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l'Afrique: le continent
oublié
I. Introduction
Les pays d'Afrique subsaharienne ont affiché des résultats économiques décevants dans
les années 80 et au début des années 90, la plus grande partie de la gion se montrant
incapable de rompre avec un scénario de croissance faible (voire de recul) du revenu par
habitant, de forte inflation et de difficultés de balance des paiements. Entre 1995 et 1997,
toutefois, les performances se sont améliorées et le revenu réel par habitant a commencé
à progresser. Si le redressement des termes de l'échange y a aussi contribué, cette
embellie a été possible avant tout parce que de nombreux pays se sont engagés à mener
une politique macroéconomique saine, à s'ouvrir davantage sur l'extérieur, à mieux gérer
leur économie et à relever le formidable défi économique et social lancé à l'ensemble de
la région. les autorités ont tenu ce cap, la croissance s'est accélérée et la pauvreté a
reculé. Souvent, cette nouvelle politique a été adoptée dans le cadre de programmes à
moyen terme appuyés par le FMI et la Banque mondiale.
En dépit des progrès récents, la croissance reste fragile, les niveaux de vie sont toujours
très bas et la pauvreté est endémique. Les indicateurs d'éducation et de santé demeurent
médiocres et, dans certains pays, le rythme des créations d'emplois ne parvient pas à
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suivre celui de la population active. Les économies restent à la merci des aléas
climatiques (sécheresse, inondations) et sont toujours fortement tributaires des aides
extérieures concessionnelles. La région n'a pas été capable de tirer pleinement profit du
processus de mondialisation. L'idée d'un engagement plus actif de la communauté
internationale se heurte, dans la plupart de ces pays, à une série d'obstacles : l'insuffisance
des infrastructures et les carences de l'administration ; l'accès limité aux technologies de
l'information; le manque d'équipements de communication; l'état encore embryonnaire
des services financiers et la faiblesse de l'appareil judiciaire. Enfin, plusieurs conflits
armés assombrissent les perspectives économiques de la région et, dans de nombreux
pays, la propagation du SIDA/VIH abaisse la productivité de la main-d'œuvre et les
conditions de façon alarmante.
I/Géopolitique de l’Afrique contemporaine :L’Afrique, continent oublié ?
Les indépendances ont été source de beaucoup d’espoirs pour les peuples africains ; il a
fallu malheureusement, dans de très nombreux cas, déchanter. La colonisation n’était pas
à elle seule responsable des difficultés économiques et sociales du continent. On pourrait
accuser le « néo-colonialisme », ce maintien d’une domination économique de la part des
anciennes puissances tutélaires ou de nouvelles puissances. Cette forme de domination
existe, certes, en Afrique, mais les maux de l’Afrique ne viennent-ils pas plutôt de ce que
ce continent n’a suscité qu’un intérêt limité, qu’il n’est pas vraiment intégré à l’économie
et à la géopolitique mondiale ?
A. Un espace d’une grande hétérogénéité .
1/ L’Afrique apparaît comme le continent des PMA (pays les moins avancés) : sur
une cinquantaine de PMA dans le monde, 34 sont en Afrique, soit plus de 70 % des pays
africains (mais seulement 27 % de la population totale du continent). La moyenne de
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l’IDH de l’Afrique sub-saharienne est à moins de 0,5 et le premier Etat africain, la Libye,
n’apparaît qu’au 58ème rang (0,794). Inversement, 23 des 25 derniers Etats du
classement par IDH sont africains et 15 ont un indice particulièrement faible (égal ou
inférieur à 0,4). Dans 22 pays africains (sur une cinquantaine), le RNB/hab. est inférieur à
1 $ par jour.
2/ Certains pays ont de meilleurs niveaux de développement. C’est le cas en
particulier de l’Afrique du Nord, dont le niveau de développement est dian (entre 0,6
et 0,8), et de l’Afrique du Sud. Ces pays disposent même d’une base industrielle. En
revanche, même des Etats pétroliers comme le Nigeria ou l’Angola ont un IDH faible
(l’Angola fait partie des PMA). Par ailleurs l’Algérie illustre le cas d’une dépendance aux
hydrocarbures (95 % des recettes d’exportation, 30% du PIB) qui tourne à l’intoxication.
3/ Vaste continent de plus de 30 millions de km², l’Afrique est composée de
plusieurs sous-ensembles. Le Sahara constitue une vaste « mer intérieure » de près de
8 millions de km² (1/4 du continent), individualisant nettement le Nord. L’Afrique
centrale est le royaume de la forêt humide, très dense et peuplée de façon discontinue.
L’Est et le Sud sont formés de hautes terres, la vie est plus facile car la chaleur est
atténuée et les maladies plus rares ; c’est dans cette région de hauts plateaux et de massifs
montagneux (Kilimandjaro, 5900 m), entrecoupés de grands lacs, que prennent naissance
la plupart des fleuves africains (à l’exception du Niger et du Sénégal) ; c’est aussi
l’Afrique dominée par les langues bantoues, et celle où le christianisme est le plus
présent, alors que le Nord est dominé par l’islam.
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B. Les frontières issues de la décolonisation ont composé des
Etats sans Nations.
1• Les frontières des Etats africains ont été tracées au moment de la colonisation par
des Européens qui ignoraient largement les réalités humaines et même géographiques de
l’Afrique.. En devenant indépendants, les Etats africains ont choisi de conserver ces
frontières (charte del’OUA, 1963. Ces frontières aléatoires ont constitué des ensembles
humains très hétérogènes, au moins sur le plan culturel et linguistique. Aucun Etat
africain n’est composé d’une seule ethnie, rares sont ceux dont les populations parlent
une seule langue.
2.Il arrive fréquemment que ces Etats ne soient pas non plus homogènes sur le plan
religieux, en particulier dans les Etats du « Sahel » (bordiers du Sahara au sud), passe
la frontière entre islam, animisme et christianisme : le Nigeria connut ainsi une guerre
entre chrétiens du sud et musulmans du nord (Biafra, 1967) ; le Soudan vit un conflit du
même ordre depuis des années.
C. Un « angle mort » des relations internationales.
Les pays africains n’ont guère fait l’objet d’un affrontement entre les deux blocs.
Durant la Détente, les Soviétiques ont pu, directement ou par leurs alliés,
trouver des têtes de pont plus solides : l’Ethiopie, l’Angola ou le Mozambique… Mais les
effectifs engagés restaient faibles et les pays soutenus étaient fragiles ; le retrait
soviétocubain les a en général amenés à se tourner progressivement vers l’Occident.
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1. Un continent sous la tutelle de la France, puissance
moyenne.
Le manque d’intérêt des grandes puissances a laissé le champ libre à la France pour
maintenir son influence dans la plupart de ses anciennes colonies l’exception de celles
qui ont préféré la rupture comme la Guinée et surtout l’Algérie) même si les choix
politiques ultérieurs conduisaient à une certaine distanciation (Bénin, Burkina).
La France entretenait ainsi ses intérêts économiques (dans le pétrole, le commerce, la
finance), s’adjugeait d’importants contrats d’ingénierie et de travaux publics, et soutenait
des régimes autoritaires .
La « Françafrique » s’exprime par des côtés anecdotiques mais aussi par des
liens solides avec des pays occupant une position clé sur le continent : accords de
défense, présence permanente de troupes françaises, facilités d’escale. C’est le cas
notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Centrafrique, au Tchad, à Djibouti (cette
dernière position se révélant très utile lors des crises et interventions au Moyen Orient,
comme lors des « guerres du Golfe » (Iran Irak, Irak Koweït). L’influence française
est aussi diplomatique : le nombre croissant de pays participant aux sommets France
Afrique, qui réunissent désormais tous les deux ans à peu près tous les pays du continent,
même ceux qui ne sont pas d’anciennes colonies françaises, en est une confirmation.
Le « gendarme de l’Afrique ». L’intérêt de la France pour l’Afrique (ou au moins
pour certains pays africains) l’a conduite à intervenir régulièrement soit en cas
d’agression extérieure, en application des accords de défense, soit dans les affaires
intérieures, sous couvert d’assistance humanitaire et de protection des ressortissants
européens. Le premier cas peut être illustré par les interventions au Tchad (en 1982-83
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