
Cette promotion semble très exceptionnelle. Au regard de la cité, l’affranchi est loin d’être l’égal d’un 
citoyen de naissance. Il est soumis à toutes sortes d’obligations. 
Cette situation n’empêche pas 20 000 esclaves athéniens de s’enfuir à la fin de la guerre du Péloponnèse, 
sur l’incitation de la garnison spartiate stationnée en Attique. 
 
D’où viennent les esclaves ? 
il existe deux sources majeures, la guerre et le commerce. 
 
Dans la guerre, le vainqueur possède tous les droits sur le vaincu, que celui-ci ait combattu ou non[14]. 
L’asservissement, sans être systématique, est pratique courante. Ainsi, Thucydide (VI, 62 et VII, 13) 
évoque les 7000 habitants d’Hyccara, en Sicile, faits prisonniers par Nicias et vendus ensuite (pour 120 
talents) dans la ville voisine de Catane. 
 
Il existe un commerce d’esclaves avec les peuples barbares voisins : Thraces, Scythes, Cariens, Lydiens, 
Egyptiens, etc. Les principaux centres de commerce d’esclave semblent avoir été Délos, Éphèse, Byzance 
ou encore Tanaïs, sur l’embouchure du Don. 
 
Le prix des esclaves varie en fonction de leur compétence. Ainsi, Xénophon évalue à 180 drachmes le prix 
d'un mineur du Laurion - en comparaison, un ouvrier de grands travaux est payé une drachme par jour - 
mais les couteliers du père de Démosthène valent bien 500 ou 600 drachmes chacun.  
 
 
Combien d’esclaves ? 
 
Les historiens exploitent deux sources majeures, quand les archives ont survécu, souvent à l’état de 
fragments recopiés par des chroniqueurs : les recensements ; les taxes portant sur le commerce des 
esclaves. 
Entre 317 et 307, selon un texte du chroniqueur Ctésiclès repris par Athénée de Naucratis (Banquet des 
sophistes), le tyran Démétrios de Phalère aurait ordonné un recensement général de l’Attique qui aboutit 
aux chiffres suivants : 21 000 citoyens, 10 000 métèques et 400 000 esclaves [oiketès]. Les historiens 
admettent la validité du chiffre en ce qui concerne les citoyens et les métèques. Le chiffre de 400 000 peut 
difficilement désigner l’ensemble des esclaves : l’Attique n’aurait pas pu nourrir une population aussi 
nombreuse ; Démétrios n’avait pas de raison de s’intéresser aux seuls esclaves. Par contre, si ce chiffre 
désigne l’ensemble de la population [oiketès valant alors pour l’ensemble des personnes vivant dans une 
maison], alors, à Athènes, au IVeme siècle, un habitant sur deux aurait été un esclave. La validité de ce 
chiffre élevé est encore l’objet de débats entre historiens. 
 
 
Penser l’esclavage. 
 
Pour un Athénien de l’époque classique, « l’esclavage est une pratique sociale, à laquelle on s’adapte, une 
pratique difficile à laquelle on s’adapte », comme à la guerre et à la mort. De plus, l’esclavage concernant 
surtout des non-Grecs, la question ne se pose pas. 
 
Dans le Politique, Aristote développe la théorie de l’esclavage par nature : « L’être qui, grâce à son 
intelligence, est capable de prévoir, est gouvernant par nature ; l’être qui, grâce à sa vigueur corporelle, est 
capable d'exécuter est gouverné et par nature esclave » (I, 2, 2). Contrairement aux animaux, l’esclave 
peut percevoir la raison mais il est « complètement dépourvu de la faculté de délibérer » (I, 13, 17). 
Platon, lui-même réduit en esclavage puis racheté par l'un de ses amis, donne au contraire une 
condamnation explicite de l'esclavage dans le Ménon en faisant participer un esclave à une discussion 
philosophique. Par là, le statut de celui-ci comme humain à part entière est reconnu, et le fondement 
essentiel de l'esclavage est contredit. 
Aujourd’hui, l’esclavage grec fait toujours l’objet de débats historiographiques, en particulier sur deux 
questions. Peut-on dire que la société grecque était esclavagiste ? Les esclaves grecs formaient-ils une 
classe sociale ?