INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Enquête Employabilité et compétences Gestion des compétences et développement de l’employabilité Rapport de synthèse 27/05/17 Pierre-Marie BURGAT Emmanuel CERTAIN 841051233 1 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Sommaire 1. Introduction................................................................................................................................ 4 1.1. Cadrage de l’enquête ................................................................................................................ 5 Contexte ........................................................................................................................................... 5 Buts de l’enquête ............................................................................................................................. 5 Panel ................................................................................................................................................ 6 Démarche ......................................................................................................................................... 6 1.2. Employabilité, qu’est ce que ça veut dire ?............................................................................... 7 Histoire sommaire du concept ......................................................................................................... 7 L’employabilité : définition ou définitions ? ................................................................................... 8 1.3. Pourquoi le développement de l’employabilité est-il important pour vous ? .......................... 10 Plus spécifiquement, dans l’Assurance .......................................................................................... 11 Dans la métallurgie ........................................................................................................................ 11 Dans la « Pharmacie » ................................................................................................................... 12 2. Comment développer l’employabilité ? ................................................................................. 14 2.1. Les 3 facteurs ......................................................................................................................... 15 2.1.1. Les facteurs liés à la personne.............................................................................................. 16 2.1.2. Les facteurs environnementaux ........................................................................................... 19 2.1.3. Les facteurs liés à l’entreprise .............................................................................................. 20 2.2. Analyse des familles de pratiques d’entreprise en matière d’employabilité ........................... 21 2.2.1. Les pratiques d’ouverture professionnelle ........................................................................... 21 2.2.2. Les pratiques de management des ressources humaines ...................................................... 25 2.2.3. Les pratiques d’organisation et l’employabilité ................................................................... 40 3. Les politiques d’entreprise ...................................................................................................... 45 3.1. Introduction : des pratiques à la politique d’employabilité ..................................................... 46 3.2. Les principaux leviers à disposition des RH pour faire progresser l’employabilité ................ 48 3.3.Cinq priorités pour passer à l’action ........................................................................................ 61 3.4. Les 3 facteurs de succès .......................................................................................................... 61 3.5. Quel portrait robot de l’entreprise idéale ? ............................................................................. 63 3.6. Les actions possibles à développer par l'environnement socio-économique........................... 64 841051233 2 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 - Remarques préalables Cette étude fait suite à la synthèse des interviews présentée lors de la table ronde du 22 janvier 2004, aux entreprises participantes et à la direction de l’ANACT. Ce travail a été réalisé à partir de l’analyse des interviews. Les consultants se sont appuyés en complément sur leurs propres expériences1. Toutes les monographies ont été validées par leurs auteurs. Cependant, les personnes rencontrées nous semblent la plupart du temps avoir témoigné d’une vision plus personnelle qu’institutionnelle. Ceci est lié au fait que la plupart des entreprises ne disposent pas de politiques formalisées en matière d’employabilité. De la même manière, ces personnes se sont le plus souvent projetées en tant que cadres. Les analyses pour la population ETAM ne sont pas systématiques. Elles sont également davantage liées à l’organisation du travail. Compte-tenu du nombre volontairement limité de participants, rappelons que ce travail correspond à un recueil qualitatif d’idées et de pratiques. De ce fait, les points de vue, y compris les quelques analyses quantitatives à certaines questions fermées doivent être interprétés avec prudence. Dans cet esprit, il faut considérer cette étude comme une « réflexion générale » débouchant sur des conseils pratiques, non exhaustifs. En effet, le champ très vaste de l’employabilité et la variété des situations des entreprises nécessiteraient des analyses plus approfondies. Autre remarque, les pratiques récoltées sont des usages de Groupes. Rappelons que l’étude a été recentrée sur quelques grandes entreprises avancées dans ce domaine, afin, de pouvoir étudier, dans un second temps, la transférabilité à de plus petites entreprises. Enfin, si le thème de l’employabilité, comme « angle d’attaque » a surpris au départ beaucoup des interlocuteurs, on s’est aperçu - chemin faisant - que ce concept peu « vendeur », était eu centre des préoccupations socio-économiques actuelles 2 et dans l’esprit de beaucoup de DRH. Ainsi, après l’échec passé des politiques de l’emploi, les difficultés à mettre en oeuvre les modèles de GPEC et de la gestion par les compétences, beaucoup de DRH s’interrogent aujourd’hui sur la « politique emplois-compétences » à mettre en place. Se relancer, autrement, dans une GPEC aux débouchés incertains ? Poursuivre le mirage de la gestion par les compétences ? Les politiques d’employabilité constituent peut-être une troisième voie … Pour certains, elles conjugueraient les intérêts des différents protagonistes : faciliter l’employabilité, tout en permettant à l’entreprise de mieux s’adapter, par une meilleure fluidité, à la pression grandissante de notre économie globalisée. 1 Pour des raisons déontologiques de confidentialité, ces entreprises ne sont pas identifiées dans ce rapport. 2 La loi FILLION sur la formation en est une des illustrations. 841051233 3 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 1. Introduction 841051233 4 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 1.1. Cadrage de l’enquête Contexte Les évolutions économiques - globalisation des marchés et recherche permanente de productivité - conduisent aujourd’hui beaucoup d’entreprises des pays développés à des réductions récurrentes d’effectifs. L’évolution parfois rapide des techniques et les fluctuations incessantes de la demande poussent également les entreprises à développer la flexibilité de leur organisation et la mobilité de leur personnel. De ces évolutions souvent mal vécues par les personnes découlent une perte de confiance, voire parfois une cassure entre l’entreprise et ses salariés. A défaut de pouvoir garantir l’emploi, les entreprises n’ont-elles pas intérêt aujourd’hui dans les pays industriels à développer dans une logique « gagnant-gagnant » avec leurs salariés, une véritable politique d’employabilité ? - Des personnes « employables », compétentes, capables d’évoluer, davantage confiante en leur entreprise, … - Un personnel mobile, susceptible de s’adapter rapidement aux changements, davantage motivées … Entreprises comme salariés ne devraient-ils pas y trouver leur compte ? Mais qu’est ce que l’employabilité ? Est-ce que l’entreprise a réellement à y gagner ? Quelles pratiques, quels outils les directions des ressources humaines doivent-elles mettre en œuvre pour améliorer l’employabilité ? Quels liens et quelles différences avec la GPEC ? Faut-il et comment communiquer sur l’employabilité ? Buts de l’enquête L’enquête a été lancée pour collecter des idées en la matière, des pratiques et des outils expérimentés par des entreprises en avance sur ce sujet. L’analyse de ces matériaux doit permettre de faire ressortir les meilleures pratiques, les concrétisations possibles en terme de politique RH et de management : axes de travail, plans d’actions envisageables en ressources humaines, management et organisation. Les consultants traceront en conclusion le portrait robot de l’entreprise idéale dans son environnement. Ils identifieront en complément les facteurs clefs de succès permettant en cohérence avec les objectifs économiques - de développer l’employabilité dans les entreprises françaises. 841051233 5 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Panel 3 secteurs Il a été choisi d’investiguer dans des secteurs ayant développé des pratiques en matière d’employabilité et notamment de gestion des compétences : - Métallurgie (Accord A CAP 2000, dans la sidérurgie) - Pharmacie (Accords du SNIP, 1994 + CEP / Observatoire des métiers) - Banque-Assurance (CEP / Observatoire des métiers …) 8 grands Groupes de la région Rhône-Alpes ont accepté de participer à l’enquête3 : - ARCHEMIS (ex CRIT, Rhône Poulenc Industrialisation) - AVENTIS ANTHONY (site) - BOIRON - CAISSE D’EPARGNE Rhône-Alpes (Siège) - GIAT Industrie (site de Roanne) - GROUPAMA Rhône-Alpes (Siège) - MERCK-LIPHA (site de Lacassagne) - RENAULT TRUCKS (Siège). 3 Syndicats de branches ont été consultés : - UIMM Rhône-Alpes (Métallurgie) : direction des affaires sociales. - LEEM (Pharmacie) : Observatoire des Métiers - Assurance : Observatoire des Métiers. Démarche 1. Interviews de responsables RH et de managers opérationnels (sur site), 2. Rédaction d’un compte –rendu ou « monographie par entreprise », 3. Synthèse, 4. Restitution de la pré-synthèse lors d’une table ronde, avec les représentants des entreprises et la direction de l’ANACT, 5. Rédaction du rapport final et mise à disposition des informations par l’ANACT. 3 Voir en annexe la liste et les coordonnées des participants, ainsi que les compte-rendus des interviews. 841051233 6 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 1.2. Employabilité, qu’est ce que ça veut dire ? Histoire sommaire du concept D’après Alain FINOT qui a retracé ses grandes évolutions4, « la notion d’employabilité est porteuse d’une longue histoire ». Elle est née en Angleterre « à l’aube de la société salariale, au début du siècle ». « L’enjeu était alors de différencier les pauvres, aptes à s’intégrer à la société industrielle, même s’ils pouvaient être temporairement exclus, de ceux qui relevaient de la charité ». « C’est avec le New-Deal et l’extension du chômage que la notion d’employabilité a été ensuite formalisée et développée aux États-Unis durant les années 1930. Elle faisait référence alors à des capacités élémentaires à occuper un emploi. (…) L’employabilité concerne à cette époque la coupure entre valide et invalide. « Employability » signifie en effet « aptitude à l’emploi ». Cette notion se développe ensuite en Allemagne et dans les pays scandinaves ». Dans les années 1950-1960, elle devient plus tard aux USA « une catégorie médicosociale utilisée par les travailleurs sociaux pour apprécier la distance à l’emploi et les aptitudes productives de travailleurs défavorisés ». L’employabilité est mesurée par des tests médicaux à vocation prédictive et centrés sur la mesure du handicap, pour savoir in fine, « à quelles conditions tel individu peut exercer tel métier ». Dans les années 60-80, le concept évolue vers « l’intégrabilité professionnelle » basée sur des critères subjectifs et sociaux (motivation, casier judiciaire, permis de conduire…). Le lien avec la « probabilité de retour à l’emploi » apparaît à partir des années 60 et s’appuie sur la statistique. Le concept évoluera dans le langage des économistes vers l’idée de « probabilité de reclassement », liée à la durée du chômage. Dans les années 1980-1990, l’employabilité devient avec R. LEDRUT un outil pour mesurer la vulnérabilité de certains groupes sociaux vis-à-vis du chômage : « la probabilité que peut avoir une personne à la recherche d’un emploi d’en trouver un ». L’employabilité est rattachée alors « avant tout à la croissance ». Puis en France, « l’ANPE s’empare du terme et utilise des bilans d’évaluation pour la mesurer ». Durant cette même période se développe le « courant de pensée compétences » et les premières mises en pratique. La logique compétences constituera un angle d’attaque nouveau qui s’imposera progressivement comme le levier majeur de développement de l’employabilité : - - Evolution des systèmes conventionnels de classification (ex Pharmacie, Métallurgie, Assurance …) ; passage d’une logique de qualification à une logique de compétences. Elaboration de référentiels métiers-compétences et de pratiques d’évaluation. Développement des entretiens professionnels. A. FINOT s’appuie également sur les études B GAZIER, sociologue au CNRS. La synthèse ciaprès s’appuie en grande partie sur l’étude « Développer l’employabilité » ; INSEP Editions. 4 841051233 7 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Certaines entreprises iront ainsi jusqu’à confondre employabilité et gestion des compétences.5 Enfin, c’est dans les années 95 qu’un certain nombre d’entreprises commencent à s’approprier le concept. Elles préférent ainsi parler d’employabilité, plutôt que de « sécurité de l’emploi ». Le terme est ainsi utilisé pour présenter la politique sociale, avec le challenge de « garantir l’employabilité des salariés » … tout en gérant d’inévitables plans sociaux. L’employabilité dès lors ne concerne donc plus uniquement les chômeurs mais tous les salariés. Elle « apparaît comme une responsabilité conjointe des individus, des entreprises et de l’état ». En 1998, d’après une enquête menée par « the Européan Independants » auprès de DRH de 163 entreprises de plus de 100 salariés le développement de l’employabilité devient une priorité … : au 7ème rang au niveau européen et au 2ème rang pour les DRH françaises. Aujourd’hui, si l’idée demeure bien présente dans les préoccupations des DRH, le concept en lui-même et l’approche apparaissent comme « peu attractifs », voir « repoussoirs » pour certaines entreprises. Il est donc peu utilisé explicitement dans les politiques RH et sociales, les entreprises préférant « parler compétences », même si leur politique va parfois au-delà. Paradoxalement la gestion des emplois et des compétences semble avoir à nouveau « le vent en poupe » chez les DRH et notamment la mobilité, vecteurs importants d’employabilité. Par ailleurs, « le contexte économique 2004 en panne de croissance et l’exacerbation de la concurrence »6 semblent pousser actuellement les DRH vers des priorités business court terme. Ainsi, d’après le baromètre RH Liaison sociales-CSC 2003, les DRH doivent se préoccuper aujourd’hui davantage « de rentabilité à court terme et de performance de l’organisation ». Ils privilégient ainsi « les actions managériales et sociales dont le payback est immédiat, renvoyant ainsi à plus tard », malgré leur intérêt personnel, « les dossiers de longue haleine, comme la gestion des âges et l’employabilité » (…). L’employabilité : définition ou définitions ? Dans son ouvrage « Développer l’employabilité », Alain FINOT propose la définition suivante : Le développement de l’employabilité, c’est « le maintien et le développement des compétences des salariés et des conditions de gestion des ressources humaines permettant d’accéder à un emploi, à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise, dans des délais et des conditions favorables ». 5 C’est certes une élément important mais insuffisant pour bâtir une politique RH dans ce domaine. Nous verrons qu’une politique d’employabilité doit pouvoir aussi s’appuyer sur les autres « piliers » que sont l’organisation, le management et la politique Ressources Humaines dans son ensemble. 6 Baromètre RH Liaison sociales - CSC 2003. 841051233 8 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 La définition de l’employabilité donne lieu en fait aujourd’hui à une querelle sémantique, reflet d’un débat idéologique de longue date sur la répartition des responsabilités entre l’entreprise et la personne. Ainsi, dans le cadre de la négociation sur l’accord inter-professionnel du 20 septembre 2003, ou encore d’accords d’entreprises 7, le terme lui-même a été rejeté par certaines organisations syndicales. En effet, le concept est perçu comme transférant la responsabilité sur l’individu et déchargeant de fait l’entreprise. Dans le cadre de l’enquête, on constate que la plupart des définitions placent la personne au centre du développement de l’employabilité, l’entreprise étant en charge de lui fournir les moyens nécessaires au développement de son employabilité. Deux participants seulement mettent davantage l’accent sur la responsabilité de l’entreprise. L’une par conviction personnelle, l’autre car son entreprise, suite à des plans sociaux importants s’est doté d’un dispositif conséquent en matière de développement de l’employabilité de leurs salariés. Pour les autres représentants (tous des directeurs opérationnels ou RH), l’entreprise privée a une raison d’être économique (« ni humaniste, ni philanthropique » …) et, compte tenu de ces contraintes, n’a pas à, ni ne peut s’occuper d’employabilité. Pour ces derniers, l’employabilité apparaît donc davantage du ressort de la personne, même si l’entreprise se doit de fournir à ses salariés les moyens adaptés à son maintien. La définition page suivante, recomposée à partir des différents points de vue des participants illustre cette tendance. Le développement de l’employabilité : C’est 8 : - « La compétence » et « la capacité » des personnes à « identifier leurs acquis professionnels », à« actualiser en permanence leurs compétences » en fonction des « évolutions (de son métier) et des besoins des employeurs » … Pour : - « évoluer avec l’entreprise et les technologies », - « être capable de tenir son poste, en s’adaptant au changement », - « maintenir en permanence sa valeur ajoutée » et « si besoin tenir un autre emploi » … ou « en cas de coup dur … », de « se vendre ailleurs ». L’Observatoire des Métiers de l’Assurance dit dépasser la querelle autour du partage des responsabilités de l’employabilité entre la personne ou l’entreprise, en utilisant l’adage suivant : « si les métiers d’aujourd’hui ne seront plus les métiers de demain, le salarié d'aujourd'hui devra être le salarié de demain ». 7 Exemple : accord Renault Trucks « Parcours et compétences ». 8 Définition de synthèse recomposée. 841051233 9 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 En conséquence de quoi « retroussons-nous les manches et proposons des études pertinentes qui permettent de mieux anticiper les évolutions et de préparer les personnes à ces évolutions », pourraient commenter les responsables de l’observatoire. Nous reprendrions volontiers ces conseils. Il faut sans aucun doute dépasser cette querelle pour - dans le cadre de cette étude - proposer aux entreprises des pratiques, outils et conseils réalistes, adaptés de fait à leur raison d’être économique. Nous choisirons en synthèse, cette définition réaliste donnée dans un autre contexte, par un groupe de directeurs et de DRH de l’Assurance Maladie9. Elle concilie l’importance des pratiques d’entreprises pour développer l’employabilité et la nécessité d’une vigilance accrue des personnes, acteurs à part entière de leur employabilité dans la durée, tout du long de leur trajectoire professionnelle. « Développer l’employabilité c’est permettre à tout salarié, par une politique RH, un management et une organisation adaptées, d’être un acteur du maintien et du développement de ses compétences, pour s’adapter en permanence aux évolutions des métiers et être toujours apte à changer d’emploi, sans difficultés majeures de reconversion». 1.3. Pourquoi le développement de l’employabilité est-il important pour vous ? Au-delà des définitions, chaque secteur, chaque entreprise, voire chaque personne a ses raisons pour s’intéresser au développement de l’employabilité et développe sa propre « vision » des mesures à prendre. Pour toute entreprise en secteur concurrentiel, l’équation économique globalisation pression concurrentielle optimisation de ses capacités de production + délocalisation - conduit inéluctablement à une recherche forte d’optimisation des coûts de main d’œuvre. La recherche d’amélioration de l’employabilité correspond au niveau RH à un besoin de plus grande mobilité et de flexibilité des ressources humaines. Les contraintes sont cependant nuancées selon les secteurs. Si l’indicateur de « Liaison sociales-CSC 2003 » souligne que dans l’axe emploi-compétence, 34% des DRH en font une priorité, c’est selon les secteurs et les entreprises pour des raisons souvent bien différentes. Ainsi le secteur de l’assurance qui subit peu aujourd’hui la pression de la globalisation, s’intéresse-t-il à l’employabilité en premier lieu pour des raisons démographiques plus que concurrentielles. Pour reprendre les paroles de Gérard LOBJOIS10, « il faut être réaliste, à l’évidence les entreprises se préoccupent d’employabilité (…) avant tout pour répondre aux évolutions économiques et concurrentielles ». Par ailleurs, ces contraintes sont différentes selon les secteurs. 9 Séminaire INSEP CONSULTING « Du diagnostic RH à la conduite du changement ». Secrétaire Général de L’Observatoire de l’Evolution des Métiers de l’Assurance, 10 841051233 10 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 De manière schématique on pourrait dire que : - Pour la sidérurgie, la fin des 30 glorieuses a conduit à l’effondrement de l’industrie sidérurgique. Même si d’autres évolutions sont en cours, la grande crise est derrière eux, ainsi que les principales évolutions technologiques des années suivantes. - Pour la métallurgie en général, avec des nuances selon des métiers, ils « prennent de plein fouet » la pression issue de la globalisation. Ils doivent intégrer simultanément les évolutions technologiques et des métiers pour rester dans la course. - Pour les entreprises du médicament, les transformations majeures sont en cours (fusions, externalisation et délocalisations …). Les principales technologies et les métiers sont relativement stables, sauf la grande révolution qui pointe des biotechnologies. - Pour la banque et l’assurance, secteurs encore très prospères, on devine à peine l’horizon se perturber et les contraintes apparaître, notamment plus démographiques qu’économiques. Certains métiers sont fragilisés par les développements de l’informatique (logistique et administratif ). Plus spécifiquement, dans l’Assurance D’après l’observatoire des métiers de l’assurance, « pour les entreprises de l’assurance, « une contrainte majeure est la démographie avec un risque fort de pénurie ». De fait les DRH des entreprises commencent à se préoccuper de ces évolutions. Par exemple GROUPAMA réfléchit à l’élaboration de ses plans de remplacements liés au déséquilibre de la pyramide des âges. Les autres contraintes économiques commencent cependant à se manifester : « … la concurrence demeure limitée, même si elle se développe » …Mais, « les contraintes sont cependant là et commencent à émerger … rentabilité, fusion, logique financière … Les acquis commencent à s’effriter, dans un contexte ou les contraintes sont plus fortes … ».. (Dév. RH GROUPAMA Région). Dans la métallurgie Pour les entreprises de la métallurgie, plusieurs facteurs semblent conjugués. La pression concurrentielle actuelle pousse comme partout à une logique de productivité et de résultats économiques à court terme qui rendent les initiatives de développement social peu prioritaires (voir le baromètre RH Liaisons sociales - CSC 2003). Dans la sidérurgie, l’accord A CAP 2000 11 a contribué en son temps à la naissance de 11 Cet accord est né d’une volonté des partenaires sociaux de dépasser le « déterminisme économique » qui 841051233 11 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 la logique compétence dans l’entreprise12. Certaines grandes entreprises ont donc poursuivi dans cette voie, mais cependant peu de PME. Le secteur de la métallurgie couvre en fait des entreprises de tailles et de productions très hétérogènes rendant toute généralisation hasardeuse. Dans la « Pharmacie » Pour les entreprises du médicament, c’est la pression concurrentielle, les restructurations et les fusions-acquisitions qui pèsent le plus et apparaissent comme les contraintes dominantes. C’est la recherche qui semble très touchée aujourd’hui par les regroupements. La chimie du médicament subit davantage le phénomène de délocalisation. Partout on cherche à améliorer la productivité. Les responsables rencontrés savent que l’avenir s’annonce difficile (« la prospérité est derrière nous ») et qu’il vaut mieux s’y préparer. « L’adaptation de nos organisations à l’évolution des marchés et la stratégie de l’entreprise nous imposent d’être vigilants, voire d’avoir l’obligation de faire dans le domaine de l’adaptabilité de chacun, donc de l’employabilité. … Cette notion prend tout son sens dans le contexte actuel avec notamment la nécessité absolue de renforcer ses compétences pour anticiper les évolutions des métiers et de l’organisation »… (Dir. Etablissement AVENTIS) Dans certaines entités directement touchées par les restructurations, on se sentait un peu invulnérable et la prise de conscience est parfois brutale. « Le travail dans un milieu aussi protégé que l'industrie pharmaceutique, avec des salaires supérieurs aux autres secteurs d'activité, a coupé beaucoup de salariés des réalités du marché du travail. Cette distorsion a considérablement réduit leur niveau d'employabilité » …(RRH, MERCK) 13. D’une manière générale, les responsables RH ne semblent pas avoir une conscience forte du rôle possible de l’entreprise en matière d’employabilité. Les définitions données, pour la plupart centrées sur la responsabilité de la personne, en témoignent14. conduisit au désastre industriel et social des années 70-80. Mais, il répondait simultanément à la nécessité matérielle pour les entreprises de développer l’employabilité d’une main d’œuvre faiblement qualifiée (« les gros bras »), face aux évolutions technologiques et à l’impossibilité pour les DRH de licencier suite aux nombreux plans sociaux. L'accord tente de reconnaître les compétences individuelles et d'assurer un déroulement de carrière pour tous. Les capacités de chacun sont donc reconnues: c'est le début de la logique de Compétence. 12 Première expérimentation en 1977 à Ugine Imphy 13 MERCK qui a grossi par croissance externe au cours ces dernières années, possède 16 usines de production pharmaceutique dans le monde. Le groupe a lancé une étude d'optimisation de ses capacités de production en 2002. Les conclusions de cette étude menée par le BCG préconisent l'arrêt progressif des activités du site de production de Lacassagne à horizon 2006. L'annonce des conclusions de l'étude à été faite en CCE le 10 juillet 2003. Au moment des interviews, le site est aujourd'hui dans l'attente des décisions qui seront prises au regard de ce rapport. Depuis la fermeture du site a été annoncée. 14 Voir les comptes-rendus des interviews. 841051233 12 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 En situation difficile, on découvre cependant, un peu au pied du mur, que l’employabilité devrait être une responsabilité davantage partagée, notamment par le management. « Comment, en cas de réduction d'effectifs, permettre aux salariés de retrouver un autre emploi, dans de bonnes conditions ? (…) En sachant que c'est un devoir moral des managers de permettre le repositionnement correct de leur personnel dans un contexte difficile. C'est un devoir moral, car ces salariés ne sont pas responsables de la situation économique et des choix stratégiques qui en découlent … » (RRH site MERCK LIPHA). Malgré les fermetures de site liées aux phénomènes de regroupements (fusionsacquisitions), les entreprises du médicament demeurent néanmoins prospères. Par ailleurs, au plan social, l’application des trois accords du SNIP de 1994 (classification, GPEC et formation professionnelle) a permis de faire considérablement progresser les entreprises dans leur logique métiers-compétences. D’après l’observatoire des métiers du médicament, « ces accords sont aujourd’hui pour beaucoup dans la mobilisation des laboratoires dans la gestion de leurs métiers et de leurs compétences. Il faut savoir qu’aujourd’hui environ 90% des entreprises du médicament décrivent leurs métiers et sont rentrées à différents degrés dans une logique métier ». Les entreprises du médicament ont ainsi pris une longueur d’avance par rapport aux obligations liées à la nouvelle loi inter-professionnelle sur la formation. Le secteur dispose donc d’une bonne base pour anticiper les évolutions à venir, faut-il cependant que les directions intègrent ces paramètres dans leur stratégie. Pour l’observatoire, un travail important reste néanmoins à mener pour permettre de traduire en impact économique, la capacité ou non de l’entreprise à anticiper l’évolution de ses métiers et l’employabilité de ses salariés. « Les directions générales raisonnent souvent encore trop exclusivement économique. Notre travail est aussi de leur permettre de faire le lien entre business, métiers et compétences ». (Observatoire des métiers du LEEM). 841051233 13 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 2. Comment développer l’employabilité ? Des facteurs théoriques aux leviers à disposition de l’entreprise. 841051233 14 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 2.1. Les 3 facteurs Pour agir sur l’employabilité, il faut en premier lieu identifier les facteurs qui concourent à différents niveaux à son maintien et à son développement. C’est seulement une fois clarifiés, qu’ils permettront de définir des pistes d’action. Le triangle « environnement - entreprise – individu » qui apparaissait déjà au travers des définitions se retrouve dans l’analyse des différents facteurs contributifs au maintien de l’employabilité. On peut distinguer en fait schématiquement 3 types de facteurs : Les facteurs liés à la personne, objectifs ou qualitatifs. Les facteurs liés à l’environnement. Les facteurs liés à l’entreprise. Les facteurs d’employabilité Facteurs liés à l’Entreprise : Pratiques RH, Organisation, management … Facteurs liés à la personnes : L’employabilité caractéristiques, attitudes sociales, compétences … Enquête employabilité / compétences Facteurs liés à l’environnement Marché du travail, évolution du secteur… 11 ANACT / © INSEP CONSULTING Si l’étude est centrée sur les facteurs liés à l’entreprise, il est cependant important de les mettre en perspective avec les autres facteurs, individuels et liés à l’environnement. 841051233 15 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 2.1.1. Les facteurs liés à la personne Bien que les différents facteurs liés à la personne puissent parfois être liés, il est utile d’analyser distinctement : Les caractéristiques individuelles, statiques ou dynamiques. Les attitudes, sociales et professionnelles. Les compétences, techniques et transversales. Les caractéristiques individuelles Dans son ouvrage sur l’employabilité, Alain FINOT distingue : - les données dites « statiques » et objectives, comme : l’âge, la formation initiale, le sexe, l’ancienneté dans le poste … - des données « dynamiques », plus qualitatives, que l’on peut traduire comme liées à la personnalité en situation : aptitudes au changement, confiance en soi, capacité à prendre des risques, ouverture d’esprit, énergie personnelle, motivation, etc. Toutes ces caractéristiques ont un impact assez évident sur l’employabilité, mais une certaine prudence semble cependant s’imposer dans leur interprétation. Les critères qualitatifs sont en effet souvent liés au milieu et à l’entreprise. Si l’on prend par exemple une donnée statique comme l’âge, il est évident que le coût salarial des seniors pour l’entreprise rend aujourd’hui plus difficile leurs replacements. Ceci est du essentiellement aux représentations sociales. Ces représentations deviennent des freins effectifs à l’embauche, car elles sont également actives chez la plupart des recruteurs internes ou externes à l’entreprise. Ce raisonnement est aussi vrai pour les données qualitatives dynamiques, liées à la « personnalité en situation ». Autre exemple. Nul besoin de démonstration pour comprendre l’impact de la motivation, ou encore de « l’aptitude au changement » sur l’employabilité. Mais la motivation est un facteur très lié à l’organisation du travail, taylorienne ou à l’opposé, plus responsabilisante. 841051233 16 17 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Perception des participants sur les facteurs liés à la personne Il a été demandé aux interviewés de hiérarchiser par ordre d’importance les facteurs individuels suivants : - Aptitude au changement et à la mobilité Capacité à prendre des risques Compréhension de l'environnement Confiance en soi Ouverture d'esprit, Curiosité, Culture générale Energie - Niveau d'études Age Ancienneté dans le poste ou la filière. Les résultats sont illustrés dans le diagramme ci-dessous : Caractéristiques individuelles favorisant l’employabilité 10.0 3.5 9.0 3.0 8.0 2.5 7.0 6.0 2.0 5.0 1.5 4.0 3.0 1.0 2.0 0.5 1.0 An cie nn et é au d' Ag e de s ét u fili èr e da ns le Ni ve po st e ou la En er en t ér al e sio n de l'e Cu ltu pr éh en Classement Ecart-Type O uv e rtu re Co m Cu rio si t é, e rit , sp d' e re de s gé n ris q e nc pr en dr à ité Ca pa c nv iro nn em ue s so en m ob ilit é Co nf ia la tà te en an ge m ch au de Ap tit u gi e 0.0 i 0.0 Enquête employabilité / compétences 15 ANACT / © INSEP CONSULTING Les personnes questionnées mettent en avant la dynamique personnelle, moteur de l’employabilité, plus que les données statiques (âge, niveau d’étude …) qui à leurs yeux ont moins d’importance. Il est cependant connu et évident que l’employabilité est très liée au niveau d’étude, et à d’autres facteurs comme la plus ou moins grande spécialisation des compétences. On peut donc penser que les interviewés se sont projeté en tant que personnes, tous « cadres de haut niveau ». En effet, pour les cadres, le premier facteur d’employabilité est bien la personne elle-même, sa motivation, son énergie, sa capacité à changer. 841051233 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 A l’évidence, pour les populations moins qualifiées, les critères statiques (âges, formation initiale…) doivent intervenir davantage. C’est la « capacité au changement » qui ressort ainsi comme le critère personnel majeur, suivi à un niveau proche par d’autres facteurs personnels, comme « l’énergie » et la « confiance en soi » ou « l’ouverture » et la « compréhension de l’environnement ». Cette perception est là encore vraie pour des cadres, mais pour les autres niveaux de qualifications, ces capacités seront encore une fois en grande partie liées aux pratiques d’entreprises qui leur permettront où non de développer ces aptitudes. A titre d’exemple, concernant la capacité au changement, on sait ainsi que certaines personnalités sont plus « conservatrices » que d’autres et auront plus de difficultés à « faire le pas » et à s’adapter. Mais une mobilité fréquente – quelle que soit la personnalité – n’entraîne-t-elle pas toute personne au changement et ne développe-t-elle pas ainsi ses « capacités à changer » ? Ainsi, même si le tempérament, « conservateur » aura toujours plus de mal à changer de poste ou de métier qu’une personne plus portée par l’innovation, « serrer le même boulon pendant 10 ans » ne peut conduire à développer l’employabilité d’un salarié ! Les attitudes sociales et professionnelles Ces facteurs correspondent à l’implication, à l’ouverture sociale et sur l’environnement. Ils expriment la volonté de la personne à maintenir un réseau de connaissance professionnel ou social contribuant à son information et à sa veille personnelle. Là encore si des facteurs « psychosociologiques » interviennent de manière indéniable, les comportements associés seront plus ou moins encouragés par l’entreprise. De ce fait, nous avons couplé ces facteurs avec les pratiques d’entreprise dans ce domaine. Ces facteurs se traduisent ainsi par ce que l’on appelle « les pratiques d’ouverture », du personnel vers l’entreprise (connaissance du fonctionnement, des métiers …), et du personnel vers l’environnement professionnel de l’entreprise. Par ailleurs, là encore, malgré des niveaux d’étude en moyenne à la hausse, cette « autonomie sociale » apparaît davantage présente chez les cadres que pour les personnes moins qualifiées, disposant notamment d’une plus faible culture économique. Exemples de facteurs dans ce domaine : - Participation à un réseau personnel ou professionnel : travail associatif, sportif, politique, etc. - Lecture régulière de revues professionnelles, de revues liées à l’économie et à l’emploi … - Participation à des salons professionnels … 841051233 18 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 - Connaissance de sa valeur personnelle sur le marché : bench-marking de sa fonction, ne serait ce que par la lecture des annonces d’emploi. 15 - Connaissance de ses compétences : le fait de disposer d’un projet personnel formalisé actualisé, dans le cadre de l’entreprise ou à partir d’un bilan externe. Les compétences techniques et transversales Les compétences représentent le troisième facteur lié à la personne. Le niveau et l’étendue des compétences sont à l’évidence des facteurs clefs d’employabilité. Comme dans tout référentiel de compétences, il apparaît important de distinguer les compétences techniques des compétences dites transversales 16. Ces dernières sont en effet des leviers importants de développement de l’employabilité. C’est sur cette base que tout gestionnaire de compétences établira les passerelles entre les postes et les métiers, à la base des démarches organisées de mobilité. Les compétences techniques : on sait que plus la spécialisation est grande, plus l’employabilité peut dans certains contextes se révéler faible. De même les personnes « mono-techniques » sont plus fragiles que les personnes polyvalentes. Le développement des compétences au travail est totalement lié à la politique de l’entreprise. La nouvelle loi inter-professionnelle et l’application du DIF devraient rendre les salariés davantage acteurs de leur employabilité, notamment par le libre choix d’une partie des actions de formation pour la poursuite de leur carrière. Les nouveaux outils imposés par la loi, tels le passeport formation, l’entretien professionnel, la VAE … devraient réactiver la logique compétence. Mais il faut que les entreprises s’approprient ces nouvelles pratiques et arrivent à les déployer, sans pour autant trop alourdir les obligations de performance au quotidien de son management. 2.1.2. Les facteurs environnementaux Les derniers facteurs à prendre en compte sont les facteurs environnementaux. On peut regrouper dans cette catégorie : - les facteurs économiques et concurrentiels qui pèsent sur le marché du travail les facteurs liés aux évolutions techniques et des métiers les facteurs liés aux évolutions réglementaires : exemple, la loi FILLION sur la formation 15 Sur ce point, de plus en plus de cadres du privé se constituent un système de veille permanent par Internet (abonnement à des sites de recrutement et de bases de données emploi). 16 Exemples : techniques de communication, organisation, management, langues, connaissance produits, connaissance de l’entreprise … 841051233 19 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 - les facteurs liés aux évolutions sociales : observatoires des métiers, accords inter-professionnels, de branches, d’entreprises… - les facteurs liés à la géographie et au bassin d’emploi. Nous analyserons le poids de ces facteurs dans le chapitre 3. 2.1.3. Les facteurs liés à l’entreprise On peut distinguer 3 types de facteurs liés à l’entreprise : - les facteurs Ressources Humaines, liés aux pratiques RH et à leur bonne mise en œuvre par le management opérationnel (entretiens de développement professionnel, formation …). Pour les grands Groupes ces facteurs sont avant tout liés à la politique RH et à son degré d’intégration à la stratégie générale. - les facteurs liés à l’organisation du travail, de l’organisation purement taylorienne, à l’organisation responsabilisante ou « qualifiante », en passant par les organisations transversales par projet. - les facteurs liés au management : le compétence, l’implication ou non du professionnel ; les styles de management, d’autonomie donnée par le manager dans etc. degré d’intégration de la logique manager dans le développement plus ou moins délégatifs et la marge le cadre de l’organisation du travail, Ces facteurs débouchent sur des pratiques d’entreprises qui seront analysés dans le chapitre suivant à un double niveau : - les pratiques connues comme ayant un impact évident sur l’employabilité.17 Nous avons demandé aux interviewés de les hiérarchiser. Des diagrammes permettent de visualiser leurs perceptions dans les pages suivantes. - les pratiques expérimentées ou mises en oeuvre par les participants. Nous sommes appuyés en partie sur l’analyse d’Alain FINOT, seule ouvrage de référence récent sur le sujet. 17 841051233 20 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 2.2. Analyse des familles de pratiques d’entreprise en matière d’employabilité Nous avons réparti ces pratiques en trois domaines : 1. Pratiques d’ouverture professionnelle, à destination du personnel : information sur les métiers, salons professionnels, etc. 2. Pratiques de management des ressources humaines et de formation sous la responsabilité de la fonction RH, mais aussi des managers. 3. Pratiques d’organisation générale (ex. mode projet ou matriciel) et du travail. Il a été demandé aux interviewés de hiérarchiser une liste de pratiques pour chacun des domaines et simultanément, d’en faire un état des lieux dans leur entreprise. 2.2.1. Les pratiques d’ouverture professionnelle Les pratiques d’ouverture professionnelle ont un poids non négligeable sur l’employabilité. Certaines entreprises en situations difficiles se rendent compte à quel point ce vecteur doit être valorisé dans les politiques RH. Aujourd’hui ce levier repose essentiellement sur la dynamique individuelle à utiliser les opportunités d’ouverture proposée par l’entreprise et à les exploiter à bon escient. GIAT Industrie estime que la gestion des emplois et des compétences est souvent trop centrée sur l'entreprise, sans suffisamment de cohérence avec le bassin d’emploi et le marché global du travail. Cela se traduit notamment par la réalisation de référentiels spécifiques, sans lien avec la codification externe reconnue. Autre exemple, la définition d’une politique salariale plus avantageuse que la moyenne du bassin d’emploi, peut rendre difficile le repositionnement des salariés en cas de perte d’emploi, comme ceci a été souligné par un des participants d’un site de MERCK : « Le travail dans un milieu aussi protégé que l'industrie pharmaceutique, avec des salaires supérieurs aux autres secteurs d'activité, a coupé beaucoup de salariés des réalités du marché du travail. Cette distorsion a considérablement réduit leur niveau d'employabilité ». 841051233 21 22 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Pratiques retenues pour le questionnaire et perceptions des participants - Information sur l’évolution des métiers - Information du personnel (stratégie, résultats, organisation …. évolutions économiques, techniques,…) - Réunions qualité sur des thématiques transversales variées - Mise en circulation revues profession-nelles, techniques, économiques… - Organisation de visites de salons professionnels - Développement des échanges professionnels externes (fournisseurs, partenaires, clients …) - Organisation de journées portes ouvertes - Facilitation de la participation à des réseaux professionnels - Bench-marking de sa fonction Le diagramme ci-dessous permet de visualiser le classement des réponses : Pratiques d’ouverture favorisant l’employabilité 10.0 3.5 9.0 3.0 8.0 2.5 7.0 6.0 2.0 5.0 1.5 4.0 3.0 1.0 2.0 0.5 1.0 es re vu de el s si on n pr of es Sa lo ns io nn el le s s rte s pr of es s ou ve rte va rié es po C irc ul at io n Jo ur né es sa th ém at de qu al ité on s R éu ni 16 iq ue s fo nc tio ss io nn el s hm ar ki ng Be nc ré se au x pr of e nn el Pa rti R éu ni on s ci pa tio d’ n in f or m at io n du de s m pe rs o er ne pr o. ex t év ol ut io n rm at io n ch an ge s In fo em en té el op p D év Enquête employabilité / compétences n 0.0 ét ie rs 0.0 Classement Ecart-Type ANACT / © INSEP CONSULTING Commentaires et analyse des pratiques mises en oeuvre par les entreprises participantes 1. Le «développement des échanges professionnels externes » apparaît comme la pratique la plus importante aux yeux des participants. On peut associer cette pratique à la facilitation de la participation à des réseaux professionnels, à l’organisation de visites ou de salons professionnels, ou encore d’entreprises du bassin d’emplois. 841051233 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Beaucoup d’interviewés accordent de l’importance à l’idée de « réseau de connaissance professionnel ». Ceci apparaît comme un réflexe sans doute plus marqué chez les cadres, notamment quand ils ont connu la recherche d’emplois. Mais développer l’employabilité et tout particulièrement les échanges professionnels externes, c’est, pour certaines entreprises, le risque évident de perdre des salariés compétents en facilitant les contacts avec l’extérieur et les opportunités de départs. « Si, en tant que RH, je développe l’employabilité du personnel, est-ce que je ne risque pas de provoquer une augmentation du turn-over » ? D’autres estiment que c’est une vision dépassée, car « de toute façon le salarié qui veut partir partira ». Les représentants de l’UIMM Rhône-Alpes estiment par exemple qu’il peut y avoir dans certaines situations de travail un intérêt partagé entre le salarié et l’employeur à favoriser les échanges. « …L’entreprise peut s’y retrouver en faisant vivre son réseau … Le risque de perdre des compétences peut-être compensé si on sait l’inscrire dans une logique de réseau. Par exemple, en laissant partir un collaborateur chez un client ou partenaire … La relation humaine n’a pas de prix … Il vaut donc mieux faciliter l’employabilité externe des salariés au sein de son réseau (clients, fournisseurs …) plutôt que de laisser partir des gens sans en tirer partie ». On peut aller plus loin, en estimant que la gestion de carrière dans des PME – souvent embryonnaire - pourrait s’appuyer sur cette notion de réseau. L’exemple d’ARCHEMIS est sur ce point assez significatif. Même si rien n’est formalisé sur ce plan, suite à la séparation prochaine d’avec le Groupe AVENTIS pour un passage en PME, on encourage les cadres à faire jouer leurs réseaux clientsfournisseurs pour conduire leur propre évolution de carrière. Cette forme de mobilité externe est bien connue dans les sociétés de service. Parmi les participants, RENAULT Trucks affiche pour sa part, une volonté de communication et d’ouverture sur l’extérieur, dont la participation à cette étude en est une des expressions. Enfin, la connaissance et la compréhension du marché de l’emploi est aussi une compétence importante à acquérir, comme le propose GIAT Industrie. Le seul regret est que ceci ne soit pas proposé que tardivement dans un contexte de plans sociaux et non de manière plus préventive. En synthèse, concernant le développement des échanges professionnels externes, il ne nous semble pas qu’il ait aujourd’hui de pratiques avérées d’entreprises pour développer de manière préventive l’employabilité par ce biais. Le risque apparaît aujourd’hui en effet trop important de promouvoir une mobilité externe non maîtrisée. Quelques réflexions positives dans ce sens sont issues d’entreprises soit en situation de plan social, soit correspondant à une réponse de circonstance, face à l’impossibilité d’organiser en interne une mobilité ou une progression de carrière motivante. Le « développement des échanges professionnels externes » semblent donc reposer avant tout sur les personnes. C’est donc aux individus de « tirer leurs épingles du jeu », en utilisant au mieux les opportunités d’ouvertures qui se présentent. 841051233 23 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 2. Les informations sur l’évolution des métiers apparaissent comme importantes, mais sont peu pratiquées. Certaines entreprises du médicament, disposant pourtant d’un observatoire des métiers performant et d’une bonne intégration de la logique compétences18 estiment néanmoins que cette information est encore insuffisante pour favoriser la mobilité. « Ce besoin d’une meilleure connaissance des métiers se retrouve à tous les niveaux. C’est une sorte de pré-requis pour développer toute politique de mobilité. La mobilité est un levier essentiel pour développer l’employabilité. …. Ainsi, la DG d’un grand laboratoire a fait le constat d’un manque de connaissance en interne des métiers de l’entreprise : « quel est le métier de mes voisins » ? Nous sommes donc sollicités pour faciliter cette meilleure connaissance des métiers … Encore une fois, c’est le basique pour développer la mobilité dans les entreprises. » La connaissance des métiers vise aussi à décloisonner l’entreprise et à favoriser les échanges en interne. Pour l’observatoire du LEEM, « la pharmacie est un secteur qui a besoin de décloisonnement … Par exemple, les enjeux de la recherche ne sont pas souvent compris par la fabrication ». L’initiative d’AVENTIS et son projet GET va dans ce sens : « GET 2 est une action de formation/découverte (4 à 6 jours étalés sur 3 mois), lancée il y a 2 ans, pour décloisonner les entités en favorisant une meilleure connaissance en interne des fonctions et des métiers et de meilleures synergies »… En synthèse, les pratiques d’information sur les métiers sont encore peu développées. Il y a cependant une prise de conscience forte que cette information est nécessaire pour bâtir une véritable politique de mobilité. Les applications se développent donc. Par exemples, France 2 relaye depuis 1999 l’information sur ses métiers par des articles réguliers dans son journal interne. Parmi les participants, les salariés de GROUPAMA peuvent avoir accès depuis peu à l’information sur les métiers, non seulement les offres de mobilité internes, mais des descriptifs très complets des compétences et des conditions de travail. Enfin, le système « Job Access » de RENAULT Trucks permettra prochainement ce service aux salariés. 3. Le « bench-marking de sa fonction » pour sa part, nous apparaît comme une expression un peu « exagérée », qui correspond en fait à la lecture des annonces, des revues économiques et de management, soit pour préparer une progression de carrière, soit pour évaluer la valeur salariale19 sur le marché. On peut ramener cette pratique plus simplement au point précédent, c.a.d., à la bonne connaissance de son métier et de ses évolutions. A ce niveau, c’est une pratique importante pour tout salarié et que doit faciliter l’entreprise. Chacun doit-être davantage moteur dans le choix de ses formations, compte-tenu des évolutions perçues de son métier. L’application du nouveau DIF devrait aller dans ce sens. 18 Grâce aux accords de 1994 : Classification, GPEC, Formation Professionnelle. 19 Essentiellement pour les cadres. 841051233 24 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 4. Les réunions d’information du personnel (sur la stratégie, les évolutions des marchés, de l’organisation…) apparaissent à la fois comme une pratique importante et de plus en plus répandue. C’est une condition sine qua non pour rendre les salariés davantage acteurs du maintien de leur employabilité. 5. Les « réunions qualité » (sur des thématiques transversales) contribuent, comme toute activité horizontale, au décloisonnement des fonctions. Ce point sera ré-évoqué lors du chapitre sur l’organisation. 6. Les trois derniers item -« journées portes ouvertes », « mise en circulation de revues professionnelles, techniques, économiques » et « participation à des salons » - sont très dépendants des niveaux d’emplois (cadres, ingénieurs, …) et du secteur d’activité. Typiquement les cadres R & D sont de fait les plus favorisés. On note néanmoins quelques initiatives pour le personnel technique comme MERCK qui « dans un souci d'ouverture sur le monde extérieur, l'entreprise a organisé des visites d'autres sites industriels dans l'agglomération Lyonnaise. Exemple: la CIAPEM qui réalise du matériel électrique. » L’initiative la plus originale dans ce domaine de « l’ouverture externe » revient peutêtre à BOIRON avec l’aide au projet personnel. Ce dispositif permet à l'entreprise de participer au financement de projets personnels extérieurs à l’entreprise et à son champ d’activité : projets sportifs, humanitaires, artistiques et culturels : édition d'un livre, enregistrement d'un disque, construction d'un atelier de sculpture. La finalité pour cette entreprise est de permettre à ses salariés de trouver un meilleur équilibre de vie, plus que de développer l’employabilité, qui dans son contexte économique n’est pas la préoccupation prioritaire. En conclusion des pratiques d’ouverture, le domaine le plus important à développer au niveau de l’entreprise nous apparaît-être l’information sur les métiers et leurs évolutions. C’est par ce biais que commence une dynamique de mobilité. Pour le reste, c’est avant tout la personne qui doit profiter des opportunités qui se présentent pour maintenir une bonne ouverture sur l’extérieur, les autres métiers de son entreprise, les clients, les fournisseurs, ou les partenaires. 2.2.2. Les pratiques de management des ressources humaines Les pratiques de management des ressources humaines sont, avec l’organisation, au cœur de l’employabilité. Malgré des complémentarités évidentes, nous avons choisi pour plus de clarté de traiter l’organisation dans un chapitre à part. 841051233 25 26 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Pratiques retenues pour le questionnaire et perceptions des participants - Entretiens individuels développement professionnel - Mise en place d’un historique professionnel individuel factuel (mini CV interne) de - Organisation de bilans de compétences ou appui professionnel externe (exemple ; coaching) - Mise en place d’un carnet/livret de compétences - Développement des compétences transversales (élargissement de poste / fonction) - Démarche de VAP/ VAE - Mise en place mobilité interne - Diffusion carrières »… « opportunités de Le diagramme ci-dessous permet de visualiser le classement des réponses : Pratiques de management favorisant l’employabilité 10.0 3.5 9.0 3.0 8.0 2.5 7.0 6.0 2.0 5.0 1.5 4.0 3.0 1.0 2.0 0.5 1.0 s de e m ar ch et d Ca rn et /l ivr Dé m pé te co e di in pr o. ue or iq VA nc e el fa ct u ue l vid /c s nc e Bi Hi la ns st de po rtu op « Classement Ecart-Type Di ffu sio n de s hi ng èr e ca rri ni té s co m pé te de tra ce s te n om pé tc em en ve lo pp Dé oa c le rs a ns ve é ilit m ob de es su s pr oc »… s rn e in te vid ue l di in ns tie En tre ur e/ ru ct St E 0.0 s 0.0 Enquête employabilité / compétences 17 ANACT / © INSEP CONSULTING Commentaires et analyse des pratiques mises en oeuvre par les entreprises participantes (page suivante) Le développement de l’employabilité en matière de management des ressources humaines repose sur 3 piliers. Pour faciliter notre analyse nous regrouperons donc les 8 pratiques RH identifiées précédemment (diagramme) dans ces 3 domaines : 841051233 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 - Les entretiens individuels d’évaluation et de développement professionnel, - La gestion des compétences : développement des compétences ; livret de compétences ; bilans de compétences … ; démarche de VAP, VAE ..., - La mobilité interne : dispositif, traçabilité de la carrière / CV interne, Diffusion « opportunités de carrière », etc. a. Les entretiens individuels d’évaluation et de développement professionnel Un point nodal du développement de l’employabilité individuelle 20. Les entretiens d’évaluation par le management apparaissent comme la pratique la plus importante aux yeux des participants. Ce choix peut s’expliquer de deux manières : - En premier lieu, l’entretien individuel annuel est un point clefs de liaison entre la fonction support RH – et son rôle d’optimisation et d’anticipation des ressources humaines - et le management opérationnel, pris de son côté dans ses obligations QCD de production à court terme. - En second lieu, l’entretien individuel est au carrefour de nombreuses pratiques RH, elles-mêmes en prise directe avec l’employabilité (formation, gestion des compétences, organisation du travail, voire rémunération …). L’analyse et le développement de l’employabilité individuelle passe donc bien effectivement de manière quasi-incontournable par cette évaluation et ce dialogue entre la personne et son manager. Cet échange est le plus souvent « ritualisé » dans le cadre de l’entretien annuel. L’entretien annuel, point clefs de liaison entre la fonction RH et le management On sait que le manager opérationnel est au centre de logiques et de champs de contraintes souvent opposés, voire contradictoires et qui font toute la difficulté du métier. Par exemple : - La gestion au quotidien des objectifs de production courts termes, versus la gestion des compétences à plus long terme. La réponse aux objectifs de productivité et d’organisation, versus la satisfaction de son équipe … L’entretien individuel est un outil de management difficile qui amène le responsable à 20 Au niveau collectif, la négociation sociale représente, l’autre carrefour important de l’employabilité ; ce thème ne fait partie du cadre de cette étude. 841051233 27 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 naviguer, parfois à vue, au centre de ces courants contraires, pour concilier au mieux ces oppositions et ces logiques souvent opposées. Ce « nouveau rôle » du manager va se trouver renforcé par les contraintes imposées aux entreprises françaises par la loi FILLION. L’entretien annuel au carrefour des pratiques RH Les pratiques RH impactées par l’entretien annuel sont en théorie nombreuses : organisation du travail (clarification des missions, tâches, contributions à l’organisation), management de la performance (objectifs/ évaluation), développement professionnel, formation, rémunération … Mais la réalité suit rarement ce schéma idéal et peu d’entreprises sont dotées en fait d’un système complet, cohérent et surtout performant. Le degré de maturité des entreprises vis à vis de l’entretien annuel peut être positionné schématiquement sur une échelle en 4 niveaux : 1. L’entretien individuel est un acte en dominante administratif (années 60-70) correspondant à une formalité obligatoire, à faible valeur ajoutée, souvent sans aucune incidence sur la carrière et la rémunération. Ce type d’entretien est encore présent dans certaines entreprises privées. C’est un peu l’entretien obligatoire imposé mais non suivi d’effet et qui se réifie au cours du temps. Ce système peut déboucher parfois sur une notation, elle-même souvent peut discriminante, comme dans une bonne partie du secteur public. 2. L’entretien individuel est un outil en dominante de communication (années 80), axé sur l’échange et un bilan annuel qualitatif. La valeur ajoutée reste souvent faible, d’autant plus que le management sera « technique » et peut présent dans la sphère relationnelle. 3. L’entretien individuel est un véritable « outil de gestion des ressources humaines » (années 90). Il intègre la fixation d’objectifs, l’évaluation, la prise en compte des aspirations de développement professionnel et les besoins en formation. Il est la concrétisation de la professionnalisation de la fonction ressources humaines, à opposer à la « gestion du personnel ». 4. L’entretien individuel est un acte de management (années 2000). Il pousse plus loin et tente de mieux intégrer les 2 « fonctions » management et RH21. Il est axé sur le déploiement des objectifs de l’entreprise en objectifs individuels. Il vise à concilier le management opérationnel de la performance et le développement RH. L’évaluation peut dans ce cas avoir parfois un impact différencié sur la rémunération. Le développement professionnel est traité suivant un processus opérationnel qui intègre une gestion des compétences et dépasse le simple recueil d’intentions. Parmi les participants, RENAULT TRUCKS par exemple dispose d’un « Personal 21 Le célèbre « Tous RH », de PERETTI arrive dans la pratique 10 ans plus tard …. 841051233 28 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Business Plan »22 qui correspond bien à cette logique de déploiement stratégique, en cohérence – autant que faire se peut – avec la logique compétences. L’entretien individuel de management des RH, un succès mitigé Ce dernier type d’entretien, le plus avancé, fonctionne néanmoins plus ou moins efficacement selon les entreprises. Concernant le développement professionnel, les managers ont rarement suffisamment de recul pour assurer à la fois le management de la performance court terme et ce « rôle RH » que l’on tente de leur faire porter. Par ailleurs, les salariés ont très souvent des attentes fortes en matière de développement professionnel auquelles le management et l’organisation ne peuvent que difficilement répondre. D’autres facteurs limitent la portée que devrait avoir l’entretien annuel pour le développement des compétences et de l’employabilité : - la dynamique générale et le projet dans lequel s’inscrit l’entretien annuel. Sans dynamique d’ensemble, le projet n’a ni sens, ni de force. - le degré d’implication et d’adhésion du management dans ce dispositif. Est-un projet « pur RH » ? Un projet d’entreprise … ? - l'animation du dispositif : il faut savoir re-dynamiser le dispositif et communiquer régulièrement, sans quoi le système peut s’essouffler. - la qualité du pilotage, mais surtout de l’exploitation des données et du suivi des décisions par la DRH. Sans cela, le système perd vite de sa crédibilité. - l'existence ou non d’une reconnaissance financière de la performance, sans laquelle le management par objectifs a peu de chance de perdurer. - l'existence ou non d’outils et de dispositifs de gestion des compétences (carrière, mobilité, …). Ces outils permettent de donner des suites concrètes aux décisions. Par ailleurs, beaucoup d’acteurs soulignent la difficulté des managers à assumer ce rôle. A l’évidence, les enjeux pour chaque « logique » n’ont pas le même poids dans la balance et le manager n’a pas la même pression de part et d’autre. La contrainte principale pour le manager terrain porte avant tout sur l’obtention de résultats à court terme, au détriment des pratiques de management des ressources humaines sur le long terme, dont la gestion des compétences et de l’employabilité. Même si l’impact sur la performance à plus long terme de la gestion des compétences est pour eux compréhensible, les managers parent toujours au plus pressé et là où on leur demande aujourd’hui le plus de comptes. 22 Voir en annexes 841051233 29 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Selon le baromètre 2003 de Liaison Sociale, les Rh eux-même sont concernés par la pression concurrentielle et financière. Ils sont en effet aujourd’hui au centre d’un autre dilemme cornélien, anticiper (« Manpower planning » / GPEC / employabilité … ), tout en se préoccupant - eux aussi - de rentabilité à court terme … Par ailleurs, autres freins – mais on rejoint par là une problématique de fond entre RH et opérationnels qui dépassent l’objet de ce rapport - la crédibilité des RH vis à vis des opérationnels, très inégale selon les entreprises et enfin, la « maturité » de la fonction RH. Dans certains secteurs ou la fonction demeure peu évoluée, les RH sont souvent perçus comme des « fonctionnels qui ne comprennent rien aux contraintes de la production » … Et ceci ne facilite pas toujours la crédibilité des actions engagées par ces derniers, notamment de gestion des compétences et de l’employabilité. En conclusion concernant l’entretien annuel et l’employabilité : L’entretien annuel dans sa dimension « développement professionnel » est un pilier de tout dispositif d’employabilité. Cependant cette partie est encore souvent réduite à sa plus simple expression. Beaucoup d’entreprises n’abordent pas encore de front la question du dévelop-pement professionnel et surtout de l’employabilité. Seule la pression liée par exemple au vieillissement de la pyramide des âges dans certains secteurs invitent à des démarches plus actives. Par ailleurs, il y a rarement une organisation – par exemple un processus développement professionnel -qui puisse produire une réponse crédible. Les managers se sentent donc souvent démunis pour répondre aux demandes de leurs équipiers. Ils se plaignent parfois d’être peu suivis par leur DRH. Cependant, les mentalités semblent évoluer lentement. Même si elles sont peu outillées, de plus en plus d’entreprises intègrent ce volet dans leur démarche. Il est ainsi de plus en plus demandé d’apports sur ce thème lors de formations de managers. A titre d’exemple, les « nouveaux managers » d’ARCHEMIS ont été sensibilisés à conduire une réflexion sur l’employabilité et la gestion de carrière dans le cadre des entretiens annuels. Autre exemple, les nouveaux entretiens individuels de RENAULT TRUCKS et le « Personal Business Plan », au sein du dispositif « Parcours et compétences » accordent une large place au projet professionnel ». Par ailleurs, l’ANI et la nouvelle loi sur la formation professionnelle en imposant l’entretien professionnel devraient favoriser son intégration aux pratiques de management. b. La gestion des compétences La gestion des compétences représente au sein des pratiques RH, avec l’entretien professionnel et la mobilité, le second pilier du développement de l’employabilité. Certaines entreprises tendent à ramener l’employabilité à la gestion des compétences. Ce serait sans compter sur les autres facteurs liés à l’organisation, au management, ou 841051233 30 31 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 encore les facteurs individuels et environnementaux. Néanmoins, la gestion des compétences est une condition de départ importante voire sine qua non pour bâtir une politique d’employabilité. 5 catégories de pratiques On sait que la compétence est l’unité de gestion longtemps attendue par la fonction ressources humaines. Pour les « fondamentalistes » de la gestion - par - les compétences, la fonction ressources humaines se confondrait quasiment avec la gestion des compétences. Mais en fait, peu d’entreprises en France, en dehors des grands Groupes de quelques secteurs privilégiés sont réellement rentrés dans la logique compétences. La gestion des compétences recouvre aujourd’hui 5 grands domaines de pratiques RH. Ces pratiques sont de fait souvent en développement et quasi inexistantes dans les PME. Le législateur espère les encourager par la mise en œuvre de la nouvelle loi sur la formation professionnelle. Pratiques de gestion des compétences 1.Evaluation et orientation professionnelle 2. Développement des compétences et professionnalisation 3. Traçabilité des compétences 4. Reconnaissance interne 5. Validation et reconnaissance externe 841051233 RH Entretien professionnel X Bilan de compétences X Accompagnement individuel, coaching X Formation (stages, séminaires) X Mngt Orga X Délégation X Responsabilisation X Tutorat Organisation apprenante, responsabilisante (OR) CV interne Passeport formation / livret compétences X X X X X X X Classification par les compétences X X VAE X Formations diplômantes (CQP) X Référentiels de compétences externes X X INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Trois basics et pré-requis pour la gestion des compétences En tout premier lieu, la gestion des compétences ne peut fonctionner de manière pérenne, si elle n’est pas correctement ancrée à la stratégie de l’entreprise ou avec une « finalité business ». Ceci est un point fondamental relevé par plusieurs participants. Nous y reviendrons au chapitre suivant. Second point incontournable, pour mettre en œuvre une politique dans ce domaine, l’entreprise doit disposer d’une visibilité suffisante de son organisation, de ses métiers et de ses compétences. Cependant ces outils de bases – cartographies et référentiels métiers /compétences sont encore peu développés ou encore non actualisés. Par ailleurs les entreprises sousestiment souvent l’investissement en temps de travail et en expertise que cela nécessite pour en faire un véritable outil de gestion. Enfin, troisième pré-requis, pour qu’une logique compétence puisse fonctionner, il faut qu’elle réponde à la demande de ses clients, que sont les managers et les responsables opérationnels. On a vu en effet trop de démarches « pur produits RH », conçues par et avec les RH, sans concertation suffisante avec les opérationnels. Quelle que soit la qualité de la démarche, ces approches échouent souvent dans leur mise en œuvre, pour ne pas avoir impliqué suffisamment les clients internes dans le processus. Ceci conduit concrètement à négliger à la fois l’appropriation par l’utilisateur et une bonne adéquation à ses besoins. C’est pour ces trois principales raisons – mise à part le contexte économique non favorable - que beaucoup des approches GPEC des années 90 ont échoué. 1. Evaluation et orientation professionnelle : entretien professionnel et bilan de compétences … Une fois les compétences et les métiers identifiés, le premier outil de gestion des compétences est l’entretien professionnel. Peu d’entreprises aujourd’hui disposent en fait d’un entretien professionnel distinct du traditionnel entretien d’évaluation. La plupart du temps le développement professionnel fait l’objet d’une réflexion lors de l’entretien d’appréciation. Dans ce cadre, on analyse d’une part la « maîtrise des compétences liées au poste », et d’autre part, le projet professionnel de développement. Cette évaluation est réalisée soit « au jugé », soit en se basant sur le référentiel de compétences du métier (GROUPAMA, RENAULT Trucks …) et une éventuelle cartographie. Elle peut alors dans certains cas permettre une évolution dans la classification (exemple : « parcours et compétences » ). En ce qui concerne les bilans de compétences, ils font fréquemment partie de la « panoplie compétences » des grands Groupes, notamment dans la pharmacie. Certaines entreprises et participants disposent de dispositifs internes. 841051233 32 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Ainsi AVENTIS PHARMA dans le cadre de son projet MAP (Mobilité AVENTIS Pharma) a mis en place un « bilan professionnel » destiné à l’élaboration d’un projet professionnel. BOIRON propose pour sa part un « bilan d’évolution ». Cet outil doit permettre de « définir un plan d’actions de développement professionnel et développer l'épanouissement de la personne et donc ainsi la performance de l'entreprise ». « Le bilan d'évolution ouvert à l'ensemble des salariés est une démarche de réflexion personnelle qui vise à rendre chacun acteur de son évolution. Il a pour finalité de permettre aux salariés de faire le point sur leurs motivations professionnelles et personnelles et sur les conditions de mise en œuvre, de cerner d'éventuels freins à la mobilité professionnelle, de développer l'épanouissement de la personne et donc ainsi la performance de l'entreprise ». Le projet « parcours et compétences » de RENAULT TRUCKS prévoit en complément de l’entretien professionnel avec le manager et le partenaire RH, la réalisation de bilans de compétences. Ceux-ci sont demandés par le salarié et son manager. Enfin GROUPAMA dispose aussi d’un bilan de compétences essentiellement à disposition des managers (centre de ressources du management). On sait que les bilans de compétences externes ont connu pour leur part un succès mitigé. Ils sont rarement utilisés de manière préventive. Souvent considérés plus comme des outils de reconversion que d’orientation professionnelle, ils sont beaucoup utilisés dans le cadre de plans sociaux, comme c’est le cas pour GIAT Industrie. Le coaching en France suit également un peu cette logique. Quand elle ne sait « pas quoi faire d’autre », la DRH achète un coaching, pour « remettre sur les rails » un salarié, soit qu’il n’ait pu résister à la pression ou aux conditions de travail, ou qu’il soit en phase de réorientation professionnelle. L’accompagnement suit une logique plus dynamique. Il s’inscrit davantage dans une finalité de professionnalisation que de bilan, même si tout accompagnement commence par une évaluation. Pour les cadres, l’accompagnement est souvent couplé au sein d’un dispositif complet, avec des formations traditionnelles, voire de plus en plus avec du e-learning. Enfin rappelons le dispositif remarquable de BOIRON pour l’accompagnement des projets personnels. Ce dispositif permet de participer au financement de projets personnels sportifs, humanitaires, artistiques et culturels. 841051233 33 34 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 2. Développement des compétences et professionnalisation Le développement des compétences s’appuie sur différentes pratiques de formation, d’accompagnement individuel (coaching, tutorat …), mais aussi de management (responsabilisation, délégation…) et d’organisation (organisations responsabilisantes, équipes autonomes …). La formation Seules les pratiques de formation les plus connues 23 pour impacter directement l’employabilité ont fait l’objet d’un questionnement auprès des participants. - Organisation de stages inter-entreprises - Formations diplômantes (CQP,…) - Stages de connaissance de l’entreprise - Formation par tutorat - Formations aux compétences générales ou transverses Le diagramme ci-dessous permet de visualiser le classement des réponses. Pratiques de formation favorisant l’employabilité 9.0 3.5 8.0 3.0 7.0 2.5 6.0 5.0 2.0 4.0 1.5 3.0 1.0 2.0 0.5 1.0 re pr ise l’e nt iss an ce St ag es co nn a St ag Fo es rm at in io n tra ns s nc e Co m pé te de di pl ôm an te s rs e ve to r tu pa r io n rm at Fo te r-e nt re pr ise s 0.0 at 0.0 Enquête employabilité / compétences 18 Classement Ecart-Type ANACT / © INSEP CONSULTING C’est la formation par tutorat (et pratiques individualisées assimilés) qui ressort comme la pratique ayant le plus d’impact sur le développement de l’employabilité. On peut interpréter cette tendance sans doute comme le reflet de la demande des 23 D’après l’étude d’Alain FINOT. 841051233 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 entreprises d’individualisation de la formation, pour en obtenir une meilleure valeur ajoutée. Cette évolution se traduit par la multiplication de dispositifs de formation incluant des accompagnements individuels. Second facteur : les compétences transversales. On sait que l’employabilité est davantage développées par l’acquisition de compétences dites « transversales ». Ces compétences sont en effet communes à plusieurs métiers de l’entreprise et permettent ainsi de faciliter la mobilité professionnelle24, troisième pilier de l’employabilité. Aujourd’hui, l’employabilité n’étant que rarement une fin en soit pour les responsables RH, les formations aux compétences transversales sont toujours liées à un contexte et une finalité bien spécifiques. Par exemple telle entreprise développera des formations en communication pour les prises de poste en management, une autre formera à l’économie ses ETAM, pour mieux déployer un plan de compétitivité. Une veille sur l’employabilité individuelle devrait permettre de mieux intégrer les formations transversales au plan de formation. Enfin, certains participants, comme GIAT Industrie notent l’importance de l’identification et du développement des compétences comportementales qui sont au cœur de l’employabilité. « Les expériences vécues ont montré l'utilité de l'implication des salariés concernés dans la recherche des comportements intrinsèques à son expertise, à son métier et à ses engagements extra-professionnels transposables dans d'autres situations d'emploi ». Ces compétences très utiles, quelque soit l’emploi, font parfois l’objet de stages dit de « développement personnel ». Ceux-ci ont pour objet : « l’affirmation de soi », « la communication » ou encore « la motivation ». C’est le cas par exemple de BOIRON et de ses stages de développement, ou encore d’ARCHEMIS, qui par des stages « connaissance de soi » aide ses managers à développer leur leadership, à mieux affronter le stress et la pression ou encore mieux comprendre leurs interlocuteurs internes et clients. Par ailleurs, le développement des compétences techniques a un rôle évident que nous ne développerons pas. Un principe général est que plus la compétence est spécialisée, moins elle est transposable dans un autre poste ou métier. L’impact sur l’employabilité est également différent selon le but visé : - adaptation à un poste de travail existant, acquisition de compétences destinées à progresser au sein d’un métier ou vers un autre métier ou spécialité, de la polyvalence … - préparation d’une évolution plus importante. Là encore la nouvelle loi sur la formation abonde dans ce sens en distinguant la gestion de ces 3 catégories de formation au sein du DIF. 24 A titre d’exemples : les compétences en communication, en management, en organisation, en qualité, en gestion … sont des compétences transversales, au même titre que les compétences comportementales. 841051233 35 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Les formations diplômantes (4ème choix) seront traitées avec les autres pratiques de validation. Les stages inter-entreprises (5ème choix) ne sont pas perçus par les participants comme des leviers très importants. Cette pratique est néanmoins un vecteur d’ouverture sur l’extérieur non négligeable pour que le salarié développe son réseau externe. Enfin les stages de « connaissance de l’entreprise » rejoignent également les pratiques d’ouverture aux métiers internes identifiés lors du précédent chapitre. La plupart des entreprises les proposent aux nouveaux arrivants. Certaines, comme GIAT Industrie les ont étendues à posteriori pour l'ensemble des salariés pour présenter l'organisation, ses produits et ses métiers. Le développement des compétences par le management : responsabilisation et délégation. Le management joue un rôle primordial dans le développement de l’employabilité de ses équipiers ou collaborateurs. Ce rôle est différent et complémentaire de la « contribution RH » du manager, décrite en partie dans le chapitre relatif à l’entretien annuel. Nous avons vu à ce sujet que le manager a aujourd’hui parfois du mal à porter cette double casquette et notamment cette nouvelle mission de « développement professionnel ». Même s’il a conscience des enjeux compétences, il est avant tout « mis sous pression » par l’organisation pour atteindre les objectifs de production à court terme, le reste passant de fait au second plan. Un responsable RH dans la construction navale, nous confiait récemment à ce sujet : « avec l’obligation de faire des entretiens professionnels, je ne sais pas où les managers vont trouver le temps de s’en occuper… Non qu’ils ne s’y intéressent pas, mais ils n’arrivent déjà pas à gérer le quotidien. Plus ça va, plus on leur en demande, plus le sac à dos se remplit ». Au-delà de cette mission RH, le manager a avant tout en charge l’encadrement et l’organisation du travail. On sait que selon la personnalité des encadrants et la culture de l’entreprise, chaque manager adoptera un style naturel différent, plus ou moins structurant et/ou plus ou moins relationnel25. En fonction de son style de management, le manager va donc pouvoir développer ou non l’autonomie, responsabiliser, voire déléguer, autrement dit développer l’employabilité de ses équipiers. 25 Suivant la typologie des styles de management initiée par BLAKE et MOUTONB, puis développée par C. TISSIER 25, distingue 4 styles : directif, persuasif, participatif et délégatif. Plus on progresse dans les 4 styles, plus l’autonomie est grande. 841051233 36 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Par ailleurs, le manager a une compétence primordiale en matière d’organisation du travail. Hormis bien évidemment les organisations industrielles tenues de manière très rigide aux équipements et aux process, le manager dispose souvent d’une marge de manœuvre en matière d’organisation du travail. Il pourra ainsi agir sur le degré de spécialisation des tâches et des missions, organiser des modalités de travail collectives favorisant plus ou moins le développement des compétences et l’autonomie. Dans la durée, et souvent en lien avec la politique RH, le manager peut agir également à son niveau sur le développement de la polyvalence, ou a contrario, sur la spécialisation. A l’évidence la spécialisation fait le plus souvent prendre des risques à la personne sur sa futur employabilité. Ceci est vrai lorsque le secteur est sensible, aussi bien pour l’emploi technique comme pour beaucoup d’emplois de service, y compris dans le conseil et la formation 26 … En synthèse, le rôle du manager pour développer l’employabilité doit intégrer, en complément de son « nouveau rôle » RH, la responsabilisation, le développement de l’autonomie et l’élargissement des compétences de ses collaborateurs, en jouant sur sa marge de manœuvre, dans l’organisation du travail. Le tutorat Certains participants font remarquer que le tutorat est une pratique très ancienne dans les organisations, issue de la tradition du compagnonnage. Le tutorat est également un levier à disposition du manager, même si certaines politiques d’entreprise, voire aujourd’hui le législateur tentent de l’encadrer pour l’encourager. Parmi les participants, GROUPAMA a renouvelé ses pratiques en la matière, en alliant le tutorat à la formation à distance par e-learning : « Nous avons mis en place par ailleurs une plate-forme formation, avec un système de tutorat à distance et une foire aux questions. Le manager assure également un suivi ». 3. La traçabilité des compétences et des formations La traçabilité des compétences et des formations dans les grands Groupes est directement lié au système d’information en place. On peut dire aujourd’hui, que la plupart des grands Groupes ont mis en place où sont en train de moderniser leur gestion informatisée des RH. Les SIRH permettent ainsi pour la plupart cette traçabilité, très importante pour le développement des compétences et de l’employabilité. Des entreprises ont cependant anticipé les contraintes imposées aujourd’hui par le 26 On connaît certaines sociétés qui ont misé sur la spécialisation de bataillons de consultants pour aider les entreprises pour la réduction du temps de travail et qui n’ont pu reconvertir tous les intervenants pour les redéployer sur d’autres missions. 841051233 37 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 législateur. Par exemple, un grand Groupe international basé en Rhône-Alpes a dès 2002 lancé une démarche « Passeport formation », basé sur un remarquable dispositif de gestion des compétences et des carrières. En l’absence de logiciel ou bases de données ad hoc, la traçabilité des compétences reposait donc autrefois uniquement sur les personnes. Mais, elles même étaient, sauf situations exceptionnelles, rarement en mesure de le faire. Rares sont ainsi aujourd’hui les salariés qui actualisent régulièrement leur CV interne, sauf situations difficiles, comme GIAT Industrie qui a du faire face à des plans sociaux répétés. 4. La reconnaissance interne La reconnaissance des compétences nécessite si possible un système de classification qui s’appuie sur les compétences. La progression de carrière dans les métiers doit également être associée à la progression des compétences, en niveau (complexité) et/ou largeur du champ. Mais pour que cette reconnaissance interne ait un impact sur l’employabilité externe, ce système doit s’appuyer sur un accord de branche. C’est le cas parmi les participants, de la Pharmacie et de l’Assurance. La métallurgie pour sa part est en cours de réflexion pour faire évoluer dans ce sens sa grille de classification. RENAULT Trucks a donc du réaliser un accord d’entreprise et une nouvelle grille de classification spécifique, pour pouvoir mettre en place son dispositif « parcours et compétences ». Cette grille introduit des critères de polyvalence, poly-compétences et multi-métiers. Elle permettra par ailleurs de créer un continuum entre ouvriers, techniciens et cadres, ce qui est particulièrement avant-gardiste en France et surtout dans la métallurgie. 5. La reconnaissance externe : référentiels externes, formations diplômantes, dispositif de validation des acquis … Les pratiques de reconnaissance externes sont très importantes à l’évidence pour l’employabilité. La base de la reconnaissance externe passe par des référentiels emplois-compétences, une terminologie et une codification des niveaux de compétences lisible de l’extérieur. Cette « codification » doit a minima être partagée au niveau de la profession ou de la branche. Les compétences doivent bien sûr être « tracées », mais cette traçabilité doit être réalisée - autant que faire se peut - dans un langage compréhensible pour l’externe. C’est le problème posé par plusieurs participants, comme par exemple un site d’AVENTIS PHARMA au sujet du travail en mode projet : « Le travail en projet améliore l’employabilité, mais cette expérience doit-être lisible par les autres, par l’externe… Le fait de contribuer à un projet ou de participer à un groupe de travail n’est pas toujours facilement valorisable en externe ». 841051233 38 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 « Chacun doit veiller à la lisibilité de ses compétences par « l’externe » pour préserver son employabilité. Il est évident que l’employabilité interne ne correspond pas toujours à l’employabilité externe, même si la première peut contribuer à la seconde ». Autre exemple, celui de GIAT Industrie dont un axe du projet « GIAT 2006 » portera sur le vocabulaire. En complément à notre "Gestion des Emplois et des Compétences", essentiellement centrée sur l'entreprise, les démarches mises en oeuvre viseraient à une ouverture plus grande sur le marché global du travail, en permettant d'exprimer les compétences, savoirs, savoirs être ou savoir-faire dans un vocabulaire "externe". «Le jargon et le vocabulaire "entreprise" ne recouvrent pas obligatoirement les mêmes réalités qu'à l'extérieur… Il existe par exemple 3 niveaux de qualifi-cation pour les soudeurs au GIAT à Roanne. Celui qui n'a pas en interne la classification "soudeur expert" pourra cependant être reconnu comme un ex-cellent soudeur à l'extérieur, le niveau d'exigence étant très élevé en interne ». Enfin la reconnaissance externe des compétences doit permettre, le cas échéant, de déboucher sur une validation des acquis. Ces dispositifs au niveau des branches permettent une reconnaissance a minima au niveau de la profession, voire parfois interprofessionnelle. Ainsi parmi les participants le site de MERCK a-t-il proposé certaines formations diplômantes à ses opérateurs débouchant sur des CQP. La métallurgie développe également avec l’UIMM et l’AFPI une politique dynamique en ce domaine. « Le dispositif CQPM est un dispositif national qui comprend aujourd’hui 230 qualifications. Les qualifications sont reconnues dans la branche, voire pour certaines au niveau inter-professionnel » … c. La mobilité interne La mobilité interne est le troisième levier de développement de l’employabilité, identifié par la plupart des participants. Ainsi pour Renault Trucks, la mobilité est le véritable « fer de lance » de l’employabilité. « On ne peut pas garantir l’employabilité, si on n’encourage pas la mobilité ». Mais la mobilité, au-delà d’une simple publication des offres doit idéalement reposer sur la base d’une bonne connaissance des métiers et des compétences au sein de l’entreprise, voir de la profession. Pour l’observatoire des métiers de la Pharmacie : « La mobilité est un levier essentiel pour développer l’employabilité ». Mais « le besoin d’une meilleure connaissance des métiers (…) est une sorte de pré-requis pour développer toute politique de mobilité ». 841051233 39 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Mobilité et employabilité vont donc de paire. Certains définissent même l’employabilité comme l’aptitude d’une personne à être mobile. «L’employabilité, c’est la capacité pour l’individu à se casser ailleurs, en interne ou en externe ». Mais si l’employabilité ne se réduit pas à la capacité au changement, nous avons vu qu’un des facteurs clefs de la mobilité au plan individuel est bien l’aptitude au changement. Le changement de poste, d’activité ou d’entité permet en effet, de manière indéniable, de développer cette capacité. La mobilité, pour Renault Trucks, « c'est un aiguillon qui permet à chacun de maintenir des capacités d'adaptation. » Par ailleurs, il est évident que la mobilité facilite, au travers d’expériences nouvelles, le développement des compétences, tant techniques que comportementales. D’autre part, la mobilité peut permettre aussi d’élargir sa vision et sa compréhension de l’entreprise pour mieux s’adapter, comprendre et anticiper l’évolution des métiers. Ainsi pour RENAULT Trucks, la mobilité permet « aux salariés de mieux appréhender et comprendre les enjeux des différents secteurs et métiers de l'entreprise …». Enfin, la mobilité dépend pour beaucoup de l’organisation du travail, ce que nous examinerons au chapitre suivant. Ainsi pour ARCHEMIS, « la mobilité est renforcée par notre travail sur la polyvalence et par la gestion externe des ressources projet ». 2.2.3. Les pratiques d’organisation et l’employabilité a. L’organisation du travail est également au cœur de l’employabilité. Il est évident par exemple qu’une organisation taylorienne rigide ne facilite pas l’employabilité, dans la mesure où les compétences sont étroites, l’autonomie faible et la mobilité réduite. Les questions d’employabilité sont depuis très longtemps liées aux évolutions d’organisations et de technologies. Depuis toujours, l’évolution des qualifications doit – autant que faire se peut - déjà suivre, voire anticiper la modernisation des structures (équipements et organisation). Ainsi, pour le directeur des ressources humaines d’ARCHEMIS, autrefois DRH de Rhône Poulenc Agro : « L’employabilité était souvent liée à ces questions de changement d’organisation, de modernisation, d’évolutions technologiques qui font que les qualifications doivent progresser de paire avec ces changements » … …« Quand nous définissions un plan directeur d’évolution d’un site, les évolutions de structures devaient être menées simultanément avec les évolutions des qualifications ». Pour un ex directeur des relations sociales d’HMR, aujourd’hui AVENTIS PHARMA 841051233 40 41 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 « Ce n’est pas une préoccupation nouvelle dans l’entreprise… Une entreprise quelle qu’elle soit, fait toujours évoluer son organisation et les postes, ce qui conduit souvent à modifier les postes de travail, à en supprimer et à en créer. L’employabilité est une question essentielle pour nous. AVENTIS, depuis sa création est en constante restructuration ». Enfin, les nouvelles formes d’organisations, transversales ou encore « flexibles », bien que pouvant générer des conditions de travail difficiles et une certaine précarité, sont plus propices à développer l’employabilité. Mais, malgré la progression constantes de ces « nouvelles organisations », le Taylorisme n’est pas terminé pour autant, loin s’en faut … Il perdure de fait partout dans le monde et, plus particulièrement dans les nouveaux pays industrialisés. Il est encore très présent en Europe, un peu paradoxalement dans les nouvelles technologies, voire dans certaines « start-up » dont l’image de modernité est toute relative quand il s’agit de conditions de travail. L’image « high-tech » cache ainsi souvent un management directif et une organisation rigide aujourd’hui heureusement dépassés dans notre « vieille industrie » qui a su généralement évoluer sur ce plan. Pratiques retenues pour le questionnaire et perceptions des participants Trois grandes familles de pratiques d’organisation ont été retenues pour analyser les perceptions des participants : - Organisations flexibles : détachements, missions temporaires, congés expériences, contrats de mission … Organisations transversales, par projet, matricielles … Organisations responsabilisantes (OR)/ ou apprenantes : équipes autonomes, travail en îlot … - - Le diagramme ci-après permet de visualiser l’évaluation des participants : Pratiques d’organisation favorisant l’employabilité 10.0 3.5 9.0 3.0 8.0 2.5 7.0 6.0 2.0 5.0 1.5 4.0 3.0 1.0 2.0 0.5 1.0 0.0 Enquête employabilité / compétences 841051233 l t nn e îlo ss io en il en tp ro fe /t ra va 19 ’e n rl su Ve ille Eq ui pe s vi au to ro nn e m no m es en t ag em M an Fl ex ib ilit é, m is si on s te m po ra i re s, en dé t ac h m od e em pr oj e en t t 0.0 Classement Ecart-Type ANACT / © INSEP CONSULTING INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 b. Organisations flexibles : détachements, missions temporaires, congés expériences, contrats de mission … L’organisation flexible permet des détachements, des missions temporaires qui contribuent à renforcer l’employabilité, suivant les mêmes principes que la mobilité : développement de la capacité au changement, des compétences, d’une vision transversale, de la connaissance des autres métiers, etc. La flexibilité permet par ailleurs parfois de préserver des emplois. « J’ai créé à Rhône Poulenc, il y a quelques années, une structure d’intérim cadres interne. Nous avions un sureffectif de 40-45 cadres. Nous avons créé ce dispositif pour éviter de licencier. Les personnes étaient détachées de leur direction et rassemblées dans un pool, pour réaliser des missions à durées déterminées… Ces missions débouchèrent à terme sur des emplois viables »… D’après son concepteur, ce dispositif pourrait tout aussi bien s’appliquer à l’emploi non-cadre. On peut remarquer que cette idée innovante en son temps, combattue à l’époque par certaines organisations syndicales semble aujourd’hui un vecteur d’employabilité reconnu, concrétisé aujourd’hui par le législateur par mise en place des « contrats de mission ». Enfin, cette idée est également proposée comme une des solutions à l’employabilité des seniors. L’organisation souffre souvent également de cloisonnements forts. Ces cloisonnements sont liés d’une part au compartimentage des métiers ou des activités elles-mêmes et d’autre part, à l’historique du partage des pouvoirs. On connaît ces « baronnies » fermées et difficiles à pénétrer et qui nuisent bien évidemment à la mobilité, donc à l’employabilité. Pour Renault Trucks « le décloisonnement des organisations peut-être facilité notamment par la mobilité ». c. Organisations transversales par projet, organisations matricielles Les organisations transversales permettent aussi de casser les rigidités verticales. Elles facilitent de fait la mobilité entre les entités et l’employabilité de manière importante. Le management par projet permet ainsi un brassage tonifiant entre les métiers. L’affectation à des projets variés stimule l’acquisition de compétences techniques, développe les capacités d’adaptation et de changement. Toutefois des rigidités et les cloisonnements verticaux par métier peuvent parfois subsister, au sein même de ces organisations. Pour faciliter une mobilité plus grande et la souplesse de l’organisation par projet, ARCHEMIS a ainsi « mis en place une gestion des ressources externe à l’entité (hors structure), basée sur le sujet de recherche. Les personnes peuvent dès lors changer de structure en fonction du sujet à traiter ». 841051233 42 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Par cette mesure, cette entreprise a contribuée à estomper les « baronnies » historiques en donnant plus de pouvoir à la gestion des ressources, facilitant ainsi la mobilité des cadres et des techniciens et leur employabilité. Autre point de vigilance, déjà signalé précédemment par un Directeur de Site d’AVENTIS, la reconnaissance externe parfois difficile des compétences et responsabilités exercées au sein d’un projet, lorsqu’il s’agit d’un mode de travail occasionnel. « Le travail en projet améliore l’employabilité, mais cette expérience doit-être lisible par les autres, par l’externe… Cela doit correspondre à quelque chose à l’extérieur du groupe projet… Le fait de contribuer à un projet ou de participer, même de manière très active à un groupe de travail, n’est pas facilement valorisable en externe ». d. Organisations responsabilisantes/ ou apprenantes : équipes autonomes, travail en îlot, polyvalence … Comme pour les pratiques RH, les organisations sont à l’évidence très rarement pensées pour favoriser l’employabilité. Dès leur origine, les tentatives pour développer la polyvalence visaient à la fois à plus de souplesse dans la gestion des ressources et à élargir, enrichir le contenu de postes, donc à développer l’employabilité interne. … « Depuis plus de 10 ans, le développement de l'autonomie et de la polyvalence ont été cultivés. Aujourd'hui un opérateur peut généralement tenir seul, un ou plusieurs postes intégrant les contrôles en cours, la maintenance de premier niveau, les réglages » … ce qui contribue à améliorer leur employabilité (Site MERCK). Ce développement de la polyvalence a conduit avec beaucoup de prudence les directions RH à l’évolution des systèmes de reconnaissance. « La nouvelle grille RENAULT Trucks permet de reconnaître les compétences exercées au-delà du poste. Elle introduit des critères de polyvalence, poly-compétences et multi-métiers et accompagne la mise en place des organisations en Unité Elémentaires de Production, organisations de travail responsabilisantes et apprenantes ». L’organisation dans un contexte concurrentiel vise évidemment avant toute chose la productivité. La belle utopie des organisations apprenantes (groupes semi-autonomes, équipes autonomes …) s’est donc malheureusement fait rattrapée par la pression des marchés et le besoin vital de productivité 27, notamment pour les pays développés à fort coût de main d’œuvre. Certaines initiatives RH pour enrichir les postes, notamment par le travail en îlot, ont été ainsi souvent mises à mal par la pression économique. 27 Notamment pour les pays développés à fort coût de main d’œuvre. 841051233 43 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 De manière réaliste, on peut dire – dans notre contexte actuel - que cette logique d’organisation responsabilisante, ne peut fonctionner que dans un contrat gagnant-gagnant. Une organisation plus productive qui respecte et développe les personnes. Dans cet esprit, on parle davantage aujourd’hui en entreprise « d’organisations responsabilisantes » (OR), que « d’organisations apprenantes »28. A titre d’exemples, plusieurs groupes du secteur automobile développent des organisations responsabilisantes dans cette logique gagnant-gagnant. Un grand groupe dans l’industrie du pneumatique a étendu récemment un « projet d’OR », organisations déjà opérationnelles sur certains sites depuis de nombreuses années. Un groupe d’équipementiers développe progressivement depuis 5 ans une organisation de production en îlots autonomes. On peut enfin citer parmi les participants, VOLVO / RENAULT Trucks et son projet d’UEP. « Ces Unités Elémentaires de Production permettent de développer et - couplé au dispositif « parcours et compétences » - de reconnaître la polyvalence, tout en améliorant la productivité. Aujourd’hui 30 % de la fabrication est structurée de la sorte, l’objectif étant de l’étendre à l’ensemble de l’organisation ». L’impact sur l’employabilité des organisations responsabilisantes est incontestable. Un des grands groupes cité, qui a du fermer un site en Europe fonctionnant de la sorte, a constaté qu’il y a eu de ce fait beaucoup moins de problèmes de reclassement. L’organisation responsabilisante a permis ainsi aux salariés de développer leurs compétences, mais surtout l’autonomie et la capacité à se prendre en charge, ce qui a considérablement facilité leur replacement. Mais, en conclusion, si l’impact sur l’employabilité est démontré, il est aussi évident que la préservation de l’emploi passe aujourd’hui par des gains de productivité. Ces organisations doivent donc impérativement concilier le développement des compétences à la performance, tout en veillant à la mise en cohérence avec le système de reconnaissance. 28 « Responsabilisantes » signifie : qui développent la responsabilité des personnes face aux enjeux, l’autonomie et les compétences, dans une logique de performance, autant que d’acquisition de compétences. 841051233 44 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 3. Les politiques d’entreprise 841051233 45 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 3.1. Introduction : des pratiques à la politique d’employabilité 3.1.1. Qui dit « politique » dit : vision, anticipation et stratégie … Le constat général aujourd’hui est la quasi-absence de politiques RH explicites en matière d’employabilité. Autant les pratiques de ressources humaines, de management et d’organisation contribuant, à des degrés divers, au développement de l’employabilité sont nombreuses, autant les politiques structurant ces pratiques en plans d’actions ou dispositifs cohérents sont rares. La plupart des entreprises participantes ou côtoyées ne disposent pas de politiques globales et surtout n’affichent pas aujourd’hui de politiques explicites en la matière. Les raisons souvent évoquées sont connues. D’une part le développement de l’employabilité n’est pas perçu comme faisant partie des obligations d’une entreprise en secteur concurrentiel, d’autre part les DRH ont été échaudés par les échecs des politiques de l’emploi, puis les difficultés de la GPEC. Ils ne veulent donc pas prendre des risques en affichant une politique qu’ils craignent de ne pouvoir maîtriser. Enfin, le contexte actuel, sauf cas particuliers, poussent y compris les DRH à des priorités de productivité. Rappelons que d’après le baromètre de Liaison Sociale 2003, « la panne de croissance a poussé les DRH à rentrer aujourd’hui dans une logique de rentabilité court terme, laissant la gestion des compétences et l’employabilité plus en arrière 29 plan » . L’impression laissée au travers des multiples contacts avec les entreprises sur cette problématique, c’est que l’on se préoccupe aujourd’hui sérieusement d’employabilité avant tout « lorsque ça va mal », ou en sortie de crise30. Des dispositifs – rares- ont ainsi été mis en place suite à des difficultés importantes. C’est donc souvent dans l’urgence ou encore « sous le choc » que l’on se préoccupe aujourd’hui d’employabilité. Paradoxalement, une telle politique nécessite d’anticiper et un travail de fond dans la durée. Ainsi, les entreprises participantes qui se préoccupent d’employabilité sont soit en situation directement de plans social (GIAT, MERCK …), soit en sortie de plan social, ou avec une histoire forte en la matière. Tel est le cas de RENAULT Trucks et de son projet « parcours et compétences » dont la création tient pour beaucoup à son histoire … « Nous avons connu plusieurs plans sociaux successifs … Pour des raisons historiques le terme est banni, mais développer, l’employabilité, c’est tout le projet «Parcours et compétences ». 29 Baromètre RH Liaison sociales - CSC 2003. Ainsi nous avions exclu au départ des contacts pour l’enquête les entreprises en situation difficile. Hors de fait ce sont ces entreprises qui sont les plus demandeurs d’une réflexion sur une politique d’employabilité. 30 841051233 46 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 3.1.2. L’employabilité, une troisième voie ? Cependant certains signes précurseurs31 laissent penser que la gestion de l’employabilité pourrait se montrer comme une voie alternative. Après les échecs des politiques de l’emploi des années 80, la difficulté pour mettre en œuvre les modèles de GPEC, les désillusions de la gestion par les compétences, la gestion de l’employabilité ne sera-t-elle la troisième voie, voire la seule voie possible dans notre environnement économique ? 3.1.3. Les DRH hésitent … Lorsque les perspectives économiques le permettent, on perçoit chez les DRH une volonté toujours présente de mieux anticiper les évolutions des métiers et des compétences. Mais ils hésitent à se lancer à nouveau dans une GPEC … Certains ayant expérimenté les lourdeurs et le maigre impact de la gestion des compétences souhaitent une démarche plus légère et plus orientée vers la prospective stratégique métier. D’autres ayant connu les désillusions des modèles de GPEC cherchent une autre voie … Le DRH d’un grand Groupe du secteur de l’électronique nous déclarait récemment que s’il arrivait à modéliser des prévisions en GPEC, « la suite ne fonctionnait pas ». « Les entreprises n’ont pas le temps ou la possibilité de rentrer dans des plans d’actions RH, lourds et longs à mettre en œuvre face à la pression économique». « Il est souvent moins difficile de surfer sur la conjoncture économique ou démographique et de s’y adapter, que de vouloir anticiper et développer les ressources nécessaires ». Pour ce DRH la gestion de l’employabilité et des compétences apparaît comme la seule 31 Si on analyse l’évolution de la demande des grands Groupes en matière de conseil RH. 841051233 47 48 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 voie possible aujourd’hui. Parler d’employabilité c’est se situer au cœur du problème social et des entreprises aujourd’hui. « Sauvegarder l’emploi, on ne sait pas faire…, anticiper avec la GPEC, ça ne marche pas …, l’employabilité on peut peu-être le faire et il y a une attente des salariés eux-même dans ce sens ». Une politique d’employabilité dans une période difficile permet en effet de redynamyser la politique sociale et surtout, notamment suite à un plan social, de restaurer la confiance, ce qui est un vecteur important de performance. Par ailleurs développer l’employabilité, « correspond aussi à un état d’esprit chez les jeunes ». Certes « le mot n’est pas très vendeur », mais développer l’employabilité, n’est-ce pas aussi une réponse à ce nouveau rapport des jeunes au travail que beaucoup d’observateurs connaissent ? On « zappe sur l’emploi », on n’a plus le même attachement à l’entreprise et au travail … « Proposer de l’employabilité cela correspond à une réelle attente des nouvelles générations et « l’entreprise y gagne de son coté en fluidité …». La condition de base pour mettre en place une telle politique est de se situer dans cette logique économico-sociale gagnant- gagnant. Il conviendra après de trouver les bons leviers à actionner. 3.2. Les principaux leviers à disposition des RH pour faire progresser l’employabilité 10 leviers Développer l’ouverture Développer la mobilité interne vers l’extérieur Définir un projet économique et social Associer l’employabilité aux enjeux de performance Moderniser les relations sociales Adapter l’organisation Souple, transversale, Responsabilisante … Former, Pour définir et mettre en place une politique d’employabilité Mieux utiliser les observatoires attentif au développement des métiers des personnes… 841051233 Mesurer l’évolution de l’employabilité Monter un observatoire interne responsabiliser le management Enquête employabilité / compétences Accords d’entreprise Employabilité et compétences 35 Renforcer la gestion des compétences : et le développement professionnel ANACT / © INSEP CONSULTING INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 « Oui mais sur quels boutons dois-je appuyer », nous demandait non sans ironie un DRH ? L’employabilité étant liée à des facteurs très variés, une entreprise, pour mettre en place une politique d’employabilité, doit effectivement actionner différents leviers. L’enquête a permis de recenser un ensemble de pratiques, pour la plupart bien connues, et contribuant à divers degrés au développement de l’employabilité. Nous proposons en synthèse ci-dessous 10 leviers majeurs à actionner. Associer l’employabilité aux enjeux économiques et au management de la performance. Renforcer la cohérence des pratiques RH et de management impactant l’employabilité. Renforcer la gestion des compétences et le développement professionnel. Développer, promouvoir la mobilité interne. Faciliter le développement des organisations responsabilisantes et flexibles. Responsabiliser, sensibiliser, former le management à ce rôle. Moderniser et dynamiser les relations sociales. Mieux exploiter les données et outils fournis par les observatoires des métiers. Observer et mesurer l’évolution des métiers et de l’employabilité dans l’entreprise. Développer l’ouverture vers l’extérieur et l’environnement économique et professionnel. La définition d’une politique d’employabilité dépendra bien évidemment de l’état des lieux et du contexte de chaque entreprise. Il s’agira dès lors davantage de définir parmi ces leviers des priorités d’actions concrètes, de les mettre en cohérence au sein d’une politique ou d’un dispositif. Par ailleurs, la nouvelle loi FILLION impose à toutes les entreprises des contraintes qui les pousseront à se mobiliser davantage sur ce sujet. On verra ainsi que certains des 10 leviers identifiés peuvent y trouver un écho favorable. 3.2.1. Associer l’employabilité aux enjeux économiques et au management de la performance Comme nous l’avons déjà évoqué, les entreprises qui s’intéressent au développement de l’employabilité ne peuvent le faire que dans une logique gagnant-gagnant, associant employabilité et performance. Pour AVENTIS PHARMA Anthony : « Pour nous le développement professionnel doit associer la performance de l’entreprise, de l’équipe, du collaborateur et l’employabilité. Nous considérons ainsi que le développement professionnel est un levier essentiel du parcours professionnel et de la performance de chaque salarié, mais aussi de celle de l’entreprise ». 841051233 49 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Pour BOIRON, « le bilan d'évolution permet de développer l'épanouissement de la personne et donc ainsi la performance de l'entreprise ». Mais au-delà de la philosophie et du discours RH, la première condition pour qu’une politique ou un dispositif d’employabilité soit efficace est que cela corresponde à un véritable enjeu économique pour l’entreprise. Par exemple : « on a besoin de fluidité et développer l’employabilité nous le permet ». Autre exemple, un responsable RH d’une entreprise interviewée nous disait récemment que le projet d’organisation responsabilisante avait été accepté - et porté par la direction - car il était assorti d’un gain de productivité de 6 % par an. Ainsi, pour la responsable de l’observatoire des métiers du LEEM « faire le lien entre l’économique, la stratégie et les métiers » est indispensable pour que les directions s’intéressent à la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences. A un autre niveau, le management opérationnel qui va relayer cette politique doit être impliqué en amont, comprendre les enjeux et y trouver quelque part un intérêt. Il faut a minima que leur propre hiérarchie joue le jeu et qu’elle ne perçoive pas uniquement le dispositif comme une contrainte complémentaire. Ainsi pour RENAULT Trucks : « Une fois compris le lien entre le projet, les nouveaux critères de classification et la stratégie de l'entreprise, les managers adhèrent plus facilement au projet… et le communiquent mieux aux salariés ». 3.2.2. Renforcer la cohérence des pratiques RH et de management impactant l’employabilité Comme nous l’avons vu, l’employabilité est un phénomène multi-factoriel. Cela veut dire concrètement qu’il faudra coordonner et améliorer différentes pratiques, voire en mettre en place d’autres. Nous avions identifié les 3 axes majeurs RH (sur différents plans) que sont la « gestion des compétences », « la mobilité » et « l’entretien professionnel ». Souvent les pratiques correspondantes existent, mais sont donc perfectibles et surtout manquent de cohérence entre elles. Une pratique classique et souvent délaissée est, comme nous l’avons vu, l’entretien d’évaluation. (Voir chapitre 2.2.2). Voici en synthèse cinq principaux points de perfectionnement, pour permettre à l’entretien annuel de jouer son rôle, dans un processus d’employabilité et de développement professionnel. (voir point 2.2.2, sur l’entretien annuel). - Rénover, redonner du souffle, du sens à l’entretien annuel et le placer dans une dynamique générale de progrès. C’est un besoin récurrent, tous les 8-10 ans que de redynamiser l’entretien annuel. On a assisté à une évolution des besoins en formation suivant les 4 étapes du développement historique de l’entretien « d’appréciation ». 841051233 50 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 - Faire de l’entretien un outil de management intégré : par les modalités de suivi, par une implication du management opérationnel dans la réalisation du dispositif, sortir de la « vision pure RH » de l’entretien annuel. - Intégrer l’entretien annuel dans un processus et le doter d’un système de pilotage rigoureux. C’est la qualité du pilotage, mais surtout de l’exploitation des données et du suivi des décisions par la DRH, qui donnera au système sa crédibilité et sa pérennité. - Permettre la mise en cohérence de l’entretien annuel avec les autres pratiques RH : démarche compétences, mobilité … - Mettre en place un système de reconnaissance adapté : rémunération variable, classification par les compétences … Sur ce dernier point, certaines entreprises participantes ont progressées récemment dans ce sens. Les secteurs de l’Assurance et de la Pharmacie disposent de référentiels de compétences qui permettent ainsi de rendre plus efficace l’entretien annuel et le développement professionnel. « Il existe un référentiel de compétences utilisé dans la démarche d’entretien annuel. Le manager doit faire le point sur l’évolution professionnelle et les compétences ». (GROUPAMA). « Nous avons associé le « talent management à l’entretien annuel ». (AVENTIS Anthony) C’est le dispositif d’entretien « Personal Business Plan », doublé de l’entretien professionnel, de Renault Trucks qui semblent, parmi les pratiques étudiées, correspondre à une des pratiques la plus avancée en la matière. 3.2.3. Renforcer la gestion des compétences et le développement professionnel En synthèse du point précédent sur la gestion des compétences (2.2.2b.), le renforcement de la gestion des compétences commence par la consolidation, voire la réalisation des « fondamentaux» : - un projet compétences doit être ancré dans la stratégie, le business et non un projet essentiellement RH, voire social, déconnecté de l’économique et du terrain. - dans cet esprit, la gestion des compétences doit s’inscrire dans une « logique de clients internes » : la direction, les managers, les salariés et les représentants … - une gestion des compétences ne peut fonctionner de manière intuitive, avec une « navigation à vue », autrement dit sans référentiels, ni cartographies, même simples. 841051233 51 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Voici les points de renforcement possibles, suivant les 5 catégories de pratiques de gestion des compétences définies antérieurement : Evaluation et orientation professionnelle Le besoin de professionnalisation de l’entretien annuel est fréquent, tant pour l’inscrire dans un processus correctement piloté et suivi, que par la responsabilisation et la formation du management, notamment pour le développement professionnel. La loi FILLION devrait permettre de rendre obligatoire ce travail ce qui devrait faciliter les évolutions. On peut se demander cependant si les contraintes et les priorités des managers opérationnels leurs permettront un jour de gérer correctement cette « double casquette » performance-compétences ? Un RH participant qui a mis en place récemment l’entretien professionnel dans son entreprise, nous confiait que les managers ont encore du mal à « passer d’un logique d’ajustement des compétences vis à vis du poste, à une logique de projet professionnel, permettant de se projeter à moyen-long terme ». Les consultants rencontrent les mêmes difficultés lorsqu’il s’agit de former les managers à cette dimension de l’entretien annuel. Enfin, en terme d’organisation, le schéma idéal nécessite un équilibre des pouvoirs suffisant entre le manager opérationnel et les RH. Un grand Groupe de la région Rhône-Alpes a mis au point un système efficace pour ses cadres. La gestion de carrière dépend ainsi de la personne, du manager opérationnel et d’un gestionnaire de carrière, lui même ancien manager opérationnel de haut niveau32. Le manager opérationnel pris dans sa logique court terme et avec souvent son intérêt de « garder les meilleurs », doit négocier avec la personne, elle même appuyée par un gestionnaire de carrière crédible et influent. Ce système pourrait très bien fonctionner pour les autres catégories de personnel. Développement des compétences et professionnalisation En synthèse, « développement des compétences, formations et employabilité » riment avec polyvalence et responsabilisation. La trop grande spécialisation (sur un poste, voire un outil) – sauf exception – est peu compatible avec l’employabilité. A l’opposé, l’autonomie et la polyvalence sont reconnus comme des facteurs puissants d’employabilité. Par ailleurs, et cela rejoint encore une fois les préoccupations du législateur sur la formation professionnelle, il faut veiller à dépasser la logique d’adaptation au poste Dans ce cas, le gestionnaire issu d’une direction opérationnelle passe 5 ans sur ce poste, avant de rejoindre à nouveau le terrain. 32 841051233 52 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 de travail, pour redonner à la formation continue sa vocation de développement professionnel : préparation à l’évolution des métiers, voire à une évolution de carrière décidée par la personne. Le nouveau « plan de formation FILLION » devrait donc fournir à l’entreprise un outil de gestion et de pilotage mieux adapté en la matière. Traçabilité des compétences et des formations C’est un levier très lié, nous l’avons vu, à la mise en place des SIRH. Tous permettent cette traçabilité, faut-il qu’il y ait une volonté politique de le faire. Il faut néanmoins remarquer que la mise en place de tels outils correspond à un projet lourd au plan technique. Mais la difficulté est aussi dans la conduite des changements humains nécessaires, et notamment au niveau du management, voire des RH eux-même. Là encore cette traçabilité va être imposée par la loi FILLION. Reconnaissance interne Une gestion efficace des compétences nécessite si possible de faire évoluer le dispositif de classification. Cette démarche longue et lourde dépend bien évidemment de l’existant au niveau de la branche. Cependant certaines entreprises (hors panel) ont mis en place des démarches compétences peu outillées au plan RH, souvent efficaces car bien ancrées dans le management (responsabilisation- autonomie-délégation), voire l’organisation. Ainsi concernant la reconnaissance, des entreprises empruntent beaucoup à la logique compétence sans système spécifique de classification. C’est le cas par exemple d’une grande entreprise de l’Agro-alimentaire connue pour ses jus de fruits. Les managers fixent aux collaborateurs des objectifs de compétences, sans disposer de référentiels. Les progrès sont évalués et, comme pour les objectifs de performance, la reconnaissance impacte directement la rémunération variable. Le DRH nous déclarait : « le but, in fine, c’est la performance de l’entreprise. On ne reconnaît donc que la performance. La compétence en soit n’intéresse pas l’entreprise. Si le développement d’une compétence est un levier pour la performance, nous le reconnaîtrons ». Certains systèmes de ce type fonctionnent bien, de manière souple et dynamique, sans la rigidité qu’impose la classification. On sait que la compétence est une matière vivante, dynamique, souvent à dimension collective et qui donc supporte parfois mal d’être « mise en boite » … Par contre, il est vrai que ce type d’approche confine à nouveau à une logique d’adaptabilité au poste et au marché, qui comporte ses limites pour l’employabilité à plus long terme. 841051233 53 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Validation et reconnaissance externe L’employabilité interne est la plus importante de prime abord pour l’entreprise, mais c’est bien l’employabilité et la reconnaissance externe qui sont les buts et les aboutissements d’une politique d’employabilité. Tout ce qui va donc permettre ou faciliter la lisibilité et la reconnaissance externe des compétences devra donc être promu, comme par exemples : - les dispositifs de qualification professionnelle (CQP), les congés formation, les formations diplômantes33, … - le déploiement au sein d’une profession de référentiels métiers-compétences, via les observatoires des métiers (prévus également dans l’ANI sur la formation). - plus simplement, la prise en compte dans la réalisation de référentiels métiers, de la terminologie de la profession, pour mettre en phase « le jargon » et la codification de l’entreprise, avec celle de l’extérieur34. 3.2.4. Développer, promouvoir la mobilité interne La mobilité représente un levier complémentaire et dépendant de la gestion des compétences. Elle doit donc faire l’objet d’une politique claire et de dispositifs bien structurés. Mais les facteurs individuels interviennent ici souvent davantage comme un frein que comme un levier. La mobilité est en effet loin d’être naturelle pour tous. « Bouger, c’est changer et changer c’est contre nature »… Le changement de poste, de métier, qui plus est géographique s’oppose à des résistances individuelles plus ou moins marquées selon les personnes. La mobilité doit donc être a minima promue, voire « forcée », pour certains. Un DRH d’une grosse PME nous déclarait récemment : « personne n’aime bouger… c’est l’immobilisme qui est naturel …. » « En matière d’employabilité la mobilité ne doit être une récompense mais une obligation, une règle d’hygiène en matière d’employabilité » … « c’est nous DRH qui en sommes responsables »... Mais pour être « promue », la mobilité nécessite, comme l’a justement souligné l’observatoire du LEEM, une bonne connaissance et information sur les métiers de l’entreprise. Dans cet esprit, les observatoires des métiers contribuent à développer la mobilité. 33 34 Dans la limite où cela correspond à un besoin de l’entreprise … Problématique soulevée par un RRH de GIAT Industrie. 841051233 54 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 « Nous communiquons beaucoup sur les métiers : diffusion de brochures, base de données sur Internet… Tous les salariés ont accès à cette information, ce qui les rend acteurs pour développer leurs compétences et leur employabilité ». Autre exemple de réalisation 35, la DRH d’une grande chaîne publique de télévision publie tous les mois dans son journal interne et par son réseau de télévision interne, un article ou une interview relatif à l’un de ses nombreux métiers36. Enfin, cette promotion d’une politique de mobilité, requiert une forme de reconnaissance adaptée. Dans la plupart des grands Groupes la promotion passe obligatoirement par une mobilité parfois très ouverte. C’est le cas par exemple d’EDF. Pour les ETAM, la mobilité géographique est rarement imposée, sauf difficultés majeures. Elle est connue pour être plus difficile à actionner. Il faut donc penser d’autres formes d’encouragement et de reconnaissance. Enfin comme nous l’avons vu, la mobilité doit souvent être facilitée par le décloisonnement de l’organisation, comme par exemple grâce au travail en mode projet. 3.2.5. Faciliter le développement des organisations responsabilisantes et flexibles Comme souligné précédemment, si l’organisation du travail a un impact certain sur l’employabilité, une organisation n’est bien évidemment jamais modifiée à la seule fin de développer l’employabilité ou les compétences. Un responsable RH qui souhaite donc développer une politique d’employabilité veillera plus modestement à inscrire les évolutions d’organisation, très souvent dictées par la production, dans cette logique gagnant-gagnant déjà évoquée à plusieurs reprises. Nous avons identifié dans le chapitre précédent les 3 leviers à actionner dont aucun n’a encore une fois vocation à développer l’employabilité. Chaque entreprise y puisera évidemment ce qui est adapté à son contexte en le valorisant pour les 2 parties. Favoriser le développement de la flexibilité : détachements, missions temporaires, congés expériences, contrats de mission, polyvalence … Favoriser les organisations transversales : par projets, matricielles … et veiller à ce qu’un maximum de personnes puisse bénéficier de ce mode de fonctionnement. Favoriser le développement des organisations du travail responsabilisantes (équipes autonomes, travail en îlot, UEP,…) … 35 en complément de la réalisation du « socle RH » (les référentiels) et pour appuyer sa nouvelle politique de gestion des compétences et de mobilité (98) 36 La télévision regroupe plus de 100 métiers extrêmement diversifiés, du menuisier, au décorateur en passant par des ingénieurs du son, les métiers de l’électronique, de l’informatique, du son, de l’image … 841051233 55 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 3.2.6. Responsabiliser, sensibiliser, former le management « Dans un monde qui évolue, et où il n'est plus envisageable de faire carrière dans une seule entreprise, il est indispensable que les managers (et la direction) gardent présent à l'esprit le devoir qu'ils ont de faire progresser les personnes dont ils ont la charge... » … (RH Site MERCK Santé) Il y a aujourd’hui une pression forte sur les managers pour intégrer le développement professionnel au management de la performance, que ce soit des salariés eux-même, des RH, voire du législateur. On sait ainsi pour ce dernier point que l’entretien professionnel deviendra en 2005 une obligation pour tous les managers. Nous avons vu cependant que le manager reçoit une pression dominante sur la production et la « productivité - Qualité, Coûts, Délais - », avant de pouvoir s’intéresser, fut-ce compatible, au développement professionnel de ses collaborateurs. Cette double pression faisait dire à un directeur industriel : « parfois on a l’impression de devenir un peu schizophrène, tant les messages paradoxaux sont puissants et contradictoires …». Mais, comme pour l’organisation, des solutions médianes, ou de compromis existent. Le manager doit apprendre à doper la performance de son équipe : - en responsabilisant les personnes en contribuant à restaurer la confiance, en relayant – quand elle existe, la volonté de l’entreprise de progresser dans ce sens. En aidant chacun à grandir à son rythme. Une politique RH sur cet axe passera en priorité par la formation des managers sur ces deux plans : - savoir conduire un entretien professionnel et en comprendre les enjeux savoir responsabiliser ses collaborateurs par un style de management adapté, valorisant l’autonomie et la délégation. 3.2.7. Moderniser et dynamiser les relations sociales Mettre en place une politique d’employabilité est un projet socio-économique qui passe par la négociation sociale. De tels projets peuvent fournir comme c’est le cas pour plusieurs interlocuteurs de l’enquête, l’occasion de redynamiser les relations sociales. Les partenaires sociaux jouent en effet par essence un rôle de veille sur l’emploi et l’employabilité des salariés, tout en cherchant à faire évoluer la reconnaissance et les conditions de travail, de paire avec l’organisation. Le travail sur la gestion des compétences et l’employabilité est plus avancé selon les secteurs professionnels. 841051233 56 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 La pharmacie, la sidérurgie et l’assurance ont été ainsi choisis pour leur avance sur ce plan, liée essentiellement à des accords de branche. Pour les deux derniers, la bonne santé des deux secteurs a été aussi un facteur favorable. « Environ 90% des entreprises du médicament décrivent leurs métiers et sont rentrées à différents degrés dans une logique métier ». Au niveau de l’entreprise, les organisations syndicales peuvent jouer un rôle moteur pour le développement des actions contribuant à l’employabilité37. Elles sont souvent ainsi des partenaires obligés dans la négociation de ces « contrats gagnantgagnant » indispensables à l’existence de toute politique d’employabilité. Ainsi, plusieurs participants ont développé des politiques RH en s’appuyant sur des accords d’entreprises. Par exemple, pour un site d’AVENTIS Pharma : « Nous venons d’engager une négociation avec les partenaires sociaux sur le « développement professionnel ». Il s’agit d’actualiser notre accord d’entreprise de 94 pour en faire un accord plus proche des réalités et des pratiques d’aujourd’hui. « Pour nous le développement professionnel doit associer la performance de l’entreprise, de l’équipe, du collaborateur et l’employabilité... Au départ, les Partenaires Sociaux ont été surpris par cette approche », mais ils en ont compris aujourd’hui la nécessité ... Autre exemple l’accord RENAULT Trucks du projet « Parcours et compétences » : « Cet accord a été signé en octobre 2002 par quatre organisations syndicales (CFDT, CFTC, CFE - CGC, CGT-FO). Il porte notamment sur l'aménagement du système de classification des ouvriers. La nouvelle grille permet de reconnaître les compétences exercées au-delà du poste. Elle introduit des critères de polyvalence … Elle accompagne la mise en place des organisations en Unité Elémentaires de Production »…, projet porté par la direction de la fabrication. 3.2.8. Développer l’ouverture vers l’extérieur et l’environnement « L’employabilité interne, ce n’est pas réellement de l’employabilité »… Une politique d’employabilité se situe de fait à la frontière entre l’entreprise et son environnement. Une DRH devra donc intégrer dans sa politique les données économiques locales, notamment du bassin d’emploi. GIAT Industrie a constaté en situation de plan social combien il est important de le faire. Pour que l’employabilité et la « fluidité externe » fonctionnent bien, il faudra donc prendre une série de mesures pour renforcer le lien avec l’environnement. 37 Les démarches compétences ont ainsi connu a minima un bon accueil, voire une contribution active des syndicats. 841051233 57 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Voici, de façon non exhaustive, 4 mesures possibles : Décrire les compétences et les valoriser dans un langage compris de l’externe. « Un autre axe de travail porterait sur la description des compétences … en les confrontant avec des référentiels externes » . … pour une meilleure valorisation et reconnaissance des qualifications à l’extérieur de l’entreprise. (GIAT) « Chacun et l’entreprise doivent veiller à la lisibilité de ses compétences par « l’externe » pour préserver son employabilité ». (AVENTIS Anthony) Définir une politique de rémunération homogène avec le bassin d’emploi. « Avec une politique de rémunération très au-dessus de la moyenne locale, les salariés sont dans l’impossibilité de retrouver un autre emploi à salaire égal ». (MERCK, ARCHEMIS …) Développer les échanges professionnels, source importante de développement de l’employabilité. « Tout ce qui permet aux personnes de sortir le nez de leur boite est bon pour leur employabilité » … mise à jour des compétences, échanges de pratiques, alimenter son réseau … ». (UIMM Rhône-Alpes) Développer l’employabilité au sein de son réseau. L’idée proposée par un représentant de l’UIMM est de généraliser, dans le cadre d’une politique d’entreprise, des pratiques aujourd’hui « opportunistes » de mobilité ou de recrutement, par un client ou un fournisseur. La gestion des carrières devient ainsi la gestion de l’employabilité au sein du réseau notamment clients-fournisseurs, de l’entreprise. « Il vaut mieux qu’un salarié compétent quitte l’entreprise pour aller chez un client ou un fournisseur en bonne entente, plutôt que de freiner son départ, car ceci peut contribuer à renforcer le réseau de l’entreprise… On peut donc transformer en atout le risque de turn-over lié au développement de l’employabilité en jouant la carte du réseau ». (UIMM Rhône-Alpes) 3.2.9. Mieux exploiter les données fournis par les observatoires des métiers Idéalement, une politique d’employabilité par sa dimension prévisionnelle, doit pouvoir bénéficier de données ou d’analyses prospectives sur l’évolution des métiers. Ces données sont fournies par les observatoires des métiers. Peu de secteurs professionnels disposent cependant aujourd’hui de telles informations. 841051233 58 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Dans le cadre de l’étude, les secteurs de l’assurance et de la pharmacie bénéficient de dispositifs complets qui permettent d’avoir une meilleure lisibilité sur l’évolution des métiers et des compétences. L’ANI de septembre 2003 et la loi sur la formation professionnelle en prévoit l’obligation pour tous les secteurs professionnels. En l’absence aujourd’hui de ces observatoires, certaines grandes entreprises développent parfois des réflexions prospectives stratégiques sur l’évolution de leurs métiers, en s’appuyant sur des experts métiers internes et avec l’appui de cabinets conseils spécialisés. Mais si les grandes entreprises apprécient le travail des observatoires. Les plus petites, faute de ressources, ne peuvent l’exploiter. Dans tous les cas, la « perte en ligne » est forte et le déploiement des études métiers se fait rarement de manière efficace. « Sur les sites, on a souvent le nez dans le guidon ... Le travail du LEEM est excellent mais est-il suffisamment déployé dans les entreprises du secteur ? L’exploitation des enquêtes nécessite du temps et des moyens que l’on n’a pas/ ou plus toujours (sur le terrain) en interne ». (AVENTIS Anthony) D’après son directeur, l’observatoire du LEEM tente d’aller au-delà des études prospectives, pour proposer un accompagnement sur le terrain aux entreprises. « La spécificité du positionnement et la force de l’Observatoire du LEEM est de se situer au cœur de la politique emploi-formation de la Branche. L’observatoire ne se limite pas à une activité d’étude ; l’ensemble de ces travaux est tourné vers la mise en œuvre d’actions ou l’accompagnement méthodologique des entreprises ». Le secteur de l’Assurance bénéficie lui d’études quantitatives fines déclinables par entreprise. Ces études serviraient efficacement aux entreprises du secteur à définir leur politique RH. Le modèle de l’Assurance sert, comme celui du LEEM, de référence à la loi cadre et à l’accompagnement prévu pour la généralisation des observatoires des métiers. « A aujourd'hui, nous sommes vraisemblablement l'un des seuls Observatoires, sinon le seul, qui réponde à l'Article 4 de l'ANI. C'est pourquoi, nous sommes donc régulièrement consultés non seulement par les branches et les Organisations Syndicales, mais aussi par les instances à caractères institutionnels (DGEFP, DARES, Commissariat du Plan...) ».. Si le modèle de l’observatoire de l’Assurance semble efficace, il semble manquer néanmoins une structure intermédiaire qui permettent un meilleur relais de ces informations au sein de l’entreprise. Ce qui est vrai pour des grands Groupes, le sera à l’évidence encore plus pour des PME. Celles-ci ne pourront jamais se permettre « le luxe » de dégager en interne des ressources pour ce faire. 841051233 59 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 3.2.10. Observer et mesurer l’évolution de l’employabilité dans l’entreprise Une idée forte proposée par Alain FINOT38 est celle « d’observatoire de l’employabilité ». Il s’agit d’un dispositif et de quelques outils simples destinés à réaliser une sorte de veille sur l’évolution de l’employabilité de certaines populations ou métiers estimés sensibles. Cette idée a été expérimentée dans une entreprise la sidérurgie, où Alain FINOT a exercé des responsabilités de DRH. Un des participants à l’enquête souhaiterait mettre en place un tel système, pour une population administrative aujourd’hui fragilisée. La finalité de l’observatoire est double : Diagnostiquer : identifier les personnes ou populations vulnérables, pour mieux cibler les mesures à prendre. Mesurer le développement de l’employabilité, les progrès accomplis, les dégradations éventuelles, au plan collectif et individuel, avec des « clignotants », et des niveaux d’alarme. L’observatoire repose sur une série de critères définis par l’entreprise. Des critères statiques, par exemple : - ancienneté - classification - positionnement salarial - diplôme … Des critères dynamiques, comme par exemple : - date de la dernière formation - adaptabilité - parcours interne : nombre de changements de postes - portefeuille de compétences - stabilité du métier… Les observations sont transcrites dans un tableau de bord. Celui-ci comprend le niveau d’employabilité par 8 critères, suivant les deux types de facteurs statiques ou dynamiques. La comparaison des deux fournit « l’indice d’employabilité ». Des représentations graphiques permettent : - le positionnement collectif des salariés pour chaque critère, - l’analyse de l’impact sur l’employabilité des connaissances, ou mesures apportées. Un autre volet propose la répartition des compétences mises en œuvre. 38 Développer l’employabilité, INSEP EDITIONS, 2000. 841051233 60 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Ce dispositif peut relayer les données fournies par les observatoires des métiers. Ainsi, si un métier de l’entreprise est estimé plus critique, l’observation portera de manière ciblée sur la population concernée. Cette approche permet par ailleurs d’impliquer et de responsabiliser le management, en lui confiant un tableau de bord de l’employabilité au niveau de chaque entité. Ce tableau de bord pourra être utilisé lors de l’entretien professionnel. Cet outil de veille pourrait aussi être utilisé par la DRH lors de la revue de personnel annuelle. 3.3. Cinq priorités pour passer à l’action C’est une vaste opération que de lancer une politique d’employabilité. « Une Direction des Ressources Humaines » peut donc légitimement se demander : « Qu’est ce qui est le plus important ? Par quoi commencer » ? On peut résumer les priorités en 5 points : 1. Convaincre en premier lieu la direction générale et lui démontrer les incidences de l’employabilité sur la performance de l’entreprise. C’est le premier passage obligé. 2. Structurer et proposer un projet d’actions « employabilité », bien ancré dans l’organisation et associant les opérationnels. 3. L’inscrire dans la négociation sociale. 4. Sensibiliser, informer, associer le management, puis le former à son rôle dans ce dispositif. 5. Mettre en place, consolider les outils de base RH tels les outils compétences et l’entretien professionnel … Il ne restera plus qu’à … animer le dispositif, le faire vivre avec la direction, les partenaires sociaux et le management … 3.4. Trois facteurs de succès « Mais qu’est ce qui fera avant tout que ça marchera ou pas » ? En synthèse nous pouvons retenir 3 facteurs de succès. Inscrire le projet dans la logique gagnant- gagnant, économique et sociale Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises dans l’étude, c’est la condition de base pour le développement d’un tel projet. Bâtir un dispositif où la direction, voire actionnaires et salariés trouvent un intérêt partagé. 841051233 61 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 Le « contrat gagnant-gagnant / personne-entreprise » Une politique RH intégrant l’employabilité ne peut fonctionner que dans une logique gagnant-gagnant : La personne L’entreprise • Itinéraire professionnel attractif • Personnel plus souple, réactif, mobile… • Capital compétences renforcé • Fluidité, flexibilité • Intérêt du travail • Meilleure adaptation aux évolutions technologiques et du marché • Ouverture vers l’extérieur • Attractivité sur marché de l’emploi et en interne • Possibilités de reconversion interne • Une entreprise attractive et sécurisante Des personnes compétentes et capables d’évoluer Un personnel efficace et souple pour s’adapter aux évolutions nécessaires Enquête employabilité / compétences 37 ANACT / © INSEP CONSULTING Définir une politique et une communication, portée par la direction Dans cet esprit, une autre condition de succès importante est la communication qui sera faite autour de ce dispositif et de cette politique. Ceci pour deux raisons. Il faut une campagne de communication ciblée. Mais il faut aussi et avant tout que cette communication engage la direction générale. Un DRH expérimenté de la Chimie estimait qu’il n’y a pas de politique crédible d’employabilité sans une communication forte de la direction sur le sujet, et qui donc l’engage sur ce plan. Communiquer permet ainsi d’affirmer une volonté politique et à la direction de s’engager envers ses salariés. Accompagner le changement Enfin, mettre en place aujourd’hui une politique d’employabilité est un véritable projet de conduite du changement. DG et DRH, managers terrain, salariés et partenaires sociaux n’ont pas les mêmes intérêts à défendre, promouvoir ou à s’opposer à cette politique. Cela implique un projet d’accompagnement digne de ce nom, une stratégie d’action et de communication. 841051233 62 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 3.5. Quel portrait robot de l’entreprise idéale ? L’entreprise idéale en matière d’employabilité existe et nous allons la rencontrer, c’est l’objet de cette étude … Si l’on met bout à bout toutes les bonnes pratiques croisées dans cette enquête, on pourrait schématiser en conclusion comme suit cette entreprise idéale. Portrait robot de l’entreprise favorisant l’employabilité Les syndicats professionnels Un Observatoire performant et ouvert sur l’entreprise … Une stratégie une politique RH Employabilité et compétences Adaptée à son bassin d’emploi Des relations sociales Les lois (FP), accords de branches incitatifs et adaptés … Une organisation Souple, transversale, Responsabilisante … Des pratiques RH Adaptées : Un management Formé, responsabilisé et attentif au développement des personnes… Enquête employabilité / compétences Employabilité L’entreprise Idéale 34 - Mobilité interne - Gestion des compétences - Développement professionnel - Ouverture sur l’externe… ANACT / © INSEP CONSULTING Une entreprise… avec … 1. Une stratégie RH et une politique « employabilité et compétences », portée par une direction, les actionnaires et partagée en interne par le corps social. 2. Un pilotage s’appuyant sur un observatoire interne de l’employabilité, porté par le management. 3. Un management formé, responsabilisé et attentif au développement des personnes… 4. Ouverte sur l’extérieur et travaillant en harmonie avec ses partenaires institutionnels et les collectivités de son bassin d’emploi. 5. Disposant d’un observatoire des métiers performant, ouvert sur l’entreprise et relayé en interne … 6. Des relations sociales modernes, dynamiques, avec des partenaires sociaux porteurs d’un projet collectif et ouverts au changement. Un accord d’entreprise fort autour d’un projet socio-économique gagnant-gagnant. 7. Des pratiques RH adaptées : mobilité interne, gestion des compétences développement professionnel et une politique salariale adaptée au bassin d’emploi … 8. Une organisation souple, transversale, responsabilisante … 841051233 63 INSEP CONSULTING -ANACT – Projet de rapport de synthèse - 27/05/17 … Et dans un monde prospère et avec une croissance suffisante 39. 3.6. Les actions possibles à développer par l'environnement socioéconomique Mais pour que le portrait robot de l’entreprise modèle serve de cible pour progresser, l’environnement socio-économique peut peut-être aussi appuyer cette politique « citoyenne ». Voici en conclusion, cinq mesures non exhaustives souhaitées par les participants à cette réflexion. 1. Conduire des réflexions prospectives. 2. Favoriser les échanges entre entreprises. o Un groupe de réflexion qui échange sur les choses incontournables auxquelles il faut s’attaquer … o Fédérer la réflexion et l'action des entreprises à partir d'expérimentations réelles, o Permettre des réflexions interprofessionnelles ou inter-régionales. 3. Proposer des recueils méthodologiques de bonnes pratiques. o Capitaliser les expériences et diffuser les "best practices". 4. Permettre aux PME de financer des actions de développement de l'employabilité. 5. Accompagner les entreprises sur des questions ciblées. o La mise en place de la VAE. o La problématique des seniors. o Renforcer la fonction des institutions qui devraient servir de soutient aux entreprises pour une aide opérationnelle sur les difficultés traversées. D’après les économistes, on ne peut plus espérer en Europe occidentale, dans les 15-20 ans à venir, de taux de croissance fort (supérieur à 5 %). 39 841051233 64