CANCER, LE DEFI.
Longtemps synonyme de mort, l'annonce du cancer fait encore peur de nos jours. Elle tombe
comme une sentence. C'est le début d'une épreuve dont l'issue est redoutée. La prise de
conscience que tout peut s'arrêter. Que tout cela est terriblement injuste.
Le cancer frappe aveuglément. Bien sûr les statistiques mettent en évidence les facteurs de risque: Le
tabac, l'alcool, la mauvaise alimentation, les causes environnementales… Mais hélas, il ne suffit pas
d'avoir un comportement exemplaire pour échapper à la maladie. Le cancer du poumon ne touche pas
que des fumeurs et le cancer du colon n'est pas l'apanage des adeptes de la mal bouffe. La maladie,
dont on ne connait pas encore tous les ressorts, est capable de frapper sans discernement: les
enfants comme les adultes, les puissants, comme les quidams.
UN DEFI ECONOMIQUE ET SOCIAL
En France, avec près de 400.000 nouveaux cas chaque année, le cancer est un fléau qui touche tout
le monde de près ou de loin. Qui dans son entourage familial ou professionnel n'y a pas été
confronté?
En 2016, environ 210.000 hommes et 175.000 femmes seront diagnostiqués. 84.000 hommes et
65 000 femmes décéderont. C'est presque 50 fois plus que les victimes d'accident de la route.
Le cancer de la prostate est de loin le plus fréquent chez l'homme avant le cancer du poumon et le
cancer colorectal. Cependant, le cancer du poumon est le plus meurtrier.
Chez la femme, le cancer du sein domine, avant celui du colon et du poumon. Cependant, ce dernier
est en constante augmentation. A court terme, il devrait être responsable du plus grand nombre de
décès.
Devant un tel bilan, c'est toute la société qui est impactée. Si l'aspect humain est difficile à quantifier,
le poids économique du cancer en Europe est évalué à 124 milliards d'euros chaque année*. En
France, selon cette estimation, le coût s'élève à 91 € par Français et par an. Dans ce bilan, on compte
les coûts de santé directs tels que les soins hospitaliers et les médicaments, ainsi que les dépenses
indirectes comme les pertes de productivité liés aux absences maladie et la fragilisation des aidants
qui deviennent des patients en puissance. Certaines études montrent en effet, qu'ils sont 50% plus
susceptibles d'être atteints de dépression, d'anxiété ou d'insomnie. A cela, il conviendrait d'ajouter les
dépenses liées à la recherche, aux campagnes de prévention et de dépistage.
UN DEFI SCIENTIFIQUE
Le cancer nous résiste, depuis bien trop longtemps. Certes les scientifiques progressent, mais
aujourd'hui, comme le déclarait le Pr Thomas Tursz dans un article paru dans l'Express "En 1880,
Pasteur découvrait la notion de microbes. En 1940, les premiers antibiotiques étaient
fabriqués. L'oncologie se situe aujourd'hui dans cette espèce d'entre-deux, quelque part entre
Pasteur et les antibiotiques."
Les questions restent nombreuses. Pourquoi développe-t-on la maladie? Quelles sont les causes de
la prolifération des cellules tumorales? Quelles sont les caractéristiques biologiques de la tumeur et de
l'organe hôte? Doit-on parler du cancer ou des cancers? Le Big data va-t-il nous aider à trouver des
pistes de recherches disruptives en nous fournissant des données épidémiologiques beaucoup plus
fines? Que doit-on espérer de la médecine prédictive, des traitements ciblés, de l'oncogénétique, de
l'immunothérapie, de l'ingénierie cellulaire? D'où viendront les solutions et quelle sera la rupture
scientifique qui nous permettra de vaincre définitivement le cancer?
Le défi scientifique est compliqué par les enjeux économiques et politiques. En effet, comment
optimiser la collaboration entre les chercheurs au niveau international, quand la concurrence fait rage
entre les laboratoires du monde entier.
Quelle politique de santé mener contre le cancer? Comment doit-on affecter les crédits? Faut-il
prioriser les investissements par type de cancer? L'approche nationale est-elle pertinente? Pour
libérer la recherche de ces freins, il est capital de trouver au plus vite, des modèles économiques et
collaboratifs efficaces.