2 La théorie chromosomique de l'hérédité
A la fin du XIXe siècle, les progrès réalisés en microscopie permettent de préciser les
connaissances dans le domaine de la reproduction sexuée:
En 1875, HERTWIG observe la fécondation chez l'oursin (pénétration du
spermatozoïde dans l'ovule et fusion des noyaux mâle et femelle),
Vers 1880 des "bâtonnets" que l'on nommera chromosomes sont identifiés dans le
noyau,
En 1883 Van BENEDEN observe quatre chromosomes dans l'oeuf d'un Ascaris et
seulement deux chromosomes dans les gamètes mâles et femelles.
2.1 LES ETUDES CYTOLOGIQUES DE SUTTON: LES
CHROMOSOMES
Au début du XXe siècle des cytologistes découvrent la méiose dans les cellules de la
lignée germinale des insectes, c'est-à-dire les cellules qui conduisent à la formation
des gamètes (par opposition aux cellules somatiques, c'est-à-dire toutes les autres).
Dans un article publié en 1902 dans le laboratoire de zoologie de la Columbia
University et intitulé "On the morphology of the chromosome group in Brachystola
magna" Walter S. SUTTON rapporte ses études cytologiques sur les chromosomes de
sauterelle qui l'amènent à conclure que, lors de la gamétogénèse:
o les chromosomes ont une individualité,
o qu'ils apparaissent sous forme de paires, avec un membre de chaque paire
constitué par chaque parent,
o que les chromosomes appariés se séparent l'un de l'autre pendant la méiose.
Il conclut ainsi: "je peux finalement attirer l'attention sur la probabilité que
l'association des chromosomes paternels et maternels dans les paires et leur
séparation pendant la réduction chromatique [...] peut constituer la base physique des
lois de l'hérédité mendélienne."
Ils met en effet en évidence les chromosomes spiralisés, qu'il nomme "spirèmes":
ceux-ci se groupent par paires au début de la méiose, qu'il appelle "bivalents". Chaque
bivalent est formé par l'association d'un chromosome d'origine paternelle et d'un
chromosome d'origine maternelle.
L'observation du déroulement de la méiose lui permet de constater que le chromosome
paternel et le chromosome maternel de chaque bivalent se séparent au hasard à chaque
pôle de la cellule de manière à ce que les gamètes héritent chacun d'une combinaison
de chromosomes paternels et maternels et celle-ci n'est pas la même selon le gamète
considéré.
Cette déduction logique de la part de SUTTON ne peut être vérifiée à l'époque, car il
avoue ne pas pouvoir reconnaître le chromosome paternel du chromosome maternel.
Faites le lien entre les observations de SUTTON et les lois de MENDEL.
Précisez pourquoi les propositions de SUTTON ne constituaient, à l'époque, qu'une
théorie.