EPREUVES COMMUNES N°1, Décembre 2008 EPREUVE DE

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EPREUVES COMMUNES N°1, Décembre 2008
EPREUVE DE SPECIALITE SES : 1 heure
TES 1, TES 2
(L’usage de la calculatrice n’est pas autorisé)
SUJET N°2
Thème du programme : Progrès technique et évolution économique, Joseph Schumpeter.
DOSSIER DOCUMENTAIRE
Document 1 :
Le capitalisme, répétons-le, constitue, de par sa nature, un type ou une méthode de transformation économique; et
non seulement il n'est jamais stationnaire, mais il ne pourrait jamais le devenir. [ ... ] Le problème généralement pris
en considération est celui d'établir comment le capitalisme gère les structures existantes, alors que le problème qui
importe est celui de découvrir comment il crée, puis détruit ces structures. [ ... ] Du même coup, en premier lieu est
jetée par-dessus bord la conception traditionnelle du fonctionnement de la concurrence […]. L'introduction de
nouvelles méthodes de production et de nouvelles marchandises est difficilement concevable si, dès l'origine, les
innovateurs doivent compter avec des conditions de concurrence parfaite [...]. La concurrence parfaite est et a
toujours été temporairement suspendue automatiquement ou au moyen de mesures ad hoc(1) chaque fois qu'une
nouveauté a été introduite, même si les conditions étaient, à tous autres égards, parfaitement concurrentielles. [...]
Nous sommes obligés de reconnaître que l'entreprise géante est finalement devenue le moteur le plus puissant [du]
progrès [économique] et, en particulier, de l'expansion à long terme de la production totale.
(1) Ad hoc: qui convient à la situation.
J. A. SCHUMPETER, Capitalisme, socialisme et démocratie (1ère éd. 1942), Payot, 1990.
Document 2 :
La propension à breveter est très liée à la taille des entreprises. S'agissant des entreprises innovantes, plus leurs
effectifs sont importants, plus leur propension à breveter est élevée : alors que 16 % seulement des entreprises
françaises de 10 à 49 salariés, innovantes en produits ou procédés, ont déposé des brevets entre 2002 et 2004, ce
taux passe à 30 % pour les entreprises de 50 à 249 salariés et atteint 48 % pour celles de 250 salariés ou plus. Les
chiffres sont voisins en Allemagne (Source : Eurostat-CIS4). Or le tissu industriel français souffre d'un manque
d'entreprises de taille suffisante. Cette différence de structure par « taille » des entreprises industrielles
pourrait expliquer une part substantielle des écarts sectoriels de dépôts de brevets entre les deux pays, mais les
données qui permettraient de vérifier totalement ce point, ventilées par pays, secteur et classe de taille, ne sont
pas disponibles.
Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Emploi/Sessi, 2007.
QUESTIONS
1. À l'aide de vos connaissances et du document 1, vous analyserez les caractéristiques du système capitaliste selon
J. A. Schumpeter.
[8 pts]
2. Pourquoi l’ « entreprise géante » est-elle source d'efficacité, selon J. A. Schumpeter? (document 1)
[6 pts]
3. Le document 2 permet-il de confirmer la thèse de Schumpeter? [6 pts]
Proposition de corrigé sur Schumpeter :
Question 1 : Dans l'optique de Schumpeter (1883-1950), le capitalisme est avant tout un système économique «dynamique», c'est-àdire en évolution constante, en perpétuel mouvement: « non seulement il n'est jamais stationnaire, écrit Schumpeter, mais il ne pourrait
jamais le devenir» (doc. 1).
Cette dynamique du capitalisme est entretenue par l'innovation. En prenant des formes diverses (innovations de produit, de procédé,
nouveaux débouchés, nouvelles sources de matières premières et nouvelles manières d'organiser la production), et grâce au
dynamisme de l'entrepreneur qui prend un risque en innovant afin de dégager un profit supplémentaire, et à l’existence de grandes
entreprises, l'innovation est l'élément clé de la théorie de Schumpeter.
Ces innovations expliquent en effet le caractère irrégulier, et instable, de la croissance capitaliste. Celle-ci est caractérisée par
l'alternance de phase de croissance forte (diffusion de l'innovation à l'ensemble de l'économie) et de phase de ralentissement
économique (essoufflement des innovations), expliquant les cycles Kondratiev.
Le caractère évolutif s’explique également par le fait que les innovations sont aussi à l'origine d'un processus de «destruction
créatrice », les nouvelles innovations rendant par définition obsolètes les anciennes, cette situation ayant par là même un coût social
important (fermetures d'usines, chômage).
Question 2 : Pour les néoclassiques, seule la concurrence pure et parfaite mène à l'optimum La constitution de monopoles entraîne la
baisse de la production et l'augmentation du prix.
Alors que pour les néoclassiques, la concurrence se fait exclusivement par les prix, Schumpeter montre que, dans la réalité, la
concurrence se fait aussi par la qualité des produits, la performance commerciale et surtout par l'innovation. Ainsi la concurrence ne
s'exerce pas entre produits semblables, mais entre produits anciens et nouveaux.
La grande entreprise joue donc un rôle clé dans le fonctionnement du capitalisme, en étant l’élément moteur de l’innovation : parce
qu'elle a une taille suffisante (à la fois en termes de capacité de production mais aussi en termes de puissance financière), la grande
entreprise en position de monopole peut faire face à l'accroissement de la taille du marché (et donc accroître l'offre) sans augmenter
les prix (du fait des économies d'échelle). Ce qui contredit la thèse néoclassique. La concurrence exerçant une pression sur les prix qui
tend à limiter les marges, l'entreprise, pour s'extraire d'une concurrence étouffante, est incitée à innover afin de se trouver
temporairement en situation de monopole.
Elle est donc un gage d'efficacité pour l'économie, car elle est plus apte à financer des innovations de produits et de procédés. Elle
alimente donc l'innovation, moteur de l'économie, en fournissant une plus grande variété de biens (innovations de produits) et en
augmentant le rendement du travail (innovations de productivité).
Q3 : Le document 2 confirme tout à fait l'idée selon laquelle les grandes entreprises sont à l'origine de l'innovation. Pour ce faire, ce
document utilise deux types d'arguments : d'une part, la propension à innover dépend étroitement de la taille de l'entreprise ; d'autre
part, il existe un écart de dépôts de brevets entre la France et l’Allemagne, et cet écart pourrait s'expliquer par le fait que l’Allemagne
compte davantage de grandes entreprises que la France. Cela dit, la taille de l'entreprise n'est qu'un facteur parmi d'autres, et les
statistiques ne permettent que partiellement d'isoler ce facteur.
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