Du côté de M. SARKOZY, le constat est le même. Au lendemain de son élection en
2007, il avait affirmé que « la démocratie ne doit pas être confisquée par un petit
nombre de gens ». En novembre 2007, il avait ensuite publié la feuille de route du
Premier Ministre François FILLON, il lui demandait entre autre « que le processus de
désignation des candidats à l’élection présidentielle garantise que tous les courants
significatifs d’opinion peuvent avoir un candidat ». Rien n’a été fait. Pire, le Premier
Ministre, s’exprimant sur France 2, le 2 février dernier, a défendu le statu quo en
prétendant qu’il s’agit d’un faux problème.
Au Parlement, la plupart des députés et sénateurs reconnaissent que la procédure est
anormale mais sous l’influence des deux grands partis et par calcul politicien, ils
cautionnent le statu quo. Là aussi, le double langage est de mise puisque le 31 janvier,
un sénateur a, à la fois voté contre mes amendements supprimant la publicité des
parrainages et donné une interview au journal Ouest France pour réclamer la
suppression de la publicité des parrainages (article publié le lendemain).
En fait, et comme je l’ai longuement indiqué lors des débats au Sénat, le système des
parrainages est moins utilisé pour écarter les candidats fantaisistes que pour essayer d’éliminer
une concurrente dont l’audience menace l’hégémonie des deux grands partis. Si demain un
maire signe pour M. CANTONA, pour M.CHEMINADE ou pour M. RIBERY, personne ne
lui fera de remarque. Par contre, s’il signe pour Mme LE PEN, alors là les états majors du PS
et de l’UMP se déchaîneront.
Les aléas constatés lors des précédentes élections font que des milliers de maires sont
intimidés et inquiets des risques d’ennuis. Qui plus est, chacun sait que ces pressions se
concentrent contre les parrainages pour le Front National. Or il suffit d’intimider une centaine
de maires pour empêcher ce parti d’avoir le nombre requis de parrainages...et l’UMP et le PS
ne s’en privent pas.
Si de la sorte on empêchait une candidature, qui représente près de 20 % des suffrages, ce
serait un scandale démocratique. L’article 4 de la Constitution garantit « la participation
équitable des partis...à la vie démocratique de la Nation ». En théorie, la loi actuelle respecte
ce principe. Par contre en pratique, ce n’est pas le cas en raison des pressions et autres
menaces sur les maires.
Veuillez croire, Monsieur le Président, en l'expression de ma haute considération.
Jean-Louis MASSON,
Sénateur de la Moselle.