SERVICE D’IMAGERIE VISCERALE ET VASCULAIRE CHU de MARTINIQUE Dr Mehdi LEBBADI, Dr Fanny ROUGET Dr Jean-Vincent ZINK, Dr Isaure BIETTE Un problème de santé publique mondial Patients diabétiques : 285 millions en 2010 (prévision 450 en 2025) 1 million d’amputations par an aux USA 1 amputation chez les patients diabétiques toute les 30 secondes dans le monde Coût (troubles trophiques et amputations) : 17 milliards $ par an aux USA Lepäntalo 1996 Roger 2008 Epidémiologie en Martinique amputation chez le patient diabétique Prévalence du diabète = 7,9 % (4,4 % en Métropole) ; facteurs de risques associés (HTA, insuffisance rénale) 5 à 10% des diabétiques seront victimes d’une amputation ; 85 % précédée par une plaie Amputation = 200/ an (9000 en Métropole) 30 % des diabétiques sont amputés avant 65 ans Conséquences de l’amputation majeure chez le diabétique Amputation mineure (sous l’articulation talo – crurale) : orteils, trans métatarsienne, atypique Amputation majeure (au dessus de l’articulation talo – crurale) : trans tibiale, trans fémorale Mortalité (tournant évolutif) Difficulté d’appareillage Désocialisation Cout Classifications Leriche et Fontaine Rutherford HAS 1: abolition des pouls 2: claudication intermittente a – légère b – modérée à sévère 0 Asymptomatique 3: douleurs de décubitus 4: troubles trophiques 4 5 (perte mineure) 6 (perte majeure) Ischémie d’effort 1 2 et 3 Ischémie critique ou permanente Chronique Particularités chez le diabétique Atteinte sous inguinale : artère fémorale superficielle, artère poplitée, artères de jambe+++ Pas de corrélation entre la sévérité clinique et l’aspect en imagerie (atteinte micro circulatoire) Patients âgés, co morbidité (insuffisance rénale, HTA) Risque amputation plus élevée si infection associée Ischémie critique diagnostic positif douleurs de décubitus depuis plus de 14 jours et/ou trouble trophique • Index de pression systolique <0,9 (> 1,3 si médiacalcose) • Echo-doppler des membres inférieurs • TcPO2 < 30 mmHg +++ Caselli A et al. Diabet Med 2005 Intérêts de la revascularisation Directs : Permettre la cicatrisation, diminuer les douleurs et éviter une amputation majeure Indirects : Diminuer la mortalité Diminuer le coût pour la société Quelle imagerie pré thérapeutique Echo doppler • Avantages – Pas d’injection de produit de contraste – Disponibilité – Étude morphologique et dynamique – Calcul des IPS+++ • Limites – Opérateur dépendant – Stent mal analysé – Etude du réseau distal difficile Angioscanner • Avantages – Etude de la paroi artérielle – Etude des calcifications • Limites – Fonction rénale, diabète – Etude du réseau distal difficile AngioIRM • Avantages – Pas d’injection de PDC iodé • Limites – Faible disponibilité (retarde le traitement) – Stent = vide de signal – Etude du réseau distal difficile Prise en charge type The sooner, the better… et le moins invasif possible Evaluation du trouble trophique (parage, débridement, amputation d’orteil si nécessaire) Evaluation du risque d’amputation (mineure ou majeure) Programmation de l’hospitalisation (2-3 jours) ou hospitalisation d’emblée (infection, Rutherford 6) Echo doppler, TcPO2 avant intervention Bilan pré opératoire simple (TP, NFS, créatinémie) Relais AVK – héparine (but TP > 70%), pas d’HPBM la veille, pas d’arrêt des anti plaquettaires Intervention type À jeun (sauf traitement usuel), protocole d’hydratation adaptée, arrêt des biguanides Bloc de Radiologie Interventionnelle Environnement stérile, anesthésie locale xylocaïne, protoxyde d’azote (Kalinox®) Ponction artérielle fémorale antégrade côté symptomatique, artériographie (qualité du flux entrant et du flux sortant) Franchissement des sténoses, recanalisation des occlusions puis angioplastie +- stent = rétablir un flux continu jusqu’au pied Compression manuelle + pansement compressif (ou système de fermeture artérielle si > 6 F, anticoagulants) Héparine intra artérielle puis double anti plaquettaire Tous les cas sont présentés en staff vasculaire, après l’intervention Mesures associées Soins locaux, débridement des tissus nécrotiques, décharge Prise en charge du diabète et de ses complications Prise en charge des autres FDRCV Combien d’artères faut il revasculariser ? Lesquelles ? Le plus possible Artère tibiale > fibulaire Peregrin JH et al. Cardiovasc Intervent Radiol 2011 Concept de l’angiosome revasculariser la bonne artère… Neville et al. Ann Vasc Surg. 2009 La boite à outils Introducteurs 4 à 7 F, court (11 cm) et long (23, 45 et 60 cm) Pedal access® ou aiguille Chiba 20 G (accès pédieux) Cathéter angulé mono perforé 4 et 5F Cathéter de support Cathéter guide de 5 à 8 F Guides hydrophiles et téflon 0.35 Guides hydrophiles et métallique 0.14 et 0.18 Guides dédiés CTO (chronic total occlusion) 0.14 et 0.18 (onéreux) Système de ré entrée en vraie lumière (onéreux) La boite à outils Ballons d’angioplastie de 2 à 7 mm de diamètre et de 4 à 220 mm de longueur ; préférer ballon court si occlusion chronique pour franchir Ballons à élution médicamenteuse : cher et non remboursé (patient « jeune », re sténose précoce) Stent « nu » : 3 à 7 mm, auto expansif ou sur ballon Stent à élution médicamenteuse : artère fémorale superficielle (remboursé) > artères de jambe (non remboursé) Stent couvert (en cas de complication) Système de fermeture artérielle Nos recettes (« recet pays nou ») Choix du matériel Sténoses fémorales superficielles Intro 6 F court antégrade - - - Procédure standard : guide hydrophile J soft et ballon d’angioplastie ou cathéter angulé, franchissement en vraie lumière échange pour guide teflon après franchissement Angioplastie par ballon de 5, 6 ou 7 mm en fonction du diamètre de référence puis stent auto expansible - - Cas particuliers : Si difficulté de franchissement du guide = utilisation d’un guide 0.18 ou 0.14 Si difficulté de franchissement du cathéter = utilisation d’un cathéter de support En cas de re sténose sur stent : discuter stent ou ballon à élution médicamenteuse Douleurs de décubitus sténoses de l’artère fémorale superficielle moyenne Résultats après angioplastie et stent Choix du matériel Occlusion fémorale superficielle Intro 6 F court antégrade Cas particuliers : Procédure standard : guide hydrophile J stiff et ballon d’angioplastie ou cathéter angulé franchissement en vraie lumière ou en sous intimal (en évitant de disséquer au delà de la fin de l’occlusion) échange pour guide teflon après franchissement Angioplastie par ballon de 5, 6 ou 7 mm en fonction du diamètre de référence puis stent auto expansible - Si difficulté de franchissement du cathéter = utilisation d’un cathéter de support Si difficulté de re sortie en vraie lumière = changement de cathéter angulé, angioplastie en fausse lumière (déchire intima), matériel spécifique de ré entrée (onéreux) En cas de re sténose sur stent : discuter stent ou ballon à élution médicamenteuse - - - - - Recanalisation et stenting Plaie infectée orteils droits occlusion de l’artère fémorale superficielle Cas particuliers atteinte fémorale superficielle Cross-over sténose/occlusion poplitée Mêmes procédures Angioplastie simple+++ Stent en dernière intention (auto expansible, souple, nitinol) lésion du 1/3 proximal de l’artère fémorale superficielle patient obèse sous anti coagulants 6F 45 ou 60 cm rétrograde contro latéral et cross over (sonde cobra ou pig tail) Choix du matériel Sténoses sous le genou Intro 4 F court ou 5 F 23 cm antégrade Cas particuliers : - Si difficulté de franchissement du guide = changement de guide ou de cathéter Si difficulté de franchissement du cathéter = utilisation d’un cathéter de support En cas persistance d’une sténose significative ou de complication occlusive (dissection, thrombose) : stent Procédure standard : - - - guide 0.14 ou 0.18 et ballon d’angioplastie low profile ou cathéter angulé franchissement en vraie lumière Angioplastie par ballon de 2, 3 ou 4 mm en fonction du diamètre de référence - Plaie face interne pied sténose rétro malléolaire Angioplastie simple Choix du matériel Occlusion sous le genou - - - Intro 4 F court ou 5 F 23 cm antégrade Procédure standard : guide 0.14 ou 0.18 et ballon d’angioplastie low profile ou cathéter angulé franchissement en vraie lumière ou en sous intimal (en évitant de disséquer au delà de la fin de l’occlusion) Angioplastie par ballon de 2, 3 ou 4 mm en fonction du diamètre de référence - - - Cas particuliers : Si difficulté de franchissement du guide = changement de guide ou de cathéter Si difficulté de franchissement du cathéter = utilisation d’un cathéter de support En cas persistance d’une sténose significative ou de complication occlusive (dissection, thrombose) : stent Plaie face plantaire 1er orteil Recanalisation et angioplastie tibiale postérieure Plaie face dorsale du pied Recanalisation et angioplastie tibiale antérieure Plaie face latérale du pied Flux sortant fibulaire Sténoses résiduelles après 2 angioplasties Stent Plaies de la face plantaire et dorsale des 4 derniers orteils gauches, surinfection. Recanalisation et angioplastie des 3 axes de jambe En cas d’échec de la voie antégrade Voie poplitée Après échec de recanalisation de l’artère fémorale superficielle Patient en procubitus Ponction de l’artère poplitée (sous échographie) Introducteur 4F, franchissement de l’occlusion Changement pour un introducteur 6 F, angioplastie et stent Compression manuelle a b a- Occlusion de l’artère fémorale superficielle droite, flux sortant poplité (flèche) b- Echec de recanalisation antégrade. Le guide ne ressort pas en “vraie lumière” (flèche) Recanalisation, angioplastie et et stent par voie poplitée rétrograde Téléphérique trans stent Après échec de recanalisation d’un stent occlus Nécessité d’un flux en distalité du stent Ponction du stent (aiguille 20 à 22G) sous échographie et/ou scopie et injection test Guide 0.18 ou 0.14 + ballon low profil ou cathéter de support, franchissement rétrograde de l’occlusion Récupération du guide par l’introducteur Echange par voie antégrade et procédure « classique » Compression du point de ponction intra stent par angioplastie à faible pression Occlusion d’un stent AFS, échec antégrade Ponction intra stent et récupération voie antégrade Téléphérique fémoro-distal « Safari » Après échec de recanalisation des artères de jambe Nécessité d’un flux distal de qualité suffisante Ponction artérielle distale rétrograde (aiguille 20 à 22G) sous échographie et/ou scopie (road map, calcifications) et injection test Mêmes étapes que le téléphérique intra stent ou angioplastie par voie rétrograde sans téléphérique (ballons ultra low profile) Trouble trophique bord latéral pied gauche ; échec de la voie antégrade Recanalisation angioplastie puis stent Ponction tibiale postérieure distale rétrograde Technique « Safari ». Récupération voie antégrade « Loop technique » Après échec de recanalisation des artères de jambe par voie antégrade Nécessité d’une arcade plantaire ou d’une collatérale de qualité suffisante Cathétérisme de l’arcade ou de la collatérale puis de l’artère cible de manière rétrograde Franchissement et angioplastie d’emblée ou 2 guides en « kissing » voir 2 ballons pour déchirer l’intima Occlusion proximale tibiale postérieure et fibulaire “loop technique” Pas de flux sortant… pas de revascularisation Cure d’analogue de la prostacycline ? Brass EP et al J Vasc Surg 2006 Cellules souches ? Tateishi-Yuyama E et al Lancet 2002 Ischémie d’effort Traitement endovasculaire si réponse au traitement médical, correction des FDRCV et exercice insuffisant / pontage chirurgical si traitement endo vasculaire impossible TASC II 2004 Ischémie critique Revascularisation (pas de détail dans TASCII) Pas de recommandation pour les lésions sous le genou TASC A, B, C : endovasculaire TASC D : pontage Angioplastie sous le genou vs pontage distal : Pas d’étude prospective randomisée Etude BASIL (Bypass versus Angioplasty in Severe Ischemia of the Leg ) 452 patients en ischémie critique 40 % diabétiques, 1/3 fumeur chirurgie : 1/3 pontage fémoro poplité, ¾ veineux Angioplastie : 1 seule lésion traitée 70 %, pas de stent Lancet 2005 : amputation et survie = pas de différence significative en intention de traiter à 2 ans ; pontage veineux et ATP > pontage prothétique Pontage si espérance vie « longue » et « bonne » veine, sinon ATP Résultats de la revascularisation endovasculaire Succès technique 93%, sauvetage de membre 84%, péjoratif si TASC D [1] Succès technique 95%, sauvetage de membre 86 %, péjoratif si dialyse, ischémie critique, mauvais outflow [2] Sauvetage de membre 93% à 1 an, patients tous diabétiques et BTK isolé [3] Taux de sauvetage de membre > perméabilité à long terme ; re sténose++, traitements itératifs possibles 1. Giles. J Vasc Surg 2008 2. Conrad. J Vasc Surg 2009 3. Ferraresi. Eur J Vasc Endovasc Surg. 2009 angioplastie ou stent d’emblée ? Résultats identiques à long terme, pas de supériorité du stenting sous le genou Cotation de l’acte CCAM et GHS supérieur… Indication si sténose ou dissection significative après angioplastie ONEREUX, SUPERIORITE NON PROUVEE Systèmes d’excision de plaque cryoplastie angioplastie au laser Orbital artherectomy Drug-Eluting Balloons Paclitaxel : diminue l’hyperplasie néo intimale par inhibition des cellules musculaires lisses de la média Re sténose < ATP standard (27 vs 65%) Sauvetage de membre = 96% à 1 an Schmidt A et al. J Am Coll Cardiol 2011 Liistro F et al. the DEBATE BTK study Drug-Eluting Stent Paclitaxel, sirolimus, erverolimus AFS : DES > ATP et stent nu à 4 ans pour perméabilité, symptômes. Dake M. et al J Endovasc Ther. 2011 BTK : DES > ATP et stent nu pour perméabilité et trouble trophique Katsanos KN et al. CIRSE 2011 Stent bio absorbable Etudes en cours (ABSORB BTK) Everolimus Résorption en 2 ans Conclusion revascularisation des pieds en ischémie critique But = éviter l’amputation A défaut, permettre une amputation mineure ou la cicatrisation après amputation Revascularisation… au sein d’une prise en charge multi disciplinaire, globale et optimisée du patient Revascularisation par voie endo vasculaire… d’autant plus que nos patients sont « fragiles » Nouveaux outils = analyse coût/bénéfice et utilisation à définir Points clés Ischémie critique chez le patient diabétique = urgence thérapeutique avec risque d'amputation d’autant plus qu’il co existe une infection loco-régionale. Traitement endo vasculaire = rétablissement d'un flux continu jusqu'au pied pour éviter une amputation majeure dans la plupart des cas. Ponction artérielle antégrade ipsilatéral aux symptômes = bilan diagnostic puis traitement endo vasculaire d’emblée échec de la voie artérielle antégrade = voies rétrogrades pour augmenter le succès des recanalisations endovasculaires Taux de sauvetage de membre par revascularisation endovasculaire élevé moyennant une prise en charge multidiscplinaire optimisée. Et maintenant, quelques quizz Dans le cadre de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs chez le patient diabétique : Les douleurs de décubitus correspondent au stade 3 de Leriche et Fontaine et 4 de Rutherford. B. L’ischémie critique correspond à une claudication intermittente sévère. C. Les examens d’imagerie non invasifs manquent souvent de précision pour l’analyse du réseau distal. D. L’atteinte artérielle prédomine en sus inguinale. E. Une amputation trans métatarsienne correspond à une amputation majeure. A. Dans le cadre de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs chez le patient diabétique : Les douleurs de décubitus correspondent au stade 3 de Leriche et Fontaine et 4 de Rutherford. B. L’ischémie critique correspond à une claudication intermittente sévère. C. Les examens d’imagerie non invasifs manquent souvent de précision pour l’analyse du réseau distal. D. L’atteinte artérielle prédomine en sus inguinale. E. Une amputation trans métatarsienne correspond à une amputation majeure. A. Après recanalisation endovasculaire d’une occlusion de l’artère tibiale antérieure chez un patient en ischémie critique : A. B. C. D. E. La perméabilité primaire est égale au taux de sauvetage de membre. La perméabilité secondaire est inférieure au taux de sauvetage de membre. Une ré intervention sur l’occlusion traitée est impossible. Une double anti agrégation plaquettaire est souhaitable. La mesure de la pression transcapillaire en oxygène (TcPO2) est inutile. Après recanalisation endovasculaire d’une occlusion de l’artère tibiale antérieure chez un patient en ischémie critique : A. B. C. D. E. La perméabilité primaire est égale au taux de sauvetage de membre. La perméabilité secondaire est inférieure au taux de sauvetage de membre. Une ré intervention sur l’occlusion traitée est impossible. Une double anti agrégation plaquettaire est souhaitable. La mesure de la pression transcapillaire en oxygène (TcPO2) est inutile. Chez un patient en ischémie critique, après franchissement d’une sténose serrée de l’artère tibiale postérieure par un guide métallique 0.18 : Vous déployez un stent car ils possèdent une perméabilité à long terme supérieure à l’angioplastie simple. B. Vous effectuez une angioplastie par ballon « standard » de 8 mm. C. Vous effectuez une angioplastie par ballon « coupant » en première intention. D. Vous effectuez une angioplastie par ballon « low profil » de 3 mm. E. Vous effectuez une angioplastie par ballon à élution médicamenteuse car ils sont peu onéreux et remboursés. A. Chez un patient en ischémie critique, après franchissement d’une sténose serrée de l’artère tibiale postérieure par un guide métallique 0.18 : Vous déployez un stent car ils possèdent une perméabilité à long terme supérieure à l’angioplastie simple. B. Vous effectuez une angioplastie par ballon « standard » de 8 mm. C. Vous effectuez une angioplastie par ballon « coupant » en première intention. D. Vous effectuez une angioplastie par ballon « low profil » de 3 mm. E. Vous effectuez une angioplastie par ballon à élution médicamenteuse car ils sont peu onéreux et remboursés. A.