de 1929 qu'en 1932. Dans le secteur bancaire, les bilans chutèrent d'un cinquième de
1930 à 1934, pour stagner ensuite. Plusieurs institutions connurent des difficultés (Banque populaire suisse)
ou durent fermer (Banque d'escompte suisse à Genève, 1934). Le secteur touristique fut privé de ses hôtes
étrangers dès 1931. Dans l'agriculture, les prix s'effondrèrent et retrouvèrent à peu près leur niveau d'avant-
guerre en 1935. Le secteur laitier dut se recentrer sur le marché intérieur à cause des difficultés
d'écoulement sur le marché mondial. La déflation frappa de manière générale la consommation, dans la
mesure où les consommateurs reportaient le plus longtemps possible leurs achats en escomptant une baisse
des prix. La Dévaluation - intervenue tardivement le 26 septembre 1936 - vint infléchir la tendance
déflationniste, elle rendit les entreprises suisses à nouveau plus concurrentielles.
La crise marqua durablement une population politiquement divisée. A gauche, outre les communistes,
beaucoup de socialistes espérèrent une socialisation prochaine de l'économie, jusqu'aux affrontements de
novembre 1932 à Genève. A droite, les idées autoritaires, corporatistes et fascistes trouvèrent, par-delà le
frontisme, des adeptes jusque dans le camp bourgeois (Corporatisme). Les mouvements antidémocratiques
connurent des succès partiels, mais comme dans d'autres démocraties fermement établies, ils ne parvinrent
pas à mettre vraiment en danger les institutions existantes. Amorcé en 1933, le débat sur les causes de la
crise et les moyens de la combattre eut des répercussions plus durables que ces positions extrémistes. Le
Conseil fédéral - où Jean-Marie Musy et Edmund Schulthess passaient pour les champions d'une ligne dure -,
ainsi que les économistes en place comme Eugen Böhler, qui s'appuyaient sur la théorie du
surinvestissement, refusaient de recourir à une politique conjoncturelle active. Les socialistes et les
syndicalistes, qui s'appuyaient sur la théorie de la sous-consommation défendue par Fritz Marbach et Max