Equipe de recherche « Crise, Ecole, terrains sensibles »
Cref (EA 1589)
Journées d’études internationales
Mardi 31 mars, Mercredi 1 Avril 2009
Identités et sens du « territoire » chez les minorités en Europe :
entre dé, re- et transculturation
Quelques exemples en France, Italie, Espagne et Grèce.
Le sentiment d’appartenance est fondamental dans la construction de l’identité
sociale des individus et de leur groupe de référence.
La métaphore du « Jean sans terre », roi mais sans terre, est dans l’imaginaire
français, européen, occidental, l’expression dominante du vide identitaire, de la
"non identité" due à l’absence de transmission de filiation par le terroir ou la
mémoire de ce dernier.
Cette représentation identitaire construite par l’histoire locale n’est pas, loin s’en
faut, une constante universelle. L’anthropologie moderne a reconnu d’autres
symboliques et manifestations de la compréhension de l’appartenance identitaire.
A titre d’exemple, au Maghreb, en Afrique, cohabitent de multiples systèmes de
reconnaissance de soi et du groupe d'appartenance du fait de la diversité des
substrats culturels et de leur syncrétisme caractérisant ces contrées. C'est ainsi que
chez les populations à tradition nomade qui constitue le fonds humain et culturel
d'une grande partie de ces aires à climat souvent hostile, l’affiliation se construisait
traditionnellement et se construit encore autour d’un ancêtre éponyme, « le
marabout » émanation du groupe ou venu d’ailleurs, reconnu pour son savoir et sa
sagesse. Ainsi "être fils ou fille de" "ben, bent, aït" peut exprimer au-delà du lien
biologique immédiat, l'adhésion spirituelle du groupe à une doctrine, un courant de
pensée souvent d'essence religieuse. En l’occurrence, l'identité se cristallise sur un
territoire symbolique, celui de valeurs partagées (N. Marouf, 1980).
N'est ce pas là une caractéristique de l'affiliation identitaire partagée par ce que l'on
nomme "Les gens du voyage" en France?
A partir de ces considérations, on comprendra que la notion de territoire ne
recouvre pas les mêmes entendements que celles communément et historiquement
élaborées dans les cultures dominantes en Europe.
Dans le contexte de la construction européenne, il nous semble pertinent et
opportun d’identifier les différentes dimensions de l’identité territoriale, au prisme
des différentes acceptions et conceptions du territoire présentes et en action dans
cette aire reconfigurée au cours du XXe siècle par les guerres, les décolonisations
et la mondialisation.
Au cours de cette journée, les interventions privilégieront l’étude du « sens » du
territoire dans certaines cultures durablement ancrées en Europe, mais en situation
de minorités aux niveaux politique et social. La notion de cultures minoritaires est
empruntée à l’Anthropologie américaine et plus spécialement aux travaux de J.
Ogbu (1981, 1998), car elle nous semble plus conceptuellement élaborée et de ce
fait plus féconde intellectuellement que les divers euphémismes ( gens du voyage,
immigrés, personnes immigrées ou issues de l’immigration) exploités jusqu’à
l’usure notamment en France malgré leurs inaptitudes à exprimer la multiplicité des
histoires à la base de leur présence en Europe et les particularités de leurs
compréhensions de leur inscription dans le social.
Les interventions de la journée d’étude interrogeront de façon spécifique à partir
d’approches disciplinaires diverses mais toujours entendues comme
complémentaires le sens du territoire construit à l’ombre des cultures dominantes.
Qu’est-ce qui caractérise une culture minoritaire en Europe? Quelles sont les
caractéristiques de leur pérennité ?
Quel (s) sens donnent-elles au territoire?
Quelles pédagogies les cultures dominantes ont-elles engagées pour les inscrire
dans leurs dynamiques politique et sociale ?
Marouf N. (1980), Lecture de l'espace oasien, Sindbad.
Ogbu JU (1981). Origins of Human Competence: A Cultural-Ecological
Perspective. Child Development.
Ogbu JU, Simons HD (1998). Voluntary and Involuntary Minorities: A Cultural-
Ecological Theory of School Performance with Some Implications for Education.
Anthropology & Education Quarterly.
Programme:
Mardi 31 mars 9h-20h
Matinée : 9h15-12h30
9h30 : Présentation du contexte historique et idéologique de la mosaïque
multiculturelle contemporaine européenne : essai comparatif
- en France: H. Belhandouz
- Espagne : R. Jimenez
- Italie : M. Morino
- Grèce : G. Stamelos
11h : pause
11h15 : Etat des lieux de la théorisation de la question de l’altérité en Europe
H. Belhandouz : « Le déficit notionnel pour signifier l’altérité: Etre et ne pas
être ou la difficulté d’être « autre » en France ».
M. Morino : « Identité et citoyenneté en Italie ».
12h15 Synthèse
12h30 Déjeuner
Après midi : 14h15-19h.
Communications
14h30-15h : C. Rhein, directeur de recherche au CNRS
UMR GéographieCités n° 8504 CNRS, Universités Paris 1 et Paris
Diderot, « Identités et territoires, apports de la géographie ».
15h15h30 : S. Platiel, Ethnolinguiste, CNRS, « Ethnicité ou nationalité au pays
et dans l’immigration : le cas des populations originaires de l’Afrique de
l’ouest en France ».
15h30-16h : G. Stamelos, Sciences de l’éducation, Université de Patras, (Grèce) ,
« Territoire, Institutions, École : le cas des Roms en Grèce ».
Discussions 16h-16h30
Pause : 16h30-17h
17h-17h30 : R. Jimenez, Sciences de l’éducation, Université de Cadix,
(Espagne), « La minorité arabo-musulmane en Espagne et l'échec scolaire.
Une étude dans le contexte de Ceuta ».
17h30-18h : G. Burgio, Sciences de l’éducation, Université de Palerme, (Italie)
« Quelques questions sur l’intégration des cultures minoritaires en Italie ».
18h-18h30 : H. Belhandouz , Sciences de l’éducation, Université Paris Ouest, A.
Chachoub, Sciences de l’éducation, Université de Tunis, « Les territoires des
savoirs des minorités originaires du Maghreb : le cas du rapport aux sciences
modernes » .
18h30-19h : H. Belhandouz , Sciences de l’éducation, Université Paris Ouest, L.
Oumeddour , master 2, « L'Europe, territoire d'empowerment pour les
étudiants originaires du Maghreb de France? »
19h30-20h : Discussion.
Les étudiants de master 1 et 2 ( 2008-2009) présenteront des posters sur les terrains
de leur étude.
Le 1er avril, séance de travail 10h-12h30:
- envisager perspectives de travail en commun avec les collègues présents des
diverses universités européennes
- mettre en place des mobilités pour les étudiants et collègues.
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