L2S4 Psychologie semaine 16 F4.5 Orientations et domaines de la psychologie du travail (CM) Les employés ont la nécessité de prendre en considération ces variations (variabilité personnelle et industrielle) dans le but de proposer toujours une activité qui leur permette d’atteindre le but assigné. Tous les éléments sont en interactions : ils forment un système. Cette notion de système implique le fait que le moindre petit mouvement dans un des éléments provoque des changements dans la totalité du système. Les niveaux d’analyse du psychologue du travail Définir un travail peut correspondre dans un premier temps à la prescription des contraintes internes et des contraintes externes, c'est à dire la spécification des exigences du travail. Ceci correspond à un premier niveau d’analyse. Les contraintes externes correspondent à la tâche donnée au travailleur (but à atteindre, conditions et méthode de travail utilisée, outils, matériels, environnement et instructions). Les contraintes internes renvoient aux caractéristiques des salariés, (caractéristiques physiques (âge, sexe, taille, etc.) et psychologiques (expérience, compétence, personnalité, etc.)) Le deuxième niveau est la conduite de l’opérateur. Il s’agit de s’intéresser à la manière dont l’opérateur réalise effectivement le travail qui lui est demandé. Nous verrons plus tard que c’est le niveau d’analyse le plus pertinent pour le psychologue du travail, car il lui permet de vérifier la cohérence et l’efficacité des prescriptions données lors du premier niveau d’analyse (le fait que la manière de concevoir le travail est reflété par le premier niveau, prend en considération les caractéristiques des individus qui doivent le réaliser). Nous pouvons aussi analyser le travail au travers des résultats de l’opérateur, c'est à dire qu’on peut examiner la performance de l’opérateur ou du travailleur au travers des résultats qu’ils obtient (quantité et qualité de la production mais surtout ce que les individus deviennent du fait de leur travail (ex : satisfait, fatigué, malade, etc.)) Nous verrons plus tard que la démarche d’analyse du travail pour le psychologue l’amène à rechercher tous les éléments de ces trois niveaux d’analyse pour les confronter, mettre en évidence les écarts, et travailler sur la signification de ces écarts. Nous approfondirons ce point particulièrement en TD. 2. Naissance et développement de la psychologie du travail L’explosion industrielle de la fin 19ème / début 20ème avec l’urbanisation (constitution progressive des grandes agglomérations) commence à émerger. En même temps des problèmes liés à la consommation de masse grandissante et le contexte de crise que représente par exemple la première guerre mondiale vont renvoyer à la collectivité scientifique des questions importantes comme recruter en masse des ouvriers. La première question sera de savoir « comment pouvons nous avoir un nombre important de personne qui pourraient faire absolument la même chose ? ». De là découle la question de la rationalisation du processus de production (quand un artisan fait son travail il ne se pose pas la question de la méthode la plus économique et efficace pour effectuer son travail – questions centrales dans le processus de rationalisation du travail). Cependant avec ce processus de rationalisation (et donc avec le fait d’attribuer la même tâche à plusieurs personnes) surgissent des conflits sociaux. Cela pose une nouvelle question et interroge sur les règles de fonctionnement entre groupe. La psychologie a essayé de répondre à ces différentes questions de deux façons : En essayant de proposer des démarches d’analyse qui se centrent sur la conduite individuelle. Cette direction (psychologie industrielle) est en réponse aux questions précédentes et on peut souligner deux types de travaux : o Ceux qui viennent de la psychologie expérimentale (premier labo : Wundt - Leipzig). Les élèves de Wundt vont par exemple s’intéresser à des termes comme la monotonie, la fatigue et à leurs répercussions sur le travail en entreprise. D’autres élèves de Wundt comme Kraeplin comprendrons qu’il n’est pas possible de comprendre les effets de la monotonie et de la fatigue uniquement en labo. Ils seront en ce sens ceux qui feront les premières investigations en entreprise ; o Ceux qui, en particulier par Binet en France, et en Angleterre par des personnes comme Cattell ; tournent autour des différences interindividuelles (future psychotechnique). On peut voir que ce type de travaux sur l’évaluation des différences interindividuelles participe aux questions de recrutement : le recrutement par test était un revendication de la gauche (souci d’objectivité et d’égalité des chances). L2S4 Psychologie semaine 16 F4.5 Orientations et domaines de la psychologie du travail (CM) - A un niveau plus large, les problèmes de production de masse évoqués plus haut feront émerger des théories d’organisation du travail parmi lesquelles la plus célèbre est sans nul doute le Taylorisme (OST : division verticale/horizontale – recherche des gestes les plus adaptés et les plus économiques - parcellisation des tâches – formalisation des gestes). Avec l’OST les opérateurs peuvent être interchangeables, et ils tirent leur motivation au travail de leur attirance par l’appât du gain. Petit point sur la deuxième et troisième ligne : le contexte mondial évolue peu sauf au travers de grandes crises comme les deux guerres mondiales (première colonne) ; les problèmes vont au fur et à mesure se poser avec plus d’acuité (production de masse, adaptation, commandement et cohésion intergroupe) – dans la direction des travaux qui s’intéressent à la conduite humaine, les contributions qui s’appuient sur la psychologie expérimentale prennent vont prendre encore plus de vigueur pour traiter les problèmes liés au système perceptif et à la mémoire, en reprenant aussi des thèmes comme fatigue, monotonie et vigilance. L’un des événements marquants est le fait que l’on commence à se préoccuper de choisir les hommes pour leurs qualités et qu’on adapte le poste de travail à l’individu (Technopsychologie avec Walther – 1926). Pendant cette période émerge le courant des relations humaines constitutifs de la psychologie sociale à venir. Ce courant dit de relations humaines se constitue en réaction au Taylorisme, c'est à dire en réaction face à la parcellisation des tâche, et que la seule motivation de l’individu au travail est l’appât du gain. Les travaux fondateurs de ce courant (Mayo) on montré que l’intérêt ou l’importance de la motivation et de la satisfaction au travail et que le groupe est source de motivation. Western Electric, Mayo : Mayo a découvert par hasard l’intérêt ou l’importance de la motivation et de la satisfaction au travail. Il a été convié avec un autre groupe de chercheur par une grande entreprise (la WE donc) pour travailler sur l’amélioration des conditions de travail. Le but de la recherche est de voir si les conditions de travail ont un impact sur la productivité. Mayo constitue donc 2 groupes (contrôle et expérimental) et commence avec l’éclairage : dans le groupe expérimental il se présente et commence à monter l’intensité de l’éclairage. Il constate alors que la productivité augmente aussi. Il continue à monter l’éclairage jusqu'à éblouissement et constate que la productivité augmente toujours. Il décide donc de baisser la lumière à la limite de l’extinction et constate que la productivité est toujours aussi haute. Il tire la conclusion que le fait qu’il ait porté de l’intérêt aux ouvriers a augmenté leur productivité. Dans le courant systémique, on va s’intéresser au pouvoir dans les organisations, et on va comprendre que l’on ne peut pas étudier une usine comme un système technique ou social mais comme un ensemble qui relie des hommes et des machines. Il faut étudier les interactions entre hommes mais aussi entre les hommes et les machines. Simon a crée la notion de rationalité limitée : pour lui les individus sont toujours rationnels. La question n’est pas de comprendre la rationalité comme une objectivité universelle car nous avons chacun notre propre objectivité. Il a montré aussi que dans une situation donnée nous ne cherchons jamais à trouver la solution idéale mais que nous nous arrêtons toujours à la première solution possible. A un moment donné, nous ne pouvons traiter l’ensembles des événements qui constituent la situation – nos possibilités nous en empêchent et c’est pour cela que l’on fait des raccourcis pour penser plus vite : c’est en particulier pous cette raison que Simon qualifie la rationalité humaine comme « limitée ». La révolution informatique Après la seconde guerre mondiale, le développement de l’informatique va influencer de façon majeure le système de travail (robotisation, etc.). On voit se développer un secteur tertiaire de plus en plus important – les nombre et la taille des entreprises augmentent (en comparaison dans les années 60 une entreprise employait rarement plus de 50 personnes tandis qu’aujourd’hui certaines comme la SNCF emploient plus de 150 000 travailleurs. On va constater en plus de cette révolution informatique et industrielle une évolution importante des nombres de travaux scientifiques sur les conduites des hommes. Jusqu'à présent le modèle qui expliquait le comportement humain était résumé dans le schéma stimulation -> réponse. Mais la question s’est ensuite posée de savoir comment les individus arrivent à construirent des raisonnements, à résoudre un problème, en d’autres termes comprendre le fonctionnement de la cognition humaine : ce champ de recherche a donné naissance a de nombreux ordinateurs Les premiers types de travaux qui seront constitutif de la psychologie cognitive seront centrés sur les questions d’extraction et d’utilisation des informations. Pour expliquer le comportement de l’homme la psychologie va s’orienter vers la tentative d’explication des facteurs organisateurs internes : on intègre donc les concepts comme capacité, etc. dans ce champ pour les expliquer. Ce renversement de cadre théorique est porté par des travaux comme ceux de Faverge (concepteur de tests qui construisait des tests en fonction de la description du travail que le chef d’entreprise demande – ces tests sont destinés à montrer si l’individu interrogé a les capacités nécessaires pour l’emploi. Puis en allant une fois sur le terrain il a une surprise : il constate que ses tests ne fonctionnent pas car le travail demande sur le terrain beaucoup plus d’exigences que ne pouvait en donner le directeur : il ne peut dégager les exigences du travail que sur le terrain. Tous ces travaux sont centrés sur la conduite de l’individu et montrent l’intérêt de la cognition humaine, et définissent une psychologie cognitive du travail. Au delà de la dimension cognitive est né la nécessité de porter intérêt à la fois à la technique et à la dimension sociale du travail. Cet intérêt a conduit à l’émergence de la psychologie sociale du travail. Cette psychologie est une discipline qui doit aujourd’hui se construire avec les contributions de tous les précédents et différents courants mais surtout dans la convergence de leurs contributions qui ne sont pas exclusive les unes des autres. En résumé, comprendre le travail, c’est comprendre comment l’homme marche dans sa tête et marche avec les autres. Le travail est donc un rapport entre l’homme et lui-même avant d’être un rapport entre l’homme et les autres.