Université de Nice 2004-05 Licence de mathématiques (L3) Compléments d’algèbre et arithmétique Partiel 1 la multiplication, noté (Z/16Z)∗ . Les groupes abéliens d’ordre 8 = 23 sont associés aux partitions de 3 : 1+1+1, 1.1. Les deux groupes Z/130Z et Z/26Z × Z/5Z 2+1 et 3. Pour les distinguer on considère les éléments sont-ils isomorphes ? Si oui, expliciter un isomord’ordre maximum : cet ordre est 8 dans Z/8Z, 4 dans phisme, sinon dire pourquoi. Z/4Z × Z/2Z et 2 dans (Z/2Z)3 . Le théorème chinois montre que l’application On remarque que (−x)2 = x2 . Les carrés des éléments Z/130Z −→ Z/26Z × Z/5Z de (Z/16Z)∗ sont x 7−→ (x [mod 26], x [mod 5]) x : −7 −5 −3 −1 1 3 5 7 Exercice 1. x2 : est un isomorphisme de groupes. 1.2. Mêmes questions avec les groupes Z/104Z et Z/26Z × Z/4Z. 1 9 9 1 1 9 9 1 les puissances 4 èmes sont donc toutes égales à 1 puisque 9 et -7 sont égaux modulo 16. Conclusion : pas d’élément d’ordre 8, mais 4 éléments d’ordre 4. Il ne peut s’agir que du groupe Z/4Z × Z/2Z. Un isomorphisme de groupes conserve l’ordre des éléments. Dans Z/104Z, qui est cyclique, il existe un élément d’ordre 104, alors que tout élément de Z/26Z × Exercice 3. Dans GLn (R), on considère l’ensemZ/4Z est annulé par le ppcm de 26 et 4 qui est 52. ble H des matrices diagonales dont les éléments 2 1.3. Pour chacun des deux groupes (Z/3Z) ×Z/9Z diagonaux sont égaux à 1 ou -1. Montrer que c’est et (Z/9Z)2 , déterminer les éléments d’ordre 3. un sous-groupe abélien de GLn (R). Quel est son Conclure. Y a-t-il un résultat du cours qui donne ordre ? Quelle est sa décomposition primaire ? Montrer que l’application également cette conclusion ? det : H M Puisque 3 est premier, un élément annulé par 3 est soit l’élément neutre 0, soit d’ordre 3. Les éléments annulés par 3 dans un groupe abélien forment un sous-groupe. Dans Z/9Z c’est le sous-groupe des multiples de la classe de 3, sous-groupe cyclique d’ordre 3. Donc, dans (Z/3Z)2 × Z/9Z, c’est un groupe isomorphe à (Z/3Z)3 et dans (Z/9Z)2 , c’est un groupe isomorphe à (Z/3Z)2 . Le sous-groupe des éléments annulés par 3 étant conservé par isomorphisme, les deux groupes proposés ne sont pas isomorphes. Le théorème qui classe les groupes d’ordre pn (ici p = 3 et n = 4) montre que ces deux décompositions, correspondant à des partitions différentes de 4 (2+1+1 et 2+2), ne sont pas isomorphes. −→ 7−→ R∗ det(M ) est un morphisme de groupes abéliens. Quelle est son image ? Quel est son noyau ? Les matrices de H sont en nombre 2n . C’est un groupe abélien puisque le produit de deux matrices diagonales est une matrice diagonale dont les coefficients sont les produits terme à terme des coefficients des facteurs. Comme tout élément est de carré In , H est isomorphe au groupe (Z/2Z)n . Le déterminant est un morphisme de groupes de GLn (R) vers R∗ qui induit un morphisme de H vers le groupe à deux éléments ({1, −1}, ×) isomorphe à Z/2Z. Le noyau est un sous-groupe d’ordre 2n−1 de H. Ses éléments sont Exercice 2. Dans Z/16Z, on considère l’ensemble les matrices dont la diagonale comporte un nombre pair G des éléments d’ordre 16 (pour l’addition). Déde −1. Ils sont tous d’ordre 2. Le noyau est donc isocrire G et rappeler rapidement pourquoi c’est un morphe à (Z/2Z)n−1 . groupe abélien pour la loi induite par la multiplication de Z/16Z. Exercice 4. Dans R2 on se donne deux vecteurs Soit d le nombre des éléments de G. Donner la 13 7 v1 = et v2 = liste des groupes abéliens d’ordre d à isomor4 1 phisme près. Donner celui d’entre eux qui est et on désigne par L le sous-groupe engendré par isomorphe à G et expliciter un isomorphisme. ces vecteurs dans Z2 . Les éléments d’ordre 16 dans Z/16Z sont les classes modulo 16 des nombres premiers avec 16, c’est-à-dire des 4.1. Dire pourquoi L est libre et donner son rang. nombres impairs. Il y en a donc 8, qui sont les classes Soit v un vecteur de Z2 . Montrer que le vecteur de -7,-5,-3,-1,1,3,5,7. Ils forment un groupe abélien pour 15v appartient à L. 1 2 L est un sous-groupe d’un groupe abélien libre. Il est nombre de 15 : n2 = 0 et n1 = 0, 1, . . . , 14. Autrement donc libre. Son rang est 2 puisque les deux vecteurs v1 dit, toute classe d’équivalence modulo L a un et un seul et v2 ne sont pas proportionnels. élément dans Z2 ∩ ∆ du type (n1 , 0) avec n1 entier et On peut d’ailleurs vérifier directement que l’application 0 ≤ n1 < 15. Z2 −→ L (n1 , n2 ) 7−→ n1 v1 + n2 v2 est un isomorphisme. Un vecteur v de Z2 est dans L s’il existe deux entiers n1 et n2 tels que v = n1 v1 + n2 v2 , c’est-à-dire si v = M n avec 13 7 n1 M= et n = . 4 1 n2 Posons 1 −7 A := . −4 13 On a l’identité M A = AM = det M I2 = −15I2 On en déduit que 15v = M (−Av) est dans L. 4.2. Montrer que les vecteurs 1 7 w1 = et w2 = 0 1 forment une Z-base de Z2 et que (15w1 , w2 ) est une Z-base de L. Comme w1 est dans Z2 , on vient de voir que 15w1 est dans L. Il s’écrit 15w1 = −v1 + 4v2 . La matrice P des coordonnées de (w1 , w2 ) dans la Z-base (v1 , v2 ) s’écrit donc −1 0 P = . 4 1 C’est une matrice à coefficients entiers de déterminant −1, ce qui montre que (15w1 , w2 ) est une Z-base de L. Soient α1 et α2 deux réels de l’intervalle [0, 1[. Montrer que le vecteur 15α1 w1 + α2 w2 est dans L si et seulement si α1 = α2 = 0. Soit ∆ le parallélogramme de R2 défini par ∆ = {15α1 w1 + α2 w2 | α1 , α2 ∈ [0, 1[}. Vérifier que (15w1 , w2 ) est une base de R2 en tant qu’espace vectoriel sur R. Montrer que tout élément de Z2 est équivalent, modulo L, à un élément de Z2 ∩ ∆. Supposons que 15α1 w1 + α2 w2 est dans L. Il existe donc deux entiers n1 et n2 tels que (α1 − n1 )15w1 + (α2 − n2 )w2 = 0. Comme (w1 , w2 ) est une base de R2 , on en déduit que α1 et α2 sont entiers, donc nuls puisque dans l’intervalle [0, 1[. Comme (w1 , w2 ) est une Z-base de Z2 , tout élément de Z2 est équivalent, modulo L, à une unique combinaison n1 w1 + n2 w2 avec n1 , n2 entiers, 0 ≤ n1 /15 < 1 et 0 ≤ n2 < 1. On en déduit que les seules possibilités sont au 4.3. Calculer l’aire de ∆. Compter les éléments de Z2 ∩ ∆. Quel est l’ordre du groupe Z2 /L ? Quel est l’ordre des classes dans Z2 /L des vecteurs w1 et w2 ? Identifier le groupe Z2 /L et en donner un système de générateurs. L’aire de ∆ est donnée par la valeur absolue du déterminant det(15w1 , w2 ) calculé dans la base canonique de Z2 . Elle vaut donc 15, l’aire unité étant celle du carré construit sur les vecteurs de la base canonique. On vient de voir que Z2 ∩ ∆ contient 15 points, ce qui montre que le nombre de classes d’équivalence modulo L est égal à 15. Le vecteur w2 est dans L, donc nul dans le quotient, tandis que la classe de w1 est d’ordre 15 : en effet, 15w1 ∈ L et si 0 < n1 < 15, le vecteur n1 w1 est dans Z2 ∩ ∆ et ne peut pas être dans L. Le groupe Z2 /L est donc un groupe abélien cyclique d’ordre 15, engendré par la classe de w1 .