Psychose

publicité
Psychose
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Aller à : Navigation, Rechercher
Pour les articles homonymes, voir Psychose (homonymie).
Les psychoses sont un ensemble de psychopathologies caractérisées par l'existence
d'« épisodes psychotiques ». Au niveau des manifestations, l'épisode psychotique se traduit
par une altération du « sens de la réalité » : idées délirantes, hallucinations. Celui-ci, de durée
variable, peut-être transitoire (plus d'un jour, moins d'un mois, hors traitement) (exemple :
épisode psychotique bref) ou prolongé. L'anosognosie, c'est-à-dire l'absence de conscience de
l'état pathologique lors de l'épisode psychotique, est la règle.
Le terme psychose a été repris par de nombreux auteurs, courants théoriques, dans des
acceptions parfois radicalement différentes, parfois partiellement partagées. Il s'agit d'un
terme générique dont il est difficile de donner une définition précise sans envisager l'ensemble
des acceptions les plus courantes et les classifications qui leur correspondent.
Actuellement, la psychose n'est pas considérée comme un diagnostic en soi, mais comme un
état associé à certaines pathologies psychiatriques.
La psychose doit par ailleurs être distinguée des déliriums et des démences.
Sommaire
[masquer]



1 Classifications
2 Expérience psychotique
o 2.1 Hallucination
o 2.2 Idées délirantes
o 2.3 Troubles du cours de la pensée
o 2.4 Anosognosie
o 2.5 Singularité de l'expérience psychotique
 2.5.1 Pathologie sous-jacente
 2.5.2 Contexte socio-culturel et expériences de vie
3 Pathologies associées aux états psychotiques aigus
o 3.1 Pathologies psychiatriques et neuropsychiatriques
 3.1.1 Schizophrénie
 3.1.2 Maladie bipolaire
 3.1.3 Troubles schizoaffectifs
 3.1.4 État psychotique bref
 3.1.5 Troubles du sommeil
 3.1.6 Démences à corps de Lewy
o 3.2 Toxiques : intoxication et sevrage
 3.2.1 Amphétamines : intoxication chronique








3.2.2 Cannabis : intoxication aiguë et chronique
3.2.3 LSD, PCP, scopolamine : intoxication aiguë
3.2.4 Cocaïne : intoxication aiguë
3.2.5 Alcool : intoxication aiguë, sevrage
3.2.6 Benzodiazépine : intoxication aiguë, sevrage
3.2.7 Autres
o 3.3 Pathologies neurologiques
o 3.4 Maladies métaboliques et systémiques
 3.4.1 Troubles ioniques et métoboliques
 3.4.2 Maladies de surcharge
 3.4.3 Maladies de système
4 Voir aussi
o 4.1 Liens internes
o 4.2 References
5 Références psychanalytiques
Classifications [modifier]
Le DSM-4-TR groupe les psychoses principalement sous le titre "schizophrénies et autres
troubles psychotiques" et en partie dans les troubles de l'humeur. On y retrouve la
schizophrénie et les troubles schizophréniformes, le trouble bipolaire, les troubles délirants
(anciennement, délires chroniques paranoïaques), les "troubles psychotiques brefs"
(anciennement considérés comme des bouffées délirantes aïgues sans évolution vers une
pathologie chronique), les "troubles psychotiques dûs à…" (toxiques, affection médicale
générale) et enfin les troubles psychotiques non-spécifiés, au sein desquels on retrouve
notamment certaines formes de psychose puerpérale.
L'épisode psychotique est actuellement considéré comme un dysfonctionnement du système
dopaminergique ascendant diffus (voir hypothèse dopaminergique des psychoses). Dans ce
sens, la schizophrénie (1,2 % de la population) et la maladie bipolaire, ainsi que leurs formes
de transition (troubles schizo-affectifs), représentent les formes les plus répandues de
psychoses. Il est difficile pour l'instant d'inclure sur des critères neurobiologiques d'autres
pathologies moins étudiées mais comprenant également des épisodes d'altération du sens de la
réalité dans le terme "psychose".
Certains, s'inspirant de nosographies alternatives (autres que celles servant de référence
internationale : DSM-4-TR, CIM-10), considèrent le terme de psychose dans une acception
différente ; soit descriptif d'un groupe de maladie comprenant schizophrénie, psychose
maniaco-dépressive (actuellement maladie bipolaire), délires chroniques paranoïaques,
psychose puerpérale, paraphrénie et psychose hallucinatoire chronique (trois entités dont
l'existence est discutée). La nosographie dérivée des théories psychanalytiques considère
qu'un groupe de "structure" "psychotique" de personnalité, définit par opposition aux névroses
et du fait de mécanismes psychopathologiques hypothétiques partagés, serait à l'origine des
symptômes de ces pathologies. Dans cette perspective, l'autisme est considérée comme une
« psychose infantile ».
Ces nosographies alternatives (c'est à dire, pour rappel, en désaccord avec le DSM-4-TR), qui
sont encore couramment utilisées en France, sont minoritaires dans le reste du monde
(l'Argentine et la Belgique francophone mises à part). Elles représentent un regard davantage
clinique que statistique et ne cherchent pas forcement à valider ces diagnostics à travers une
recherche "scientifique". On notera que, dans les pays précités, le débat sur la pertinence de
l'application de critères issus des sciences (dites) exactes au champ des sciences (dites)
humaines reste vivace.
Certains recherches et auteurs mettent en avant des facteurs génétiques, comme le montre une
étude entre les enfants biologiques et adoptés de familles comportant un parent ayant eu des
antécédents psychotiques. Cependant, il est indispensable de pondérer ces assertions : il faut
faire la part relative à l'environnement et à l'hérédité dans la détermination de la maladie. C'est
pourquoi ces maladies sont dites "multifactorielles", ie. dépendantes de composantes
génétiques, développementales et environementales. C'est le modèle "bio-psycho-social" de la
psychose ou modèle dit "vulnérabilité-stress". Ce modèle a été introduit pour décrire la
schizophrénie et c'est pour cette pathologie qu'il est actuellement le mieux validé.
Expérience psychotique [modifier]
Hallucination [modifier]
Les hallucinations sont définies comme des perceptions en l'absence de stimuli externe. Elles
doivent être distinguées des illusions, qui résultent de perceptions altérées de stimuli externe
existant, et des hallucinoses, qui sont des perceptions en l'absence de stimuli externe mais
avec conservation de la conscience de la nature endogène de la perception.
Celles-ci peuvent affecter toutes les modalitées sensorielles (vision, audition, olfaction, goût,
toucher) et peuvent aller de sensation simple relativement simple (sonneries de téléphones,
bruits de portes) jusqu'à des expériences complexes durant lesquelles les patients pensent
interagir avec des images formées qui s'adressent à eux, qui éventuellement les
télécommandent, ou des expériences de vol de pensées, de télépathie...
Une forme particulièrement classique d'hallucination est la perception d'une ou plusieurs voix
hallucinées, qui s'adressent au patient ou parlent de lui, sous la forme de phrases plus ou
moins longues. L'expérience est d'autant plus perturbante et source de détresse pour le patient
que le contenu des hallucinations est fréquemment négatif et qu'il peut être composé d'ordres
que le patient se voit contraint d'exécuter. Dans de rares cas, l'expérience hallucinatoire peut
être considérée par le patient comme agréable car peu envahissante, n'interférant pas avec son
comportement, de contenu positif ou de contenu mystique...
Enfin, certaines hallucinations peuvent se présenter dans le fonctionnement normal du sujet,
c'est le cas des hallucinations hypnagogiques, qui apparaissent à l'endormissement, ou au
réveil, et qui sont décrites comme le reste imagé ou auditif d'un rêve commencé ou pas
terminé.
Idées délirantes [modifier]
Les idées délirantes peuvent avoir des thèmes variés : persécution, mystique/messianique,
grandeur, filiation, érotomanie... Leur émergence correspond à des mécanismes également
variables : interprétation, intuition... Celles-ci reflètent fréquemment le contenu du système de
croyance du patient et sont d'appartenance socio-culturelle. Enfin, un aspect important des
idées délirantes est leur aspect structuré (paranoïaque) ou flou (paranoïde).
Troubles du cours de la pensée [modifier]
Ceux-ci traduisent des altérations des mécanismes de pensée et sont classifiés en fonction des
modifications du discours qu'ils entrainent. On note de manière non exhaustive : la
tachypsychie, la logorrhée, les digressions, la difluence ou relâchement des associations, les
circonlocutions, le rationalisme morbide, et à l'opposé de ce dernier : la pauvreté du discours
spontané, les barrages, les fadings.
Anosognosie [modifier]
Une des caractéristiques importantes de l'état psychotique est l'absence de conscience de la
nature pathologique des symptômes. Classiquement, les patients, lors de ces épisodes, pensent
que leur comportement, le contenu de leur pensée et les expériences hallucinatoires qu'ils
vivent ne sont en aucune manière bizarres, inhabituelles ou étranges. Cela reste vrai même
lorsque les idées délirantes, paranoïdes, sont impossibles. Les patients restent imperméables à
toute rationalisation remettant en cause leur vécu. Cependant, cela doit être relativisé,
puisqu'en fonction de la sévérité de la pathologie sous-jacente et du degré d'évolution depuis
le début de l'épisode psychotique, une critique partielle des symptômes est parfois possible.
Le patient conserve un certain insight.
Singularité de l'expérience psychotique [modifier]
Pathologie sous-jacente [modifier]
Les symptômes présentés lors des épisodes psychotiques peuvent être altérés de manière
significative lorsque ceux-ci sont associés à un trouble de l'humeur. Par exemple, lors
d'épisodes dépressifs majeurs avec caractéristiques psychotiques, les patients présentent
fréquemment des idées délirantes de culpabilité ou de persécutions. À l'inverse, lors
d'épisodes maniaques délirants, les patients présentent des idées délirantes de grandeurs, de
filiations illustres...
Contexte socio-culturel et expériences de vie [modifier]
Souvent, le contenu des idées délirantes ou des hallucinations reflète les croyances du patient,
ses préoccupations et ses expériences de vie. Cela rend le vécu de l'état psychotique unique
pour chaque patient, malgré des mécanismes physiopathologiques communs.
Toutefois, la validité transculturelle des catégories psychopathologiques est souvent contestée
du fait que la formulation d'un diagnostic au sens du DSM-4 par exemple ne tient pas compte
des processus sociaux, des dynamiques interactionnelles et de la fonction que remplissent
certains phénomènes culturels. De nombreux travaux ethnographiques ont ainsi décrit
plusieurs formes de croyances et de pratiques comme la possession et le chamanisme à travers
lesquelles l'état modifié de conscience, la transe ou l'extase, qui pourraient être associés à des
troubles psychotiques ou à une forme de trouble de la personnalité multiple, sont en fait, dans
une culture donnée, des états recherchés qui font l'objet de plusieurs jours de préparation
mentale. Cependant, cela ne signifie pas que les possédés ou les chamanes ne soient pas
enclins à vivre certains épisodes de détresse psychologique. Encore une fois, l'ethnologie ou
l'anthropologie sociale renseignent que la possession, dans sa forme maléfique, peut
comprendre une dynamique transférielle liée à l'accumulation de tensions intérieures ou à
l'effet d'un contexte social anxiogène. On rapporte également que certains spécialistes de ces
cultes de possession et de chamanisme sont souvent des individus qui ont vécu des épisodes
de détresse personnelle et qui ont réussi à transformer une expérience négative en expérience
positive, reconnue ainsi par les autres membres de la société. Certains auteurs comme L.
Peters identifient ces pratiques à une forme primitive de psychothérapie, d'autres comme I. M.
Lewis y voient une religion des opprimés: la possession permet de pallier à des conditions
d'oppression, joue un rôle dans la résolution des conflits personnels, d'élever son statut social
en maîtrisant certains pouvoirs "spirituels" ou en exprimant, par dieux ou démons interposés,
des plaintes qu'il ne serait pas possible d'exprimer autrement. Ces phénomènes culturels sont
beaucoup plus complexes qu'ils n'y paraissent de prime abord. Il semble donc réducteur de les
traduire dans les termes d'une réponse culturellement construite à un phénomène universel
d'ordre neurophysiologique.
Bibliographie sélective.
Beattie, J. et J. Middleton, éd., Spirit Mediumship and Society in Africa. New York: Africana,
1969. Bourguignon, E., éd. Religion, Altered States of Consciousness, and Social Change.
Columbus: Ohio University Press, 1973. Good BJ., Medicine, rationality and experience: an
anthropological perspective. Cambridge University Press, 1994. Obeyesekere, G., Medusa's
Hair. Chicago: University of Chicago Press, 1981. Kakar S., Shamans, mystics and doctors: a
psychological enquiry into India and its healing tradition. Delhi: Oxford University Press,
1982 Lewis, I., Ecstatic Religion: An Anthropological Study of Spirit Possession and
Shamanism, Harmondsworth: Penguin Books, 1971. Turner V., An Ndembu doctor in
practice. In : Kiev A., ed. Magic, faith and healing, New York: Free Press, 1964
Pathologies associées aux états psychotiques aigus [modifier]
Pathologies psychiatriques et neuropsychiatriques [modifier]
Schizophrénie [modifier]
Article détaillé : Schizophrénie.
Maladie bipolaire [modifier]
Article détaillé : Trouble bipolaire.
Troubles schizoaffectifs [modifier]
État psychotique bref [modifier]
Les états psychotiques brefs sont caractérisées par la survenue brutale d'un état psychotique
aigu intense chez un patient ne présentant pas d'antécédents psychiatriques. Par définition, son
évolution est limitée à un ou quelques épisodes durant la vie du patient, sans symptômes
intercurrents. Il n'est pas possible à l'heure actuelle de différencier de manière fiable les états
psychotiques brefs des états psychotiques aigus inclus dans une pathologie chronique.
Souvent, le critère de brutalité d'apparition, d'absence de symptômes prémorbides ou
d'antécédents familiaux, le contexte de stress intense psycho-social ou environnemental
marquant la survenue de l'épisode, la rapidité d'évolution sous traitement médicamenteux
antipsychotique et les faibles doses nécessaires, sont autant d'arguments orientant le
diagnostique. Mais, seul un suivi psychiatrique durable et une observation prolongée peuvent
à l'heure actuelle valider à postériori le diagnostic d'état psychotique bref.
Troubles du sommeil [modifier]
Démences à corps de Lewy [modifier]
Toxiques : intoxication et sevrage [modifier]
Amphétamines : intoxication chronique [modifier]
Cannabis : intoxication aiguë et chronique [modifier]
Un lien significatif entre consommation de cannabis et vulnérabilité à la psychose est étayé
par un grand nombre d'études scientifiques.
La consommation chronique de cannabis est corrélée à une augmentation de la vulnérabilité
aux épisodes psychotiques brefs et à la schizophrénie. Cela signifie que certaines personnes
présentant une vulnérabilité à la schizophrénie (par exemple) mais qui n'auraient pas présenté
de symptômes de cette maladie durant leur vie dans des conditions de stress habituelles, vont
décompenser et entrer dans cette pathologie du fait de leur consommation de cannabis. Le
risque relatif est de l'ordre de 4, ce qui signifie que à priori (sans connaître le degré de
vulnérabilité d'une personne), une personne a 4 fois plus de chance de présenter une
schizophrénie que si elle ne consommait pas de cannabis de manière régulière.
L'intoxication cannabique aiguë est également associée à des états psychotiques aigus. En
effet, des décompensations durant des épisodes d'intoxication aïgue cannabique sont décrits.
Cependant, il ne s'agit pas de la forme la plus courante de décompensation psychiatrique lors
d'intoxication aïgue cannabique. En effet, les attaques de panique (ou crise d'angoisse aiguë)
sont courantes.
Téléchargement