Proposition de corrigé sur Schumpeter :
Question 1 : Dans l'optique de Schumpeter (1883-1950), le capitalisme est avant tout un système économique «dynamique», c'est-à-
dire en évolution constante, en perpétuel mouvement: « non seulement il n'est jamais stationnaire, écrit Schumpeter, mais il ne pourrait
jamais le devenir» (doc. 1).
Cette dynamique du capitalisme est entretenue par l'innovation. En prenant des formes diverses (innovations de produit, de procédé,
nouveaux débouchés, nouvelles sources de matières premières et nouvelles manières d'organiser la production), et grâce au
dynamisme de l'entrepreneur qui prend un risque en innovant afin de dégager un profit supplémentaire, et à l’existence de grandes
entreprises, l'innovation est l'élément clé de la théorie de Schumpeter.
Ces innovations expliquent en effet le caractère irrégulier, et instable, de la croissance capitaliste. Celle-ci est caractérisée par
l'alternance de phase de croissance forte (diffusion de l'innovation à l'ensemble de l'économie) et de phase de ralentissement
économique (essoufflement des innovations), expliquant les cycles Kondratiev.
Le caractère évolutif s’explique également par le fait que les innovations sont aussi à l'origine d'un processus de «destruction
créatrice », les nouvelles innovations rendant par définition obsolètes les anciennes, cette situation ayant par là même un coût social
important (fermetures d'usines, chômage).
Question 2 : Pour les néoclassiques, seule la concurrence pure et parfaite mène à l'optimum La constitution de monopoles entraîne la
baisse de la production et l'augmentation du prix.
Alors que pour les néoclassiques, la concurrence se fait exclusivement par les prix, Schumpeter montre que, dans la réalité, la
concurrence se fait aussi par la qualité des produits, la performance commerciale et surtout par l'innovation. Ainsi la concurrence ne
s'exerce pas entre produits semblables, mais entre produits anciens et nouveaux.
La grande entreprise joue donc un rôle clé dans le fonctionnement du capitalisme, en étant l’élément moteur de l’innovation : parce
qu'elle a une taille suffisante (à la fois en termes de capacité de production mais aussi en termes de puissance financière), la grande
entreprise en position de monopole peut faire face à l'accroissement de la taille du marché (et donc accroître l'offre) sans augmenter
les prix (du fait des économies d'échelle). Ce qui contredit la thèse néoclassique. La concurrence exerçant une pression sur les prix qui
tend à limiter les marges, l'entreprise, pour s'extraire d'une concurrence étouffante, est incitée à innover afin de se trouver
temporairement en situation de monopole.
Elle est donc un gage d'efficacité pour l'économie, car elle est plus apte à financer des innovations de produits et de procédés. Elle
alimente donc l'innovation, moteur de l'économie, en fournissant une plus grande variété de biens (innovations de produits) et en
augmentant le rendement du travail (innovations de productivité).
Q3 : Le document 2 confirme tout à fait l'idée selon laquelle les grandes entreprises sont à l'origine de l'innovation. Pour ce faire, ce
document utilise deux types d'arguments : d'une part, la propension à innover dépend étroitement de la taille de l'entreprise ; d'autre
part, il existe un écart de dépôts de brevets entre la France et l’Allemagne, et cet écart pourrait s'expliquer par le fait que l’Allemagne
compte davantage de grandes entreprises que la France. Cela dit, la taille de l'entreprise n'est qu'un facteur parmi d'autres, et les
statistiques ne permettent que partiellement d'isoler ce facteur.