Mari (Tell Hariri) - UNESCO World Heritage Centre

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Mari (Tell Hariri)
Syrian Arab Republic
Date of Submission: 08/06/1999
Criteria: (iii)(vi)
Category: Cultural
Submitted by:
Direction Générale des Antiquités et des Musées (Damas) avec le concours du WHC / UNESCO
Coordinates: A 10km au Nord Ouest de la Ville d'Abou Kemal sur la rive droite de l'Euphate
prés de la frontière syro-irakiennie
Ref.: 1294
Description
Mari est un site archéologique de première importance. La ville date d'environ 2900 ans av. J.C. Ce fut par
excellence, la cité-Etat royale du lIle millénaire dont la découverte à partir de 1933 puis celle d'Ebla à partir de 1963,
ont bouleversé nos connaissances sur la Syrie de l'âge du Bronze basées jusqu'alors sur le peu de renseignements
tirés des inscriptions des rois de Summer ou d'Akkad dans le territoire actuel de l'lrak.
Mari était une ville neuve qui a été fondée au XVIIIe siècle par une autorité politique responsable de l'aménagement
de l'ensemble de la région (deux canaux l'un pour l'irrigation, l'autre pour la navigation long de 120 km, ont été
récemment découverts, avec un système hydraulique assez complexe, dans la vallée de l'Euphrate et la basse vallée
de Khabur).
Expression d'une volonté politique la première cité de Mari avait un plan strictement circulaire d'un diamètre de 1900
mètres. Elle était entourée par une digue et un canal directement relié à l'Euphrate, assurant son approvisionnement
en eau tout en permettant, sans doute, aux bateaux de venir s'arrêter dans le port. Ces principaux axes de la voierie
rejoignaient les grands foyers du centre selon un système rayonnant (plan radio-concentrique).
Au cœur de la cité s'élèvent le palais et les temples, apparemment juxtaposés mais peut être bien confondus en un
seul ensemble qui offrirait alors une situation inconnue ailleurs en Mésopotamie. On relève l'existence d'un quartier
d'artisans et un autre réservé à l'habitat domestique marqué par le type de maison à espace central entouré d'une
couronne de pièces ; cet espace central n'est pas une cour mais la pièce principale couverte et éclairée par des
lanterneaux ou des clairevoies. Deux maquettes architecturales d'époque découvertes sur les lieux montrent la
même organisation à partir d'un plan circulaire : la maison ronde.
Le palais du lIle millénaire : C'est le plus grand des édifices de cette période jamais trouvés jusqu'à présent. Ce qui
fait sa très grande originalité, c'est l'importance qui y prend le sanctuaire. A cet égard aucun autre palais connu de
Mésopotamie ne peut lui être comparé. Outre l'enceinte sacrée plusieurs temples de cette époque (lIle millénaire) ont
été retrouvés. Nombre d'objets de la vie quotidienne ont été également retrouvés.
Cependant la vie quotidienne n'y apparait guère différente des autres cités du Proche-Orient du milieu du lIle
millénaire. Mari a été particulièrement riche en statues. Les statuettes sont remarquables par la variété des attitudes,
l'équilibre des volumes, l'harmonie des proportions, la finesse des détails.
Des fragments de panneaux à incrustation ont été trouvés en grande quantité : ce ne sont que des fragments mais la
diversité des scènes représentées, la qualité de la gravure confèrent une originalité certaine à la fabrication Mariotte.
Aucun doute qu'il s'agit là d'une création de la capitale de l'Euphrate car un atelier de graveur de nacre a été retrouvé
dans le palais. L'une des particularités est ici aussi la diversité des scènes dépeintes.
Les archives de Mari du lIle millénaire sont moins nombreuses que celles d'Ebla de la même époque : seulement une
quarantaine dispersée dans plusieurs endroits. Les archives du palais ou des temples restent donc à découvrir.
Outre les documents de comptabilité, un fragment de tablette nous fournit un texte littéraire: il s'agit du plus ancien
texte en langue sémitique ayant trait à la divination par les rêves, I‘oniromancie. Contrairement à Ebla, les documents
du IIIe millénaire de Mari étaient datés du mois et de l'année.
La découverte en 1935 du Palais royal du IIe millénaire élevé sur les décombres de l'ancien, fit grand bruit. C'était
pour la première fois qu'on assistait au dégagement d'un palais de cette période aussi exceptionnellement conservé.
Un palais de plus de deux hectares et demi avec 300 salles et cours, des murs de quatre mètres de hauteur par
endroit, avec sur ou sous les sols, des aménagements en réservoirs, citernes, puisards, égouts, jeux... et un matériel
d'une rare qualité : quelques quinze mille tablettes, des statues, des peintures murales, des figurines, des objets de
la vie quotidienne, des moules à gâteaux...
Jamais encore, en dépit des découvertes réalisées au XIXe siècle dans les palais assyriens si riches en bas-reliefs
ou en textes, on n'avait retrouvé un palais dont la vie semblait s'arrêter du jour au lendemain (vers 1761 av. J.C.) et
où les derniers habitants paraissaient avoir tout abandonné sur place.
Les enseignements tirés de la fouille de ce palais portent tout à la fois sur l'architecture en soi et sur l'univers royal au
début du IIe millénaire :
- Les savants ont dû réviser leurs jugements souvent trop hâtifs et sans fondements réels sur les qualités et les
défauts de l'architecture de brique crue ainsi que sur le niveau des connaissances techniques des constructeurs
mésopotamiens.
- Les fouilles ont démontré l'existence pratiquement partout d'au moins un étage ; ce qui permet de doubler la
superficie d'occupation par rapport à ce que qu'on imaginait au début.
- Le décor lié à cette architecture relativement bien conservé a permis des restitutions des peintures murales des
salles d'apparat tout à fait éloquentes et d'un grand intérêt .
- L'organisation des unités architecturales avec un espace central couvert au lieu de la cour à ciel ouvert est aussi
une nouveauté.
La fouille du grand palais a par ailleurs permis d'avoir une connaissance très précise de l'organisation et de la vie
d'un grand palais amorite du XIe millénaire grâce aux archives et au matériel, c'est à dire du cœur politique et
administratif d'une cité mésopotamienne.
Dans sa spécificité, le palais est l'édifice le plus représentatif de la civilisation mésopotamienne et celui de Mari,
malgré quelques particularismes liés à son histoire propre, est celui qui nous donne la meilleure image de ses traits
architecturaux de ses composants et de son fonctionnement. Hammourabi de Babylone en 1761 pille le palais, y mit
le feu ainsi que tous les grands bâtiments de la cité et la cité elle-même. Acte significatif : Mari n'avait plus sa place
dans le concert des royaumes du XVIIIe siècle av. J.C.
Parce que les circuits économiques qui unissaient la Syrie à la Mésopotamie ne passaient plus principalement par
l'Euphrate, cette destruction marqua la fin du rôle joué par Mari pendant un millénaire.
Apport du site à l'histoire par sa diversité, la documentation épigraphique de Mari est l'une des plus riches du ProcheOrient : elle donne une image d'une exceptionnelle concentration sur le monde syro-mésopotamien pendant la brève
période qui a précédé la chute de la cité : par la qualité de la conservation de son architecture et par la richesse du
mobilier qui y subsistait, le grand palais royal est l'exemple encore unique d'un grand palais de l'âne du Bronze. Ainsi,
c'est grâce à Mari que nous avons une idée de ce qu'a pu avoir été le premier empire babylonien sous la royauté
d'Hammourabi, puisque la fouille de Babylone n'a rien fourni pour cette époque.
Par l'ampleur et l'audace de ses conceptions, l'architecture du palais exprime la puissance inventive des populations
mésopotamiennes. Par la perfection de certaines de ses statues, Mari montre que ses ateliers se sont hissés à la
première place des grands créateurs artistiques, peut-être parce qu'ils se trouvaient au contact de deux univers
proches, mais non identiques, la Mésopotamie et la Syrie.
Enfin, le gigantesque de l'aménagement régional, né de l'ampleur des échanges commerciaux entre le rebord du
Taurus, son arrière-pays anatolien, la Syrie Occidentale et la Mésopotamie alluviale ou deltaïque, qui explique la
fondation de Mari destinée à contrôler la clé du système, illustre de façon unique le dynamisme des populations
sumériennes à l'aube de l'histoire et donne toute sa profondeur vraie à la première des grandes civilisations urbaines.
Aucun autre site n'a été aussi riche en enseignements
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