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M. Kintzler - Terminale E.S. - E.D.S. - Progrès Technique & Evolution Economique selon Schumpeter (1883-1950) - cours
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PROGRES TECHNIQUE & EVOLUTION ECONOMIQUE SELON SCHUMPETER (1883-1950)


Objectifs :
 Cerner le lien entre innovation et cycle ;
 Connaître l'entrepreneur schumpeterien ;
 Analyser les formes imparfaites de la concurrence ;
 Comprendre l'actualité du débat posé par Schumpeter.
Savoirs1 :  Capitalisme,  Capitaliste,  Cycle,  Cycles Juglar,  Cycles Kitchin,  Cycles Kondratiev,  Destruction Créatrice,  Entrepreneur Schumpeterien,  Grappes d'Innovations,  Innovations
Horizontales,  Innovations Majeures,  Innovations Mineures,  Profit,  R. & D.,  Rente de Monopole,  Révolution Technologique,  …………………… etc.

Liens en Terminale E.S. : Accumulation du capital, Progrès Technique & Croissance ; Croissance, Progrès Technique & Emploi (tronc commun).
 Citation :"le jeu des affaires ne ressemble pas à la roulette, mais plutôt au poker". (J. A. Schumpeter)
 Démarche proposée :
Introduction (cf. Bordas)
En ce début de 21e s., le rôle du progrès technique dans la croissance est indubitable. Les T.I.C. font partie des secteurs
moteurs de la croissance occidentale.
Pourtant, il y a pus d’un siècle, le rôle du progrès technique était souvent méconnu voire décrié. Schumpeter fut le premier économiste à avoir compris l'importance du progrès technique à travers son analyse de l'innovation.
Mais qu'est-ce qu'une innovation ? Qui l'introduit et pourquoi ? Quelles sont les entreprises les plus innovantes ?
L'innovation étant un processus discontinu, quel est son impact sur la croissance ? Suffit-il d'une innovation pour transformer l'activité économique ? L'innovation n'exerce-t-elle que des effets bénéfiques sur la croissance ?
Loin de nier le rôle du progrès technique, les analyses modernes ont cherché à approfondir les travaux de Schumpeter.
Pourquoi les PME ont-elles résisté au mouvement de concentration pressenti par Schumpeter ? Peut-on toujours raisonner
en termes de cycles ? Comment intégrer le progrès technique dans les théories modernes de la croissance ?
I. Le progrès technique, moteur de « l’évolution économique »
1. Qu'est-ce que l'innovation ?
 Doc. 2 p. 35 : Q°2&3
2. L'idéal-type de l'entrepreneur Schumpeterien
 Doc. 1 p. 34 : Q°2&3
 Doc. 12 : La réussite dans les affaires ; Q° 1 à 4.
 Doc. 3 p. 35 : Q°1&2
3. Innovation & cycle économique
 Doc. 6 p. 37 : Q°1&2
 Doc. 7 p. 37 : Q°2
 Doc. 5 p. 36
II. Critiques et prolongements contemporains (de l’analyse schumpetérienne)
1. Innovation individuelle ou collective ?
 Doc. 12 p. 40 :
2. Les théories de la croissance endogène
 Doc. 13 p. 41 : Q°3
 Doc. 14 p. 42 : Q°1à3
 Doc. 9 p. 39 :
3. La théorie des cycles réels3
 Doc. 8 p. 38 : Q°1à3
Conclusion
Expliciter mieux l’idée de grappes d’innovation et de groupes d’entrepreneurs
1
. Définitions à écrire dans le lexique.
Cf. Doc. 8 p. 404, Hachette 1999.
3
. Ou théorie RBC pour Real Business Cycle
2.
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Joseph Aloïs Schumpeter (1883-1950) ou l'économiste hétérodoxe

Une enfance et une formation privilégiées
 Né l'année de la mort de Marx (tout comme Keynes).
 Fils d'un riche industriel, qui meurt quand il a 4 ans.
 Côtoie l'élite autrichienne de Vienne, alors capitale intellectuelle prospère (avec Freud).
 Brillantes études de droit et d'économie (ses maîtres sont Menger et Böhm-Bawerk, fondateurs du marginalisme !).

Une carrière financière et politique infructueuse
 Ministre des Finances en 1919 pendant 8 mois seulement (dans le gouvernement socialiste de Otto
Bauer)
 Président d'une banque viennoise jusqu'à sa faillite en 1927
 Deux semi-échecs qui le distingue de Durkheim en politique ou de Ricardo ou Keynes en finance.

Universitaire prestigieux et économiste hétérodoxe
 Universitaire à Bonn qu'il quitte en 1932 à cause de la montée du nazisme pour Harvard.
 Son immense prestige lui vaut de présider la société d'économétrie puis l'Association Internationale de
Science Economique.
 Théorie de l'évolution économique (1912, à 29 ans !) : importance cruciale des innovations
 Business cycles (1939) : réflexion sur les cycles
 Capitalisme, socialisme et démocratie (1942) : il s'y montre pessimiste sur l'avenir du capitalisme,
noyé dans les pesanteurs des grandes organisations.
 Histoire de l'analyse économique (1954, grâce à sa 3e épouse) : les phénomènes économiques sont
aussi historiques et sociaux
 Hétérodoxe (i.e. difficilement classable parmi les économistes) car :
 Il s'oppose aux néo-classiques : la règle en économie est le déséquilibre
 Il s'oppose à Keynes sur le rôle de l'Etat
 Il s'oppose aux marxistes quant aux libertés individuelles et à la dynamique capitaliste
 Il recourt à l'histoire et à la sociologie
 Il sera influencé par sa 3e épouse aux idées très conservatrices.

Ses contemporains : Weber (1864-1920, il l'a connu), Keynes (1883-1946), Pigou (1877-1957),
Durkheim (1858-1917), Tönnies (1855-1936), Simmel.

Anecdotes :
 Se marie la 1e fois en Angleterre, obtient un poste d'avocat à la cour du Caire et gère les affaires d'une
princesse égyptienne.
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I. Le progrès technique, moteur de « l’évolution économique »
1. Qu'est-ce que l'innovation ?
 Schumpeter (1883-1950) affirme que le développement qu'il appelle "évolution" (d'où le titre !) entraîne
une augmentation générale des richesses créées, une diversification de la consommation et du progrès social. Ce développement est un phénomène qualitatif "spontané et discontinu".
 L'économie serait stationnaire sans de nouvelles combinaisons productives (:= association spécifique de
facteur travail (quantité et qualifications) et de facteur capital (quantité et qualité) qui sont dues à l'innovation donc au progrès technique.
 Pour lui, produire c'est combiner des facteurs de production, innover c'est trouver de nouvelles combinaisons.
 Doc. 2 p. 35 : Q°2&3
 Q°2&3 : Schumpeter donne à l'innovation un sens très large :
1. un nouveau produit : par exemple le C.D., le DVD, le portable, la voiture au début du 20e s., post-it,
Typex, lave-linge, photocopieur Xerox en 1959, baladeur MP3…
2. un nouvelle méthode de production (ou de distribution) : la vente par correspondance, le télé-achat, le
code barre, PC Dell vendus uniquement sur Internet, …
3. un nouveau débouché : des entreprises se spécialisent dans le nettoyage des ordinateurs de bureau ; ouverture du marché chinois ; Christophe Colomb ouvrant la voie au commerce transatlantique, graveur DVD
d’abord pour les professionnels puis le grand public, ...
4. une nouvelle source de matière première ou d'énergie : nucléaire, hydrogène, nouveau processeur
5. une nouvelle organisation : Taylorisme, fordisme, toyotisme, OPEP en 1960, fusion CanalSat / TPS
 Innovation # invention
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 Sur le marché, une innovation réussie traverse les 5 phases d'un cycle de vie selon une courbe en S :
La courbe en S des innovations (ou courbe logistique)
Production
Introduction croissance
Maturité
Saturation
Déclin
Innovation A
Innovation B
Introduction
Croissance
Temps
Phases
introduction
croissance
maturité
saturation
déclin
Demande
nouveauté chère et
acheteur prudent
consommation de masse
acheteurs tous
équipés
Offre
ventes irrégulières et
peu importantes ;
risque grand et profits faibles
apprentissage des
consommateurs et
effet d'imitation.
chiffre d'affaires et
profit augmentent
vite.
Intérêt pour
d'autres produits
Innovation
indispensable
pour survivre

économies d'échelle & concroissance
currence entre entreprises presque nulle sur
innovatrices et imitatrices,
un marché de
responsables d'une baisse de renouvellement
prix et d'une faible croissance. Marché de renouvellement.
L'investissement en innovation est particulièrement risqué : par exemple, il faut 10 ans pour vendre un médicament quand le
principe actif a été découvert ; dans l'intervalle, l'environnement réglementaire (normes sanitaires), économique (taux d'intérêt,
nouvelles exigences des consommateurs) et concurrentiel change. La liste des innovations aux échecs technologiques ou économiques est longue : Concorde, T.V. haute définition, Network Computer, cassette numérique, …
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2. L'idéal-type de l'entrepreneur Schumpeterien

Doc. 1 p. 34 : Q°2&3
But : Dans ce texte, J. Schumpeter donne sa définition célèbre de l’entrepreneur : l’entreprise se définit par
l’exécution de nouvelles combinaisons productives, c’est-à-dire par sa capacité à innover.
Q°2. L’entrepreneur impose sur le marché de nouvelles combinaisons productives grâce à sa capacité à innover.
Q°3. Cette définition lui est très spécifique. Traditionnellement, on définit l’entreprise par sa fonction de combinaison des facteurs de production.
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 Doc. 14 : La réussite dans les affaires ; Q*1à4
Chaque fois que le mode d'existence bourgeois s'affirme suffisamment pour affaiblir le prestige des autres hiérarchies sociales, ses promesses sont assez fortes pour attirer la grande majorité des intelligences exceptionnelles et pour identifier le succès avec la réussite dans les affaires. Bien que les récompenses ne soient pas distribuées à l'aveuglette, cette réussite suppose néanmoins une part de chance qui ajoute à son attrait; le jeu des
affaires ne ressemble pas à la roulette, mais plutôt au poker. Ces récompenses sont distribuées à la compétence,
à l'énergie, à la puissance exceptionnelle de travail ; si, cependant, il était possible de mesurer ces qualités soit
en général soit les accomplissements individuels qui entrent dans la réalisation de chaque réussite spécifique, on
constaterait vraisemblablement que les primes effectivement payées ne sont pas proportionnelles à l'un ou à
l'autre de ces éléments de succès. Des gains impressionnants, beaucoup plus élevés qu'il n'aurait été nécessaire
pour provoquer tel ou tel effort spécifique, sont jetés en pâture à une faible minorité de gagnants et, du même
coup, impriment une impulsion beaucoup plus puissante que ne l'aurait fait une répartition plus égalitaire et plus
« juste » à l'activité de la grande majorité des hommes d'affaires qui, en retour de leurs initiatives, ne reçoivent
qu'une rémunération très modeste - sinon rien ou moins que rien - mais qui, néanmoins, s'évertuent au maximum parce qu'ils ont les yeux constamment fixés sur les gros lots et surestiment leur chance de réussir aussi
bien que les gros gagnants.
J. A. Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie (1942), Payot, 1990.
Q*1 : Qu'est-ce que le "mode d’existence bourgeois" ?
Il se caractérise par un conservatisme et un conformisme dans tous les domaines, donc par une absence
de prise de risques. Cette expression est du plus pur style marxiste.
Q*2 : Quelles sont les qualités essentielles de l'homme d'affaires selon Schumpeter ?
 L’entrepreneur schumpeterien ou pionnier doit réunir plusieurs qualités :
- puissance de travail et compétence ;
- attrait pour le progrès et le changement ;
- capacité d’assumer les risques encourus.

C’est donc un aventurier anticonformiste pariant sur l’avenir dans l’espoir d’un succès spectaculaire et acceptant le risque d’un échec total. Pour Schumpeter, seules quelques "intelligences exceptionnelles" (cf. texte) ont ces qualités.
Q*3 : Commentez : « le jeu des affaires ne ressemble pas à la roulette, mais plutôt au poker ».
 Réussir dans le monde de l'entreprise ne s'apparente pas vraiment à un jeu de hasard mais plutôt un jeu de
stratégie. L'entrepreneur schumpeterien n'est pas spectateur mais acteur de sa vie, il n'attend rien de la
chance, il la force. Il a une démarche tout à fait rationnelle, si chère à Weber (qui connaissait Schumpeter).
Q*4 : Distinguez l’entrepreneur Schumpeterien de l’entrepreneur de la théorie classique. (Vous pouvez
vous reporter à votre cours de Première E.S.)
 Contrairement à l’entrepreneur "classique", l’entrepreneur schumpeterien n’est pas attiré par un profit immédiat mais plutôt par l'innovation, sans doute récompensée par la fortune et la considération (prestige).
Son attitude progressiste est très éloignée des calculs froids de l'homo oeconomicus. Son rôle est de rompre
avec la routine (le conservatisme) en impulsant la nouveauté.
 l’entrepreneur « innovateur » ou pionnier est conduit par la « joie de créer » : « il crée sans répit car il
ne peut rien faire d'autre. Il y a d'abord en lui le rêve et la volonté de fonder un royaume privé, une dynastie. Puis, vient la volonté du vainqueur et enfin la joie de créer une forme économique nouvelle.»
 Il ne s'agit pas de l’entrepreneur « imitateur » qui imite, plagie, contrefait les innovations à succès.
 Si l'innovation est le moteur de la croissance (cf. I.), l'entrepreneur schumpeterien en est bien l'acteur.
4
. Cf. Doc. 8 p. 404, Ancien manuel Hachette.
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Un autre parallèle peut être fait avec l'analyse classique : la structure de marché appropriée pour l'innovation.
 Schumpeter voit dans le monopole une structure de marché adaptée permettant d'innover grâce aux rentes
de situation. Sans elles (et non sans ailes !), c'est-à-dire sans cette perspective de profit, les entreprises n'ont
pas du tout intérêt à disperser leurs efforts dans la R. & D., mais plutôt à baisser leurs prix pour affronter la
concurrence. Cette approche justifie les concentrations récentes.
Exemples : BP - Amoco - Arco ; Exxon - Mobil ; Total - Fina - Elf ; Daimler - Chrysler ; Renault - Nissan ; AOL - Time Warner ; …
 Cependant, Schumpeter craint que la dynamique capitaliste basée sur l’innovation ne disparaisse face
à la domination, la bureaucratisation et la routinisation des grandes entreprises. Référons-nous aux actuelles F.T.N.

Toutefois, il faut nuancer la sélection des dirigeants opérée par le capitalisme : leurs fautes ne sont fatales que dans les petites
entreprises. Les grandes sont protégées par la diversité de leurs activités et la confiance des banques. En principe, les actionnaires peuvent renvoyer des P.D.G. incompétents, souvent la structure du capital ne s'y prête pas en raison de participations croisées, de dilution du capital et, de toute façon, les critères de recrutement ne favorisent pas le type de dirigeants décrit par
Schumpeter : les diplômes des grandes écoles, la reproduction sociale aux sommets hiérarchiques (cf. Bourdieu) priment l'esprit
d'aventure.
 Doc. 3 p. 35 : Q°1&2
But : Schumpeter analyse le phénomène de résistance au changement auquel est confronté l’innovateur.
Q°1. Les trois difficultés sont les suivantes :
1) L’innovateur est confronté à l’incertitude sur le marché faute d’expérience sur laquelle s’appuyer.
2) Il existe pour lui un coût psychologique à l’innovation.
3) Pour ses concurrents, l’innovateur remet en cause les règles habituelles de fonctionnement du marché, il
se peut se heurter à leur résistance.
Q°2. L’entrepreneur est dans un processus de déviance par rapport à des règles socialement valorisées.
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3. Innovation & cycle économique
 Doc. 6 p. 37 : Q°1&2
But : définir les grappes d’innovation et leurs conséquences sur l’irrégularité de la croissance.
Q°1. Les innovations apparaissent souvent par grappes ou par essaim pour trois raisons :
1) Constater la réussite de quelques-uns diminue les résistances (sociales et psychologiques).
2) Les innovations sont imitées au sein de la branche.
3) Les innovations d’une branche peuvent entraîner (effet d’entraînement) celles des autres branches.
Q°2. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) constituent un exemple contemporain de
« grappe d’innovations » qui touche différents secteurs : informatique, télécommunications,production industrielle ou secteur financier. Autre ex : les biotechnologies
Attention, toutes les innovations ne sont pas importantes :
 Les innovations mineures (ou progressives ou incrémentales) apportent seulement des améliorations techniques et économiques dans des domaines déjà connus : par exemple, intégration d'un zoom plus puissant
sur un appareil photo.
 Les innovations majeures (ou radicales) provoquent une rupture, un saut qualitatif dans les techniques,
comme le passage d'un appareil photo classique à un appareil numérique.
 Les innovations horizontales se diffusent dans plusieurs secteurs économiques. Aujourd'hui, toutes les
données sont numérisées (TNT, RNT, …).
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 Les innovations majeures et horizontales provoquent une révolution technologique ou industrielle
(Schumpeter parle d'évolution économique) qui bouleverse le système productif et, à travers lui,
l’organisation du travail, les rapports sociaux et les modèles socioculturels.
Pendant quelle phase conjoncturelle, les grappes technologiques se développent-elles ?
 Selon Schumpeter, elles apparaissent en période de dépression et font redémarrer l'économie.
 Chaque grappe d'innovation engendre un nouveau cycle, surtout si elle implique de forts gains de productivité (comme pendant les Trente Glorieuses) dont la répartition profitera à tous. Aussi, c’est
l’irrégularité du progrès technique qui explique l’irrégularité de la croissance.
 Et, chaque grappe est associée à un groupe (une « troupe ») d’entrepreneurs.
 Rappel : Le développement n’est donc pas un processus continu, mais lié au retour périodique des grappes
d’innovation.
 Critiques :
1. Schumpeter n'explique pas de façon convaincante pourquoi l'innovation surviendrait par vagues régulières
et non de façon continue.
2. Il ne tient pas compte des écarts technologiques entre les pays, comme s'il n'y avait pas de pays leader.
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 Doc. 7 p. 37 : Q°2
 Selon Schumpeter, chaque grappe d'innovation produit un processus (un « ouragan perpétuel » aurait
dit Schumpeter) de « destruction créatrice ».
 D'un côté, les innovations détruisent :
 Certaines activités devenues obsolètes, obligeant des entreprises à se reconvertir ou à fermer.
 Certains emplois et / ou entraînent du chômage technologique ;
 Certains modes de vie comme le mode de vie paysan en France ;
 Sous cet angle, le progrès technique est responsable des grandes crises périodiques du capitalisme.
 D'un autre côté, les innovations créent :
 de nouvelles activités sous l’effet de la concurrence entre anciens et nouveaux produits ;
 de nouveaux emplois (informaticien, webmaster, …) ;
 de nouveaux modes de vie comme le mode de vie urbain ;
 Sous cet angle, le progrès technique est responsable d'un véritable changement social et, pour partie, de la
croissance.
 Sur une longue période, l'aspect créateur l'emporte sur l'aspect destructeur : le bilan économique et
social est positif. Les sociétés capitalistes se sont enrichies comme nulle autre dans l'histoire en si peu de
temps. Et, cet enrichissement, malgré les injustices sociales, profite aux masses.

Le Roi-Soleil, dit en substance Schumpeter, aurait envié les actuelles prothèses dentaires ; en revanche, ayant les moyens
d'acheter des milliers de bougies et de payer les domestiques qui les allument, il aurait pu se passer de l’électricité qui apporte
tant au confort des plus modestes.

Schumpeter parle "d'une concurrence destructrice" (et même d'une "guerre au couteau") génératrice de gaspillages sociaux :
déclassement d'emploi, d'activités, de machines, le plein-emploi non garanti. Celle-ci est aussi créatrice : ce n'est pas avec du
vieux que le capitalisme fait du neuf mais en éliminant le vieux, c'est pourquoi c'est un système progressiste et la situation économique n’est jamais identique ; le temps de passage d’une dynamique innovante à l’autre suppose nécessairement une crise.
Cette crise est inhérente au système capitaliste.
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 Doc. 5 p. 36 :
Les innovations sont à l'origine de trois cycles. Leur durée varie en fonction de l'assimilation des innovations
par le système économique :
 cycles courts ou Kitchin durent 40 mois (liés au mouvement des stocks) ;
 cycles moyens ou Juglar durent environ 10 ans ;
 cycles longs ou Kondratiev durent 50 ans et sont véritablement liés aux vagues d'innovation. (cf. tronc
commun). Schumpeter y fait explicitement référence dans son analyse : la crise des années 30 était selon lui,
un phénomène inéluctable se situant au point de retournement d’un cycle de Kondratiev et d’un cycle Juglar.
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Schéma 1 :
Complétez le schéma explicatif en replaçant opportunément les mots suivants : dépression, exacerbation,5 expansion, grappes d'innovations, imitateurs, saturation, taux d'intérêt.
Innovation, Croissance & Crise selon Schumpeter
Grappes
d'innovations
(rôle des pionniers)
Monopole &
Perspectives
de profit
Boom de l'investissement &
Arrivée des imitateurs
endettement
Nouvel
équilibre temporaire
Dépression : prédominance des
innovations de procédé, élimination
des éléments périmés
Taux d'intérêt élevés,
remboursement
des emprunts
Surinvestissement
& exacerbation
de la concurrence
Expansion : rentes de monopole, prédominance des innovations de produit
Saturation
des marchés
M. Caillet & M. Kintzler - Terminale E.S. - E.D.S. - Progrès Technique & Croissance selon Schumpeter (1883-1950) - schéma explicatif
 En bref, un nouveau cycle apparaît grâce à des vagues d'innovation, ainsi que des profits élevés et un crédit
bon marché permettant d'investir. En effet, la mise en œuvre de l'innovation exige des moyens financiers
provenant du crédit pour :
 acheter l'information (brevet, procédé, étude de marché)
 organiser le nouveau processus de production (formation, réseau de distribution)
 convaincre les acheteurs (publicité, promotion)
5
. Synonyme d'accentuation.
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II. Critiques & prolongements contemporains (de l’analyse schumpetérienne)
1. Innovation individuelle ou collective ?
 Doc. 12 p. 40 :
But : Ces statistiques mesurent innovations de procédé et de produit. Cette définition, fondée sur le manuel d’Oslo établi par
l’OCDE, est commune aux enquêtes européennes dites Community Innovation Surveys (CIS).
1. En France, selon l’INSEE et le ministère de l’Industrie, sur 100 entreprises industrielles de plus de 500 salariés (hors BTP), 81 ont innové entre 1998 et 2000.
2. Quel que soit l’indicateur retenu (innovation de produit, de procédé, ou part du chiffre d’affaires générée par
les produits innovants) : l’innovation est une fonction croissante la taille des entreprises.
3. La moyenne est calculée en rapportant le nombre d’entreprises innovantes au nombre total d’entreprises.
Les petites entreprises étant plus nombreuses que les grandes, la moyenne est donc plus proche de leur comportement d’innovation que de celui des grandes entreprises.
4. Les grandes entreprises investissent dans les innovations de façon à ne pas voir leur position dominante sur le
marché remise en cause.
 La grande taille et la concentration facilitent bien l'innovation en raison des économies d'échelle en matière
de R & D et de la répartition des risques quand la recherche est coûteuse et les découvertes aléatoires ;
seules quelques petites entreprises dans les TIC y trouvent leur place si elles sont intégrées au sein de réseaux (comme dans la Silicon Valley) dans le cadre de districts industriels que les pôles de compétitivité
français cherchent aujourd'hui à imiter.
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2. Les théories de la croissance endogène
 Doc. 13 p. 41 : Q°3
But : introduire deux types de modèles de croissance endogène, plus ou moins proches de la logique schumpétérienne.
1. Les auteurs insistent sur les investissements des entreprises en R&D.
2. Ces théories font reposer la croissance sur l’accumulation de capital humain. Dans ces modèles, le travail est
rendu homogène à du capital (on se souvient qu’au XIXe siècle Marx et Ricardo avaient tenté de rendre le capital homogène au travail).
Oral : Q°3. On n’accumule pas seulement du capital physique mais aussi du capital humain et des connaissances.
 Ces théories endogénéisent le progrès technique en montrant que son apparition n'est pas due au hasard
mais à des financements publics et à des investissements :
- En capital physique
- En capital humain
- En R. & D.
 En se référant aux approches de Smith et de Schumpeter, tous ces investissements génèrent de la croissance
car ils permettent d'accumuler un capital de type nouveau : des connaissances, des savoir-faire, des expériences. Plus les efforts en R. & D. sont importants, plus la croissance est forte et réciproquement.
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 Doc. 14 p. 41 : Q°1à3
But : d’introduire l’idée d’externalité tout en restant relativement appliqué.
1. La R&D des États-Unis, du fait de la taille du pays, a des retombées sur le monde entier. Les investissements
en R&D étasuniens profitent à toute la planète, en partie gratuitement ; il existe donc une externalité.
2. Les externalités sont plus fortes selon les proximités géographique et culturelle : les pays du Nord génèrent
donc de fortes externalités entre eux. Mais les pays du Sud profitent aussi des externalités (surtout celles émises
par les pays proches géographiquement) alors que leurs dépenses de R&D sont plus faibles.
3. Les technopoles (pôles de compétitivité) concentrent les sources d’externalité dans un même lieu : établissements d’enseignement supérieur, laboratoires de recherche fondamentale, PME innovantes, centres de R&D des
grandes entreprises. Cela crée une synergie : la recherche appliquée peut avoir accès directement aux résultats
de la recherche fondamentale avant même la publication des articles, les laboratoires et entreprises peuvent recruter sur place des stagiaires et des salariés qu’ils auront contribué à former…
 Dans les théories de la croissance endogène, les rendements du facteur travail et du facteur capital sont
croissants. Autrement dit, plus la firme utilise de capital ou de travail, plus elle produit proportionnellement.
Par exemple, si le nombre de salariés augmente de 10 %, la production augmente de 20 %.
 Cela s'expliquent par des économies d'échelle et des économies externes (ou externalités). En effet, l'investissement en capital humain fait naître de nouvelles connaissances, de nouveaux savoir-faire qui vont essaimer. Ainsi, chacun bénéficiera des expériences des autres à moindre coût.
 Le caractère cumulatif du progrès technique va accentuer néanmoins les inégalités entre les différents pays.
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 Doc. 9 p. 39 :
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3. La théorie des cycles réels6
 Doc. 8 p. 38 : Q°1à3
But : faire réfléchir les élèves sur la construction des modèles de cycles réels qui consistent à ramener
l’économie aux choix optimaux d’allocation de ses ressources faits par un seul agent face à des modifications
de son environnement, notamment son environnement technologique. On peut alors soulever la question traditionnelle en sciences économiques du caractère simplificateur des modèles.
1. Un choc positif de productivité peut être durable ou transitoire. S’il est temporaire, l’agent peut préférer travailler et investir plus, afin de profiter de ce choc pour augmenter ses revenus. S’il est permanent, l’agent peut
préférer moins travailler et moins investir en conservant des revenus stables.
2. Les modèles de cycles réels prévoient ainsi que la réponse à un choc de productivité temporaire est procyclique : l’investissement et l’emploi vont dans le même sens que le choc.
3. ce modèle se résume à étudier les choix d’un agent qui choisit son temps de travail en fonction de son salaire.
Le temps de « loisir » est le complément du temps de travail, c’est-à-dire tout le temps consacré à autre chose
qu’au travail. Si on interprète ce modèle au niveau d’une économie nationale, le niveau « chômage » est donc
vu comme un choix de l’agent (un arbitrage entre temps de travail et temps de « loisir »), et donc comme
quelque chose de volontaire.
 La théorie des cycles réels essaie d'expliquer les cycles économiques par les perturbations ("les chocs") que
peut subir l'économie (goûts des ménages, techniques disponibles, aléas de productivité…) Elle suppose le
plein emploi des ressources disponibles.
 Elle considère un agent économique unique, à la fois consommateur et producteur qui doit choisir à chaque
période entre consommer ou épargner plus. A ce choix est associé un niveau de production et
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. Ou théorie RBC pour Real Business Cycle
M. Kintzler - Terminale E.S. - E.D.S. - Progrès Technique & Evolution Economique selon Schumpeter (1883-1950) - cours
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d'investissement qui rend possible le niveau de consommation choisi. En généralisant ce comportement, il
est possible de déterminer des cycles réels.
 Toutefois, cette théorie est controversée sur de nombreux points :
 Comment concevoir aujourd'hui un agent économique à la fois consommateur et producteur ?
 Est-ce que tous les agents économiques vont forcément l'imiter ?
 Qu'est-ce qui détermine fondamentalement son choix ?
 La théorie subit assez mal l'épreuve de la réalité.
Conclusion :
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