(Le centenier alla lui-même au-devant du Sauveur pour lui dire qu’un seul mot de sa part
suffisait pour guérir le malade) Mais ayant pensé ensuite qu'il était inutile que Jésus se donnât cette
peine, et qu'il lui suffisait de commander à ce serviteur d'être guéri, afin qu'il le fût, aussitôt ce
centenier alla lui-même au-devant du Sauveur pour lui représenter qu'un seul mot de sa part
suffisait pour guérir le malade. Jésus, admirant la foi du centenier, dit qu'il n'en avait point trouvé de
si grande dans tout Israël. (MD 9 1 1)
(Jésus-Christ est allé dans le désert pour être tenté) L'Évangile de ce jour nous marquant que
Jésus-Christ est allé dans le désert, ne dit pas que c'était pour s'y retirer de la compagnie des
hommes, ou pour y prier, mais pour être tenté; et cela afin de nous faire connaître que le premier pas
qu'on doit faire quand on veut se donner à Dieu, est de quitter le monde pour se disposer à combattre
ce monde même et tous les ennemis de notre salut. (MD 17 1 1)
(Les gens qui vivent les sécheresses dans l’oraison s’imaginent que toute voie pour aller à Dieu
leur est fermée) Ceux qui se sont donnés à Dieu croient souvent que la présence sensible de Dieu est
l'unique chose qui les puisse soutenir dans la piété, et que, s'ils tombaient une fois dans les sécheresses
et dans les peines intérieures, ils déchoiraient tout à fait de l'état de sainteté où Dieu les a élevés; et il
leur semble qu'ayant perdu certain goût pour l'oraison et la facilité de s'y appliquer, tout est perdu pour
eux, et que Dieu les a entièrement rejetés; leur intérieur est dans la désolation, et ils s'imaginent que
toute voie pour aller à Dieu leur est fermée. Il faut alors leur dire ce que Jésus-Christ dit à ses
apôtres: qu'il leur est avantageux que Dieu se retire d'eux sensiblement, et ce qu'ils regardent comme
une perte est pour eux un véritable gain, s'ils soutiennent volontiers cette épreuve. (MD 35 2 1)
(Plus on est dégagé de ce qui plaît au sens, plus on a de moyens d’aller à Dieu purement) Com-
prenons par là qu'il est quelquefois plus avantageux d'être privé des consolations spirituelles que d'en
avoir; parce que plus on est dégagé de ce qui plaît aux sens, et plus on a de moyens d'aller à Dieu
purement, et avec un entier détachement de toutes les créatures; c'est alors, en effet, que l'Esprit de
Dieu vient dans une âme et qu'il la comble de ses grâces. (MD 35 3 1)
(Dans les pensées impures ne cesser pas de prier Dieu et d’aller se montrer au prêtre) S'il arrive
donc quelquefois que vous vous sentiez tourmentés par des pensées impures, ne cessez pas de prier
Dieu jusqu'à ce que vous en soyez entièrement délivrés. Le second remède que l'Évangile propose, et
que Jésus-Christ ordonne aux lépreux, est d'aller se montrer aux prêtres. Il était prescrit par l'an-
cienne loi que les lépreux, étant guéris, se feraient voir aux prêtres, afin qu'ils pussent connaître si leur
lèpre était véritablement guérie, et que, si cela était, ces prêtres leur permissent de communiquer avec
les autres Juifs. Mais, dans la nouvelle loi, les ordonnances de Jésus-Christ ont bien une autre vertu
que celles de Moïse; car, s'il ordonne à ces dix lépreux d'aller se montrer aux prêtres, c'est afin qu'ils
soient guéris de leur honteuse (MD 66 1 2)