Principes et Pratiques du Financement des Entreprises

1 - LES BESOINS DE FINANCEMENT
Investissement : pour pouvoir produire, il faut disposer des moyens de production : Locaux, machines,
brevets… achat d’une usine, d’une autre société (investissement, échelonné ou pas dans le temps).
Définition comptable : Acquisition / Constitution d’immobilisations
Définition économique : Acquisition d’éléments qui vont contribuer à la production et que la production ne va
pas détruire, ou en tout cas pas immédiatement (différent donc de l’ «Usure» ou de l’Amortissement)
Investissement = Cycle de destruction / production de cash
Investissement = Cycle de consommation / production de financement
Montant du besoin de financement : Le montant est normalement connu de manière certaine (prix achat d’une
machine ou d’un immeuble, prix d’acquisition d’une société…). Les éléments nécessaires à la bonne
appréciation de l’« intérêt » de l’investissement sont également connus de manière « certaine » mais
l’investissement est par nature aléatoire : A quelle date l’investissement commencera-t-il à produire du cash ? A
quel rythme ? Avec quelle ampleur ?
Recommandations : Le profil de financement doit être calqué sur le profil de l’investissement :
.l’échéance de la dette et le profil de remboursement (éventuellement avec différé de remboursement) seront
calés sur profil de génération de cash.
.si la durée est très longue avant retour sur investissements (> 15 ans), le financement par Capitaux Propres sera
privilégié.
Le profil de financement doit être adapté au profil de risque des investissements et tenir compte de l’incertitude
inhérente à l’investissement
.si risque très élevé, le financement par Fonds Propres sera privilégié.
.si marge d’incertitude, nécessité d’avoir des ressources d’une durée plus longue que la durée prévisible de
“libération” du cash par les actifs investis
Cycle d’exploitation et BFR :
a/ La production est affaire de temps Time is money ») :
Etape 1 : Approvisionnement en Mat. 1ères
Etape 2 : Stockage Fabrication
Etape 3 : Transformation => Produits finis
Ex : L’activité de pêche en mer se compte en heure, la fabrication de meubles en semaines, de vin en années.
b/ Le commerce, tout comme la production, est aussi affaire de temps :
. Clients et fournisseurs s’accordent des délais de paiement (décalages entre dépenses engagées et recettes créent
un Besoin de Financement : c’est le Besoin en Fonds de Roulement)
. Le besoin de financement (BFR) croît avec l’entreprise (et est fonction de la saisonnalité)
Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
CA 100 120 150 175 200
Achats 75 90 112,5 131,3 150
Marge 25% 25% 25% 25% 25%
Clients (60 jrs) 16,7 20,0 25,0 29,2 33,3
Fournisseurs (30 jrs) 6,3 7,5 9,4 10,9 12,5
BFR 10,4 12,5 15,6 18,2 20,8
A noter : certaines entreprises n’ont pas de BFR à financer car elles encaissent plus vite qu’elles ne dépensent
Ex : Supermarché payant à 90 jours le fournisseur mais vend à ses clients et encaisse immédiatement,
contrairement au cas ci-dessus où les clients paient dans 2 mois (100/12*2 = 16,7) et les fournisseurs sont
réglés en 1 mois (75 / 12 *1 = 6,3).
BESOINS ET MODES DE
FINANCEMENT DES ENTREPRISES
2 - CHOIX DU MODE DE FINANCEMENT
Les sources de financement (du BFR ou de tout investissement) :
1./ Autofinancement :
. Autofinancement d’exploitation => Profitabilité = Capacité à générer du profit (et du cash)
. Autofinancement hors exploitation => Cession d’actifs (non-stratégiques, vente des « bijoux de famille » en
cas de nécessité impérieuse mais mode d’autofinancement non-reproductible)
2./ Financement par un Tiers
.crédit Inter-Entreprises (réservé aux grandes entreprises)
.actionnaires (actions, apports en compte courant) (=> pas de remboursement, mais dilution du capital)
.grand public ou autres investisseurs (emprunts obligataires,…)
.établissements de crédits tels que banques,… (emprunts bancaires, avec ou sans garanties,...)
En synthèse : L’entreprise se finance soit par ses résultats conservés (autofinancement), soit par
endettement (emprunt bancaires ou émission d’obligations à rembourser), soit par émission de nouvelles
actions (pas de remboursement mais dilution du capital).
Le choix est orienté par :
- la nature du besoin de financement :
.Exploitation (plutôt CT, besoin variable selon périodes,… ?)
.Investissement (plutôt LT, risqué, une fois pour toutes ou récurrent ?)
- la taille de l’entreprise (seules les grandes peuvent recourir à la Bourse,…)
- le montant à emprunter
- le coût du financement taux d’intérêt », dividendes,…)
.le coût du financement par Capitaux Propres est nul comptablement mais dividendes à payer, partage
du pouvoir à intégrer (dilution du capital), rendements à rendre supérieurs au coût de la dette,…
.nb : la fiscalité est plus « favorable » aux emprunteurs, notamment par le mécanisme de déductibilité
des intérêts d’emprunt niveau de rendement exigé identique, le bénéfice à réaliser pour générer 1 euro de
dividende est supérieur à celui nécessaire pour payer 1 euro de frais financiers).
Même si le coût de la dette est plus faible que la rémunération exigée par les actionnaires, la dette est
remboursable :
.par la génération de ressources propres (Autofinancement)
.par la liquidation des actifs
Effet de levier :
Quand le coût de l’endettement est faible, l’incitation à s’endetter est forte, surtout s’il s’agit de financer une
activité dont la rentabilité économique est supérieure au coût de la dette.
Exemple : Rentabilité Actifs = 10% Coût de la Dette (emprunt) = 5% Taux Impôts sur les Sociétés = 0%
Scénario 1 : Scénario 2 : Scénario 3 :
Investissement 100 100 130
Actif 100 100 130
Capitaux Propres / Dette 100 70/30 100/30
Rendement 10 10 13
Coût de l’emprunt 0 30*5% = 1,5 30*5% = 1,5
Résultat Net 10 8,5 11,5
Rendement Capitaux Propres 10 % 8,5/70 = 12,1% 11,5/100= 11,5%
Commentaire : en scénario 2 par exemple, l’entreprise emprunte à un taux de 5% pour réaliser une rentabilité
de 10%. Au final, la profitabilité des seuls capitaux propres engagée augmente donc automatiquement. En
scénario 1, n’empruntant pas, les actionnaires ne gagnent « que » 10%, sans effet de levier donc.
Tant que chaque euro investi rapporte plus que le coût marginal d’ 1 euro de dette, il est intéressant de s’endetter
plus pour investir (et inversement) car on accroît le volume de profit et la rentabilité des capitaux propres.
L’effet de levier ne peut jouer que de manière « finie » car :
.la capacité à rembourser la dette est limitée
.plus l’entreprise est endettée, plus le coût de l’endettement augmente (les banquiers sont plus réticents et
augmentent le taux du prêt car solvabilité et liquidité se dégradent*) donc l’effet bénéfique s’amoindrit au fur et
à mesure que la dette augmente. De même, tout comme pour les banquiers, plus l’entreprise est endettée, plus
les actionnaires exigent un rendement élevé, car le risque augmente.
(*)La dette impacte la solvabilité (Montant de la dette / Capacité à rembourser ; Montant de la dette / Fonds Propres) ainsi que la liquidité (Echéancier des
dettes / Echéancier des actifs).
Annexe 1. Le Bilan (Rappel de notions comptables)
Bilan : Photographie à l’instant T de la situation patrimoniale de l’entreprise
Actif (ce que possède l’entreprise, par ordre de liquidité croissant)
. Immobilisations : Ce qui est nécessaire à l’exploitation et qui n’est pas détruit par celle-ci
=> (Actifs PERMANENTS)
. Actif circulant : Stocks, créances… qui tournent
=> (Actifs TEMPORAIRES)
Passif (les moyens de financement = ce que l’entreprise doit, par ordre d’exigibilité croissant)
. Fonds Propres (ce que doit l’entreprise aux actionnaires)
. Dettes :
. Dettes financières (ce que doit l’entreprise aux banquiers)
. Dettes d’exploitation :
. Dettes Fournisseurs (ce que doit l’entreprise aux fournisseurs)
. Dettes sociales (ce que doit l’entreprise aux salariés)
SCHEMA d’un bilan faisant apparaître soit un Fonds de Roulement soit un Besoin en FDR
INVESTISSEMENTS
Capitaux Propres
Capitaux
(Immobilisations)
Permanents
Dettes Financières MT/LT
EXPLOITATION
(Actif circulant)
Dettes CT
L’équilibre entre les 4 « pavés » est un enjeu important :
.doit-on financer les investissements par des ressources longues ou de la dette CT ?
.doit-on privilégier le capital ou la dette ?
.y a-t-il une structure optimale de financement ?
Dans une situation «bilantielle» équilibrée, l’entreprise possède plus qu’elle n’a de dettes.
L’actif est certes supérieur aux dettes, mais pour connaître la vraie solvabilité de l’entreprise, reste à évaluer les
actifs (si on devait les revendre) ?
Si Dettes > Actif, alors les capitaux propres sont au final « négatifs » (entreprise insolvable).
Le facteur temps doit également être considéré :
.les dettes ont une date d’exigibilité certaine mais ne sont pas exigibles au même moment
.tous les actifs ne se transforment pas en cash au même rythme :
.les brevets, souvent chers, mettent plusieurs années avant de déboucher des ventes
.les stocks se transforment vites en produits vendus (s’il y a de la demande)
.les créances clients se transforment rapidement (si les clients à l’échéance, sans retards)
.en cas de revente (montant aléatoire, délai incertain)
Exemple : L’entreprise dispose-t-elle de suffisamment de liquidité pour régler ses dettes à CT ?
Immobilisations
100
Capitaux Propres
120
Clients (*)
40
Dettes CT (**)
30
Trésorerie
10
Total
150
Total
150
(*) les clients paient à 120 j. (**) les dettes à CT (et non emprunts à MT) sont exigibles à 30 j
Ici l’entreprise ne peut payer dans les 30 jours ses dettes car encaissera de ses clients trop tard.
La trésorerie (10) est insuffisante. Le recours au banquier est nécessaire (emprunt CT ou Mobilisation de
créances commerciales par exemple).
Annexe 2. Le Compte de Résultat (Rappel de notions comptables)
Compte de résultat : Film de l’activité de l’entreprise sur 1 an, il enregistre comptablement les flux engendrant
une augmentation ou une diminution de richesse. Il retrace l’ensemble de l’activité de l’entreprise :
.consommation : dépenses courantes pour assurer l’exploitation, la production (achats matières 1ères, paiement
des salaires, loyers,…) => sorties de cash effectives immédiates
.épargne (mettre de côté des ressources) :
-acheter et ou renouveler les actifs « usés » par l’exploitation (amortissements)
-«assurer» les risques futurs (provisions)
Illustration :
. Produits (+) : Ce qui est générateur de recettes
. Charges (-) : Ce qui est consommé par l’entreprise pour produire
. Solde = Résultat ==> .Bénéfice (+) => Source de financement (Autofinancement)
.Perte (-) = > Besoin de financement
Chiffre d’affaires 1 550
Achat Matières 1ères -925
Salaires -320
Frais généraux -175
Dotation Amortissement -75
Résultat Exploitation +55
Frais financiers -12
Résultat courant +33
IS -11
Résultat net +22
Soldes Intermédiaires de gestion :
EBE. Excédent brut d’exploitation.
Permet de rémunérer les pourvoyeurs de fonds (Fonds propres ou Emprunts)
.définition comptable : Valeur Ajoutée Charges de Personnel Frais généraux Impôts/Taxes
.définition économique : excédent des « entrées » de cash générées par l’exploitation nettes des « sorties » de
cash liées à l’exploitation
CAF. Capacité d’autofinancement.
.définition comptable : Résultat net + Amortissements/Provisions
.définition économique : Mesure la capacité nette totale de l’entreprise à générer du cash (une fois TOUT payé)
Flux de trésorerie (entraînent des variations de la trésorerie au cours de l’exercice)
C.A.F
+/- variation du BFR Flux de trésorerie générés par l’exploitation
+/- cessions/investissements/actifs Flux de trésorerie générés par les investissements
+ Financements obtenus (Emprunt, Actions,..) Flux de financement
- Remboursements d’emprunts
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